Oh, mais Francmoineau n'est pas aussi savant que ça, cher Bernard Lombart; en tout cas, beaucoup moins que M. Marche !
Au sujet de Hegel, j'ai moi aussi un petit commentaire intéressant à vous livrer :
"Dans sa
Philosophie de la Nature, Hegel déclare qu'il traite des faits objectifs. Mais il procède à partir du dedans vers le dehors, essayant d'imposer aux phénomènes extérieurs sa propre conception intérieure de ce que devrait être l'univers. La déclaration oraculaire que renferme sa thèse,
De Orbitis Planetarum, est célèbre à juste titre. Parlant du haut des nues de son Sinaï particulier et platonicien, il annonça qu'il était impossible, de par la nature des choses, qu'il y eût une planète entre Mars et Jupiter. Presque simultanément, l'astronome Piazzi découvrit l'astéroïde Cérès. Ses autres exploits scientifiques sont à peine moins remarquables. Dans le passage qui suit, Hegel parle de la lumière et de la transparence ou de l'opacité des substances matérielles. "La lumière", dit-il, "est une identité abstraite et complètement libre. L'air est l'identité des éléments. L'identité subordonnée est une identité passive à la lumière, d'où la transparence du diamant. Le métal, au contraire, est opaque, parce qu'en lui l'identité individuelle est concentrée en une unité plus profonde par un poids spécifique élevé." Que le poids spécifique du diamant soit plus élevé que celui de plusieurs métaux, c'est là une question qui a relativement peu d'importance. Ce qui est significatif dans le passage cité, c'est le ton dominant, l'affirmation fondamentale qui y est sous-entendue. Hegel admet que le monde extérieur doit être modelé sur l'univers dialectique existant dans son esprit : "Ce que je pense trois fois est objectivement vrai." Voilà, en fait, ce qu'il affirme. Que notre conception de l'univers soit nécessairement humaine, c'est là une chose évidente; nous ne pouvons considérer le monde par les yeux des fourmis ou d'esprits omniscients. L'univers que nous connaissons est, dans une certaine mesure, créé par nous-mêmes. Mais cela n'entraîne pas l'affirmation que le monde extérieur dépend de nous, qu'il obéit à notre dialectique et se met à danser sur des formules abracadabrantes relatives à l'identité abstraite et subordonnée. (...) La
Philosophie de la Nature est, pour moi, semblable aux divagations d'un fou. Et pourtant, il y a eu -et je crois qu'il y a encore- des Hégeliens pour qui ce livre est plein de la signification la plus profonde."
Question annexe (grille d'été oblige...) : de qui est ce passage ?