Le site du parti de l'In-nocence

Communiqué n° 1374 : Sur la situation éditoriale de Renaud Camus

Il n'y a aucune urgence, le Messie est encore loin, espérons-le, du jardin des oliviers...
Dans la librairie parisienne "Les Mots à la Bouche", les livres de Monsieur Camus ont tous été déplacés à un endroit non visible - ils sont "exclus" des étagères et il faut désormais s'accroupir pour les voir.
Pour montrer que Monsieur CAMUS a des lecteurs fidèles et attentifs, j'ai déjà commandé le nouveau tome des Demeures de l'esprit consacré à l'Italie du nord.

Faisons tous la même chose, que les remords les bouffent :

[livre.fnac.com]
C'est ce que je proposais.
Avez-vous demandé aux libraires des "Mots à la bouche" ce qu'il en était ? je suis à Paris mercredi, j'irai y faire un saut si j'en ai le temps entre deux avions.
Pour le moment, L'Écume des pages (boulevard Saint-Germain) vend Décivilisation, Le Grand Remplacement, plusieurs volumes des Demeures de l'Esprit et l'édition de poche des Délicatesses du Français contemporain... Rien du Journal.
Citation
Jean-Marc
Avez-vous demandé aux libraires des "Mots à la bouche" ce qu'il en était ? je suis à Paris mercredi, j'irai y faire un saut si j'en ai le temps entre deux avions.

Non, je n'ai pas souhaité créer d'incident.

Les livres sont toujours vendus, mais désormais peu visibles.
Utilisateur anonyme
24 avril 2012, 10:31   Auto-publication
Citation
Scipion
Je crois que Nabe a essayé une sorte de modèle économique alternatif, d'auto-édition/distribution. Est-ce que quelqu'un aurait plus d'informations à ce sujet?

L'auto-édition en 2012 a trois visages :

1. une auto-publication en ligne sous la forme d'un site Internet dont la consultation est payante. Un tel site web est en cours de programmation pour publier éventuellement le journal de R.C. — dans le cas, bien entendu, où aucun éditeur ne reprendrait le flambeau de Fayard (en reprenant en même temps les droits d'édition électronique) ;

2. une auto-publication sous forme d'e-book, c'est-à-dire de livre électronique téléchargeable depuis une plate-forme de vente (iTunes, Amazon...) puis consultable sans connexion Internet depuis une tablette tactile, une "liseuse" ou un ordinateur, quitte à ce que le lecteur rétif à ces supports imprime lui-même le livre ;

3. une auto-publication sur papier. C'est ce que fait Nabe, mais je crois cependant qu'il s'appuie sur un prestataire pour l'impression, la diffusion et la distribution du livre, tant ce sont là tâches lourdes et spécialisées. Déléguer ces tâches ne doit cependant pas l'empêcher de percevoir sur chaque exemplaire des droits d'auteur très supérieurs aux miettes concédées par les éditeurs traditionnels.

À mon humble avis, une issue de secours pour R.C. serait de combiner ces trois points (Nabe s'en tient pour sa part au dernier). Ou bien, variante, de remplacer le point 3 par un contrat de forme traditionnelle avec un éditeur, mais en se réservant la propriété pleine et entière des droits électroniques sur ses livres.
Il me semble que c'est l'occasion de faire le fameux "saut technologique". D'ici deux ou trois ans, les lecteurs ne seront plus disposés à payer 30€ ce qu'ils peuvent payer 10€ avec le confort de lecture que procure la liseuse.

Donc les solutions 1 et 2, qui ne nécessitent guère d'investissement, me semblent préférables.
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
24 avril 2012, 11:30   Saut technologique
Citation
Jean-Marc
Donc les solutions 1 et 2, qui ne nécessitent guère d'investissement, me semblent préférables.

Moi aussi, d'autant que la solution 1 permettrait en plus la lecture du journal au fur et à mesure de son écriture (ou avec un très léger décalage), à supposer que l'auteur le souhaite.

Cependant je crains que le lectorat de R.C. (ou de quiconque) ne reste en majorité attaché au support papier. La séduisante solution du "tout électronique" ne paraît pour l'heure guère viable en termes de revenus. Mais inversement, il serait dommage qu'à quelque chose les malheurs éditoriaux de l'écrivain ne fussent pas bons : l'heure semble propice pour trouver dans l'électronique une source partielle de revenus.
Utilisateur anonyme
24 avril 2012, 11:34   POD
Citation
Didier Bourjon
C'est bien d'une combinaison des trois volets évoqués qu'il est question. Les "tâches lourdes" évoquées pour l'impression papier ne le sont pas tant que cela, et nous disposons de ressources pour y faire face.

