Boutiquiers

On a souvent dit du Royaume-Uni que c'était une nation de boutiquiers. En tout cas, en donnant mois de leçons de morale que nous, ils ont su maintenir leur prestige intact, réservant leurs forces pour les occasions où leur intérêt national était en jeu.

Enfin, la façon de gentleman dont ils ont traité les intégristes sur leur territoire, ne ressemblait pas à ce qu'on aurait attendu de boutiquiers réalistes. A leur décharge, le changement d'attitude rapide, dès la prise de conscience que leur intérêt national était en jeu,; mais il aurait peut-être été préférable de se méfier dès le début. Toutefois ceci ne les rend peut-être que plus sympathiques, enlevant le côté mesquin souven attribué aux boutiquiers.

Je me souviens de mon émotion, lors d'un échange linguistique, de la façon dont a été entonnée la Marseillaise, le 14 juillet en mon honneur et en celui de quelques autres "correspondants' français" d'élèves de cette école. Etait-ce lors d'un office religieux ? Je n'en ai plus la mémoire.

Justement, c'est cette capacité de réaction qui est remarquable chez eux.


J'ai lu le très intéressant "Livre jaune" de la diplomatie française, édition fin 1939, et regroupant les dépêches des postes diplomatiques et donner la version du Quai d'Orsay sur la marche à la guerre.

On voit que les Anglais étaient pacifistes en 1938 mais que, devant ce que fit Hitler, leur opinion changea.

Lorsque Hitler menace directement la Pologne, les parlementaires sont en vacances, dans leur circonscription. Quand le Parlement se réunit fin août, les dépêches du poste de Londres démontrent que les électeurs ("constituents") ont fait très clairement savoir que le compromis avec l'Allemagne n'était plus possible, car les intérêts vitaux étaient en jeu.

De même pour le "Londonistan" : tant qu'il n'y avait pas de problème, on laisse faire. Quand les problèmes se manifestent, on les règle, et sans demi-mesure.

Les Anglais n'ont pas été différents des Français à cet égard: ils ont cessé d'être pacifiques quand les bombes ont commencé à leur pleuvoir dessus. Les discours d'Hitler ne les ont jamais réveillés plus que d'autres Européens; la diplomatie britannique était bien représentée à Munich, comme chacun sait.

Bien cher Francis,


Pour ce qui est de Munich, vous avez raison, c'est très clair.

En revanche, durant l'été 1939, la situation fut toute autre. Alors que la France traînait le spies (les pieds !), l'Angleterre décida d'en finir.

Souvenez-vous de l'admirable comportement de la population britannique durant les années de guerre, et du rôle que joua la famille royale (ce qui explique la très grande popularité qu'eut toujours la Reine-mère).

Traîner le spies dans la boue, mais que va dire René Lemaire ?