Le "réalisme", l'effet de réel, est dans la phrase d'hypothèse irréelle: "si ce jeu devait continuer d'exister, ..."
C'est ainsi que la normalité s'exprime: en instituant le réel comme hypothétique d'abord, pour ensuite faire endosser à l'irréel les habits de l'incontournable, de l'acquis d'évidence.
Il faut, avant tout, exposer en préliminaire à toute démonstration, insinuer, l'irréalité totale de l'existant "si l'existant devait continuer d'exister", et voilà! formulé ainsi, l'étant est foutu, dépassé, sans avenir, l'hypothèse de sa déréalisation a déjà triomphé.
Tout ça est syllogisme, contournement et arraisonnement de l'esprit, mais cela fonctionne. Ségolène Royal, par exemple parle ainsi; Sarkozy, trop brutal, trop les pieds dans le réel jusqu'à la taille, n'y songe pas; Ségolène, Besancenot fonctionnent dans ce type de d'annihilation magique et syllogique du réel: "si machin devait continuer d'être président, il faudrait d'abord qu'il nous dise... qu'il fasse, qu'il soit, qu'il fût, qu'il ne fût jamais...."
Bien sûr l'étant ne peut être autre qu'il n'est puisqu'il vient d'être pris la main dans le cul-de-sac du réel... C'est donc ainsi: la critique de l'étant affaiblit celui-ci en l'instaurant dans l'irréel par un artifice de langage: "si telle chose (condamnée, déjà déréalisée, etc.) devait continuer (et non "pour que telle chose se maintienne en existence"), il faudrait.... il eût fallu, tel ou tel prodige irréalisable, qui de tout temps ne se réalisât.
L'emballement dès lors, devient possible: le réel plie l'échine, baisse la tête face à tout ce qui se déclare l'avoir déjà supplanté. Le coup d'Etat de l'irréel peut s'engager, peut réussir: le terrain est prêt.