En moins de deux jours, les journalistes, les "experts" labellisés CNRS, Sciences Po, Université, EHESS, etc., les hommes politiques, les intellectuels organiques, les idéologues... ont mis en place le prêt-à-discourir qui est censé rendre compte définitivement des événements de Montauban et de Toulouse et dont l'objet est de clore et scléroser toute réflexion.
Ce prêt-à-discourir est fait de quelques "lieux" - lieux qui sont peu nombreux pour être efficaces, c'est-à-dire pour que chacun les retienne aisément et les répète à satiété dans ses propres discours.
Le premier de ces "lieux" est celui du "moins" : la petite délinquance ou les "petits" délits. "Petits" ? 15 ou 16 condamnations ne font pas des "petits" délits, mais des délits à répétition et une longue liste de délits. Quand on sait que la police n'élucide qu'une partie de ces délits (de 30 à 40%) et que la justice ne poursuit qu'une partie des auteurs de cette partie des délits élucidés, que toutes les victimes ne portent pas plainte, on peut légitimement multiplier par 3 ou par 4 les délits commis et y ajouter quelques crimes, non poursuivis ou non élucidés.
Le deuxième de ces "lieux" est la radicalisation. C'est un lieu connu en rhétorique depuis Aristote sous le vocable du "plus". Ce "lieu" présente l'avantage d'être immédiatement compréhensible par les Français à qui il est servi comme élément d'explication, puisqu'il s'inscrit dans l'histoire de France : Parti radical et extrémisme politique. Le problème est que ce lieu est étranger à l'islam, qui ignore la radicalisation, puisque l'islam est un tout parfait qui achève l'histoire et la rend inutile.
Le troisième de ces "lieux" est l'étranger. C'est en allant au Pakistan que Merah (et les autres musulmans ayant le même profil) s'est ou se serait "radicalisé". Sans doute il y a appris le maniement des armes à feu, des armes blanches (sabre) et des armes de guerre, mais il n'a pas importé du Pakistan l'arsenal dont, semble-t-il, il disposait. Il les a achetées (avec quel argent ?) en France, dans les banlieues, où, prétendaient les experts labellisés "sciences" sociales jusqu'en 2007 ou 2008 (c'était le prêt-à-discourir d'alors), il n'y avait pas d'armes "en circulation".
Ce prêt-à-discourir n'est pas neutre. Il a plusieurs fonctions : empêcher la réflexion, ne pas voir le réel, s'aveugler ou rester aveugles sur trois réalités.
La première réalité à dissimuler est le lien étroit entre délinquance ou criminalité et islam, lien avéré au cours des siècles et dès les débuts de l'islam qui est une interminable razzia.
La deuxième est la nature de l'islam. Si Merah et d'autres "se radicalisent" ou s'auto-radicalisent (comme nous l'entendons partout), c'est la preuve qu'il existe un état "normal" de l'islam, un islam "non radical" ou modéré ou tempéré, etc.
La troisième est la France même. C'est en France que Merah et d'autres ont appris l'islam, pas au Pakistan ou en Afghanistan; c'est en France qu'ils ont lu Le Coran; c'est en France qu'ils ont été initiés aux principes islamiques. Il n'est pas nécessaire d'aller au Pakistan pour devenir un moudjahid ou pour s'engager sur la voie du djihad; cela se fait à chaque instant dans les mosquées établies en France - en particulier à Toulouse. En 1996, la DST avait recommandé de ne pas accorder la nationalité française à un imam malien, établi à Toulouse, où il dirigeait la prière dans trois mosquées et y "islamisait" les habitants (on en voit les effets). La position de la DST était fondée sur des faits : cet imam voilait de la tête aux pieds sa ou ses femme(s) et ses filles, avait un "diplôme" en "sciences" religieuses obtenu à Al Azhar au Caire (mosquée qui est financée pour ce qui est de la formation des imams et oulémas étrangers par les milliardaires de la péninsule arabe), qui était, vu les financements dont il disposait, un agent du wahhabisme saoudien, et faisait des prêches enflammés. La presse française - en particulier le Nouvel Obs - avait protesté contre cette mesure, qu'ils jugeaient discriminatoire, suspectant la DST de "racisme". Dans ces éditoriaux récents, Jean Daniel n'a esquissé aucune critique des aveuglements de son "journal"... Je suppose que dans toutes les pages du NO les journaleux flétrissent (pardon : "stigmatisent") les zones tribales du Pakistan.
La quatrième réalité à dissimuler et que personne n'évoque est l'école de France. Merah et d'autres n'ont pas été scolarisés au Pakistan, mais à Toulouse; pas dans une madrassa (sinon pour y réciter le Coran), mais dans une école publique et pendant au moins dix ans : 6 ou 7 heures par jour, 5 jours par semaine, 35 semaines par an, cela fait des milliers d'heures. Que lui a-t-on enseigné entre 1992 et 2004 ou 2006, dans ces écoles où les maîtres sont formatés IUFM et dont les programmes, méthodes, règles sont fixés par la loi Jospin de 1989 ? De la moraline, de l'antiracisme de pacotille, de beaux discours sur la grandeur de la civilisation islamique, des justifications sociales du crime ? Les grandes leçons de moraline de l'école publique n'ont pas dissuadé Merah et autres de basculer dans le crime (contre l'humanité ?) et dans le racisme abject... Au contraire même.