Citation
Loik A.
Ce qui est intéressant à observer, c'est la chaîne causale, jamais interrogée, qu'établissent certains sociologues. Comme si il allait de soi que "on refuse de m'embaucher, je brûle une école" ; "je subis une discrimination, je brûle ma copine".
Je ne vois pas comment la situation A (discrimination, inégalité, chômage) conduirait au comportement B (agression, vandalisme, "incivilité"...).
Tant qu'il n'y a pas de lien nécessaire établi entre A et B, B est une conséquence de la liberté du sujet, de l'acteur, qui doit en répondre et en subir les conséquences...
Ceci me pose problème également. J'ai le sentiment que pendant bien longtemps, les faits de délinquance étaient analysables par l'appât du gain; et cela supposait une adéquation des moyens à la fin visée, elle-même corrélée au caractère du délinquant (ce qui facilite le travail des policiers --- sur un vol de scooter, on cherche d'abord une petite frappe --- les choses ont une
explication).
Cette «délinquance à papa» est justifiée par quelques auteurs (comme Soral, bon exemple d'une pensée simpliste) par le fait que pauvreté implique frustration, et frustration implique sédition. Dans cette façon de voir les choses, les riches sont des voleurs qui n'ont pas besoin de passer à l'acte. Elle alimente une vision positive du bandit; un brave gars au fond, et plus il risque gros, plus il est romantique; le diptyque Mesrine en est exemplaire. Je n'adhère pas à cela, mais si il n'y avait
que cela, on pourrait encore s'estimer heureux.
La situation hélas dégénère de façon triple; d'abord, certains braquent un macdo ou un bureau de tabac au fusil à pompe --- au matin, quand la caisse est vide --- pour un butin de vingt euros, avec option arrêt cardiaque d'une petite vieille; ce faisant, ils montrent leur épaisse bêtise;
ensuite, en réactions disproportionnées (insultes sur la mère, il y a comme un blocage) ou désignation par extension de cibles abstraites ("on refuse de m'embaucher, je brûle une école", il y a encore une logique, elle est perverse mais bon...)
Pour finir, le "je me venge sur le premier venu" se rencontre parfois, et c'est le pire, le mal gratuit s'ajoutant au mal. Aldo Stérone décrit ceci comme une particularité culturelle (appelée hagara(?) en Algérie --- j'appellerais plutôt ça un trouble psy?) qui voudrait que certains, sous l'effet d'un débordement --- pas content, trop chaud, trop marre --- arrachent l'oeil d'un inconnu dans la rue. Il explique également que cette catégorie-là, est rapidement purgée [en Algérie] par l'homme de la rue sans passer par la case gendarme.
Si des lecteurs du forum ont de quoi confirmer, infirmer ou élaborer sur le dernier paragraphe, cela m'intéresse beaucoup.