"(...) on découvre facilement que cet
antisionisme n’est pas la simple critique conjoncturelle d’une politique mais bien une remise
en cause des fondements même de l’Etat d’Israël. Depuis le lancement de l’Intifada Al-Aqsa
par Yasser Arafat, le discours est en effet nettement régressif. Alors que les accord d’Oslo
établissaient clairement la reconnaissance par tous du droit à l’existence et à la sécurité
d’Israël, la thématique nouvelle du « droit au retour » des réfugiés palestiniens remet en
question la survie même d’un Etat où les juifs du monde entier peuvent trouver la sécurité.
En légitimant la lutte armée des Palestiniens quelle qu’en soit la forme, même
lorsqu’elle vise des civils innocents, l’antisionisme propose une lecture radicale de l’actualité,
propre à légitimer les actions violentes commises en France même. (...)
L’intervention de penseurs « islamistes modérés », dont le discours
reste ambigu complète cette identification et la prolonge. Derrière les critiques violentes qui
assimilent le sionisme au nazisme, on entend, en écho subliminal, la voix interdite mais bien
relayée des terroristes islamistes qui généralisent le combat et affirment « qu’il faut attaquer
les Juifs partout où ils se trouvent ».
(...)
"Les accusations de racisme, d’apartheid, de nazisme
portent des implications morales extrêmement graves. Elles ont, dans la situation où nous
nous trouvons aujourd’hui des conséquences majeures qui peuvent, par contagion, mettre en
danger la vie de nos concitoyens juifs. Il est légitime d’imposer par le droit qu’elles ne soient
pas portées à la légère.
C’est pourquoi nous invitons à réfléchir sur l’opportunité et l’applicabilité d’un texte
de loi qui complèterait les dispositions de la loi du 1 juillet 1972 et celles de la loi du 13
juillet 1990 (dite loi Gayssot). Ce texte permettrait de punir ceux qui porteraient sans
fondement à l’encontre de groupes, d’institutions ou d’Etats des accusations de racisme
et utiliseraient à leur propos des comparaisons injustifiées31 avec l’apartheid ou le
nazisme.
Une telle accusation n’est pas seulement une diffamation ; c’est, dans le contexte
mondial aujourd’hui une véritable incitation à la violence, un trouble à l’ordre public et un
préjudice grave pour ceux qui peuvent être concernés."
(...)
"Il n’est pas concevable aujourd’hui de lutter efficacement en
France contre l’antisémitisme dans ses formes nouvelles sans tout tenter pour rééquilibrer
l’appréciation par l’opinion publique de la situation au Moyen-Orient. Depuis la « rupture »
de 1967, l’image de l’Etat d’Israël n’a cessé de dériver au point de produire à son endroit une
véritable anesthésie victimaire. Les civils israéliens bombardés à la roquette, les enfants tués
dans des bus par des kamikazes n’émeuvent apparemment personne tandis que la répression
organisée par l’Etat hébreu suscite à juste titre l’émotion quand elle atteint des innocents. Bien
des facteurs concourent à cette asymétrie."
(...)
qui dénonce avec force les exactions quand elles sont commises par les Etats mais qui
ne contraint les mouvements de libération ou de résistance à rendre aucun compte sur les
méthodes qu’ils emploient. Comprendre les souffrances endurées de part et d’autre ne veut
pas dire excuser ou tolérer mais seulement restituer un peu du tragique de cette situation et
s’éloigner de la caricature qui en est faite."
[
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Extrait du Rapport de J.C. Rufin remis EN 2004 à Raffarin pour lutter contre l'antisémitisme. Si on l'avait écouté...