Le site du parti de l'In-nocence

À propos de la proposition 51 (suite du débat : ”La Dépossession’)

Envoyé par Renaud Camus 
Et comme ça, est-ce que ça irait mieux ?

Proposition n° 51 : Défense de la langue française entre citoyens français dans l'espace commun

La langue française sera défendue comme seule langue officielle et effective de la République. Sur le territoire national, dans l'espace public, les personnes de nationalité française qui, par la puissance d’émission de leur voix, se mêleront d'imposer à des tiers leurs discours ou leur conversations privées, tomberont sous le coup de la loi si, à cette grossièreté et nocence, elles ajoutent la circonstance aggravante de s’exprimer dans une autre langue que l'idiome national ou l'un des divers langages et dialectes séculairement existants sur le sol français et issus de lui. Les Français n'ont pas à être exposés à ne pouvoir comprendre des échanges entre concitoyens prétendus qui leur seraient imposés, auditivement ou visuellement, par excès de voix ou truchement d'affiches, d'avis, de publicités ou d'enseignes, en des langues étrangères aux traditions nationales. Les contraventions à ce principe, de la part de citoyens français, pourront faire l'objet de sanction, et, en cas de récidive caractérisée, pourront conduire à la remise en cause de la nationalité, manifestement contredite dans les faits sur un point capital.
Nettement mieux. Pour faire un parallèle avec l'usage du tabac, cette mesure passerait encore mieux si elle se limitait à n'envisager que les lieux publics couverts ou clos (transports en commun, lieux de travail, cafés, théâtres, musées, restaurants, hôpitaux, salles d'attente, établissements scolaires, de culte etc.). Et il ne faudrait pas que les étrangers soient paradoxalement alors dans une situation plus avantageuse et puissent en tirer argument pour nous casser les oreilles en toute impunité. Il faudrait donc qu'elle s'applique également à eux, la sanction étant alors purement contraventionnelle. Ce serait une mesure de prophylaxie langagière et de défense de l'identité nationale en somme. Un pendant anti-burqa pour les mots (et peut-être les idées).

Enfin, il faudrait peut-être faire une exception pour les langues officielles de pays appartenant à l'Union (je suppose que le latin, le grec, le patois, le créole, l'argot (façon tontons flingueurs) l'esperanto et le verlan sont déjà compris).

Voilà une idée neuve à ajouter à un référendum...
Telle que rédigée, la proposition comporte une partie qui concerne l'impossibilité pour un citoyen ordinaire, qui ne comprend que le français, d'entendre goutte à ce qui est dit. Les personnes qui vocifèrent dans un idiome autre que le français font cela pour ne pas être comprises des Français qui ne parlent que le français, et cela que ce soit à Bobigny dans des langues étrangères qu'à Brest en breton, Ajaccio en corse ou Bayonne en basque.

Je ne vois pas pourquoi, dès lors, des personnes qui auraient, par exemple, l'arabe comme langue "d'origine" devraient connaître un sort spécifique par rapport aux personnes qui ont, par exemple, le corse ou le basque comme langue d'origine. Je trouve aussi odieux qu'on parle corse ou basque à voix haute pour se gausser des Français qui ne le parlent pas ou du moins pour ne pas être compris par eux, que d'entendre parler arabe ou bambara dans le même but.
L'objectif visant à éviter qu'un Français soit exposé à un échange incompréhensible est atteint, mais ce n'est peut-être pas le seul à traiter:

