Mort en 1990, André Chastel n'a pas eu le temps de rédiger une "introduction" à son "Histoire de l'Art français" (4 volumes publiés de 1992 à 1995), mais il a laissé des notes ou des paragraphes rédigés qui ont été publiés en 1993 (Flmmarion, Champs Art).
Les premiers mots sont "Cet ouvrage est dédié aux milliers d'artisans qui ont construit et aimé ce pays. Aux centaines d'érudits qui les ont sauvés de l'oubli"...
Un peu plus bas : "La recherche de la France à travers ses "monuments" comme on disait autrefois - c'est-à-dire les vestiges de ce qui a compté dans le "décor de la vie" - exige un type de mémoire très différent de l'histoire des événements et plus encore de celle des idées"..
Ou encore : "C'est le plus divers, le plus allègre, le plus
habitable des pays où vivre".
Cette Introduction à l'histoire de l'art français est, en dépit de son état lacunaire, un bel hymne à la France, raisonné, fondé sur une analyse des paysages, du rôle des châteaux dans le paysage, du goût de construire (avec son revers nocturne et démoniaque : le vandalisme)
André Chastel, né en 1912, a été professeur au Collège de France. Les points de vue qu'il défend, les analyses qu'il développe, ses thèses, l'amour qu'il porte à la France, tout cela, qui allait de soi encore dans les années 1960, a disparu de l'enseignement, fût-il supérieur, et même de la recherche. Chastel pousse même l'incongruité (ce qui, pour nos concitoyens, est incongru) jusqu'à citer un vers de la Chanson de Roland, dans lequel perce un sentiment qui ressemble à l'amour patriotique : "Returnent Francs en France douce terre"...