S'agirait-il de quelque chose comme du print on demand ?
A propos des "liseuses". J'en ait testé deux ou trois au salon du livre, il y a un petit mois, et de mon point de vue (qui n'est pas si mal orienté qu'on pourrait le croire, j'avais une réelle curiosité et même un "a priori positif"), ce test n'est pas du tout concluant. Ces machins sont cent fois moins pratiques, légers, maniables et agréables qu'un livre traditionnel. A la poubelle des joujoux superflus !
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Pourquoi dites-vous cela ?

Je pensais comme vous, j'ai néanmoins acheté une liseuse, la fort simple Kindle. Après quelques jours, l'essai fut très positif.

Un exemple concret : je suis en train de relire Ulysses. Quel bonheur, pour quelqu'un dont l'anglais n'est pas la langue maternelle, de chercher immédiatement pour tel ou tel mot peu usité (et Dieu sait qu'il y en a dans cet ouvrage) le sens que l'auteur a voulu donner, et ce presque sans perdre le fil de la lecture ! ce n'est pas un joujou.
"Il me semble que c'est l'occasion de faire le fameux "saut technologique". D'ici deux ou trois ans, les lecteurs ne seront plus disposés à payer 30€ ce qu'ils peuvent payer 10€ avec le confort de lecture que procure la liseuse."

Tiens, encore une chance pour l'empoi ! Sortez votre calculette, Jean-Marc, et dites-nous combien de "besogneux" la diffusion triomphale de la "liseuse" va "désoccuper" d'ici deux ou trois ans ? Ah oui, ils vont tous se recaser dans la fabrication des-dites liseuse, suis-je bête (sauf les underdogs "assistés" bien sûr.)
Malheureusement, je crains que quelque soit la solution adoptée, les revenus générés sont nettement inférieurs à ceux procurés par les contrats d'édition.
Citation
Billy Budd
Malheureusement, je crains que quelque soit la solution adoptée, les revenus générés sont nettement inférieurs à ceux procurés par les contrats d'édition.

Tout doit dépendre des situations. Un auteur qui ne touche que 8 à 10% de droits sur le prix de vente de ses livres, c'est-à-dire qui est lié à l'édition par les contrats léonins habituels, a tout intérêt, aujourd'hui, à larguer les amarres pour exploiter à son propre compte, et simultanément, les voies de l'auto-publication électronique (site + e-book) et papier ("nabienne"). Le revenu par exemplaire auquel il peut s'attendre sera, je crois, difficilement inférieur à l'aumône concédée par les éditeurs. Mais il faut cependant noter qu'il perdra dans l'affaire l'éventuelle visibilité médiatique et "légitimatrice" de l'édition traditionnelle.

Cela dit, la situation de Renaud Camus diffère sur un certain nombre de points. Il y a notamment la question de la mensualisation. Ces revenus mensualisés (3000 € par mois pour Fayard, si je ne m'abuse) représentaient bien plus, semble-t-il, que l'équivalent de 8 à 10% sur les ventes effectives. En supposant qu'un tome de journal auto-édité (électronique) soit vendu 40 €, il faudrait, à la louche, s'assurer d'environ un millier de lecteurs annuels sur ce support pour atteindre l'équivalent de l'ancien traitement annuel Fayard. Pour l'auto-édition sur papier, je ne me prononce pas, car j'estime mal ce qui peut revenir à l'auteur sur un prix de vente de 40 € : 20 ? 25 € ? Nabe vit-il si bien que ça de ses ventes exclusivement "papier" ?

La clé doit être en effet le cumul des revenus des différents supports.
Vous oubliez l'emballage des liseuses (sur lequel on pourra mettre des publicités), la manutention des liseuses, la vente des liseuses (il y aura cinq marques différentes, avec des commerciaux), les coques des liseuses (afin d'éviter que les liseuses ne se brisent), les ustensiles pour nettoyer les liseuses, les ustensiles bio pour nettoyer les liseuses (on les reconnait au fait qu'ils dont plus chers et moins efficaces)...

Toute une économie de la liseuse...
J'oubliais, Orimont, le DALLO, le Droit A La Liseuse Opposable, qui garantit à tout refuseur d'emploi la liseuse de son choix et un bon sur EDF pour son alimentation électrique. Il faut éviter de stigmatiser, n'est-ce pas ?
"Vous oubliez l'emballage des liseuses (sur lequel on pourra mettre des publicités), la manutention des liseuses, la vente des liseuses (il y aura cinq marques différentes, avec des commerciaux), les coques des liseuses (afin d'éviter que les liseuses ne se brisent), les ustensiles pour nettoyer les liseuses, les ustensiles bio pour nettoyer les liseuses (on les reconnait au fait qu'ils dont plus chers et moins efficaces)..."

