Il semblerait que le Gouvernement sache, quand il faut , adopter les bonnes procédures :
BOBIGNY (AFP) - Les plaintes pour discriminations déposées fin 2006 au nom de bagagistes musulmans, à qui la préfecture avait retiré les badges permettant de travailler dans les zones sensibles de l'aéroport, ont été classées sans suite, a annoncé lundi le parquet de Bobigny.
Entre mai 2005 et novembre 2006, la préfecture de Seine-Saint-Denis avait retiré leurs badges à 72 employés suspectés d'être liés à des mouvances terroristes islamistes en faisant valoir des risques pour "la sûreté aéroportuaire".
Les badges sont les habilitations permettant d'accéder à la "zone réservée" au bord des pistes, sensible du point de vue de la sécurité.
Dans plusieurs cas, insuffisamment motivés, les retraits avaient été annulés par la justice administrative. L'affaire était même allée devant le conseil d'Etat, qui avait ordonné en février 2007 la réattribution d'un badge.
En octobre 2006, le parquet de Bobigny avait ouvert une enquête préliminaire pour discrimination, sur la base des plaintes engagées par le syndicat CFDT et l'Association de défense des droits de l'Homme (ADDH), membre du Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), à propos de sept bagagistes.
Le procureur de la République de Bobigny François Molins a considéré que les faits allégués "ne sont pas constitués", au sens des articles 225-1 et 225-2 du code pénal. Les retraits de badges "n'ont été aucunement fondés sur l'appartenance des intéressés à la religion musulmane", "ce sont des comportements qui sont en cause", a expliqué un magistrat du parquet.
Au vu de l'enquête menée par la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) de la police judiciaire de Paris, la justice considère que les retraits de badges étaient "justifiés" et que la préfecture poursuivait un "but légitime" au sens de la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'Homme.
Dans cette affaire, la Haute autorité de lutte contre les discriminations (Halde) avait dû renoncer à enquêter, en raison de l'enquête menée à Bobigny. L'avocat de la CFDT avait alors accusé le parquet de Bobigny de "verrouiller" les investigations dans le but de "préparer un enterrement de première classe" de sa plainte.