Images surréalistes

Hier en fin d'après-midi, sur la 2, "chaine d'Etat", trois millionnaires (en euros, milliardaires en francs) du foot, tous les trois blacks, ont répété la morale officielle ou d'Etat : les blacks (et les autres) sont victimes de discriminations dans l'accès à l'emploi, au logement, au savoir, etc. En bref, ils ont entonné l'hymne, mille fois répété, du pouvoir, de la bien pensance, des nantis et fiers de l'être, de ceux qui auront de quoi faire pavaner dans le beau monde leurs enfants et leurs petits-enfants.
Au même moment, sur la Une, étaient diffusés des reportages sur les campeurs SDF du bois de Vincennes : blancs, Français (sous-chiens, comme il faut dire), vivant sous une tente dans l'humidité et le froid, sans emploi, etc.; puis sur un ouvrier de Renault au chômage technique depuis trois semaines et n'ayant que 10 euros par jour pour se nourrir et nourrir ses deux enfants. L'ouvrier était tout ce qu'il y a de plus français.
Ces images ont été diffusées dans le même quart d'heure : sur la 2, des discours purement verbaux, ronflants, bien huilés, ceux de la propagande de nantis ; sur la Une, des images de réel, de la réalité hic et nunc, qui font apparaître ces discours de nantis dans leur vérité nue de propagande mensongère.

Accablant...

Discrimination positive.

Bien cher JGL,


Prenant ce matin fort tôt le métro à Paris où je suis en déplacement, j'ai constaté une fois de plus que la France qui se lève très tôt était singulièrement "de couleur". De même, à Toulouse, j'ai souvent noté, le soir, que les femmes qui font le ménage dans les sociétés de la "zone d'activité" où je gagne ma vie n'étaient pas "de souche".

Votre message me semble méconnaître ces réalités. Etant, professionnellement, originaire du milieu du BTP, je puis aussi vous confirmer qu'il y a plus de trente ans déjà, ce type de profession avait quelques problèmes pour recruter les "de souches".

Il serait bon de ne pas oublier que si nous avons tant d'immigrés, c'est aussi parce que bien des Français bien blancs trouvent que la terre est trop basse.

Pour être précis, mon parcours était "La Fayette / Pont de l'Alma", vers sept heures et demie ; au retour, vers deux heures, j'ai noté que la population était nettement plus blanche. Comprenne qui voudra.

Cher Jean-Marc,
je partage le point de vue que vous exprimez (bien que, sur les causes du phénomène, nous divergions peut-être) et j'ai moi-même constaté les mêmes faits que vous. Mais la "notule" sur les "images surréalistes" (de la télévision) porte sur un tout autre sujet : l'écart grandissant entre le discours (des millionnaires) et le réel et la dilection de la télévision publique pour le discours des puissants.

J'observe, sans parti-pris, que les femmes travaillent plus que les hommes.

Bien cher JGL,

Je comprends et je suis d'accord avec vous.

Hier soir, le journal du soir de France 2 consacrait pour la énième fois un reportage aux Français d'origine maghrébine obligés de fuir l'apartheid hexagonal pour la libre cité de Londres. On y voyait notamment un trader (un parasite ?) d'une quarantaine d'années, Kamel W., d'origine algérienne, titulaire d'un master de finances, gestionnaire de la fortune d'un milliardaire américain, nous expliquer que la capitale britannique était un paradis sur terre, un sorte de nirvana antiraciste où il se sentait, selon son expression, "citoyen du monde". Le reportage se poursuivait par le retour en France, dans la banlieue de Nancy, je crois, du fils prodigue, au sein de la famille, dont on soulignait qu'elle était méritante, père ouvrier, mère au foyer, analphabète mais surveillant de près sa nombreuse progéniture (sept enfants). On apprenait que tous les enfants avaient passé leur bac et bien réussi professionnellement. Mais tout n'avait pas été rose. Kamel avait eu du mal pendant ces études à trouver des stages et avait choisi finalement de s'exiler à son grand regret.
Bien évidemment, il n'est pas venu à l'idée du journaliste de demander à Kamel, sans aller tout de même jusqu'à lui suggérer que son exil avait peut-être un peu à voir, comme pour des dizaines de milliers de souchiens, avec les salaires de la City (première place financière au monde), par quel miracle ses six frères et soeurs avaient pu trouver du travail et rester au pays ; s'il n'éprouvait pas tout de même une certaine forme de gratitude, de reconnaissance pour le système éducatif qui lui avait permis de faire de si brillantes études. Non la "mille-collinisation" en cours, selon la formule juste de JGL, ne s'embarrasse pas de scrupules et de nuances : son règne doit être écrasant.

Citation
Non la "mille-collinisation" en cours, selon la formule juste de JGL, ne s'embarrasse pas de scrupules et de nuances : son règne doit être écrasant.

Touché ! ... mais je crois que la formule "mille-collinisation" n'est pas de JGL mais de Cassandre. Mais je peux me tromper ?