Tous métis, tous ressemblants, tous indifférenciés, donc tous prémunis contre la dévoration du différent. Nous en revenons à cette armure, ce bouclier-miroir: la ressemblance de tous avec tous présenterait cette puissante vertu de prévenir l'apparition des conflits issus des fortes différentiations. Mais hélas, nous serions encore en retard d'une guerre, puisqu'un tel bouclier, si tant est que le grand conflit précédent ait eu la "race" pour mobile, ne vaudrait plus pour les conflits à venir, lesquels pourraient être, du reste et à l'inverse, motivés par la rivalité mimétique, née du schème même de la ressemblance.
Il y a aussi dans la volonté éperdue de fusionner les groupes humains par un métissage, biologiquement vanté, une forme d'agression, un projet de dissolution agressive des groupes humains qui fait songer à de l'agressivité amoureuse, proche du viol. Les conflits de Balkans dans les années 90 avaient instauré "la fabrication forcée des métis" (donc le contraire de l'hitlérisme) par le viol reproducteur, eugénisme retourné comme un gant, en arme de guerre nouvelle.
La fusion générale dans une soupe égalitaro-métissolâtre, lourde de bonnes intentions, est une prophylaxie illusoire proposée comme moyen de s'économiser à bon compte la sage maîtrise de soi qui doit régir les échanges pacifiques entre êtres et groupes différents, lesquels devraient se montrer supérieurement indifférents à tout souci d'égalité, à toute recherche de parité.
La recherche de la parité est en soi le départ d'un sauvage emballement mimétique : je veux être comme toi, être toi, posséder ce que tu possèdes, ni plus ni moins, exactement comme le miroir possède ton image et ravit ton Idée (et engagé avec toi dans cette rivalité, je n'exclus pas pour autant et par ailleurs de te détruire en sous-main en dissolvant ton être par mon être, d'employer à ce viol tout mon être, celui, originel, dont je regorge, que je vais pour ce faire muer en agent tout autant qu'en l'arme ou l'outil du crime fusionnel et prolifératoire que je conçois de t'infliger).