Et voilà, toujours la sempiternelle rengaine qui, depuis l'invention du chemin de fer, voudrait prouver contre l'évidence que les emplois qui disparaissent définitivement au gré d'une nouvelle technique réapparaissent automatiquement dans le sillage d'icelle. Cet aveuglement est rigoureusement de même nature que celui de ceux qui vont répétant qu'il y a moins d'immigration en France aujourd'hui qu'il y a vingt ans, ou que le niveau monte dans l'Education nationale. Dans tous les cas, il s'agit d'un refus obstiné de renoncer aux visions que l'on aime, assorties de celles que l'on n'aime pas.
Sait-on qui, quel personnel, opère la saisie des textes littéraires dans les liseuses ? Même si je suppose qu'une part doit en être effectuée par transfert OCR, il doit bien falloir des petites mains pour donner forme finale aux textes. Sont-ce des petites mains à Manille ou à Pondichéry payées 3 dollars 50 les mille mots ou des ouvrières d'Alès ou de Chateauroux bénéficiaires d'un recyclage prévue par un plan social suite à la délocalisation de leur entreprise en Roumanie ou en Inde. Ou sont-ce des petites mains en Roumanie même, qui sait ?

En fait, si une analyse des besoins en main-d'oeuvre de la librairie en liseuse devait être effectuée, je ne serais pas surpris qu'elle mette au jour le caractère "à fort besoin de main-d'oeuvre" de cette filière électronique de la librairie, et qu'il est pourvu à ce besoin par des employés du Sud qui se contentent d'un pouvoir d'achat local, à des années-lumières du salaire ordinaire des "ouvriers français du livre". Je ne serais pas surpris que pareille analyse comparée donne contre toute attente, la filière du livre comme "plus économe en main-d'oeuvre" que sa concurrente électronique.

Et même chose en ce qui concerne le "bilan environnemental" de l'objet: le livre, papivore et déforestateur, dit-on, s'en tirerait sans doute beaucoup mieux que la liseuse et ses terres rares dont l'exploitation est destructrice pour l'environnement et dont les composants sont non-biodégradables.
"Sait-on qui, quel personnel, opère la saisie des textes littéraires dans les liseuses ?"

Question très intéressante. Quelqu'un a-t-il une réponse ?
Orimont,

Pourquoi désespérer ?

Regardez plutôt. Au tournant du siècle précédent, l'industrie des charrettes et les métiers du cheval étaient à leur zénith. La voiture arriva, et les Orimont de l'époque s'enfuirent en se signant furtivement, arguant que tous les emplois allaient disparaître (panseurs, bourreliers, maréchaux-ferrants...) et qu'ils ne sauraient être remplacés mécaniquement, si j'ose dire.

C'est alors qu'à l'orient (qui est rouge) apparut le Sauveur, j'ai nommé Louis Rustin, qui créa bien des emplois (fabricants de colle, de limes, de bassines pour chambres à air). Les inventeurs de cette époque étaient fort cultivés. Voyez Lovell, qui inventa l'avertisseur sonore. Il le nomma de son nom grec, venu de "hurler".
Hé, Francis, encore heureux que les foules asiates saisissassent sur liseuse dans leurs contrées lointaines !

Comme les Français sans emploi sont trop occupés à remplir les formulaires d'aide sociale, il nous aurait fallu faire venir des immigrés afin qu'ils les emplissent (les liseuses).
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Parlez-vous des frais de la seule impression ?
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Citation
Orimont Bolacre
"Sait-on qui, quel personnel, opère la saisie des textes littéraires dans les liseuses ?"

Question très intéressante. Quelqu'un a-t-il une réponse ?

Les "opérateurs de numérisation" des grands prestataires de service comme Jouve, par exemple, qui rassemble 3000 salariés répartis un peu partout dans le monde, notamment en France, en Chine, en Inde, au Sénégal ou en Roumanie; des "petites mains" recrutées parmi la masse des chercheurs d'emploi capables d'utiliser une souris et un clavier d'ordinateur.
P.O.L et Renaud Camus: "La fin d'un cycle"

Par Laurent Martinet (LEXPRESS.fr)


Travers Coda, Index et Divers, paru en mars de cette année, sera bien le dernier livre de Renaud Camus chez P.O.L. Un titre ramasse-miettes qui évoque bien la "fin d'un cycle littéraire", expression utilisée par Pierre Otchakovsky Laurens pour confirmer la rupture à Lexpress, sans lui donner, pour autant, de connotation politique. Leur relation éditoriale avait commencé à la fin des années 70, chez Flammarion. Chez qui Renaud Camus sera-t-il édité maintenant? POL n'en a aucune idée.

