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Rwanda

Envoyé par Ostinato 
06 août 2008, 18:24   Rwanda
Que vaut ce rapport dont des éléments se trouvent sur Guysen news ?

[www.guysen.com]

"Mardi 5 août, le ministre de la Justice rwandais, Tharcisse Karugarama, a autorisé à la publication les conclusions d’un rapport de 500 pages réalisé par « la Commission nationale indépendante chargée de rassembler les preuves montrant l’implication de l’Etat français dans le génocide perpétré au Rwanda en 1994 ». Ce rapport lui avait été remis le 16 novembre 2007, et avait débuté en avril 2006 : depuis, la France lui dénie toute légitimité en dépit de lourdes et formelles accusations.

Le Rwanda, ancienne colonie belge d’Afrique de l’Est, a été le théâtre d’un terrible génocide, du 6 avril au 4 juillet 1994. Celui-ci fut commis dans le cadre d’une guerre civile opposant les deux grandes communautés présentes au Rwanda, les Hutus et les Tutsis.

Le 1er octobre 1990, des Rwandais exilés et regroupés au sein du Front Patriotique Rwandais (organe essentiellement Tutsi) décidèrent de revenir au pays à partir de l'Ouganda et de prendre le pouvoir par la force.

La réaction du gouvernement rwandais fut double : se défendre avec le FAR (Forces Armées Rwandaises), autoproclamé « Hutu Power », contre l'agression militaire du FPR, et « liquider » tous les Tutsi de l'intérieur du Rwanda.

En dépit d’une forte implication internationale, et notamment de la France, la Belgique, l’ONU et les Etats-Unis, pour mettre en conflit, 800 000 victimes (selon l’ONU) - Tutsis pour la plupart, mais aussi des Hutus ayant refusé de participer aux massacres ou accepter de cacher des Tutsis - seront dénombrées.

Le Projet de loi portant création de la Commission nationale indépendante chargée de rassembler les éléments de preuve montrant l’implication de l’Etat français dans la préparation et l’exécution du génocide perpétré au Rwanda en 1994, a été adopté en 2004 par le Conseil des ministres et a été annoncé dans un communiqué rendu public le 1er août 2004.

« La Commission a combiné différentes méthodes de collecte de l’information aussi bien au Rwanda qu’à l’étranger. Elle a consulté des archives publiques et privées, mené des enquêtes de terrain, procédé à des auditions de témoins en public et à huis clos.

Les membres de la Commission se sont rendus aussi à l’étranger pour y consulter des archives et rencontrer des témoins qui ne pouvaient pas venir au Rwanda » est-il indiqué en préambule du rapport, rédigé en français et accessible au public.

« Les commissaires ont sillonné le pays, et une attention particulière a été portée sur les lieux de l’intervention militaire et civile de la France : institutions dans lesquelles ont œuvré les agents civils et militaires français, zones de combat et zone ‘Turquoise’ » précise le rapport qui cite les pays dans lesquels les enquêteurs se sont rendus - Belgique, France, Allemagne, Tanzanie – et la manière dont ils ont été reçus.

« En France, la demande de coopération avec les autorités officielles présentée par la Commission s’est heurtée à une fin de non-recevoir. Il est vrai que cette demande intervenait dans le contexte particulier de la rupture des relations diplomatiques.

En revanche, les membres de la Commission qui ont effectué le voyage en France ont rencontré diverses personnalités s’exprimant à titre privé, de sorte qu’ils sont parvenus à se procurer des documents de tout premier ordre.

Toujours à titre privé, ils ont rencontré quelques parlementaires. Ils ont enfin pu accéder plus librement aux archives de l’ambassade du Rwanda à Paris, propriété du gouvernement rwandais ».

Selon ses conclusions, la France était « au courant des préparatifs » du génocide, a « participé aux principales initiatives » de sa mise en place et « à sa mise en exécution ».