le français de banlieue avec des incises en arabe me pose également un problème... Salam n'est pas une salutation convenable, les tics religieux comme bismillah et amdoulila me font verdir, et je n'apprécie pas qu'un quidam me tutoie, m'appelle son frère ou son cousin.
Pour ne rien dire de fils !
J'avais en effet mal lu la proposition, mais le problème reste le même.
Quand la Corse est devenue française, la langue corse a été considérée comme une langue étrangère et, à ce titre, absolument interdite d'usage dans les établissements scolaires, mais dans les autres lieux publics chacun était libre de la parler. En tous cas c'était la situation que me décrivait ma grand-mère et qui devait être à peu près la même que celle d'un petit siècle avant sa naissance.
Utilisateur anonyme
12 février 2012, 08:17   Reconquista, la langue et son territoire
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Il y a les hommes d’écriture qui voient ; il y a les hommes d’action qui savent ; et, entre les deux, toute l’étendue du marais.
Utilisateur anonyme
12 février 2012, 09:52   Re : Reconquista, la langue et son territoire
(Message supprimé à la demande de son auteur)
« et, entre les deux, toute l’étendue du marais. »

« C'est en effet terrifiant et liberticide. » (Point d'ironie.)

Bof...
Utilisateur anonyme
12 février 2012, 10:16   Re : Reconquista, la langue et son territoire
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
12 février 2012, 13:06   Re : Reconquista, la langue et son territoire
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
12 février 2012, 14:11   Re : Reconquista, la langue et son territoire
Citation
Proposition n° 51
...qui, par la puissance d’émission de leur voix, se mêleront d'imposer à des tiers leurs discours ou leur conversations privées, tomberont sous le coup de la loi si, à cette grossièreté et nocence, ...

La puissance d’émission d'une voix est un critère essentiellement subjectif qui dépend de surcroît du lieu où l'on parle (terrasse dans une avenue bruyante, rue déserte, etc.). Cette imprécision fragilise considérablement cette loi, en sus du bon sens et d'une revendication de liberté bien tempérée qui, selon certains (Bolacre, Eytan, Francmoineau, Meyer, Bily, Jean-Marc et d'autres), s'y opposent instinctivement, dirais-je.
Dossier 51 est un très bon film. Je sais, ça n'a rien à voir mais tant pis.
Citation

Les contraventions à ce principe, de la part de citoyens français, pourront faire l'objet de sanction, et, en cas de récidive caractérisée, pourront conduire à la remise en cause de la nationalité, manifestement contredite dans les faits sur un point capital.

Retirer la nationalité française à qui aura parlé à plusieurs reprises et trop fort en anglais dans un lieu public avec des clients anglais ? Adieu principe de proportionnalité, pierre angulaire de l'in-nocence.
Michel,

Pourquoi voulez-vous mettre de la proportionnalité dans une affaire qui est uniquement politique et qui fait qu'à celui de notre sol on doit tout alors qu'on ne doit rien à celui qui n'est pas de notre sol ?

Ne voyez-vous pas qu'il y a deux catégories de Français ?

Ceux qui sont priés de se taire et qui ne doivent parler que Français, faute de quoi le glaive de la loi s'abattra avec une extrême rigueur sur leur tête, les langues apparaissant par défaut nous indiquant qu'il s'agit des Turcs, Africains, Arabes au sens large, Chinois, Tamouls ; à cela, un message : la ferme !

Ceux qui peuvent, en Corse, en Alsace (c'est réel, ne me dites pas que c'est un fantasme) impunément parler à voix haute afin que le salaud de Français ne comprenne rien. Ceux-là doive être traités avec la plus grande douceur, on procèdera à des kowtows et des offrandes de figatelli et de knacks, car ils ont pour eux le SOL.
Il ne peut s'agir d'un projet de loi plus que de l’énoncé d'un principe de vie publique. Un Français ne pourrait accueillir d'ami visiteur étranger dans une gare ou un aéroport dans la langue de ce dernier sans encourir de procès-verbal d'infraction. Cela ne se peut. Pareil principe est admissible et fondé, mais s'il doit devenir matière a légiférer la liste des aménagements serait en effet très imposante. On ne peut, dans les temps que nous connaissons, souhaiter sa stricte application judiciaire que dans le cas de prise de parole publique, soit lorsque le verbe est tourné vers des tiers. Du reste la France, comme le Québec, possède une législation de cet ordre et visant les mêmes effets qui porte sur l'expression écrite dans l'espace public (tout énoncé dans un idiome autre que celui de la nation se doit d’être traduit), et grâce a laquelle certains slogans de communication et d'affiches publicitaires produits en anglais sont traduits en français sous forme de note.

