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C'était écrit

Envoyé par Henri Rebeyrol 
12 avril 2012, 08:38   C'était écrit
Dans "Au Nom de l'Autre" ("réflexions sur l'antisémitisme qui vient", Gallimard, 2003), Alain Finkielkraut évoque en quelques mots (p 29) la manifestation du 7 avril 2002 organisée à Paris contre l'antisémitisme et le terrorisme et au cours de laquelle de nombreux drapeaux israéliens ont été déployés. Ce qui lui importe, c'est la lettre très "désagréable" que lui a envoyée un de ses correspondants (une dame, peut-être une auditrice de France Culture), dont il cite le nom, Madeleine Gaudin. Cette Madeleine-là était présente sur le parcours de la manifestation. Elle a été indignée de voir que les policiers protégeaient les manifestants (ils ne faisaient que leur devoir) et fouillaient tous ceux qui voulaient traverser le cortège (pour confisquer les armes, le cas échéant).
A ses côtés se trouvaient de jeunes "beurs", presque autant indignés qu'elle. Voici ce qu'elle rapporte (je cite AF qui la cite) : "Sur la place un petit "beur" d'à peine dix ans criait à ses copains visiblement apeurés (c'est Madeleine qui les décrit ainsi ! De quoi avaient-ils peur ?) qui le retenaient : "Si seulement j'avais une kalachnikov, je leur montrerais (leur : comprendre aux Juifs qui manifestaient contre l'antisémitisme), moi!"".

Dix ans plus tard presque jour pour jour, à Toulouse, un musulman, qui avait quatorze ans en 2002, armé, non pas d'une kalachnikov, mais d'un fusil d'assaut Uzi (semble-t-il), qui heureusement s'est enrayé, et d'un Colt 45 (?), est entré dans une école fréquentée par des élèves juifs, a tiré dans le tas et a exécuté trois enfants et un adulte, uniquement parce qu'ils étaient juifs. Il a donc réalisé le voeu du petit "beur" de Mme Gaudin.

Mme Gaudin ne se contente pas de rapporter les propos qu'elle a entendus. Elle se croit obligée d'abonder dans le sens du jeune tueur en paroles. Voici ce qu'elle écrit (je cite AF qui reproduit un extrait de la lettre qu'il a reçue) : "Et je savais bien que je me sentais plus proche cette fois de la vérité de ce petit miséreux (? que sait-elle de la "misère" qu'elle lui attribue ?) que de tous les jeunes (ce sont ceux qui manifestent contre l'antisémitisme) qui triomphaient d'autosuffisance et de passion méprisante et ignare sous leur calotte blanc et bleu".

En moins d'une page (p 29), Alain Finkielkraut, en reproduisant le contenu d'une lettre "désagréable" (c'est-à-dire sans doute injurieuse) d'une lectrice ou d'une auditrice, a annoncé les réactions de la quasi totalité de l'intelligentsia à l'assassinat des trois enfants juifs de Toulouse : volonté de comprendre (dans les deux sens ambigus de ce verbe) le tueur et surtout silence assourdissant sur le sort des enfants martyrs et leur famille, dont le crime, à en croire la dame Gaudin, a été "la calotte blanc et bleu".
12 avril 2012, 09:07   Re : C'était écrit
Etrange cette sympathie viscérale d'une bonne francaise pour des petits beurs qui expriment crûment ce que cette dame ressent en voyant le cortège passer.

Encore aujourd'hui les juifs soulèvent par leur seule présence l'ire de certains francais. En Allemagne on rencontre une aversion spontanée à l'égard des juifs (parmi les gens nés après 1945) alors que 99 % des allemands n'ont jamais vu ou rencontré un seul juif dans leur vie.
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