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Communiqué n° 774 : Sur la nomination du président de France Télévision

Le parti de l'In-nocence, qui est résolument favorable à la suppression de la publicité sur les chaînes de service public mais qui souhaite que leur soit strictement garanti un financement au moins égal à celui qu'elle leur assurait, juge d'autre part profondément choquant, ne serait-ce qu'à titre symbolique, que soit attribué au président de la République le droit de nomination et de révocation du président de France Télévision. Il considère cette mesure, qui ridiculise la France, comme relevant de la provocation à une heure où les institutions de la Cinquième République et les libertés publiques sont ensemble menacées par la dérive autoritaire et présidentialiste du régime actuel.
Et l'on me reprochera encore d'évoquer Bonaparte...
Ce qui est choquant ce n'est pas tant le droit de nomination accordé au président de la République , on entérine une situation de fait, et on voit mal un quelconque organisme dit indépendant nommé un dirigeant en profond désaccord avec le pouvoir exécutif, ce n'est donc pas tant ce droit ci que celui de révocation. On annihile alors toute volonté d'indépendance du futur président de France Télévision, même celle liée à l'exercice naturel de sa fonction.
.............Mais la télévision, c'est la voix de la France... Maintenant, il nous faut un Ministère de l'Information, comme au bon vieux temps !
"On ne saurait trop insister sur l'importance de la coïncidence dans le temps de deux phénomènes dont l'articulation n'était nullement fatale - je veux dire nullement écrite dans les astres, car, fatale, elle l'a bien été pour la France. C'est d'une part, la lente révolution petite-bourgeoise aboutissant à ce que j'ai appelé la dictature de la petite bourgeoisie, qui a mis fin à la culture française, laquelle, depuis au moins deux siècles, était essentiellement et presque exclusivement bourgeoise : la petite bourgeoisie piteusement triomphante n'a pas repris le flambeau, elle ne s'est pas érigée elle-même, à son tour, en classe cultivée, elle a donc laissé la France sans culture, dans l'état où nous la voyons aujourd'hui. [le deuxième phénomène est l'immigration de masse, qui n'est pas le sujet de ce message.]" (Le Royaume de Sobrarbe - 18 décembre 2005)

Ce n'est pas, à mon avis, que la petite bourgeoisie n'ait pas voulu "reprendre le flambeau", c'est qu'elle s'est fâcheusement trouvée en position d'asseoir son triomphe dans le même temps où pénétrait dans les foyers un terrible instrument à usage culturel : la télévision.

Il faut lire (pour rire jaune) certains magazines spécialisés du tout début des années soixante (ce qu'on appelle l'époque héroïque où n'existait qu'une chaîne et quelques heures d'émission et où Les Perses commencent leur carrière de référence, c'est-à-dire sont déjà cités comme exemplaires ! (à croire que la télévision a commencé par l'apogée puis n'a fait, au mieux, que stagner) pour mesurer à quel point les théoriciens et les créateurs de la télévision naissante placent la culture au centre de leurs préoccupations. On ne pourra pas dire qu'on n'y avait pas pensé ! Pouvaient-ils cependant songer à autre chose qu'à une culture égalitaire avec cet appareil ?

On se convainc facilement, à lire ces magazines, qu'en effet la télévision a bien pu être prise par la petite bourgeoisie pour ce "flambeau" qu'il n'appartiendrait qu'à elle de brandir. Elle s'est vue belle en cet éclairage et comme idéalement équipée pour damer le pion à sa grande soeur, décidément "vieux jeu".

Dans une interviou au n°1 des Cahiers de la télévision (décembre 1962), un certain M. Bordaz, né en 1908, récent directeur général de la R.T.F, Conseiller d'Etat etc., déclare tout de go : "La télévision doit être populaire et audacieuse, le contraire d'un art bourgeois." L'interviou est ainsi parsemée de coups de pattes de classe (on ne finirait pas d'en relever d'autres tout au long du magazine) et se termine ainsi :

"Nous [les interviouveurs] lui faisons remarquer, avant de le quitter, qu'il nous semble que la télévision soit gênée par un certain snobisme anti-télévision qui existe dans une certaine catégorie sociale :
- Je ne suis pas de votre avis : c'est au contraire notre chance qu'une certaine bourgeoisie dédaigne la télévision, vous verrez, cela ne durera pas et demain on sacrifiera tout pour assister à une première de télévision, comme hier à une première de théâtre."