(impossibilité de faire figurer ici les accents et signes diacritiques pour cause d'ordinateur de rencontre à clavier exotique)

(Je vous ai un peu arrangé cela, Francis. DB)
En matière de langue, les pays civilisés s'en tiennent à deux principes : principe de territorialité qui veut que dans les relations publiques - entendues au sens strict des relations avec l'Etat et ses représentants -, l'on parle la langue officielle et le principe de liberté de la langue qui veut que dans les relations privées l'on parle la langue que l'on veut. La proposition 51 du candidat Renaud Camus est sans doute inconstitutionnelle et/ou contraire à la CEDH. J'ai déjà dit, s'agissant de la sanction de privation de la nationalité, ce qu'il fallait en penser en regard du principe de la proportionnalité qui n'est pas qu'un principe juridique Jean-Marc ( vous le savez parfaitement et je vous ai fort bien compris), mais également politique, fondateur de nos régimes démocratiques. En revanche, une loi contre toutes les nuisances sonores, notamment verbales, dans les lieux publics serait bien dans l'esprit de l'in-nocence.
Ce que dit Francis me paraît pertinent : les discours publics doivent être faits en français, point barre. Si vous persistez à vouloir régenter des comportements privés, voici à quoi va ressembler votre texte :

Bonsoir à toutes et à tous,
Breton francophone (ne connaissant ni le breton ni le gallo), Guyanais francophone pendant 22 ans, (devant composer avec plus de 7 ou 8 langues et dialectes différents) Mahorais francophone pendant 4 ans (langues shi-bushi et shi-mahorais) Arlésien depuis plus de 2 ans, Réginaburgien (à 8 km de Notre Dame de Paris) à temps partiel, je peux me vanter d'avoir vécu dans l'espace public du territoire national des moments qui auraient assez souvent pu faire de moi le dépositaire de la proposition 51 !
Et pourtant cette proposition 51 me paraît déraisonnable :(d'après ma propre expérience)
Arrivée des migrants : la majorité des primo arrivants sont en globalement des personnes non francophones et illettrées.
La première génération des immigrants insérés (ou non) reste non francophone (ou trop peu francophone) pour s'exprimer en français dans l'espace public français.
La nouvelle immigration depuis 30 ans se fait selon le type « diasporas» (peuples qui gardent un sentiment d'unité malgré l'éclatement géographique, renforcé par des moyens médiatiques modernes et ayant une logique de pouvoir propre qui n'a plus d'intérêt à laisser ses membres s'émanciper ceux-ci restant parfois repliés dans des zones dites de « non droit de la République ». S'agissant de communautés linguistiques et toujours religieuses (arabo-islamique) ces diasporas sont donc des nations exogènes à la nation française et peu perméables à une insertion sereine, préalable à une future intégration. Dans ces diasporas, le français n'est donc pas utile pour survivre et non souhaitable.
Enfin, parmi les immigrés, un faible pourcentage utilise sa langue pour discréditer les français de souche dans l'espace public. Moins le français de souche concerné par le problème évoqué aura voyagé, plus ses impressions dans un contexte non francophone seront subjectivement négatives. Les incivilités semblent être perpétrées par les mêmes individus qui profitent d'un espace public faible ayant perdu son importance et sa signification politique. Même si elles semblent être en augmentation ,nous ne pouvons oublier la grande masse qui ne possède aucune agressivité contre nous et même ne se sent en rien concernée par notre présence. Evitons la paranoïa.
Et les touristes étrangers? Comment déceler un touriste d'un provocateur français ? Pardon Monsieur, pourriez vous me dire...
Cette proposition 51 me paraît inapplicable et irréaliste:
_ parce qu'elle prévoit de nombreuses « exceptions » et que celles-ci seront toujours sujettes à débat et contestation. Cette proposition suggère vouloir la répression pour la répression et nous ramène au délit de faciès toujours brandi avec un franc succès par les mêmes. N'oublions pas que la nation française est une mosaïque de dialectes régionaux et de couleurs de peaux. Qui, dans un espace public pourra reconnaître un Antillais noir parlant son « créole antillais » d'un immigrant Africain parlant son propre dialecte ? Or le créole est enseigné à l'école et entre dans vos exceptions.
- Comment réprimander une femme Africaine accusée d'afficher ostensiblement son appartenance autre par le port d'un costume typiquement africain alors qu'une française de souche (par exemple une Guyanaise ou une Mahoraise) peut se promener en costume créole ou africain peu ou pas différent du premier sauf pour un œil averti ?
En Arles, si je rentre dans un café arabe, où vous ne rencontrerez que très peu ou pas de français de souche, croyez vous que je puisse obliger les personnes présentes à parler entre elles en français ( la plus part d'entre elles sont totalement francophones) en les menaçant de la police sans me faire jeter dehors ou molester ? Ne brandit-on pas le drapeau Algérien dans la rue pour fêter un match de football (Algérie / Ethiopie me semble-t-il, les CRS ayant même dû intervenir).
Cette proposition 51 me paraît nocive: Si une nation est toujours une communauté linguistique, et que nous devons garder un système monolingue, elle se doit d'avoir un espace public fort qui doit tenir compte des réalités du moment, en facilitant l'insertion des étrangers tout en ayant un arsenal de lois sanctionnant les seuls coupables de délits envers la nation et les citoyens français (souvent connus de tous) mais en s'abstenant de prendre des décrets comme cette proposition 51 qui en rassurant beaucoup de citoyens donnerait un motif pour d'autres (aussi nombreux) pour crier à la « stigmatisation ». Utilisation donc par les communautés déjà hostiles mais aussi créant de nouvelles doléances de la part de celles qui actuellement ne créent pas de nuisances ( ex : la communauté chinoise, laotienne, Brésilienne, haïtienne, mahoraise, etc) se trouvant fatalement sanctionnées à tort. Sans parler des agitateurs de l'outremer qui non contents de bénéficier des avantages de leur insertion avantageuse dans la communauté française dont ils font authentiquement partie (Mayotte restant par un passé plus récent un cas d'exception à reconsidérer) , profiteraient pour accélérer malhonnêtement le processus de « dé-intégration » déjà largement amorcé (par la faute des blancs depuis plus de 20 ans) en renforçant les communautarismes existants et très antifrançais et antiblancs.
Je vote pour donc pour abolir l'article 51 purement et simplement: le P.I. En proposant ses articles qui veulent modifier profondément le code de la nationalité (à revoir avec l'identité), ses articles qui veulent réformer à fond « l'école en faillite», seul endroit de sociabilité permettant l'acquisition de la langue française, du respect des normes collectives et des lois d'une terre qui vous accueille, le P.I. dis-je, peut nous faire déjà espérer qu'un jour ( même si ce n'est pas gagné d'avance) ce qui a motivé aujourd'hui le besoin de l'article 51 ne soit plus de mise !
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Cher Didier,

Lacan disait que les révolutionnaires cherchent en réalité un maître ! Vous comprendrez que je n'ai donc rien d'un révolutionnaire. Cela étant, je comprends parfaitement à quelle nocence la proposition 51 entend remédier. Je crains toutefois que le moyen retenu pour parvenir à l'objectif recherché ne soit pas adéquat. Problèmes infinis d'interprétation et d'application, comme l'a relevé Francis, ainsi que Christian Lariven. C'est pourquoi, je suis plus en faveur, pour parvenir, mes semble-t-il, au même résultat, de l'instauration d'un droit au chuchotement dans les établissements et les transports publics. Droit qui comporte l'interdiction d'importuner autrui par un verbe trop sonore, peu importe le contenu du message et la langue employée, car c'est celui qui parle trop fort qui importune..

