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Communiqué n° 1386 : Sur France Culture, l’Europe de la culture et le Concours Eurovision de la chanson

Communiqué n° 1386, jeudi 24 mai 2012
Sur France Culture, l’Europe de la culture et le Concours Eurovision de la chanson

Le parti de l’In-nocence se réjouit d’entendre France-Culture, station de radio de service public, estimer comme lui que l’Union européenne et le continent dans son ensemble devraient porter plus d’attention à la dimension culturelle de ce qui fait leur identité commune : c'est sa très profonde conviction. Il déplore véhémentement, en revanche, que l’exemple choisi d’une appréhension satisfaisante de cette dimension culturelle, ce soit l’actuel Concours Eurovision de la chanson, qui se déroule actuellement à Bakou, en Azerbaïdjan. Cette manifestation où qu’elle se tienne n’a en effet que très peu à voir avec la culture tel que ce mot a été entendu en Europe pendant des siècles et dans le sens qu’il avait dans l’intitulé même de la station lors de sa fondation, et jusqu’à un passé récent. D’autre part, et pour ce qui est du seul concours actuel, l’Azerbaïdjan et Bakou ne se trouvent pas en Europe et n’ont rien à voir avec la culture et la civilisation européennes. Ce pays et sa capitale, enfin, sont aux mains d'un gang familial aux pratiques sanglantes. La torture y est couramment pratiquée, la liberté y est nulle, les formes de l’État de droit y sont quotidiennement bafouées de la manière la plus cynique. Exemple pour exemple de ce que devrait être la culture en Europe et pour l’Europe, il ne saurait y en avoir de pire, ni de plus scandaleux en toutes ses dimensions, que celui que propose à notre admiration la chaîne radiophonique censément “culturelle".
Je n'écoute plus France Culture qu'assez rarement désormais, et lorsque je lis de telles lignes, je me dis que c'est une sage décision...
Devons-nous écouter ce que nous aimons ou bien aussi ce qu'il est utile de savoir. L'évolution de France Culture donne une bonne idée de la situation sur le front idéologique...Ce qui est aussi très intéressant.
C'est-à-dire que la "situation sur le front idéologique", on a eu le temps de bien se rendre compte de ce qu'elle était, tout de même, sur cette station (et sur nombre d'autres). D'ici à ce qu'elle évolue, il y a une marge assez confortable qu'un "coup d'oreille" de temps à autre suffira grandement à saisir, à mon sens.
Devons-nous écouter ce que nous aimons ou bien aussi ce qu'il est utile de savoir.

Le journal de France Culture, en particulier, est très utile, parce que c’est absolument la voix de la clique qui dirige ce pays (et qui le dirigeait déjà avant que M. Hollande n’arrive au pouvoir). C’est une sorte de bourse permanente ou les valeurs cotées seraient le massacre et l’indignation, et la monnaie de compte, le « grave » ou le « pas grave ». Les islamistes prennent le pouvoir partout, pas grave. Ils massacrent les minorités, chrétiens en tête, pas grave. Mais plus curieusement, on se retire d’Afghanistan, où le terrorisme continuera à faire quelques petites victimes (oh, dans les 100 ou 1000 par attentat), pas grave non plus.
Personnellement, je conseillerais volontiers de n'écouter France Culture que dans le journal de Renaud Camus : la synthèse y est excellente et ça ne fait pas mal aux oreilles.
Je suis bien d'accord avec Didier Goux. S'infliger un tel supplice ne me paraît pas profitable - à moins d'être un adepte du masochisme. Je dois vous avouer que même l'émission d'Alain Finkielkraut ne m'intéresse plus et ce, pour deux raisons : les piètres prestrations de la plupart de ses invités, et les lassantes répétitions de notre ami.
Citation
Je dois vous avouer que même l'émission d'Alain Finkielkraut ne m'intéresse plus et ce, pour deux raisons : les piètres prestrations de la plupart de ses invités, et les lassantes répétitions de notre ami.

