Le regain des religions catholiques et laïques sous l'aiguillon de l'islam paraît bien improbable : leur ressort est cassé. D'ailleurs, l'époque, en ce domaine, est aussi stérile que destructrice. Il est frappant que les immenses bouleversements de la modernité n'aient découvert aucune religion nouvelle, sinon le laïcisme. Pour cause, l'Histoire, de ne glisser que sur le versant du « Désenchantement » et de « l'Homme seul », est arrivée à son terme. De n'en avoir pas rapporté l'Histoire, les appels renouvelés de la transcendance, sur l'autre versant, ne sont plus entendus. Ce sont des éclats sourds, isolés et sans suite, quelques noms, d'aucuns figurent au dictionnaire. La modernité n'a donc pas suscité de religion digne d'une civilisation. Elle n'a pu que dénaturer le christianisme rendu infantile et inventer des idoles, des Êtres suprêmes et des individus divins.
L'intolérance des religions nouvelles, la tolérance des religions anciennes n'expliquent pas seules le triomphe des premières. Notons que l'islam progresse là où l'abstraction moderne l'appelle, que le christianisme de la présence réelle s'épanouit là où les arbres sont sacrés, que l'arianisme fit long feu là où le désert est mystique.
Il faudrait donc, en homéopathe, rétablir le « terrain ». Nos temps réclament la religion légitime qui ferait fond sur les religions et les philosophies pour placer ses églises comme des fortins sur les limbes de l'être dont les fidèles seraient les adultes sentinelles. Sous ce jour, les fausses religions pâliraient et s'évanouiraient. Au contraire, celles dont la vérité est un déploiement infini (et le catholicisme, aux deux bouts de la chaîne) recouvriraient la vertu de leur principe.