Quant à l'état de nos pays civilisés, il diffère fortement d'un pays à l'autre et l'on vit fort bien en Suisse. La civilisation occidentale n'est certes pas la cause des problèmes de la France; problèmes allant bien au-delà des questions d'immigration qui retiennent beaucoup (trop ?) l'attention du PI. L'état de la France est le fruit d'une conjugaison de politiques désastreuses. Pour y remédier, il y faudra, en effet, une forme de révolution des esprits. Mon souci est que cette révolution ne prenne pas la forme de coercitions brutales qui porteraient inutilement atteinte à nos libertés et pourraient faire penser à des régimes autoritaires où l'on se soucie si peu de proportionnalité que pour un adultère présumé, on lapide à mort et pour un oeuf volé, l'on coupe la main de l'affamé. Brrrrr !.
En France, la situation est particulière, car la plupart des immigrés viennent de l'Afrique francophone.

L'Allemagne en revanche, doit avoir un bien plus grand problème de langue avec ses Turcs. Pour étoffer le débat, quelqu'un sait-il comment ce pays (ou son Unplague Partei) envisage la question?
La proposition 51 me va tout à fait. Elle me semble même emblématique d’une certaine radicalité du PI que j’approuve. Je trouve les arguties développées contre elle secondaires ou hors propos. Il faut savoir ce que l’on veut.
Un 51, sinon rien ! (Et on trinque en silence.)
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Mais enfin Didier, qui voudrait se voir imposer l'objet de son amour ?!!

La liberté politique ne se définit pas par ce que l'on pourrait effectivement, précisément faire, mais par une marge de manœuvre, un espace laissé vacant entre les comportements individuels et une contrainte étatique qui ne règle la vie commune qu’à partir d'une certaine distance des individus, ne légiférant pas dans tous les domaines et en toute circonstance.
En ce sens la liberté concerne une virtualité de possibles, comme une aire d'évolution moins quadrillée par des contraintes extérieures : vie, comportements, mœurs non totalement réglés, codifiés, pris en charge par une série de règlements, c’est tout de même bien une spécificité occidentale que vous opposez comme un acquis à défendre contre la Loi islamique prétendant légiférer en tous domaines !
Eh bien c’est tout simple : le fait d’imposer aux citoyens de parler entre eux, même un peu fort, la langue officielle, et uniquement la langue officielle (et quelques patois) sous peine de tomber sous le coup de la loi, empiète sur cette marge de manœuvre constitutive de notre liberté, celle-là même dont nous nous prévalons avec quelque raison, la réduit dans un domaine qui est essentiel et profondément intime, puisqu'il s’agit de la langue, et corsète comme un carcan symbolique qui vous comprimerait la glotte.

Cette proposition de loi est-elle si claire, si applicable, si aisément opératoire qu’il faille en passer par là ?
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Anyway, toute décision, toute loi, tout règlement, comportent des avantages et des inconvénients. La question est de savoir ce qui l'emporte en prévoyant leurs conséquences.
Cher Didier, je comparerais tout cela, si vous voulez, à l'installation de caméras de surveillance dans l'espace public : oui, en effet, et dans la mesure où je n'ai rien à cacher ni n'agis de répréhensible façon, ma "liberté" réelle et concrète demeure entière, malgré cette présence de tous les instants. Et oui, ce procédé permet de contrer certains actes délictueux, qui, eux, restreignent concrètement ma liberté. Cependant, évoluer au sein d'une société organisée sur le modèle du panoptique ne me tente guère. C'est moins la liberté concrète qui est ici en cause (car quelle liberté y a-t-il à mal agir ?) que son principe même qui est bafoué de façon manifeste (mais pas pour tout le monde, manifestement).

