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"Manifeste pour l'abolition de l'apartheid international"

Envoyé par Fabien de Stenay 
En dehors de la ridicule naïveté du contenu, du nombre risible de signatures obtenues en dix ans, ce document vaut surtout, je crois, par l'étape qu'il représente dans la marche vers une typographie égalitaire, sans doute la plus grande depuis l'abolition des majuscules par les anabaptistes...

http://www.apartheid-international.org/manifeste-abolition-apartheid-international.html
Mais où sont passé(e)s les trans-genres ? Encore de la discrimination !
Magnifique ! Enfoncé(e)s, les minables parenthèses des vigilant(e)s du (trans)genre José Bové & Clémentine Autain(e)...
Magnifique, aussi, les "individues humaines". Et puis, l'exposant et l'indice, voilà qui vous donne un petit air de scientificité indiscutable au discours...
Merci, cher Fabien, pour ce grand moment dans l'histoire de l'écriture.
Utilisateur anonyme
16 juillet 2008, 17:00   Trop cool !
Immigration : jusqu'à quel point êtes-vous un crétin ?

Il paraît que le débat sur l'immigration oppose d'un côté les belles âmes humanistes mais irréalistes, qui voudraient accueillir les immigrants par générosité, mais ne veulent pas voir les problèmes posés par l'immigration. Et de l'autre des réalistes, qui voient les problèmes posés par l'immigration dans la société française et savent qu'il n'est plus possible d'accueillir de nouveaux migrants.

Mais cette distinction est-elle vraiment pertinente? L'analyse économique apporte quelques réponses. Les économistes sont des gens sans âme, qui connaissent le prix de tout et la valeur de rien, comme chacun sait; puisqu'il faut que la question migratoire soit évaluée objectivement, cela peut être un atout. Que nous dit effectivement l'approche coûts-bénéfices, appliquée à la question de l'immigration?

Un blogueur économiste américain, Younotsneaky, s'est livré il y a quelques mois à l'analyse suivante, reprise dans le magazine The Economist. L'entrée d'un migrant dans un pays implique des gains pour lui-même : il pourra dans ce pays obtenir un salaire supérieur à celui qu'il obtenait dans son pays d'origine. Dans le même temps, le migrant peut imposer un coût aux salariés présents dans le pays : en augmentant le nombre de candidats à l'embauche, il exerce une pression sur le marché du travail national, qui va réduire les salaires dans ce pays, notamment pour les non-qualifiés. Jusqu'à quel point? Beaucoup d'effets entrent en jeu, mais dans le cas des immigrants sud-américains entrant aux USA, l'estimation la plus forte de ce coût aboutit à une diminution de 5% des salaires des nationaux les moins qualifiés.

Si l'on prend un point de vue parfaitement cosmopolite, et que l'on considère qu'un étranger est l'égal d'un résident national, évaluer l'effet de l'immigration revient donc à comparer le gain pour l'étranger et la perte pour le résident national. Si le gain du premier est supérieur au second, alors on pourra être favorable à l'entrée de migrants.

Le calcul est compliqué par le fait que l'utilité d'un revenu accru n'est pas la même selon le revenu de départ : gagner 100 euros n'a pas le même effet sur le bien-être individuel d'une personne qui gagne 1000 euros par mois que sur celui d'une personne gagnant 10 000 euros par mois. Mais il est possible de prendre en compte cet effet.

Par ailleurs, le choix du point de vue cosmopolite est assez arbitraire; on pourrait imaginer par exemple de valoriser plus le bien-être des étrangers, qui sont très pauvres et doivent donc être favorisés : une sorte de point de vue cosmopolite-égalitariste. On peut, à l'inverse, décider que même si l'on admet que les hommes sont tous égaux en dignité et en droits, il est légitime que les politiques nationales accordent une préférence aux habitants de son pays.

