Il s'agit d'un extrait de
Mémoire vive, le livre d'Alain de Benoist, dont
Causeur publie des extraits dans le numéro d'avril.
« Par cercles concentriques, quantité d’auteurs se sont progressivement vu retirer l’accès aux haut-parleurs. On n’a pas cherché à réfuter leurs thèses, on a cherché à leur couper le micro. L’important était que le grand public n’ait plus accès à leurs œuvres. Prenons mon exemple personnel. Jusque dans les années 1980, je faisais paraître régulièrement des tribunes libres dans
Le Monde. Mes livres étaient publiés chez Robert Laffont, Albin Michel, Plon, La Table ronde, etc. De surcroît, ce n’est jamais moi qui les proposait à mes éditeurs, mais les éditeurs en question qui me les demandaient. Après 1990, il n’en a plus été question, et j’ai dû me rabattre sur des éditeurs plus marginaux. Comme il est très improbable que je me sois mis à écrire des choses insupportables, il faut bien en conclure que c’est le climat qui avait changé. Peut-être les choses sont-elles en train de tourner dans le domaine des idées ; il me semble que l’on assiste à un léger réchauffement climatique, mais pendant près de trente ans, cela a vraiment été les ‘‘années de plomb’’. »