Hélas vous avez mille fois raison Mr. Joseph car notre champion est contraint depuis l'affaire "Finkielkraut" d'inviter des gens qui sont presque toujours des Amis du Désastre et qui abaissent grandement la qualité de son émission par des propos conformes à ce que la doxa dominante nous somme de penser.
Il me semble qu'elle devrait fusionner avec Canal+ puisque ces deux chaînes se ressemblent de plus en plus. Même conception de la la" vraie" culture, celle presque exclusivement issue de la diversité ou s'inspirant de celle -ci : en gros n'importe quel tougoudoum de derbouka ou de djembé fera toujours l'affaire, mais pour entendre une chorale de jeunes Arabes chanter " Colchique dans les prés" ou toute autre chanson typique du répertoire de la chanson française on repassera. La "diversiture",oui, mais sans la culture des "souchiens". Ni des Chinois d'ailleurs. Mêmes hommages répétés et complaisants à l'égard de cette "diversiture" et même vitrine illustrant le "vivrensemblde" en présence d' un ou deux extra- ter ... pardon : extra français frétillants, sur l'air : " voyez comme ça fonctionne bien quand on n'a aucun préjugé". Faut vraiment être le dernier des racistes pour ne pas en vouloir !"
Se couper des médias, c'est un peu abandonner la partie; je préfère quant à moi persister dans l'écoute de France Culture (Répliques, Esprit Public), ce n'est pas si mal, même si on peste beaucoup.

Qui plus est, je m'inflige quotidiennement le journal télévisé de vingt heures sur France2, je ré-encrypte l'information décryptée par M. Pujadas; on est ébahi devant le peu de scrupule de ces gens et les mille avatars de la propagande.
Il faut faire comme Ph. Muray, continuer à regarder / écouter cela, et s'en moquer.

« Le monde n’est livré aux robots déconstructeurs et à tous les gâteux du néo-progressisme qui déroulent au kilomètre leur langue de bois accablante que pour décourager même de s’en moquer. Il le faut pourtant. Cette moquerie est la seule critique que l’on puisse opposer à ce qui n’est pas une pensée mais un radotage de crétins sans doute étonnés qu’on les laisse parler depuis si longtemps et qui s’arrêteraient peut-être si chacune de leurs propositions étaient accueillie par un éclat de rire. » (Festivus Festivus)
Ou comme Alain Soral : mettre sur l'écran toutes les chaînes en mosaïque et COUPER LE SON.
Cher Joseph, cher Rogemi,

N'êtes-vous pas un peu trop sévères avec Alain Finkielkraut ? Certaines de ses "répétitions" pourraient, en effet, passer pour des rengaines si elles n'avaient pour enjeu ce qui nous tient particulièrement à coeur sur ce forum.
Au reste, il faut "se donner la peine" d'écouter son émission pour les surprises qu'elle peut nous réserver. Le concept de "gauche culturelle", que tentait de développer Elisabeth Lévy ce matin, me paraît très intéressant et très éloigné de ce que l'on entend ordinairement sur France Culture. De même, les émissions que l'animateur de "Répliques" a récemment consacrées au procès Eichmann et à Mona Ozouf ne me semblent pas avoir servi la cause des "Amis du Désastre".
En résumé, je pense que le parti pris d'Ostinato est le plus sage.
"voyez comme ça fonctionne bien quand on n'a aucun préjugé".

Oui c'est amusant car le problème, n'en déplaise à la doxa antiraciste, c'est que nous ne sommes QUE préjugés, et les "Amants du Désastre" plus encore que tous les autres. Preuve en est la souffrance, l'effort, bref l'ascèse qu'il faut aux grands spirituels pour parvenir à se déconditionner, c.a.d. pour s'affranchir des préjugés.
J'ai personnellement souvent constaté que l'émission avait du mal à démarrer*. Je me fais presque du souci à l'idée que Finkielkraut ne puisse mener sa barque à bon port mais, après un petit quart d'heure, je suis toujours ravi de constater que l'émission est passionnante.

* Je pense notamment à l'émission sur Rousseau, avec Claude Habib et Pierre Manent.

Par ailleurs, quelqu'un sait-il ce qu'est devenue l'émission avec Jean Daniel, intitulée Qu'est-ce qu'être Français ? ; on nous l'avait annoncée mais elle a finalement été remplacée par une rediffusion de l'entretien avec Mona Ozouf.
Cher Varichkine,

Je ne suis pas sévère avec Alain Finkielkraut. Je sais ce que je dois à cet homme. C'est sans doute parce que je partage ses idées qu'il m'est difficile de l'écouter encore. J'ai tenté d'écouter l'émission de ce matin, mais à l'avance, je savais quels étaient les arguments et les exemples qu'il choisirait. Je souhaiterais qu'il prenne de la distance par rapport à l'actualité, qu'il nous parle de littérature, de littérature en tant que telle. Rares sont les émissions où il parvient à se détacher de ses obsessions, de nos obsessions.
Citation

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Par ailleurs, quelqu'un sait-il ce qu'est devenue l'émission avec Jean Daniel, intitulée Qu'est-ce qu'être Français ? ; on nous l'avait annoncée mais elle a finalement été remplacée par une rediffusion de l'entretien avec Mona Ozouf.