Comment concevoir qu'on veuille bâtir (ou restaurer) une société plus civile et plus douce, ou mieux en accord avec ce qu'elle fut à un certain moment heureux de son histoire, en y introduisant des outils de coercition qui en sont l'exact opposé ? Comprenez-moi bien, je ne suis pas en train d'affirmer que la loi doit être coulante et molle en ces matières-là, mais précisément, il me semble que c'est empêcher qu'elle soit inflexible et éclairante partout ailleurs que de la recouvrir de tels oripeaux, qui l'empêchent de marcher droit, et en feront un objet de haine ou de risée.

Une autre image me vient à l'esprit, et c'est celle du couvre-feu. En cela, ce que vous nommez "un bon sens armé" n'est en réalité qu'une mesure d'exception. Intenable autrement qu'à coup de brigades et de patrouilles. Je n'ai nulle envie de me voir contraint à me terrer dans le français sitôt que je mets le pied dehors, si je puis dire... je n'entends pas qu'on m'indique en quelle langue je dois vivre.
(Je sais bien que ce n'est pas à ce je que vous vous référez quand vous exposez votre point de vue — malheureusement, il se trouve que ce je n'est pas isolable du reste, de tout le reste.)

Alain Eytan a raison, quand il se demande qui voudrait se voir imposer l'objet de son amour. Je dirais, moins bien que lui, qu'il suffit qu'on prétende m'obliger à regarder dans une direction pour que celle-ci me devienne odieuse aussitôt, et que j'en souffre doublement, parce que c'est précisément dans cette direction que je voulais regarder !

"Que ceux que révulse cette proposition retournent un peu dans les transports en commun, et n'évitent pas certains lieux, certaines heures.", dites-vous — du moins suis-je pour ma part heureusement sauf (enfin, heureusement... faut l'dire vite !) de cette suspicion-là. Je suis du reste, faut-il le préciser, entièrement d'accord avec les prémisses et les constats divers qui ont donné naissance à cette esquisse de proposition ; je suis le premier à critiquer l'abus qui est fait, généralement par les progressistes de tout poil et la pensée modernodale, de l'adjectif liberticide, mais en l'occurrence cette proposition me paraît, oui, singulièrement liberticide. Infantilisante. Intrusive. Définitivement irrecevable.
Je comprends bien les arguments de la plupart d'entre vous. La loi proposée paraît, effectivement, peu applicable sur le terrain. Mais quand même... J'ai cette phrase de Richard Millet en tête, et je ne peux m'empêcher de penser qu'il a, en grande partie, raison :

« Une nation est aussi un paysage sonore ; les immigrés [je dirais, surtout, la plupart des immigrés extra-européens] constituent une grave altération de ce paysage. »

Fatigue du sens, p.36.
Je n'ai rien à ajouter au billet de Francmoineau.

Je voudrais seulement vous faire part de ma perplexité lorsque vous demandez : "Mais que signifie donc cet "instinct", et quelle est sa provenance ? Comment le justifiez-vous, l'entretenez-vous donc dans votre vie réelle ? Par la culture ?" ; ainsi vous semblez vous étonner qu'on soit attaché au principe de liberté, et ne soit pas si empressé que cela à en restreindre la portée par l'adoption d'un article de loi qui aurait essentiellement la forme, en effet peu commune, d'un "autorisation de crier seulement en idiome national".

