Cher Jean-Marc, cher Didier,
Je n'ai pas d'avis tranché non plus que vous, ni de poussée d'urticaire, mais je m'interroge. Peut-être m'éclairerez-vous.
Je crois que la question posée est celle du ou des motif(s) qui justifierai(ent) la ségrégation spatiale des défunts en fonction des convictions religieuses.
Je crois me souvenir d'avoir lu, dans
La République et l'islam : entre crainte et aveuglement de Michèle Tribalat et Jeanne-Hélène Kaltenbach (2002) qu'il y aurait, à l'origine de la requête de carrés musulmans séparés, deux raisons possibles :
- Pragmatique, la nécessité d'orienter les tombes vers la Mecque, ce qui poserait un problème de gestion de l'espace cémétérial, d'ordonnancement des tombes les unes par rapports aux autres.
- Un second motif, plus discutable, reposerait sur l'argument que même en terre le pur ne saurait côtoyer l'impur.
Il me semble qu'il ne serait pas absurde d'éclairer les dessous d'une justification de cet ordre-là. Il ne serait pas inintéressant d'entendre ce que les musulmans ont à en dire.
Ayant noté, par ailleurs, comme nombre d'observateurs, que les musulmans ne font pas une nation ; que la cohabitation entre Marocains et Algériens, par exemple, même lorsqu'il s'agit de musulmans, et c'est le cas majoritaire, est souvent houleuse (cf. les bagarres au sein du CFCM), pour ne pas dire qu'ils se détestent ostensiblement, je ne peux que m'interroger sur les motifs d'une si cordiale réunion post-mortem sous prétexte de religion partagée.
Je vourais rappeller que la religion est, par définition, "ce qui relie" (les hommes entre eux). Et j'aurais tendance à rejoindre les remarques de Félix. S'il faut vivre ensemble, pourquoi mourir séparément ? Quelle symbolique derrière ce séparatisme post-mortem ? Je ne trouve pas la question si absurde que cela.
Par ailleurs, il me semble que là comme en de nombreuses occasions, plutôt que de céder aux revendications sectaires, la République soucieuse d'intégration aurait ici une occasion de mettre la religion musulmane (et juive, pourquoi pas !) en face de ses responsabilités.
Encore une occasion manquée au nom du sacro-saint respect des différences ?