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La Grande Pleurnicherie

Envoyé par Michel Le Floch 
22 décembre 2008, 18:02   La Grande Pleurnicherie
Et puis un tacle à Finkielkraut en passant...

FOOTBALL
L'"anomalie" Pape Diouf
LE MONDE | 22.12.08 | 16h26 • Mis à jour le 22.12.08 | 16h39


Pape Diouf, 57 ans, est président de l'Olympique de Marseille depuis 2005. Cet ancien journaliste et agent de joueurs est le seul Noir à occuper un tel poste dans le football européen. Il explique, dans Le Monde, à quel point son sport symbolise le chemin qui reste à parcourir pour en finir avec le racisme.



En plein débat sur la diversité, quel est votre sentiment ?


Comme joueurs, les Afro-Arabes sont très présents sur les terrains mais, dès qu'il faut mettre en place des équipes dirigeantes, ils disparaissent. C'est profondément choquant ! Je suis une anomalie car, avant moi, il n'y a pas d'exemple. Je suis devenu symbolique, car j'occupe un poste qu'on ne donne pas aux Noirs et aux Arabes. Attention, ce n'est pas un complexe de persécution, simplement l'amer constat de la réalité.



Comment expliquez-vous cette situation ?


Le rejet de la société française ! Voyez-vous des Noirs ou des Arabes, hormis sous forme de saupoudrage, être des ministres d'envergure ? En connaissez-vous qui soient des leaders au sein des partis politiques ? Patrons d'une grande entreprise nationalisée ? Il y en a forcément qui sont en position d'occuper ces postes-là. L'égalité sociale ethnique interviendra le jour où on nommera à des postes importants un Arabe ou un Noir incompétent. Les féministes disaient cela sur l'égalité des sexes. Nous n'en sommes pas là.


Où en sommes-nous, alors ?


On cherche à mieux faire. L'élection d'Obama a été plus qu'un électrochoc. Là où la question de la diversité ne se posait pas, elle commence à l'être, comme en Italie ou en Espagne. En France, la récente nomination d'un "commissaire à la diversité et à l'égalité des chances" part d'un bon sentiment. On va voir ce qu'il va en sortir, même si je ne me fais pas d'illusion.


Estimez-vous que les politiques ne prennent pas assez conscience des problèmes de racisme dans le football ?

Qu'ils arrêtent les gesticulations comme lors de la banderole "anti-ch'tis" ou quand on siffle La Marseillaise. J'aimerais voir ces mêmes gesticulations lorsqu'un joueur noir se fait insulter.


En parlez-vous avec la ministre des sports, Roselyne Bachelot ou son secrétaire d'Etat, Bernard Laporte ?

Je ne connais pas la ministre, mais je connais Laporte. Cependant, a-t-il les moyens de mener sur ce sujet-là une politique efficace ? On ne pourra pas éradiquer ce genre de fléau localement, ça doit passer par l'Europe : ce qui se passe en Italie ou en Espagne, c'est pire qu'en France. A chaque fois que le racisme s'exprime sur le stade, il y a une part de responsabilité des clubs, mais aussi des spectateurs qui restent impassibles devant ces manifestations. Cette responsabilité-là relève aussi des pouvoirs publics. Ça passerait par une législation clairement établie et dont l'application ne connaîtrait aucune indulgence : cela ne réglerait pas définitivement le problème, mais le repousserait brutalement.

Avez-vous une explication sur ce racisme qui s'exprime dans les stades ?

J'arriverais presque à trouver des circonstances atténuantes à ces imbéciles : il s'agit de troubler l'adversaire. En assimilant le Noir à un singe, les petits esprits d'Occidentaux parvenus pensent toucher la plaie des joueurs, comme si naturellement nous souffrions de complexe de persécution.


Les joueurs vous en parlent ?