Principaux faits reprochés : appui en renseignements militaires et écoute téléphoniques, conseil et planification stratégique, formation de la police judiciaire, informatisation du fichier central qui a permis de dresser une liste de gens « à tuer », ségrégation ethnique, soutien diplomatique du régime, violence physique, agressions sexuelles etc…

« Divers témoignages permettent de constater la participation récurrente de militaires français à des actes de viols et d’agressions sexuelles violentes sur des jeunes filles et des femmes rwandaises, et que souvent, ces violences ciblaient spécifiquement des tutsis » précise le rapport qui fournit à l’appui un témoignage d’une violence insoutenable.

« Dans la nuit du 6 février 1993, une jeune fille tutsi alors âgée de 20 ans, nommée Jeanne Mukarusine a été sexuellement agressée de façon extrêmement violente par des militaires français de l’opération Noroît qui gardaient l’aéroport de Kanombe.

Les militaires français ont attrapé la jeune fille à sa sortie d’une boîte de nuit, « Kigali Night », appartenant au fils de l’ex-président rwandais, et l’ont obligée à partir avec eux. Elle a refusé. Les Français l’ont jetée de force dans leur véhicule et se sont mis à la frapper et à déchirer ses habits avec des poignards.

Ils ont introduit violemment des doigts et un couteau dans ses organes génitaux, puis ont pris le sang qui coulait de la blessure et le lui ont répandu sur le visage.

Arrivés au Home de Remera chez Murindahabi où elle résidait, ces Français l’ont sortie du véhicule après l’avoir dénudée et l’ont jetée par terre et laissée dans un état critique. (...)

Avant sa sortie d’hôpital, le lieutenant Mugabo est venu la voir avec des responsables militaires français et ont expliqué à la jeune fille qu’ils ne souhaitaient pas que l’affaire s’ébruite dans Kigali. Ils lui ont alors proposé une somme de cinq cent milles francs rwandais, en lui ordonnant de garder le silence sur ce qu’elle avait vécue (…) »

Parmi les accusations les plus graves, la France est également accusée d’avoir formé les milices interahamwe qui ont été le fer de lance de l’exécution du génocide. Ces milices étaient au début un mouvement de jeunesse sans statut juridique, mais qui était affilié au parti présidentiel.

Deux opérations sont particulièrement désignées : L’opération Amaryllis (du 9 au 14 avril 94), qui avait notamment comme objectif de rapatrier l’ambassade française ainsi que tout son personnel recruté sur place, sans exception (selon une note du 11 avril). Dans la pratique, on sait que seuls les Hutus ont été rapatriés.

La seconde, l’opération « Turquoise », de nature humanitaire a été menée avec l’aval de l’ONU. Pendant cette opération, la France continuait de fournir des armes à l’armée rwandaise.

La France a toujours demandé à ce que l’on modère les propos sur le sujet, nié la légitimité du rapport, et refusé de présenter ses excuses.
Un porte-parole du Quai d’Orsay a d’ailleurs refusé de commenter la publication du rapport tandis qu’un autre porte-parole a affirmé que, ne l’ayant pas encore lu et reçu, ils n’étaient pas en mesure de réagir.

Aujourd’hui, le ministre rwandais de la Justice appelle « les instances habilitées à entreprendre les actions requises afin d'amener les responsables politiques et militaires français incriminés à répondre de leurs actes devant la justice ».

Dans une autre de ses recommandations, la commission demande au « Gouvernement rwandais de trouver un règlement diplomatique de la question avec l’Etat français dans la mesure où ce dernier est prêt à reconnaître l’entière étendue de sa responsabilité dans la préparation et l’exécution du génocide au Rwanda et de prendre les mesures de réparation conséquentes en accord avec le Gouvernement rwandais ».

La Commission demande également au Gouvernement rwandais « de soutenir toute action individuelle ou collective de victimes qui souhaiteraient porter plainte devant les tribunaux pour le préjudice causé par les actions de l’Etat français et/ou ses agents au Rwanda ».

A noter enfin que parmi les 13 dirigeants français incriminés par la commission, on trouve François Mitterand et Edouard Balladur, respectivement président et Premier ministre de l’époque, mais aussi Alain Juppé, ancien ministre des Affaires étrangères de l’époque, Dominique de Villepin, son directeur de cabinet, ou encore Hubert Védrine, secrétaire général de l’Elysée."
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