[www.lexpress.fr]
Murakami consacre tout un chapitre de son roman 1Q84 à la réécriture éditoriale des textes littéraires. On y voit un jeune "rewriter" à qui un éditeur de ses amis à confié la réécriture du premier roman d'une adolescente qui y narre une histoire extraordinaire écrite sans style, comme un brouillon d'écolière négligée et dépourvu de tout savoir-faire écrivain.

Nous sommes en 1984 et les premières "machines à traitement de texte" sont en service au Japon. Le jeune homme doué pour ce type d'exercice "reprend" le texte en le saisissant dans la machine et le travail de réécriture commence sur écran. L'artisan en est plutôt content. Il l'imprime et à la lecture des épreuves sur papier découvre un autre texte, qu'il doit modifier au crayon avant de le réinscrire dans la machine. Cet "autre texte" a surgi par la vertu de l'impression sur support papier. Le texte imprimé révèle un autre texte; il est le palimpseste du texte-écran. L'écran électronique faisait écran, en effet, et comme ce nom d'écran pourrait déjà le suggérer, à ce texte révélé par le papier; il en était la chrysalide (le titre du roman de l'adolescente est Chrysalide d'air, à propos).

Les textes littéraires "pour la liseuse" vont modifier, faire écran à ce qui eût été sans cela une littérature pleine et pure, celle du support matériel, où des annotations peuvent être portées à la main, où le verbe dé-mentalisé revêt une forme physique, où s'incarne la nymphe (et donc, dans ce roman de Murakami, l'adolescente).

Privé de cette incarnation, le texte-liseuse reste théorique, inabouti, non-critique (l'esprit face à lui ne connaît qu'un seul état, celui de l'acceptation, du passage approbateur sur une lisse surface mentale qui ne se feuillette pas -- le livre, seul organe du feuilleté du sens).
Le problème du livre me semble en être la diffusion. Un livre chez le libraire, ne figurant pas quelques temps sur table, et étant renvoyé à l'envoyeur au bout de 3 mois... tel est le lot de la plupart.
R.C. disposera-t-il, sans grand éditeur, d'un bon diffuseur et de places sur tables ?
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Trois mois, vous êtes généreux. Le problème de la diffusion est crucial, bien sûr. Longtemps les éditeurs étaient des libraires, certains mêmes ont gardé un point de vente tout en devenant diffuseurs. Et puis la profession s'est spécialisée. Il me semble qu'avec Internet on devrait retrouver certains fondamentaux. Pour ma part, je suis attaché au papier, au beau papier qui me paraît convenir particulièrement à l'œuvre de Renaud Camus.
Il me semble que Renaud Camus a beaucoup mieux qu'un bon diffuseur : un lectorat fidèle.
Francis,

Je comprends ce que vous nous dites. Je crois cependant qu'il y a une place pour la liseuses, y compris en littérature.

Prenons le cas d'Ulysses. Je l'ai lu plusieurs fois (relu la première fois car je n'y avais rien compris). A mon avis, le premier contact d'un tel ouvrage doit être matériel, avec un livre en effet. Ensuite, se pose la question de l'appareil de notes, par exemple. La liseuse a, dans ce cas, tous les avantages de l'hypertexte.

Considérons l'oeuvre de Renaud Camus.

Roman roi : un ouvrage papier.

Le Journal : un ouvrage électronique, avec des liens vers les photographies.

Les écrits politiques : là encore l'électronique, pour permettre des "copier-coller" et la rapide diffusion d'extraits.
Il y a un style "traitement de texte", "page-écran", qui appelle à être corrigé sitôt le texte transporté sur un support papier. C'est ce que met en évidence Murakami dans ce chapitre de ce roman fleuve. Ce que je vous dis: les textes destinés à la liseuse se couleront tous bientôt naturellement, bien involontairement de la part de leurs auteurs, dans ce style "traitement de texte".

Si j'imprime les quatre lignes ci-dessus sur une feuille de papier: elles apparaîtront confuses, maladroites, lourdes, etc. et je les reprendrai. Elles sont écrites en "style liseuse", soit un style où le regard plonge verticalement sur la ligne et l'idée sans lecture subliminale semi-consciente des lignes environnantes, sans le souffle qui embrasse tout l'écrit du paragraphe.