Mais à quel niveau placer cette "préférence pour les nationaux"? Un individu qui déclare que selon lui, les étrangers ne valent rien par rapport aux nationaux nous semblerait proprement odieux et inhumain (cela reviendrait à considérer que tous les étrangers peuvent mourir, si cela rapporte un centime d'euro à un résident); à l'inverse, on peut aussi admettre qu'un individu qui adopte le point de vue cosmopolite, un étranger vaut autant qu'un national, est un idéaliste peu réaliste.

Comme on peut estimer le gain moyen des immigrants entrant aux USA, et le coût pour les nationaux, il est possible d'évaluer le degré de "préférence pour les nationaux" des gens qui s'opposent à l'entrée de migrants. A partir des données disponibles, Younotsneaky estime qu'étant donnés gains des uns et pertes des autres, refuser l'entrée de migrants mexicains aux USA revient à considérer qu'un résident national vaut 20 fois plus qu'un étranger. Le même type de calcul pour l'Europe et les entrées de migrants en provenance d'Europe de l'Est (les fameux "plombiers polonais") aboutit à un chiffre supérieur. En somme, le débat sur l'immigration n'oppose pas les "réalistes" face aux "doux rêveurs cosmopolites" : il oppose ceux qui considèrent qu'un national vaut plus de 20 fois un étranger et les autres. Chacun peut décider de quel côté de cette comparaison il veut se placer; mais il n'est pas illégitime de considérer que ceux qui veulent limiter l'immigration ne se placent pas dans un camp très noble. Une certaine préférence accordée aux nationaux, soit; mais pour considérer qu'un étranger vaut moins de 20 fois un national, il faut être, selon l'auteur du calcul, un sacré crétin ("a jerk").



Et le calcul n'a pas de raisons de s'arrêter là. Après tout, nos politiques migratoires ne se limitent pas à restreindre les possibilités de gains de bien-être des étrangers qui souhaitent émigrer; l'actualité nous le rappelle régulièrement, elles ont aussi pour effet de tuer. L'actualité récente nous a donné quelques exemples de ces personnes mortes en cherchant à échapper à l'expulsion. Mais ceux-ci ne constituent qu'une part minime des victimes de nos politiques migratoires; l'essentiel de celles-ci sont les personnes qui meurent en cherchant à franchir les obstacles que ces politiques dressent devant eux. Entre 1993 et 2006, on a pu ainsi identifier plus de 8000 morts d'immigrants cherchant à atteindre l'Europe. Et ce chiffre est lourdement sous-estimé : la majorité des victimes meurent noyées en cherchant à traverser des mers ou des océans, et, le plus souvent, leurs corps ne sont pas retrouvés.

Les défenseurs de ces politiques migratoires diront que ce n'est pas ce qu'ils souhaitent, que précisément, le durcissement des contrôles visent à dissuader les gens de chercher à entrer par ces moyens dangereux. Mais chaque fois que les filières légales d'émigration s'amenuisent, les migrants seront un peu plus incités à recourir aux solutions les plus dangereuses. Que penserait-on d'un responsable qui, face à un carrefour dangereux causant chaque année la mort de nombreux automobilistes, décide de rendre le carrefour encore plus dangereux, en arguant de ce qu'ainsi, les automobilistes seront moins incités à l'emprunter ?

A ces morts, il faudrait ajouter bien d'autres choses. Le fait que les ressources policières et judiciaires soient tellement focalisées sur les expulsions qu'elles finissent par ne plus fonctionner, et doivent renoncer à poursuivre les auteurs de véritables crimes et délits; Le coût de plus en plus élevé des politiques migratoires; l'adoption de lois contraires aux conventions internationales signées par la France; L'instrumentalisation politicienne du processus législatif; Les compétences que l'on dissuade d'entrer en France, les chercheurs découragés même de participer à une simple conférence; les conditions effroyables de détention et d'expulsion des immigrés.
Mais même en faisant abstraction de tout cela, il faut se poser une simple question : si l'on durcit encore les conditions d'entrée des immigrants, cela signifie que l'on considère que le nombre de victimes actuelles de nos politiques peut encore augmenter. A partir de combien de victimes s'interrogera-t-on sur l'opportunité de ces politiques ? 10 000? 20 000? Plus encore?