L'enthousiasme conquérant de ce M. Bordaz me parait faire un joli pendant à l'image du "flambeau" choisie par Renaud Camus. Bien sûr, dans l'ivresse de ses nouvelles fonctions, notre Conseiller d'Etat oublie quelques détails dans l'établissement de sa comparaison, à commencer, parmi d'autres, par celui-ci : aucun téléspectateur ne s'est jamais mis en peine de s'habiller avant d'assister à une "première de télévision" mais au contraire s'est réjoui de pouvoir prendre ses aises devant le petit écran, contempler ces fameux Perses en pantoufles, chez soi, faire des commentaires à haute et intelligible voix, s'en fumer une ou aller chercher une bière dans le frigo, n'avoir en somme aucun effort à faire pour ne pas rester cette espèce de lui-même livré à tous les caprices de son humeur du moment et les Perses n'en continuent pas moins d'attaquer la Grèce, à eux aussi ça leur fait une belle jambe, ce qui se passe chez le téléspectateur, au point qu'il n'est pas invraisemblable d'avancer que la perte de la honte, si souvent déplorée par Renaud Camus, ne trouve son origine principale dans ces milliers et milliers d'heures d'exposition et d'accoutumance du public à un spectacle devant lequel il n'y a aucune raison de se gêner et qui lui non plus ne se gêne pas pour suivre son cours. Comment s'étonner, dans de telles conditions d'absence de cérémonie, de convention, de rite, que la bourgeoisie cultivée n'ait pas eu le goût une seule seconde de se saisir de ce flambeau qu'était la télévision naissante, promise cependant à exercer une si extraordinaire influence sur les manières du temps ?

La petite bourgeoisie n'a pas eu de chance, ni même de veine, encore moins de bol de devoir se coltiner avec une telle puissance d'émissions de signes. Non seulement c'était au dessus des ses moyens mais, je crois, au-dessus des moyens de n'importe quelle classe sociale. Elle ne pouvait accomplir rien d'autre que ce qu'elle a accompli et continuera à accomplir, publicité ou pas, Président de "France Télivision" nommé ou pas par le Président de la République.

Ce Président de l'ancienne ORTF ou de "France Télévision", on aurait depuis le début tiré son nom d'un chapeau que les choses n'en eussent pas été bien différentes que ce qu'elles sont. Avec ce "formidable outil" qu'est la télévision, il n'y a pas moyen.
Cher Orimont,

Pour avoir vu ces dernières années ce qu'est la télévision dans certains pays du tiers-monde en Afrique ou en Asie du Sud-Est (ou en Chine) où n'existe (pas encore) une petite bourgeoisie, me sont à l'occasion revenues en mémoire certaines scènes du début des années 60 où la télévision en France, au village, au bourg, était un divertissement collectif, comme aujourd'hui au Niger ou il y a peu encore en Indonésie. On invitait les voisins, pire: le voisinage, presque le public. Dans certains pays, on fait encore payer un droit de regard (et non d'entrée). En France en 1962 (année des Perses, et accessoirement, des Pieds-Noirs) la télévision s'appelait encore "le petit écran", c'est à dire au fond, "le petit cinéma", pour petit public. Pas (encore) d'avachissement soi-mêmiste et privé dans sa bière et ses pantoufles, l'index dans les trous du nez, donc, mais bel et bien de la socialité, du lien, du soin à paraître et même à s'habiller. La dégringolade est arrivée bien plus tard, au fond quand il n'y eut presque plus de foyer sans son "poste".
Mais n'est-ce pas cette bourgeoisie, plus riche et industrieuse que cultivée (la bourgeoisie vraiment cultivée n'a jamais été qu'une petite minorité assez loin des commandes du pouvoir économique et politique), qui a voulu et forgé cette classe avachie et inculte de petits-bourgeois ? N'est-ce pas cette bourgeoisie qui a favorisé le développement d'une société de consommation qui a tout nivelé par le bas (on consomme d'autant plus lorsque on ne se pose pas trop de questions !), mais qui l'a enrichie et qui a, d'ailleurs, élevé le niveau de vie et le confort de la grande majorité de la population ? L'émergence de la petite bourgeoisie n'est pas un accident de l'histoire, mais le résultat du simple constat que les techniques nouvelles permettaient de produire des biens médiocres en masse et qu'il fallait une classe médiocre pour les acheter.

Quant à la télévision, c'est un médium dont la nature même ne permet pas d'attendre grand chose. Comme la circonférence du Colisée n'appelait rien d'autres que les jeux de cirque. Certes, il y a toujours des contre-exemples et Bernard Lombard rappelait l'autre jour les mémorables conférences télévisées d'Henri Guillemin. Mais la nature de la télévision pour retenir l'attention, c'est la vitesse, la rapidité, donc la superficialité. Je ne la regarde plus depuis des années, hormis de temps à autre un téléjournal qui me confirme généralement que je suis en train de perdre mon temps.
Les conférences en question passent encore de temps en temps sur la chaîne Histoire. Comme quoi ce n'est pas une question de nature du média, cher Corto...

Je me souviens de m'être abstenu pendant longtemps de toucher à ce format audio génial, mis au point par la société Fraunhofer, spécialiste mondialement reconnu en acoustique et compression audio, que l'on appelle le mp3, parce que, par ignorance, je le croyais réservé aux bruits parasites qui provenaient des casques des adolescents et qui me cassaient les oreilles dans le métro... Nous sommes nombreux, ici, à utiliser ce format pour les meilleures choses...
Mais vous avez parfaitement le droit d'abdiquer, cher Bernard Lombard, et d'utiliser, au nom de cette asservissante commodité, le format mp3 qui ne restitue pas tous les sons et qui est à la haute-fidélité ce que la musique militaire est à Mozart.
Ami Corto, quand vous êtes de passage en notre campagne fameuse, je vous défie dans un test à l'aveugle. Vous serez surpris, et jouerez moins au matamore. (Le test a été fait par un de mes amis mélomanes, avec un parterre de musiciens professionnels... Je ne vous en donnerai pas le résultat, à cause de la musique militaire !)