Indisposition de Jean Daniel ? Sujet trop polémique ? La réponse a peut-être été donnée par Elisabeth Lévy, qui a souligné, aujourd'hui, l'isolement du vieil homme au sein de son journal.

Vous avez raison, cher Jean-Michel Leroy, l'émission consacrée à Rousseau était très intéressante et d'une excellente tenue malgré un début un peu "anémique". Ce jour-là, Alain Finkielkraut m'a paru très fatigué. Il semble avoir retrouvé un peu de son énergie depuis. Longue vie à celui qui combat pour ce qui est à nos yeux une raison de vivre !
Cher Joseph,

Vous avez probablement raison. Je pense cependant qu'Alain Finkielkraut est, comme vous, comme moi, déchiré entre son goût immense de la littérature et son exigence de lucidité face aux événements tragiques que nous vivons.
Citation
Joseph
Je sais ce que je dois à cet homme.

Moi aussi. J'ai lu La défaite de la pensée à quinze ans et je ne le regrette pas.
J'ai trouvé ce matin qu'AF a laissé la partie belle à Laurent Joffrin qui ne manquait pas d'aisance pour répéter 3 ou 4 fois la même chose avec de menues variations, tandis qu'Elisabeth Levy voulait démontrer qu'elle n'était pas la vilaine réactionnaire qu'on disait : oui oui, je m'énerve parfois, c'est mal, mais veuillez considérer que mes propos ne sont pas pendables. Chacun poursuivait le meme objectif de normalisation. Elisabeth Lévy a réussi à en placer une sur les méchancetés des propos tenus contre Renaud Camus. Mais cela s'inserrait dans une si étroite enfractuosité du débat que la portée en fut très limitée. AF ne soutint pas du tout techniquement par une répartition équitable de la parole les interventions d'E.L. mais bien plutôt celles de L.J qui ne fut en rien gêné pour laisser couler ses opinions au robinet d'eau tiède de son interprétation toujours positive ou minimalement négative des faits liés à l'immigration musulmane.
Lamentable émission au cours de laquelle Joffrin s'est payé la tête d' A.F. et surtout d'Elisabeth Levy qui la pauvre n'arrivait pas vraiment à en placer une.

Laurent Joffrin s'est beaucoup amusé et a délayé tous les problèmes dans l'eau tiède de l'insignifiance.

Bien que j'ai toujours eu une certaine admiration pour E.L. ce n'est certainement pas avec des combattants de ce calibre que l'on gagne des guerres.

Quant à A.F. il est en fait tétanisé et manque totalement de conviction.
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Rogemi
Quant à A.F. il est en fait tétanisé et manque totalement de conviction.

Il est en effet devenu très difficile à Finkielkraut, en tant qu'animateur de France Culture, d'être explicite sur ses véritables convictions : on le sent bien, il se contraint lui-même à mettre de l'eau dans son vin, à jouer les arbitres quand ses plus fidèles admirateurs souhaiteraient le voir prendre le taureau par les cornes. Mais peut-on lui jeter la pierre ? Je pense à ce passage du Journal 2011 de Renaud Camus, page 441 : « Mais [Finkielkraut] insiste beaucoup, l'émission ne doit porter que sur le livre Fayard, Décivilisation, et pas du tout sur Le Grand Remplacement — il y jouerait sa place à France Culture [...]. »
Joffrin fut d'une mauvaise foi terrible. Il ne répondit jamais sur le fond. Il répondait sur son cas quand la gauche était attaquée et objectait sur la gauche quand son travail de journaliste l'était. Un véritable danseur !
Elisabeth Lévy est souvent un peu maladroite à l'oral : trop agressive, trop caricaturale, répétant sans cesse "si vous voulez" et d'autres scies. Elle manque de calme et d'esprit de répartie. Elle est bien meilleure à l'écrit - et le reconnaît.
Mais peut-on lui jeter la pierre ?

