Vous êtes dans le vrai Orimont, la soie et l'or, voilà qui rend les Chinois mobiles, aventureux, dispendieux, imprudents, rien d'autre sinon (ni le bois, ni l'acier, ni aucune matière qui les convainque), ne les met en émoi; la femme, par exemple, doit s'incliner devant ces deux divinités terrestres: le Chinois donnera sa, ou plus facilement encore, "ses" femmes pour leur poids en coupons de soie; la soie, qui n'exige point d'être dessuifée comme la laine du mouton d'Australie ou le poil rapeux du yack des passes du Pamir, qui tient des générations et se laisse caresser comme un chat à travers les âges et ne concède aucune déchirure même dans le combat, y compris le pire de tous, le combat domestique, le comble d'aise et de facilité; le rêve soyeux étant de manifester et de transmettre ce comblement des sens à son entourage féminin par un drap de soie qui passe, libre et soyeux, tout entier et en un éclair dans l'anneau de fiançaille.
La soie assomme, en Chine, celui qui s'y risque, mais elle est aussi le seul angle et ingrédient par lequel, avec l'or, mais l'or est aux femmes en Chine, tandis qu'elle, la féminine soie, est affaire d'hommes, de voyageurs, de gangsters des routes impossibles, sur lesquelles, indûment aventureux, le Chinois concède à se faire assommer. La tentation est grande, alors, au malin, par le coupon de soie régulièrement convoité, d'assommer le Chinois. Or, personne, jamais, ne vainc la Chine qui ne s'y reprenne à plusieurs fois. Le nouveau venu, malin comme un convoi de singes, échouera, comme le très avisé Jim Thompson, mort en Malaisie, pour avoir voulu doubler la Chine dans sa rêverie de soie...
La soie incite mêmement à la rêverie et au meurtre. Comme l'or direz-vous ? Non. L'or n'inspire aucun meurtre soyeux.