(P.-S. Si vous êtes observateur, vous aurez remarqué que Lombart s'écrit comme Internet : en finissant par un "té" !)
Utilisateur anonyme
07 décembre 2008, 21:47   Re : La queue et les oreilles
Il est vrai que j'entends mieux que je ne vois, cher Bernard Lombart. Et surtout j'écris trop vite et la vitesse, c'est comme la compression, cela ne donne rien de bon. Mais, si je passe par Waterloo, c'est bien volontiers que je tenterai le test à l'aveugle. Quel est l'enjeu du défi ?
Bon sur Internet, on entend tout de même dire ce que votre serviteur prétend :

Citation

Le MP3, ce format de fichier audio aujourd'hui très répandu, a été mis au point par l'institut Fraunhofer. Fichier musical compressé afin d'en réduire la taille, le MP3 est largement utilisé par l'industrie de la musique pour la vente en ligne de pièces musicales ainsi que par les mélomanes pour l'échange de fichiers ou l'écoute sur baladeur audionumérique.

Bien qu'il connaisse actuellement un grand succès occasionné par la faible taille de ses fichiers et la quasi-universalité de son format, le MP3 souffre tout de même de quelques lacunes. On peut citer par exemple la piètre qualité de la restitution sonore lorsque le ratio de compression est élevé. Les mélomanes à l'oreille avertie lui préfèreront des formats restituant plus fidèlement la qualité de la pièce musicale originale, par exemple le Ogg (ou OGG Vorbis).

Depuis 2004, l'Institut Fraunhofer procède à des recherches visant à améliorer le format. Résultat : le « MP3 Surround »; format d'encodage sur un maximum de six canaux (Surround 5.1). Fraunhofer annonce que son format sera mis à disposition des radios Web; vous pourrez donc vous faire par vous-même une idée de la qualité du nouveau format MP3 Surround. Vous aurez cependant besoin pour ce faire du logiciel MP3 Surround Player ou encore de Winamp enrichi du plugiciel MP3 Surround.

Certaines radios Internet diffusent déjà quelques pièces musicales encodées dans ce nouveau format. Sachez que des casques d'écoute capables de restituer le son Surround 5.1 existent, si vous ne souhaitez pas investir sur un ensemble d'enceintes.

« MP3 est l'abréviation de MPEG-1/2 Audio Layer 3, la spécification sonore du standard MPEG-1, du Moving Picture Experts Group (MPEG). Il s'agit d'un algorithme de compression capable de réduire drastiquement la quantité de données nécessaire pour restituer de l'audio, mais qui, pour l'auditeur, ressemble à une reproduction du son original non compressé, c'est-à-dire avec perte de qualité sonore significative, mais acceptable pour l'oreille humaine » (Wikipedia).

Publié le 22/01/2007 à 06h00 par Daniel Sénéchal
08 décembre 2008, 08:23   Re : La queue et les oreilles
Cher Corto, tout cela est vrai. Ce n'est pas le lieu pour les explications techniques (il faut avoir des lumières en acoustique, électronique et informatique). Je veux simplement vous donner ce conseil : ne vous privez pas du mp3, ce serait dommage.

Tout de même, Corto : dans ce que vous avez copié, il y a ce bout de phrase essentiel : « la piètre qualité de la restitution sonore lorsque le ratio de compression est élevé ». Or, le taux de compression est réglable : vous pouvez le choisir (il s'exprime en kilobits par seconde). Faites le test honnêtement : à 192 ou 256 kb/s, selon la jeunesse de votre oreille, vous ne pourrez pas reconnaître l'enregistrement du disque CD non compressé.

Le génie de Fraunhofer est d'avoir mis à profit, pour son algorithme de compression, les effets de masque de l'oreille humaine. C'est-à-dire que dans le choix des critères de compression, il commence par ce qui ne s'entend pas. Il faudrait avoir non pas des oreilles humaines mais un oscilloscope pour se rendre compte de la différence...

Bien entendu, l'idéal est d'être dans la salle de concert, là n'est pas la question...
Utilisateur anonyme
08 décembre 2008, 16:48   Re : Question d'un mutant
Vous voulez dire, cher Bernard Lombart, qu'en utilisant une chaîne haute-fidélité (et non pas des écouteurs) pour la lecture d'un CD ou d'un fichier MP3, l'oreille humaine ne fait pas la différence ?
08 décembre 2008, 20:40   Re : Question d'un mutant
C'est exactement cela, Corto, pour autant, bien entendu, que le codage soit fait avec un bon programme, et avec un taux de compression assez bas (mesuré par le débit : 192 ou 256 Kbps). Vous verrez, vous serez étonné, comme je l'ai été moi-même la première fois. Encore un détail : la sortie audio d'un PC est souvent très médiocre, il vaut mieux un bon lecteur mp3 (d'ailleurs, la plupart des lecteurs de CD actuels lisent aussi le mp3...)
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