Cette notion de lecture rapide et globale (l'oeil qui absorbe la phrase dans son déploiement et son débordement de la ligne que suit la fovée) n'est pas une fumeuse théorie qui l'on devrait à votre serviteur mais un phénomène bien connu des spécialistes. Or ce phénomène est amputé dans la lecture d'écran. L'écran ainsi fait écran au plein dévoilement du texte, ce qui m'a conduit à vous parler de palimpseste.
Citation
Francis Marche
Cette notion de lecture rapide et globale (l'oeil qui absorbe la phrase dans son déploiement et son débordement de la ligne que suit la fovée) n'est pas une fumeuse théorie qui l'on devrait à votre serviteur mais un phénomène bien connu des spécialistes. Or ce phénomène est amputé dans la lecture d'écran.

Ah, comme c'est curieux ? Je lis beaucoup sur écran et je n'ai pas du tout cette impression, personnellement.
La meilleure liseuse ne sera-t-elle pas une sorte de fac-similé du livre ?
24 avril 2012, 21:33   Qui charrie ?
"Les "opérateurs de numérisation" des grands prestataires de service comme Jouve, par exemple, qui rassemble 3000 salariés répartis un peu partout dans le monde, notamment en France, en Chine, en Inde, au Sénégal ou en Roumanie (...)"

Wouah ! 3000 salariés de par le monde, ça c'est du gisement d'empois !


"Regardez plutôt. Au tournant du siècle précédent, l'industrie des charrettes et les métiers du cheval étaient à leur zénith. La voiture arriva, et les Orimont de l'époque s'enfuirent en se signant furtivement, arguant que tous les emplois allaient disparaître (panseurs, bourreliers, maréchaux-ferrants...) et qu'ils ne sauraient être remplacés mécaniquement, si j'ose dire.

C'est alors qu'à l'orient (qui est rouge) apparut le Sauveur, j'ai nommé Louis Rustin, qui créa bien des emplois (fabricants de colle, de limes, de bassines pour chambres à air). Les inventeurs de cette époque étaient fort cultivés. Voyez Lovell, qui inventa l'avertisseur sonore."


Je ne sais pas où vous avez pris cette fable des "Orimont" de l'époque qui auraient argué que tous les emplois allaient disparaître car c'est tout ignorer du besoin de main d'oeuvre des usines d'alors et de la transformation d'une grande partie de ces travailleurs agricoles ou artisans en ouvriers. Notez bien que j'écris "une grande partie", c'est-à-dire qu'il a commencé à y avoir un reste, une fuite que ne colmatèrent pas vos facétieuses rustines et qui n'a fait que s'élargir.

La structure de votre argumentation est décidément un vrai patron : "Au tournant du siècle précédent, la main d'oeuvre immigrée arriva, et les Orimont de l'époque s'enfuirent en se signant furtivement, arguant que tous les Français allaient disparaître."

"Au milieu du siècle précédent, les nouvelles méthodes pédagogiques arrivèrent, et les Orimont de l'époque s'enfuirent en se signant furtivement, arguant que plus personne ne maîtriserait la langue française."

Votre marotte, c'est le travail, marotte éminemment respectable et c'est aussi la mienne, mais le moindre appareil qui permet de se passer de main d'oeuvre vient-il à se présenter, vous bondissez comme un cabri, sur l'air de "rien de nouveau sous le soleil" et convoquez charrettes, rustines et klaxon dans un style pour lequel, vous le savez, j'ai un faible et qui vous rend sympathique à mes yeux, ce qui ne m'empêche pas, toute sympathie bue, de dire que vous divaguez plaisamment, avec vos visions d'assistanat, comme si on pouvait se passer de l'assistanat, comme si l'assistanat était né d'une irrépressible philanthropie, comme si on pouvait faire autrement qu'"assister" les gens, à l'époque des géniales "liseuses" qui donnent du travail à 3000 péquins internationaux, ah oui, vous divaguez complètement et avec vous divaguent tous ces enragés "créateurs d'empois", c'est-à-dire toute la classe politique, qui, pour tout empoi, ne finira par en créer que deux : "le sabre et le goupillon", et plutôt cinq fois par jour qu'une seule, vous connaissez la chanson, s'étriper et prier, voilà où conduisent tous les chemins à la recherche de gisements d'empois quand tout est fait pour supprimer le travail humain sans lui assurer l'oisiveté.
Sérieusement, Orimont, je crois beaucoup en un détricotage du fameux filet social.

