Il me semble qu’il y a là une légère confusion. Le stakeholder s’oppose précisément au shareholder. Stake signifie ici enjeu, mais justement pas investissement, prise de participation. À côté des détenteurs du capital, dont les cadres dirigeants de l’entreprise sont les mandataires, il y a un très grand nombre de personnes qui ont intérêt à ce que l’entreprise tourne alors même qu’ils n’y ont pas mis leurs économies, à commencer par les salariés, mais aussi les clients, les fournisseurs, les banques, etc.
Bon alors reprenons: Je n'ai
jamais écrit que le
stakeholder désignait celui qui détient une participation dans une entreprise. Je vous en prie, relisez-moi attentivement. J'ai écrit que "to have stake" ou "to hold a stake" désignait une participation au capital d'une société:
We have a 10% stake in this company se dit en français :
nous avons une participation de 10% dans cette entreprise. La participation de Duchmoll et fils dans Areva est passée à 2,5% :
Duchmoll and Sons' stake in Areva has been increased to 2.5%
Le
stakeholder ainsi formé en un seul mot est quant à lui en effet tout autre chose que le
stockholder. Ce terme désigne toute partie qui dans une industrie, une filière industrielle, agro-alimentaire, forestière, et tout ce qu'on voudra, est
acteur,
intervenant,
partie prenante,
maillon: dans la filière forêt-bois, par exemple, les transporteurs, des fabricants de machines-outils, les sociétés d'audit environnemental, les sociétés de fret international, les autorités portuaires, et bien sûr les propriétaires de la forêt, les services des douanes, les ayants-droits du bois sur pied, les ouvriers du bûcheronnage, les propriétaire-exploitants de scieries, et en bout de filière les grossistes importateurs, les centrales d'achat, les détaillants, voilà qui sont dans un secteur industriel, une filière les
stakeholders. Je traduis souvent
stakeholder pris dans cette acception par
intervenants ou
acteurs de la filière (laquelle se dit
industry en anglais, by the way)
Par extension,
stakeholder en est venu à désigner tous ceux qui sont intéressés, directement de manière incidente ou marginale, au résultat ou aux effets, ou aux impacts, comme on dit, d'un projet, c'est ainsi que pour la création d'un parc naturel, d'un complexe de la filière nucléaire, du Grand Paris, un cycle de concertations (qui se dit
consultations en anglais) prélables devra précéder le parachèvement du plan directeur, l'adoption de ce dernier par les autorités, cycle dans lequel seront invités tous les
stakeholders pour faire connaître leurs critiques, commentaires, objections, rappeler leurs droits, en faire valoir de nouveaux non encore officialisés, etc. Ces
stakeholders seront toutes les parties qui directement ou indirectement sont concernées par ce plan: collectivités territoriales, locales, ONG locales (organismes de la société civile), organismes locaux d'intérêt publics, syndicats de copropriétaires, de riverains, d'agriculteurs, de chasseurs, de pêcheurs, de chasseurs-cueilleurs si nous nous trouvons en Papouasie-Nouvelle-Guinée, d'abonnés du Gaz et que sais-je. Ce sont les
stakeholders, ceux qui ont un intérêt positif ou négatif dans le projet, dans l'affaire, l'opération en préparation. Je le traduis donc par
acteurs, parfois
parties prenantes. Il est difficile -- et du reste il ne vaudrait guère la peine d'essayer, à mon humble avis ! -- de le traduire autrement
On rencontre aujourd'hui très souvent le terme
multistakeholder. Par exemple
multistakeholders' agreement (accord multiparties ou multipartite). J'ai un temps souhaiter utiliser
polyacteurs puis j'ai dû me résigner à
multiacteurs, avec un "s", qui est désormais adopté partout.
A multistakeholders' workshop :
un atelier multiacteurs.
Voilà l'état actuel de
stakeholder, qui commença sa carrière il y a 20 ans environ en "dépositaire d'enjeux (ou "détenteur d'enjeux" en français).
Ce terme n'a évidemment rien à voir avec
stockholder, qui existe et qui désigne un actionnaire, à peu près comme son jumeau,
shareholder, avec je crois quelques nuances cependant:
stockholder renvoyant davantage aux marchés et au caractère fongible des titres détenus dans ce contexte. Je traduirais plus volontiers
stockholder par
détenteur/porteur de titres en réservant
actionnaire à
shareholder.