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Claude Lévi-Strauss et René Girard

Envoyé par Marc Briand 
Chers amis,


Veuillez noter sur vos agendas la prochaine rencontre de l'association "Recherches Mimétiques", qui aura lieu le vendredi 27 janvier 2012 à l'Ecole Normale Supérieure, sur le thème :


"René Girard et Lévi-Strauss, le sacrifice aujourd'hui".

Cette journée est organisée par le CIEPFC (Centre international d'étude de la philosophie française contemporaine / ENS Rue d'Ulm) et l'ARM.

Claude Lévi-Strauss et René Girard ont fortement contribué, chacun avec son génie propre, à rénover en profondeur l’anthropologie du siècle dernier. Ce sont aussi deux grands écrivains français, alliant clarté de la pensée et puissance de synthèse.

Cependant, à considérer leurs travaux respectifs, tout semble les opposer. Si le sacrifice peut servir à jeter un pont entre eux, ce n’est certainement pas à titre de dénominateur commun. Sa place est marginale, chez Lévi-Strauss, où il sert surtout de repoussoir à la pensée totémique et classificatoire, qui oriente notre rapport au monde naturel et social. Elle est, au contraire, centrale, chez Girard, où le sacrifice est la racine et le pivot de l’organisation sociale.

C’est justement parce qu’il occupe, chez ces deux auteurs, des positions symétriques et inverses que le thème du sacrifice devrait pouvoir, mieux que d’autres, favoriser la comparaison et l’évaluation réciproque de leurs pensées concurrentes et complémentaires. Alors que le croisement entre ces deux anthropologies a rarement été tenté, l’éloignement dont nous bénéficions nous permet de les situer au cœur du « moment 1960 » en philosophie et en sciences humaines, et ainsi d’éclairer, appuyés sur leur opposition féconde, les phénomènes de violence de masse qui nous sont contemporains. Tel est le pari de cette journée d’étude, qui, s’il est gagné, devrait déboucher sur un colloque international destiné à en conforter et développer les résultats.



Programme de la journée :


9.00 : accueil des participants

9.15-9.30 : Présentation (Frédéric Worms et Benoît Chantre)

9.30-10.15 : Kozo Watanabe : Forclusion du sacrifice chez Lévi-Strauss ?

10.15-11.00 : Lucien Scubla : Les organisations dualistes revisitées ou René Girard chez les Bororo

11.00-11.15 : pause

11.15-12.00 : Simon Simonse : Le dualisme nilotique comme dynamique sacrificielle

12.00-12.45 : Mark Anspach : Au principe de la réciprocité : les origines sacrificielles des structures d’échange chez Lévi-Strauss et Girard


14.30-15.15 : Paul Dumouchel : Le sacrifice et la chasse aux têtes

15.15-16.00 : Camille Tarot : Tristes tropes. En deçà du conflit de Girard et de Lévi-Strauss sur le sacrifice et le sacré, quelle issue ?

16.00-16.15 : pause

16.15-17.00 : Frédéric Keck : Girard et Lévi-Strauss face aux maladies infectieuses émergentes

17.00-17.45 : Élisabeth Claverie : L’usage des fêtes de Kurban Bajram dans le processus du nettoyage ethnique en Bosnie-Herzégovine. Le sacrifice, la lettre, la dérision. Exégèse pratique des acteurs de massacre et modèle de Girard.

17.45-18.30 : Discussion générale et conclusions.


Nous vous espérons nombreux et vous souhaitons de bonnes fêtes de fin d'année,

Le Bureau de l'ARM




Site internet : Association Recherches Mimétiques

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affiche Girard Strauss janvier 2012.jpg
J'ai assisté à cette rencontre que j'avais déjà notée depuis un certain temps.
Je pense que c'est un succès, malgré l'obstacle de la langue qui a sensiblement amoindrit
le contenu du discours de 3 intervenants étrangers.

La question de la responsabilité dans la guerre de Bosnie a sans surprise conduit à quelques vifs échanges.
Les faits qui ont été relatés sont certainement vrais mais n'épuisent pas, je pense, des questions comme l'ingérence de quelques tiers motivés par d'autres intérêts que la paix.
Quel rapport y a-t-il entre les thèses anthropologiques opposées de Lévi-Strauss et de Girard d'une part et les conflits armés qui ont éclaté lors de l'éclatement de la Yougoslavie d'autre part ? En quoi les premières éclaireraient-elles les seconds ?
Même question que celle de JGL concernant "les maladies infectieuses émergeantes" (??)

(à propos d'émergent et de cette irritante orthographe à l'anglaise, il y a dix ans au moins que je retarde de partir en croisade contre cette faute de français que rien ne justifie sinon la flemmardise devant une orthographe imposée par des ignorants, si je l'entamais aujourd'hui en préconisant d'écrire en français "émergeant" comme l'on écrit "exigeant" ou "obligeant", serait-on prêt à suivre mon panache blanc ? -- sachant qu'il est bien sûr trop tard mais précisément, entamer cette croisade parce qu'il est trop tard pour le faire.)
Personnellement je ne suis pas un littéraire, j'ai davantage l'esprit scientifique.
Pour l'orthographe je m'efforce de faire de mon mieux mais il m'arrive de choir.

L'oeuvre de Levi-Stauss contient une forclusion du sacrifice dans sa description des sociétés primitives telles qu'elles ont existé et perduré.
A l'inverse celle de Girard repose sur le sacrifice comme produit presque inévitable de la rencontre du mimétisme et de la violence (de même que O et H2 forment H2O) . Cette théorie lui permet d'expliquer la genèse des cultures et le religieux primitif, mais reste sous-jacente à la structure, voire à la destructuration des sociétés des temps modernes. Dans son oeuvre Girard revient à de nombreuses reprises sur la disparition des barrières sacrificielles (les rites).

Je crois que le but d'Elisabeth Claverie était de montrer que Girard permet d'aller plus loin que Levi-Strauss pour comprendre des violences, des génocides des temps modernes. Les massacres de villageois bosniaques lors des fêtes de Kurban Bajram forment une substitution inverse de celle des sacrifices des temps primitifs au cours des quels les sacrifices d'animaux ont remplacé ceux d'êtres humains.
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