Distribuons beaucoup moins d'aides, et d'abord réservons-les aux Français (je parle là des "aides gratuites", c'est à dire celles pour l'obtention desquelles il n'y a rien à faire qu'à ouvrir la bouche ; le fruit des cotisations, par exemple celles que versent le travailleur étranger et son employeur, doit servir à payer les soins des enfants de l'étranger ; en revanche, pas de RSA pour les étrangers, pas d'aides pour les enfants de l'étranger qui ne travaille pas).

Nous ferions ainsi assez facilement le tri entre l'étranger qui vient pour travailler et celui qui vient pour profiter de l'argent-braguette (les allocs), l'argent maman-seule, l'argent-gratuit.
Au moins Amazon fait son travail de vendeur. Mail reçu ce matin pour m'inciter à acheter le dernier livre de Renaud Camus :

Le nouveau livre de Renaud Camus

Sortie prévue le 2 mai 2012


Septembre absolu
Renaud Camus
Broché: EUR 31,82


Né le 10 août 1946, Renaud Camus est l'auteur d'une oeuvre aussi considérable qu'hétérogène (Églogues, Élégies, Éloges, Journaux, Romans, Miscellanées, Écrits sur l'art). Aux éditions Fayard, il publie régulièrement son ... En savoir plus [www.amazon.fr]
Renaud Camus, c'est un secteur de marché comme un autre...
Le saviez-vous : Amazon prélève presque trois fois plus de commission qu'une librairie traditionnelle (soit plus de la moitié du prix de vente).
Vu leur taille, ils doivent pouvoir se passer d'intermédiaires.
J'ai toujours pensé qu'en s'abaissant un peu à publier des ouvrages de seconde catégorie, Renaud Camus pourrait devenir riche rapidement. Par exemple, je verrais bien aux éditions du Figaro, une collection façon Les indispensables :
- A table avec Renaud Camus (recettes, manières de table, conseils gastronomiques)
- Les hôtels Camus-compatibles d'Europe (même chose avec les restaurants, les boutiques)
- Echapper à la banlocalisation (les dernières promenades possibles dans la France de 2012)
- Le sens de la syntaxe (modèles de lettres et d'hymèles pour l'honnête homme, avec explications)
- Le grand remplacement facile de mes fenêtres (conseils dans les relations avec les artisans)
- Un parapluie au menu (savoir-vivre, les détails qui tuent etc.)
- Le bonheur de mon chien (ce qu'il attend de vous, par un Prix Trente millions d'amis)
- Une journée efficace (conseils pratiques d'organisation de votre temps)
- etc...

Mais il est vrai qu'alors, ce ne serait plus tout à fait Renaud Camus... et même plus du tout.
Le Renaud Camus d'après : encore là mais plus tout à fait le même.
Les hôtels Camus-compatibles d'Europe (même chose avec les restaurants, les boutiques)

Ah, celui-là, je le commande ferme.
Tout cela s'accompagnerait d'un système de « mise en marque », de labellisation d'une multitude de produits, avec police de caractère, charte graphique, logo... Pour le parc à thème de Plieux, il faut y réfléchir, mais Villiers a déjà exploité le filon historique, peut-être jouer sur la veine déjà esquissée ici par un autre Villiers ?
Citation
Agrippa
J'ai toujours pensé qu'en s'abaissant un peu à publier des ouvrages de seconde catégorie, Renaud Camus pourrait devenir riche rapidement. Par exemple, je verrai bien aux éditions du Figaro, une collection Les indispensables de Renaud Camus :
- A table avec Renaud Camus (recettes, manières de table, conseils gastronomiques)
- Les hôtels Camus-compatibles d'Europe (même chose avec les restaurants, les boutiques)
- Echapper à la banlocalisation (les dernières promenades possibles dans la France de 2012)
- Le sens de la syntaxe (modèles de lettres et d'hymèles pour l'honnête homme, avec explications)
- Le grand remplacement de mes fenêtres facile (conseils dans les relations avec les artisans)
- Un parapluie au menu (savoir-vivre, les détails qui tuent révélés)
- Le bonheur de mon chien (ce qu'il attend de vous par le Prix Trente millions d'amis)
- Une journée efficace (conseils pratiques d'organisation de votre temps)
- etc...

Mais il est vrai qu'alors, ce ne serait plus tout à fait Renaud Camus... et même plus du tout.
aussi :


- Comment chauffer un château (en 3 volumes).
- Comment ne pas utiliser un GPS.
- Pratique des relations entre un auteur et ses éditeurs.
- Comment traiter l’angoisse qui saisi l’honnête homme qui introduit une carte visa dans un distributeur (volume 1 distributeur français ; volumes 2 3 et 4 distributeurs étrangers).
- Pratique des relations entre un auteur et ses éditeurs.