Très franchement, non. Il n'y a pas de leur part de la réticence à se rendre à un endroit où s'exprimerait puissamment du racisme. Ils retiennent plus comment le public a tenté de les désarçonner. Je ne veux pas leur faire dire qu'ils s'en foutent. Ils en parlent avec les journalistes mais les réponses sont toujours des lieux communs du genre : "C'est sur le terrain qu'il faut montrer qui on est." Tous n'ont pas la capacité d'analyse, mais on leur a tellement appris que dans le football ne devait prévaloir que la langue de bois... Lorsque des problèmes sérieux se posent, elle continue à s'appliquer.

Même ceux qui ont quitté les terrains comme Zinédine Zidane, à qui on reproche de ne pas s'être assez impliqué sur ce sujet ?

Il y a des gens connus et respectés qui pourraient être des porte-voix légitimes.

Des joueurs ont-ils oublié d'où ils venaient ?

Les joueurs d'aujourd'hui sont déconnectés de la société réelle. Ils vivent si loin des tracas de la vie quotidienne que rencontrent des personnes issues des mêmes populations qu'ils n'ont pas conscience de la réalité qui les entoure. On peut les comprendre, même si je n'admets pas ce genre d'indifférence. Ils se sont engouffrés très jeunes dans les centres de formation. Difficile donc, pour eux, de condamner ou de parler d'un état qu'ils ne connaissent pas.

Le racisme qui s'exprime dans les stades leur rappelle la réalité de la vie ...

On ne peut pas être longtemps frappé de cécité. Ces joueurs ont une part de responsabilité. Ils sont en quelque sorte rattrapés par leur condition d'Arabe ou de Noir. Qu'ils sachent que le racisme est quelque chose qui arrive au quotidien à des gens qui leur ressemblent. S'ils pouvaient penser à eux un tout petit peu, ça pourrait les amener à être plus solidaires. Mais n'oublions pas qu'on leur a sciemment appris à ne pas trop se mêler des problèmes de société.

Estimez-vous, comme l'avait souligné le philosophe Alain Finkielkraut, que l'équipe de France est trop "black, black, black" ?

Ce sont des idées refoulées dans une partie de la société française. Et ne les proclament que les extrémistes, qui ont jeté le masque. Paradoxalement, l'équipe de France démontre qu'avec une vraie politique visant à l'égalité des chances, on pourrait voir dans la même proportion des gens de couleur réussir. L'équipe de France pourrait servir de laboratoire à cette politique d'égalité des chances.

Vous êtes sénégalais. Comment considérez-vous les relations entre la France et l'Afrique ?

Je suis en train d'écrire un livre avec Pascal Boniface (directeur de l'Institut des relations internationales et stratégiques) sur ce sujet. Ce qui me préoccupe, c'est l'insuffisance de l'aide française. On sent que l'Afrique est un boulet : la France lui a tourné le dos.


Sauf lorsqu'il s'agit d'aller "piller" de jeunes joueurs ...


Il y a un intérêt réciproque. Ces jeunes joueurs ne sont pas des marchandises. La vérité, c'est que même les parents en Afrique encouragent le départ des enfants : c'est aussi une bouée de sauvetage sociale.


Propos recueillis par Mustapha Kessous
22 décembre 2008, 18:32   Re : La Grande Pleurnicherie
« l'équipe de France démontre qu'avec une vraie politique visant à l'égalité des chances, on pourrait voir dans la même proportion des gens de couleur réussir. L'équipe de France pourrait servir de laboratoire à cette politique d'égalité des chances. »

Si l'on comprend bien M. Diouf, il estime que sans les discriminations dues au racisme d'extrémistes du type Finkielkraut, il y aurait au gouvernement, à l'Academie française, au Collège de France, etc. la même proportion de Noirs et de Maghrébins que dans l'équipe de France de foute. Voilà qui donne une idée des revendications futures.
22 décembre 2008, 18:38   Re : La Grande Pleurnicherie
Le plus étourdissant est la référence à l'Amérique et à Obama. Mais je ne vois toujours pas le rapport historique et démographique entre les deux pays. Suis-je aveugle ?
22 décembre 2008, 18:42   Re : La Grande Pleurnicherie
Citation
Estimez-vous, comme l'avait souligné le philosophe Alain Finkielkraut, que l'équipe de France est trop "black, black, black" ?

