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Midnight in Paris

Envoyé par Utilisateur anonyme 
Utilisateur anonyme
20 mai 2012, 14:57   Midnight in Paris
J'ai vu ce film hier soir et je découvre sur son fil Flickr par un hasard amusant que c'est apparemment aussi le cas de M. Camus. Curieux de savoir ce que les membres de ce forum en ont pensé, j'ouvre donc la discussion.

J'ai pour ma part été déçu. Par naïveté, probablement, je m'attendais à un véritable moment de cinéma : intense, authentique, surprenant, etc. Les images sont certes assez belles, la bande son comporte quelques très bonnes chansons ; mais il m'a semblé que le film ne fait qu'effleurer le sujet digne d'intérêt qu'il aborde (la vie artistique du Paris des années 20) pour se contenter tout le long – et à ce moment-là alors on sent que c'est du vécu – d'histoires à l'eau de rose, d'ambition artistique gentillette, de dîners bourgeois fades et de visites chronométrées de musées parisiens : Gil c'est un rêveur un vrai de vrai et il voudrait écrire et dans le fond il est tellement gentil qu'il ne peut que réussir, mais zut alors, sa belle-famille elle est tout de même un peu coincée-coincée alors il doit s'échapper dans un aut' monde (c'est un peu comme dans un conte de fées ! hihihi) et il trouve une gentille dame qui va l'aider à devenir le plus grand nécrivain de tous les temps ! etc.
Bref, si je devais résumer ce film en un mot je crois que je choisirais "name-dropping" : ni les protagonistes du film ni Woody Allen ne m'ont semblé avoir voulu creuser quoi que ce soit de plus viril intellectuellement. Mais peut-être ma réaction est-elle exagérée.
20 mai 2012, 16:04   Re : Midnight in Paris
Cher Maxime,
Même sentiment que vous. C'est une vision très petite-bourgeoise du Paris artistique et de la création artistique en général. Le film aurait été très drôle avec Woody Allen dans le rôle du rêveur maladroit. Allen a écrit ce rôle pour lui-même, c'est assez criant dans le film. Du coup, tout boîte, mais la bande-son est très belle (pour cela nul besoin d'aller au cinéma, évidemment).
20 mai 2012, 16:35   Re : Midnight in Paris
On ne va pas se plaindre qu'un grand cinéaste américain réputé de gauche glorifie le Paris sans islam de la France moisie d'avant. Je trouve que, même mineur dans la cinématographie de Woody Allen, c'est un joli film et la musique, superbe de Django, à la fois jazz et valse musette, m'a mis les larmes aux yeux tant elle concentre ce qui faisait ce Paris d'avant si aimable et si authentique.
20 mai 2012, 16:50   Re : Midnight in Paris
Vous avez raison, Cassandre : j'ai également été ému par le film. Mais il est faible pour un Woody Allen, et le personnage de Woody manque cruellement...
Utilisateur anonyme
20 mai 2012, 19:25   Re : Midnight in Paris
Chère Cassandre,
Je pensais à vous en écrivant ce petit compte-rendu et je me rappelais un message de Raphaël à propos duquel nous étions tombés d'accord et dans lequel il expliquait que même dans les "mauvaises" productions de notre culture il y avait quelque chose qui nous était nécessairement cher et qui méritait qu'on leur épargne nos critiques. Je reste d'accord et je n'ai d'ailleurs pas non plus trouvé Midnight in Paris tout à fait désagréable puisque je l'ai regardé jusqu'au bout.
C'est probablement la déception de voir un Woody Allen "faible" (dixit Bruno Chaouat) avoir une aussi bonne presse qui m'a poussé à écrire ce message. J'ai moi-même aussi aimé le morceau de guitare que vous mentionnez mais je regrette par exemple à ce sujet que ce soit exactement le même qui soit repris une dizaine de fois durant le film.
20 mai 2012, 19:42   Re : Midnight in Paris
Je ne pense pas que ce film se veuille un portrait de la vie artistique du Paris des années 20. C'est une satire sur le thème de la nostalgie, gentiment moqueuse (et d'autant plus gentiment que Woody Allen l'éprouve aussi, cette nostalgie). Que la vision qui nous est offerte de ces années-là soit un peu fade ou gentillette, et pleine de clichés, est parfaitement "to the point". Une scène emphatiquement à l'appui de cette interprétation, est celle, que je trouve très drôle, du détective privé qui, à force de suivre le héros dans des Années Folles où l'on ne rêve que de Belle Époque, se retrouve perdu dans le Versailles du XVIIème siècle, les gardes du palais à ses trousses.
Utilisateur anonyme
20 mai 2012, 19:49   Re : Midnight in Paris
Dans Le Figaro Magazine, Frédéric Beigbeder avait critiqué Midnight in Paris ; il y relevait des anachronismes et des incohérences historiques. C'est, somme toute, surtout un conte de fées.
20 mai 2012, 19:50   Re : Midnight in Paris
Ce petit film sans prétention est aussi une parabole simplette mais efficace sur l'énorme privilège que constitue la connaissance du passé et de sa culture. Cette connaissance multiplie la vie par autant de fois que l'on se projette dans le passé. Par elle le présent prolonge une perspective temporelle et semble perdre ainsi de sa brièveté. L'individu privé de mémoire et de culture historiques est non seulement condamné à vivre le présent sans pouvoir s'en évader mais son existence réduite à ce seul présent paraît d'autant plus courte.
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