Vous m'avez fait peur (mon œil avait lu autre chose) !
Les hôtels Camus-compatibles d'Europe

Cher Francmoineau, ce guide ne vous coûtera pas cher, même en tenant compte de la commission exorbitante d'Amazon : ce n'est pas un livre mais une mince plaquette.
Guy Millière a fait rééditer un de ses livres en format numérique uniquement et à un prix moindre. Il l'a fait à titre expérimental :

"Grâce à Jean Patrick Grumberg, j’ai placé sur amazon.fr un livre directement en format Kindle, téléchargeable aussi sur ordinateur et sur ipad. C’est une expérience. Si cette expérience est concluante, je mettrai ainsi à la disposition de ceux qui me lisent plusieurs de mes livres épuisés et devenus non disponibles."

[www.dreuz.info]


Il pourrait être intéressant de prendre contact avec lui pour savoir quelles sont ses conclusions ou réflexions sur cette expérience récente. Il serait intéressant pour celles des oeuvres de Renaud Camus qui sont essentiellement politiques d'examiner s'il est possible de créer une collection Kindle qui pourrait regrouper différents auteurs ayant des parentés idéologiques en matière de dissidence.
C'est vrai, cher Buena Vista, je crains même qu'il ne se résume à une feuille volante.
Hier à la librairie Delamain ( courue par les esthètes de Paris, Palais - Royal ), figuraient en bonne place quatorze ouvrages de Camus.
Chez Brentanos avenue de l' Opéra, il n'y a plus de littérature; rien que des babioles pour touristes.
Rien ne vaut Galignani...
Un seul volume des Demeurés de l'esprit à la Librairie Gallimard du boulevard Raspail...
Oups ! Lapsus...révélateur !
Pour les Demeurés de l'esprit, il faut prévoir une encyclopédie en cinquante volume, sur le mode de celle-ci.
Il est possible de corriger les fautes de frappe.
Cher Marc, vous m'avez percé à jour ! Lorsque j'ai vu cette erreur (j'ai écrit ce message sur un iPad), il m'a semblé qu'elle méritait d'être conservée...
"[Les électeurs du FN] ne vont pas changer d’avis sur tous ceux qui leur font, une fois encore, la morale."
Ce texte de Ménard est courageux.
Il est surprenant de voir avec quelle obstination les antilepenistes persévèrent dans le mépris et l'anathème qui sont pour ainsi dire la poudre du canon frontiste.
Et ils sont incapables de reconnaître (ou de comprendre) le caractère positif du vote FN.
On s'écarte du sujet. L'idée a été effleurée, celle de la souscription. Le problème de la distribution est réglé, il suffit d'être largement perçu, lu, entendu. Je veux dire qu'un chronique régulière dans un média peut s'accompagner, à l'occasion, d'un bulletin de souscription. On lance le tirage dès que le budget est en équilibre.
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Où être perçu et entendu d'autres que ceux qui sont déjà des convaincus - et déjà ici ?
Il n'y a pas que ce forum, qui d'ailleurs connaît bon nombre de sympathisants. Il y a la ressource supplémentaire du mail qui ne coûte rien. Il suffit de constituer un "carnet" d'adresses-mails, c'est le plus gros du travail, le reste va tout seul.
Au risque de passer pour un spam :

- Punaise, chérie, je viens encore de recevoir un mail de ce Renaud Camus !

- Comment, encore ?
(Mais votre idée est assurément la bonne.)
Il faut croire que je retarde, mais pourriez-vous développer un peu cette idée de souscription ?
Orimont :
"Wouah ! 3000 salariés de par le monde, ça c'est du gisement d'empois !"

