François Hollande veut rallumer la guerre scolaire
Sur les intentions bellicistes de François Hollande en matière d’enseignement scolaire, nul ne pourra dire demain : « Je ne savais pas ». Dans une lettre adressée le 16 avril 2012 au Comité national d’action laïque, le candidat socialiste détaille certaines des mesures qu’il compte prendre, une fois à l’Elysée, pour défendre « l’école laïque » :
— la révision du « forfait communal » consenti aux écoles privées. Selon ce système institué en 2009 par la « loi Carle », un maire est tenu de payer la scolarité d’un enfant résidant dans sa commune, lorsque celui-ci est scolarisé dans un établissement privé situé dans une autre ville. Si ce dispositif devait être révisé, les écoles privées devraient alors entièrement prendre en charge financièrement les quelques 250.000 élèves qui bénéficient aujourd’hui de ce régime particulier !
— l’abrogation des accords Kouchner-Vatican. Signés en 2008-2009, ces accords reconnaissent la valeur des grades et des diplômes canoniques ou profanes (toutes les autres disciplines) délivrés par les établissements d'enseignement supérieur catholiques reconnus par le Saint-Siège. Motif de l’ire socialiste à l’endroit de dispositions qui ne révolutionnent en rien le modèle français de l’Education : ces accords remettraient en cause le monopole de l’Etat de la collation de grades et de diplômes universitaires !
— la dévolution autoritaire des moyens de l’Etat. François Hollande s‘engage à affecter « en priorité à l’enseignement public » les 60.000 postes d’enseignants qu’il compte créer durant le prochain quinquennat, non sans vouloir soumettre par ailleurs les dotations publiques allouées aux établissements privés à un « impératif de mixité (scolaire)» ou à contraindre « une commune à prendre en charge le financement de la construction d’une école publique » !
Conçues pour satisfaire aux exigences catégorielles des syndicats de l’enseignement public, ces propositions électorales sont frappées en vérité du sceau du sectarisme le plus profond. En mettant en péril l’équilibre financier, déjà fort précaire, de nombre d’établissements catholiques, elles menacent gravement la paix scolaire. C’est sans doute pour cela, que le candidat socialiste s’est bien gardé d’assurer devant nos compatriotes la promotion de ces mesures idéologiques d’un autre âge.
Lors du duel télévisé qui l’a opposé à Nicolas Sarkozy, le 2 avril dernier, le chef de file socialiste s’était drapé abusivement dans les habits du candidat rassembleur des Français. Sous des dehors faussement bonhommes, François Hollande cache en réalité une volonté de fer qu’il mettra à coup sûr, s’il devait demain accéder à la Présidence de la République, au service d’un programme de démantèlement méthodique de l’une de nos libertés fondamentales : la liberté d’enseignement.
Karim Ouchikh 3 mai 2012