Mais elle n’est pas déprimante du tout, cette émission. On y apprend que le quart-monde reste le quart-monde. Voilà au moins une chose qui ne change pas.
Pour commencer,
on est pauvre : la maman d’Allan est ouvrière, elle élève seule ses deux enfants, car elle est séparée du papa, qui ne travaille pas (il est malade).
Ensuite,
on est revendicatif : la maman d’Allan explique que l’école doit gérer les enfants qui présentent des troubles du comportement, c’est obligatoire depuis 2006 (?), c’est pour cela que l’école publique s’appelle l’école publique. Et puis les maîtres ont choisi de faire ce métier, on ne les a pas forcés (notez c’est le même argument que donnent les tueurs de flics : on ne les a pas obligés à devenir flics, qu’ils assument). (Petite incohérence sans gravité, les autres mômes, eux, n’ont pas choisi de se retrouver toute la semaine dans la même pièce qu’un fou furieux qui essaie de les éborgner avec un stylo.)
Et pour finir (et c’est le plus réjouissant),
on perd la partie (et d’autant plus vite qu’on s’est montré plus revendicatif). En fin d’émission la maman d’Allan explique que l’an prochain, c’est l’école alternative. Elle sort Allan de l’école publique (qui pourtant doit prendre tout le monde, c’est obligatoire), parce qu’elle ne supporte plus les regards des autres parents. Autrement dit la revendication victimaire et le glapissement dénonciateur, ça marche dans les médias (on a les honneurs de l’émission de Sonia
Kruche Kronlund), ça ne marche pas dans la vraie vie.