Etat du monde intellectuel

Hier soir, l'émission de Taddéi. Edgar Morin, Emmanuel Todd, A.G. Slama, un philosophie dont j'ai oublié le nom, Christine Clerc, etc.
A écouter le plateau, Sarkozy est à la limite de l'intolérable, et les préoccupations d'un Forum tel que celui-ci relèvent de la maladie mentale qui ne mérite même pas d'être discuté. Enfin ce me semble.
En voyant ces intellectuels ou en les écoutant sur France-culture, France-info, en lisant leurs textes, j'en viens à m'interroger... Sommes-nous 5 ou 10 grincheux et peureux, qui alimentons sur le net des fantasmes ?
Et si ce n'est pas le cas, si nous appréhendons bien un fragment du réel, alors parmi les intellectuels, n'y a-t-il que 5 ou 10 grincheux qui se posent les mêmes questions qu'ici ?
Quelle est la proportion d'intellectuels qui s'interrogent autrement que dans les termes du "malaise social", des "inégalités" et de "l'anthropologie" ?

Notre société est parfaite et il est interdit de la critiquer. Debord avait déjà expliqué tout cela dans ses bouquins.

Deux extraits de "Commentaires sur la société du spectacle".

La société qui s'annonce démocratique, quand elle est parvenue au stade du spectaculaire intégré, semble être admise partout comme étant la réalisation d'une perfection fragile. De sorte qu'elle ne doit plus être exposée à des attaques, puisqu'elle est fragile; et du reste n'est plus attaquable, puisque parfaite comme jamais société ne fut. (p. 30)
[...]
Partout où règne le spectacle, les seules forces organisées sont celles qui veulent le spectacle. Aucune ne peut donc plus être ennemie de ce qui existe, ni transgresser l'omertà qui concerne tout. On en a fini avec cette inquiétante conception, qui avait dominé durant plus de deux cents ans, selon laquelle une société pouvait être critiquable et transformable, réformée ou révolutionnée. Et cela n'a pas été obtenu par l'apparition d'arguments nouveaux, mais tout simplement parce que les arguments sont devenus inutiles. A ce résultat, on mesurera, plutôt que le bonheur général, la force redoutable des réseaux de la tyrannie. Jamais censure n'a été plus parfaite. Jamais l'opinion de ceux à qui l'on fait croire encore, dans quelques pays, qu'ils sont restés des citoyens libres, n'a été moins autorisée à se faire connaître, chaque fois qu'il s'agit d'un choix qui affectera leur vie réelle. Jamais il n'a été permis de leur mentir avec une si parfaite absence de conséquence. Le spectateur est seulement censé ignorer tout, ne mériter rien. Qui regarde toujours, pour savoir la suite, n'agira jamais: et tel doit bien être le spectateur. (p. 31)

Cinq ou dix ? Oh, vous êtes bien pessimiste, Loïk A. Je dirais une bonne trentaine, tout de même.

J'ai moi aussi regardé l'émission, et je crois que ce sont eux qui sont fous :

- Sarkozy est d'extrême-droite. Il est même pétainiste et nazi. Preuves, entre autres : il préfère être appelé "chef de l'Etat" que "Président de la République". Ou encore : ses trois valeurs défendues dans le Figaro font affreusement penser à l'odieux "Travail, famille, patrie". D''ailleurs le seul mot de "travail" est terriblement fasciste et dangereux...
- On n'ose imaginer ce qu'est le PI aux yeux de ces gens. L'extrême extrême-droite ? Hitler X Staline au cube ?
- L'heure est grave : nous sommes en train de revivre les années 30 et l'accession au pouvoir de la Barbarie. C'est en ce moment sous nos yeux, et nous ne faisons rien. Heureusement, Mélanchon et la GGGGGGauche sont là.

Le "philosophe" (Alain Jugnon, je crois) était le pire. Morin pathétique.

Après cela, on n'a plus qu'un mot : Loin.

Écoutez les amis, moi cela fait douze ans que je n’ai plus de télé (ce n’est pas que je l’aie beaucoup regardée à l’époque où je l’avais). Votre Taddéi, moi, je ne sais même pas qui c’est. J’allume précautionneusement France Culture (excellent documentaire sur l’affaire Boudarel, hier mardi à 9 heures [www.franceculture.fr]). Quand ça devient idiot, c’est-à-dire quand arrivent Mmes et MM les journalistes, vers les 11 heures, j’éteins, et je ne rallume jamais.

Entre-temps, j’apprends que La Revue des deux mondes a 6000 abonnés. Ça n’est pas extraordinaire, mais voici tout de même 6000 personnes, qui sont peut-être médecin de ville, professeur de lycée, notaire, ou employé du gaz, après tout, qui lisent des choses à peu près censées, et qui les rayonnent autour d’eux.

On peut avoir un lien à l'émission de Taddéi ?

"(...) Taddéi. Edgar Morin, Emmanuel Todd, A.G. Slama, un philosophie dont j'ai oublié le nom, Christine Clerc, etc."

Ils vont être balayés, mais on ne sait pas par qui, ils ressemblent à s'y méprendre aux membres de l'aristocratie en 1777.

Cher Jerôme Reybaud, difficile de s'en tenir à "loin", alors qu'on a de bonnes raisons de penser que ce sont eux - et leur doxa - qui ont le pouvoir. S'ils représentent en quelque sorte la norme régnante, cela donne une idée du chemin à parcourir, et explique en grande partie la situation...

J'avais l'impression d'assister à un groupe de paroles dans l' unité psychiatrique d'un hopital. Il y avait quand même la jeune romancière et Christine Clerc à tenir des propos sensés parmi ces égarés. Je crois que l'hystérie des propos manifestait une conviction comportant une très forte proportion d'auto persuasion. C'était ainsi autrefois parmi les militants communistes quand la doctrine prenait l'eau et que les défections se multipliaient. J'ai trouvé une forte ressemblance avec l'émission précédente. Le même décollage par rapport à la réalité. La négation de la réalité du grand remplacement suscite une douleur de la pensée chez les dénégateurs.

Libération champion
de la vulgarité