Ce qui m'amène à un autre aspect de la question : par le fait qu'on condamne légalement certains actes, d'autres qui ne sont pas sanctionnés s'en trouvent permis. C'est curieux à dire, mais si la nuisance sonore en langue étrangère seulement "tombe sous le coup de la loi", la nuisance en langue officielle devient autorisée.
Vous vous retrouverez alors en danger de cumuler les nocences, au lieu de nous adoucir la vie : non seulement, à mon humble avis, l'allure fantaisiste d'une telle loi est très peu applicable et sujette à de trop multiples interprétations pour être efficace, sans parler du tollé qu'elle provoquerait, mais en plus vous encouragerez par là les gueulards en idiome national à nous chauffer les oreilles.
Il faut le faire.
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Merci, cher Didier ; c'était en effet assez amusant à écrire. Mais vous étonnerais-je tant que cela en vous avouant que je crois sincèrement n'avoir pas tout à fait tort ?
(Message supprimé à la demande de son auteur)
(Message supprimé à la demande de son auteur)
On ne reviendra pas à la douceur d'antan par des moyens qui la contredisent ? Mais on y viendra pas non plus par des moyens qui n'y mènent que ceux qui ont une relation civilisationnelle à cet idéal.

attendre de nos valeurs qu'elles s'imposent "d'elles-mêmes" c'est au mieux irénique, au pire irresponsable, en vérité les deux.


Oui-da, cher Didier, mais vous me tirez un peu par la manche, là : ce jugement que je porte concerne cette proposition d'action en particulier, et nullement les autres. Vous ne me voyez pas souvent en désaccord avec la plupart des propositions du PI... raison de plus pour que je me permette, sur ce coup-là, de l'être résolument !

(Je ne connais pas les anecdotes de Kazantzakis, mais ne manquerai pas d'y jeter un œil.)
Contrairement à ceux qui estiment ce "fil" l'occasion de vaines parlotes, je le trouve pour ma part fort intéressant. Autant le dire immédiatement, la nouvelle mouture de cette proposition ne parvient pas à me convaincre de sa validité et je ne pourrais que reprendre les divers arguments des intervenants qui y sont hostiles.

Voici cependant une anecdote à verser, peut-être, à cette discussion.

Soucieux de me tenir au courant des tendances du monde du travail dans lequel il s'agit de faire entrer de gré ou de force les "payés à rien foutre" chers à Jean-Marc, il m'arrive de consulter les offres proposées par Pôle Empoi de la région niçoise. L'une de ces annonces a attiré mon attention. Dans le cadre de l'organisation d'un "Salon des Comités d'entreprises", tel qu'il s'en tient en France régulièrement, on cherchait à recruter des hôtesses d'accueil. Le profil du poste précisait : "connaissance de l'Arabe et du Français exigée" (je ne sais plus dans quel ordre.) Est-ce une nouveauté ou une exigence déjà ancienne ? Je n'en sais rien mais je n'ai pas le souvenir de l'avoir croisée précédemment.

Pour quelle raison un "Salon des Comités d'entreprise", nullement annoncé comme "international" (et, dans ce cas, c'est l'anglais qui est demandé), a-t-il besoin de recruter des hôtesses d'accueil arabophones ? Le cycle des conférences prévues pendant ce salon n'en donne aucun indice et agite différentes questions autour de la gestion des comités d'entreprise. La seule hypothèse que j'ai imaginé, c'est une conséquence de la délocalisation au Maghreb de différentes entreprises bâtant pavillon français mais dont le personnel, et, par voie de conséquence, le Comité d'entreprise, n'est pas "géré" dans notre langue. Autrement, je ne vois pas, mais je peux manquer d'imagination. Qu'en pensez-vous ?
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
14 février 2012, 10:55   Barère, Rapport au comité de salut public, 27 janvier 1794.
Oui, Barrère, surnommé l'Anacréon de la guillotine, aurait assurément soutenu la proposition 51.
Oui Barère le modéré, le médiateur accompli, l'apôtre de la république du juste milieu (de l'extrême centre, dirait-on aujourd'hui). Et avec ça Gascon et ami des Noirs.