Bien sûr que non car Alain Finkielkraut nous a tellement donné ces 3 dernières décennies. Il ne faut aussi jamais oublier qu'il doit composer avec la bête.
A.F. fait, je pense, tout ce qu'il est possible de faire. Je regrette que pour parler de l'identité française, il invite toujours Jean Daniel ou des gens déjà invités partout. Pourquoi n'inviterait-il pas, par exemple, Olivier de Rohan (Président des amis de Versailles et frère du duc) ou un membre d'une vieille famille française, héritier de l'art de vivre à la française ?
A.F. est souvent un peu déterminé par son appartenance au monde médiatique intellectuel. Il est plus à l'aise avec les journalistes qu'avec les représentants de la vieille France : il les connaît mieux.
Jean Daniel ne peut guère parler, à partir de son expérience personnelle, de l'enracinement en France, puisqu'il est né sur la terre d'Algérie. Des millions de Français sont nés sur le sol de France, sont attachés à leurs racines : on ne les consulte jamais dans les émissions sur l'identité française. Cela me semble unique et scandaleux.
Un grand merci à AF, qui m’a fait découvrir RC…
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Ostinato
Devons-nous écouter ce que nous aimons ou bien aussi ce qu'il est utile de savoir. L'évolution de France Culture donne une bonne idée de la situation sur le front idéologique...Ce qui est aussi très intéressant.

Chère Ostinato, vous avez certes raison. Cette radio prendra sans doute toute sa valeur dans quelques siècles pour des historiens des mentalités !
Concrètement, cette radio demeure confidentielle. Sa direction se targue d'un nombre d'auditeurs qui irait croissant mais il semble que le temps d'écoute est de plus en plus bref.
Nous savons que la "culture" est le soi-disant fief des socialistes. France Culture en est un exemple criant. Il suffit de regarder le nom des derniers directeurs : Laure Adler, David Kessler, Olivier Poivre d'Arvor, tous liés au PS. Missa ita est.

Pour le reste, cette radio est un bel exemple de ce que je nommerais la culture socialiste, aux antipodes des conceptions d'Adorno. A savoir une appelation "culture" sur des activités relevant des loisirs culturels. Je dirais même que cette radio illustre à la perfection l'idée de distinction de Bourdieu qui n'aura pas écrit que des âneries pour le coup !
Des gens écoutent cette radio dite culturelle et se disent qu'ils "en sont", qu'ils "en ont" de la culture sans 'interroger sur ce que recoupe ce terme qui, à mon sens, ne recoupe rien de plus qu'un effet de snobisme et de valorisation sociale.

Il suffit pour s'en convaincre de lire les commentaires des auditeurs sur le site de cette radio qui sont d'une navrante pauvreté.
Cela me rappelle d'ailleurs une réflexion de Sollers. Dieu sait que souvent cet homme m'agace mais lui non plus ne dit pas que des bêtises ! Invité dans une émission "culturelle" sur Arte, il s'agissait de déplorer la hausse de la TVA sur le livre. Sollers a constaté que cette hausse n'était qu'un épiphénomène, que ce qui lui semblait bien plus important, était qu'il avait remarqué que nombre de lecteurs étaient incapables de résumer le livre qu'ils avaient lu, d'en donner une citation. Même constat avec les gens qui vont voir des expositions. De ces activités culturelles, il ne reste rien dans les esprits !
Bref, France Culture est la radio de ces "consommateurs" de culture. Elle est là pour donner le change à ces gens, pour les flatter, pour les conforter dans leur snobisme social. C'est la victoire de la culture façon Jack Lang, la culture sans réflexion, sans idée, sans effort, sans émulation intellectuelle, en un mot, la fausse culture qui au lieu de donner des outils critiques participe à conforter l'esprit de conformisme moral et social.
Du Concours Eurovision de la chanson à France Culture, la boucle est bouclée.
Sollers est un ami du Désastre qui affecte d'en déplorer les effets. Ça me rappelle quelque chose.
Vous pensez à la fameuse phrase de Bossuet ? D'ailleurs dans quel texte se trouve-t-elle ?
Citation
Marcel Meyer
Sollers est un ami du Désastre qui affecte d'en déplorer les effets. Ça me rappelle quelque chose.