Les partisans de ces politiques diront peut-être que tous ces raisonnements ont en commun de sous-estimer les coûts économiques et sociaux de l'immigration. Qu'en est-il des difficultés d'intégration des migrants? et la criminalité accrue par leur présence? Le poids qu'ils exercent sur nos systèmes de protection sociale et les services publics? Le problème de toutes ces objections, c'est qu'elles sont fausses ou grossièrement exagérées. Les immigrants actuels, en réalité, ne s'intègrent ni mieux, ni plus mal que les précédents; Il y a aussi de bonnes raisons de penser que la criminalité des migrants est inférieure à celle des nationaux. L'impact négatif de l'entrée de migrants sur les salaires et l'emploi des nationaux est lui aussi probablement exagéré. Comme ceux-ci sont le plus souvent peu qualifiés, ils n'entrent que marginalement en compétition avec les nationaux, qui sont le plus souvent qualifiés; Au contraire, ils sont le plus souvent complémentaires des compétences des salariés nationaux, ce qui permet d'accroître l'emploi et l'activité économique.

Quant au coût pour les services publics et le système social, il pourrait être amplement réduit en subordonnant l'entrée des immigrants – et leur accès à ces services – à des taxes. On estime qu'actuellement, les trafiquants qui font entrer les immigrants clandestins en Europe gagnent 4 milliards d'euros chaque année, payés par les candidats à l'immigration, sous forme de coût du transport et de fourniture de faux papiers. Plutôt que de voir ces sommes aller vers des organisations criminelles, elles pourraient servir à supporter les coûts liés à l'entrée des migrants, en étant prélevées sous forme de permis d'entré en Europe, payants. Une telle taxe constituerait un moyen beaucoup plus efficace de régulation des flux migratoires que les coûteuses politiques actuelles. Ajoutons que les systèmes sociaux européens vont bientôt être mis sous forte pression du fait de l'évolution démographique du continent, et que l'immigration permettrait de réduire l'impact de ces phénomènes.

Pour peu que l'on soit prêt à considérer de façon rationnelle les questions d'immigration, plutôt que sous l'angle exclusif d'une répression inefficace, coûteuse et moralement inacceptable, on voit aisément qu'il y a des solutions alternatives parfaitement raisonnables (voir également ce post et celui-ci). Mais l'hystérie est beaucoup plus facile. Qu'au moins, les partisans des solutions répressives prennent conscience de ce qu'implique les politique qu'ils préconisent : ce n'est pas très joli.

Rédigé le 07/10/2007 à 20:08 dans Alexandre Delaigue | Lien permanent
16 juillet 2008, 17:10   Re : Alice
C'est un chapitre inédit d'"Alice au pays des merveilles" ?
"Il y a aussi de bonnes raisons de penser que la criminalité des migrants est inférieure à celle des nationaux"

C'est vrai qu' le mec là, il a tout compris quoi.
Francmoineau écrivait:
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> Magnifique ! Enfoncé(e)s, les minables parenthèses
> des vigilant(e)s du (trans)genre José Bové &
> Clémentine Autain(e)...

Oh là, malheureux, il y a belle lurette que les parenthèses ont été bannies pour infériorisation du féminin contenu en elles.
Jusqu'à l'utilisation opportune et révolutionnaire des exposants et indices (qui, du reste, permettent au féminin de passer au niveau supérieur, belle revanche), le pis-aller consistait à utiliser les tirets :

"Enfoncé-e-s, les minables parenthèses des vigilant-e-s..."

Quitte à donner des absurdités du genre : "de nombreus-e-s bénévoles"
(source : http://www.decroissance.info/Soutien-a-la-revue-Silence)
Oui, cher Fabien, c'est très juste, où donc avais-je la tête ? M'auront-ils pourtant énervé plus d'une fois, ces tirets !
...Je me souviens même les avoir vus sur des professions de foi électorales.
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