Il a fait rouler quelques caboches ? Et alors ? C'était la mode en ce temps là.
Vous savez, je ne l'ai pas connu. Je ne fais que rappeler le surnom que lui avait donné Charles-Jean-Marie Alquier, l'un de ses collègues à la Convention.
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Au même moment, l'abbé Grégoire estime - et ses calculs sont sinon justes ou avérés, du moins fondés sur une véritable enquête menée dans toute la France - qu'il y a, en France, plus de Français ne sachant pas la langue nationale (au sens où ils étaient incapables de communiquer en français) que de Français capables de communiquer en français - plus de quatorze millions de personnes, plus de la moitié de la population.
Barrère, dans le document cité ci-dessus, avance un autre chiffre : "il existe en France quatre cent mille Français qui ignorent absolument la langue de leur nation".
Pour l'un, 14.000.000; pour l'autre 400.000. Cette différence est un abîme. D'où vient-elle ? L'un et l'autre savent compter et l'un et l'autre ont une assez bonne connaissance de la réalité. S'ils parviennent à des chiffres pareils (le premier est trente-cinq fois supérieur au second), c'est qu'ils ne définissent pas la langue française de la même manière. L'abbé Grégoire en a une définition proche de la nôtre - une définition "linguistique" en somme. Barrère met sous la dénomination "langue française" toutes les langues issues de la fragmentation du latin (gascon, provençal, picard, etc.) et n'en exclut que les langues "étrangères", qui ne sont pas latines : le basque, le breton, l'alémanique, le flamand... Il en a donc une conception politique - plutôt "girondine" ou "fédérative" -, ce qui ne laisse pas d'étonner de la part de ce jacobin forcené. il est vrai que seule cette conception fédérative de la langue (je me demande si ce n'est pas un impensé de sa part) échappe à son jacobinisme.
JGL, c'est remarquable, ce que vous nous dites là.
Bon, mais alors, votre Barère, avec ses Italiens voués à la mollesse (on dirait aujourd’hui au tourisme), ses Allemands forcément féodaux et militaires (on dirait aujourd’hui nazis), ses Espagnols avec leur inquisition et leur université (on dirait aujourd’hui, respectivement, « leurs scandales de pédophilie dans une Église catholique en décalage avec son temps et fondée sur un pape infaillible » et « leurs institutions élitistes vouées à la reproduction des inégalités sociales »), ses Anglais avec leurs banquiers et leurs lettres de change (on dirait aujourd’hui « la toute-puissance de la City et de la finance internationale »), votre Barère, c’est à la fois l’inventeur du parti socialiste et des médias radiophoniques et télévisuels. C’est, pour le dire en un mot, l’inventeur de la bêtise.

Je comprends beaucoup mieux d’un coup pourquoi tout le monde me chante que ce qui nous constitue en tant que Français (qu’Européens ?) n’est ni la philosophie grecque, ni le droit romain, et encore moins le christianisme, mais que ce sont les idéaux de la Révolution. Bon, bon, moi je ne demande qu’à m’adapter. À présent, trêve de parlotes, il s’agit de savoir à qui on va couper le kiki. J’ai plusieurs idées fumantes...
Pas le kiki, seulement la tête ! Exploiteur de la bêtise, oui, c'est ce qui lui a permis de ne pas perdre la sienne, de tête... Il est plutôt un précurseur du radicalisme que du socialisme, ce n'est pas l'ancêtre du brutal Mélanchon mais plutôt de l'onctueux Bayrou...

Pour ce qui est du coupage de tête, l'actualité nous en fournit un bon exemple puisque celle de l'excellent politicien-philosophe et libre penseur Christian Vanneste vient de rouler dans la sciure. Pour une fois qu'un député réfléchissait avant de parler... L'UMP (et surtout à travers ses jeunes représentants) se révèle une organisation aussi ennemie de la vérité que le parti socialiste, toute aux ordres de clubs voués à la défense d'intérêts particuliers. Vanneste a certes oublié que toute vérité n'est pas bonne à dire (et pas à n'importe quel moment), mais tout de même. Ce traitement est honteux. Mais puisque Jean-François Copé préfère les Rachida Dati et autres Takiedine...
Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent poster des messages dans ce forum.

Cliquer ici pour vous connecter