Mon cher Marcel, vous êtes généreux avec Sollers. Je crois que la position de cet homme est pire encore. Je pense que c'est celle d'un parfait cynique. Protégé par son statut qu'il garde jalousement, il ne se gêne pas pour dire aux autres que ce sont des abrutis et des médiocres et je crois qu'il s'en réjouit car cela lui permet de conforter sa position de "patricien" au milieu de la piétaille.
Sollers. Le puissant mépris dont le gratifiait Guy Debord n'avait rien d'une posture.
Personne ne donne jamais la référence et la phrase commence à s'user un peu à force d'avoir beaucoup servi ces dernières années. J'ai le Bossuet de la Pléiade ; je n'y ai fait pour l'instant que du picorage mais un jour prochain je m'y lancerai pour de bon.
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Je me disais justement, avant que vous ne mettiez cette citation en ligne, cher Bourjon, que cette citation avait des chances d'entretenir quelque rapport avec les Protestants, et donc avec l'Histoire des variations.
C'est intéressant car la phrase habituellement citée est rudement bien tournée, plus concise et incisive que cet original. L'Histoire des variations des Églises protestantes n'est pas dans le volume consacré aux œuvres de Bossuet de la Pléiade (mais on peut la lire sur Gallica).
Ou bien il peut s'agir d'une glose, brillante, pour le coup, d'un de ses nombreux commentateurs postérieurs (XVIIIe siècle ?). En ce temps-là il arrivait souvent que les explications de texte se hissassent (hum...) au niveau des auteurs commentés (difficile avec Bossuet, mais qui sait ?).
France -Culture suit exactement la pente qu'a suivi " le Monde"dont la réputation d'objectivité et de sérieux a survécu longtemps à ce qu'il était en réalité devenu : un journal médiocre de gauchistes qui avançaient masqués. Il a fallu quelques années pour que nombre de ses lecteurs se rendent compte de l'imposture et renoncent à le lire. Ceux qui le lisent encore aujourd'hui s'imaginent appartenir à une élite d'autant plus remarquable qu'elle est restreinte, et pour cause ! Ils me font penser à ma vieille tante Venerande, héritière célibataire de hobereaux corses ruinés par le jeu, qui, croyant en mettre plein la vue et les papilles à ses convives, leur servait chaque fois du poulet rôti. Elle s'imaginait qu'il s'agissait toujours du met de roi de sa jeunesse alors que ce n'était déjà plus qu'une volaille de prolo acheté au hasard par la bonne qui s'en contrefichait. Aujourd'hui France-culture vit encore sur sa réputation, mais ses jours sont comptés. Comme disait l'autre, les gens finiront par préférer l'original à la copie, à savoir : "France inter".
Cher Marcel, vous auriez adoré aussi la Tante Venerande. Elle en imposait à tout le village qui, bien que la sachant fauchée, continuait à la traiter en "signora" et la saluait chapeau bas. A 70 ans passés, elle était tombée raide amoureuse, du ministre Alain Peyrefitte en le voyant à la télévision. Très pieuse, elle conservait la photo plastifiée de "son" Alain sur la commode de sa chambre, à côté d'une image de la sainte vierge et du sacré coeur de Jésus. Elle achetait tous ses livres, ou du moins elle le croyait car elle se trompait souvent d'auteur et sans faire attention lisait Roger croyant lire Alain ! Elle avait écrit à ce dernier une lettre à laquelle il avait très gentiment et très élégamment répondu.
Cassandre, j'eus moi aussi une tante Venerande, qui se prénommait Victoire, née en 1918 ou en 1878, je n'ai jamais trop su, que j'ai connue, enfant, et qui était mon arrière-grand tante (grand tante de ma mère). Son saint patron, son inspirateur, vous allez frémir, et je vais rougir, était double: Garibaldi... et Lénine! Dans le village où elle tenait encore conseil à près de cent ans d'âge, on la surnommait "l'oeil de Moscou". Elle finit ses jours aveugle et voyante, un peu oracle, près de sa grande cheminée, le dos à la fenêtre pour se protéger des visiteurs par le contre-jour, ne radotant plus que dans un mélange de vieil italien régional et de provençal.
Cher Cassande,

Votre tante ne s'est-elle jamais étonnée des hardiesses de Roger, qu'elle prenait pour Alain comme Napoléon prit jadis Blücher pour Grouchy ?
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