Il ne s'agit que d'un prestataire, et peut-être un des plus modestes dans le monde. Je crois que Jean-Marc n'a pas tort : la liseuse va créer des emplois, des milliers d'emplois, probablement plus que n'en crée le secteur de l'édition traditionnelle. Tous ces gadgets nous donnent un travail fou -- et c'est bien là qu'est la vraie contradiction : les machines demandent un investissement énorme de temps humain, entre la conception et la distribution; elles engloutissent notre temps et notre énergie, d'abord parce qu'elles sont fondamentalement perfectibles, qu'elles ne sont jamais abouties, jamais stables. Il faut donc engager des cerveaux et des mains par millions pour faire et défaire en permanence ces outils mutants, pour les réparer, les modifier, les "booster", pour assurer leur maintenance, changer leur design, etc. Jamais la machine n'a si peu servi à nous libérer du travail, si tant est qu'elle eut jamais une telle vocation (mais je crois que sur ce point, vous ne me démentirez pas).
Voici un exemple de souscription :
Les Jacobins de Toulouse

Les éditeurs ayant renoncé, Les Amis des Archives ont lancé une souscription pour un livre remarquable de deux personnalités (et autorités) toulousaines sur les Jacobins. La souscription fut couverte et le livre est disponible chez quelques libraires.
Le maître d'œuvre fut Dominique Autié, aujourd'hui disparu.
Présentation
Pour les liseurs qui auraient été horrifiés à l'idée que Marc soutienne un ouvrage à la gloire des Jacobins, je précise qu'il s'agit d'un bâtiment.
26 avril 2012, 10:08   Bouturage
Les autorités webmatiques qui président à la vie de ce forum pourraient-elles, de quelques "clics" opportuns, extraire de ce fil les messages relatifs à la "liseuse", dans ses rapports avec la création de travail, afin de poursuivre la conversation dans de meilleures conditions ?
Utilisateur anonyme
26 avril 2012, 10:33   Re : Bouturage
(Message supprimé à la demande de son auteur)
26 avril 2012, 11:17   Re : Bouturage
Cher Didier,

Merci pour votre réponse. Vous avez tenu à rappeler les différents "fils" où la question a déjà été traitée, ce qui ne m'inspire guère le le désir d'y revenir. Je crois avoir, bien ou mal, exposé mon point de vue et, tout compte fait, il ne me semble pas utile d'y revenir, au seul prétexte de l'apparition d'un nouvel appareil.

Les positions sont terriblement figées (encore une fois, exactement comme dans la discussion sur l'immigration) : qui croit que les machines sont en concurrence avec les hommes sur le front du travail, se substituent à lui et devraient le conduire à réfléchir à donner un sens à l'oisiveté ; qui n'y croit pas du tout et pense que la quantité de travail (de vrai travail - et l'usage de ce qualificatif, qui semblait prometteur dans la bouche de Nicolas Sarkozy, est utilisé par lui sans y mettre la moindre profondeur, la moindre vraie réflexion), la quantité de vraie travail, donc, est reconduite mécaniquement et qu'il ne s'agit que d'organiser une sorte de "vivre ensemble" heureux avec les automates. On verra bien.
Utilisateur anonyme
26 avril 2012, 11:59   Re : Bouturage
(Message supprimé à la demande de son auteur)
26 avril 2012, 12:25   Re : Bouturage
On peut d'abord formuler l'hypothèse qu'il y a déplacement, oui, mais de faux travail, en grande quantité (faux travail, si l'on considère qu'il est consacré à la production de faux objets).
Mais, cher Orimont, le débat sur les liseuses et autres automates porte à la fois sur des faits et sur des valeurs ; la question de fait peut évoluer par des arguments, la question des valeurs c'est moins sûr (tout comme sur l'immigration, je suppose).
La discussion de faits : les automates peuvent-ils décharger ou non les hommes de diverses tâches ?
La question de valeurs : si les automates remplacent de nombreuses tâches, faut-il chercher à recréer de nouvelles tâches (logique productiviste) ou au contraire ne pas chercher de remplacement (vision décroissante) ?
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Pas avant d'avoir signalé à Orimont cette précieuse information donnée ce soir dans le JT de France 2 : l'entreprise Facebook a crée 21 000 emplois en France. Presque une mine !
Vous avez, cher Olivier Lequeux, vous aussi pu constater en regardant ce reportage qu'il y a désormais des emplois qui consistent à être sur Facebook... Étonnant, non ?
Nous allons nous faire taper sur les doigts par M. Bourjon. (Et ce sera bien fait !)
(Il ne tape pas, il frappe... (re-lol))
Pour revenir à Renaud Camus à partir du dernier message de Pyrrhon, on ne peut pas dire de son oeuvre ce qu'on dit de celles de nombreux auteurs de notre époque : "That's not writing, it's typing".
À la librairie La Hune, qui a récemment déménagé du boulevard Saint-Germain à la place Sartre-Beauvoir, on peut trouver, de Renaud Camus, plusieurs volumes du Journal, de très nombreux volumes des Demeures de l'Esprit, quelques exemplaires de ce qui a paru chez P.O.L. (Loin, Les délicatesses du français contemporain...) mais aucun des écrits politiques.
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