Mais A. F. n'a jamais dit qu'il y avait trop de blacks dans l'équipe de France. Il a simplement dit que cela devait faire drôle aux autres européens de voir une équipe de foot francaise entièrement composée de joueurs d'origine sub-sahariens.

Mais en disant cela j'enfonce des portes ouvertes ...
Utilisateur anonyme
22 décembre 2008, 19:37   Re : La Grande Pleurnicherie
La virulence et l'agressivité des propos de Diouf, les questions orientées qui le poussent sans cesse à surenchérir, m'avaient croire que cette interview était parue dans "Le courrier du Mrap", ou dans "Indigènes hebdo"; en regardant mieux, j'ai vu qu'il s'agissait du "Monde".
Ça faisait longtemps que le vénérable autant que vespéral quotidien de référence ne s'était pas montré aussi militant; voilà qui redonne espoir à ses lecteurs.
22 décembre 2008, 20:33   Re : La Grande Pleurnicherie
Longtemps, la profession de M. Diouf a été "agent de joueurs" - c'est-à-dire, si l'on parle un bon français, "maquignon". On "achète" un joueur pour étoffer son "portefeuille" (sic); plus on a de joueurs dans son portefeuille, plus le portefeuille peut se revendre cher; si le joueur sur la pente descendante, on le fourgue à un président gogo; s'il est sur la pente montante, on le vend à des milliardaires. C'est la profession la plus détestable qui soit : je ne parle pas de "morale", mais de l'intérêt du sport. Sans parler des gains colossaux de ces agents qui prélèvent 10% environ sur les gains des joueurs. Quant aux succès de ce M. Diouf, ils se lisent dans le palmarès de l'OM : en quatre ans, ce club n'a rien gagné.
Voilà à qui Le Monde délègue le soin de dire le Bien. Peut-on tomber plus bas ? Oui, sans aucun doute. Il n'y a qu'à lire Le Monde de demain, etc.
Utilisateur anonyme
22 décembre 2008, 21:10   Re : La Grande Pleurnicherie
"comme si naturellement nous souffrions de complexe de persécution"

Ne vient-il pas d'en faire la redoutable démonstration ?...

Enfin moi j'avoue que dans le rôle du "milliardaire black pleurnicheur" ma préférence va (sans la moindre hésitation) à M. Thuram !
Utilisateur anonyme
23 décembre 2008, 22:55   Re : La Grande Pleurnicherie
Maquignon ? Marchand de bois d'ébène, oui !
"A chaque fois que le racisme s'exprime sur le stade, il y a une part de responsabilité des clubs, mais aussi des spectateurs qui restent impassibles devant ces manifestations. Cette responsabilité-là relève aussi des pouvoirs publics. Ça passerait par une législation clairement établie et dont l'application ne connaîtrait aucune indulgence"

Si je comprends bien, on doit s'attendre à voir apparaître, un de ces quatre matins, la délicieuse notion de "délit d'impassibilité devant une insupportable manifestation de racisme", ou quelque chose de ce genre ?
Utilisateur anonyme
28 décembre 2008, 18:47   Vices publics
Le seul fait de poser cette question vous expose à une peine dont l'application ne connaîtra aucune indulgence.
28 décembre 2008, 19:22   Re : Vices publics
Attention, les haldistes vous écoutent.
28 décembre 2008, 19:24   Re : Vices publics
Oui, et de plus, aujourd'hui, les oreilles ont des murs.
Utilisateur anonyme
28 décembre 2008, 19:32   Les oreilles ont des murs
Ah ! Excellent, Cher Francmoineau, vraiment une très belle formule qui dit merveilleusement la vérité !
29 décembre 2008, 12:04   Re : Les oreilles ont des murs
Excellent !
29 décembre 2008, 12:48   Re : La Grande Pleurnicherie
Des murs aveugles sans doute...
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