L'islamophobie selon PA Taguieff

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Ce qui fait difficulté dans l’œuvre de M. Taguieff, ce n'est pas l'analyse qu'il fait des réalités de la France ou de l'Europe. Comme il ne se censure pas et qu'il est honnête, il s'efforce de décrire ce qui se passe et de dire, avec des mots adéquats, les faits et les événements.

Tout se corse quand il analyse les discours et dissèque les "idées", renouant avec le projet initial des "idéologues" du début du XIXe siècle, l'idéologie, pour ceux-ci, n'étant pas une "vision" du monde, ni un discours sur le monde (ce qu'elle est devenue pour nous), mais une science objective des "idées", celles-ci, pensaient-ils, pouvant être disséquées, comme on le faisait des cadavres dans les laboratoires d'anatomie.

C'est en cela, à mon avis, qu'il s'égare et qu'il en arrive, après avoir rejeté l'accusation, polémique, purement religieuse et totalement inféodée au corpus doctrinal islamique, d'islamophobie, comme non fondée, etc. à ranger ceux qu'il tient pour des islamophobes, reprenant à son compte une "catégorie" qu'il juge pourtant fausse ou trompeuse ou abusive ou non opératoire, dans le camp honni des extrémistes (de droite, racistes, facistes, etc. et tout ce que l'on voudra d'autre).

Pourquoi ? C'est que la dissection des idées, comme celle à laquelle il s'adonne, n'a aucune pertinence. Une idée ou une thèse ou un fragment de discours est une réalité labile, fluctuante, à "géométrie variable", qui peut disparaître aussi vite qu'elle est apparue, etc. et que la seule méthode pertinente à suivre est de mettre sans cesse en relation l'idée exprimée (ou le discours) et le contexte idéologique ou politique ou géopolitique, la "situation" sociale ou économique d'un pays, les individus ou les groupes d'individus qui l'assument.

En bref, avant de classer les (prétendus) islamophobes à droite, à gauche, au centre ou nulle part ailleurs, il faut s'interroger sur ce qu'est l'islam, sur ce que veulent, disent, font les musulmans - sinon tous les musulmans, du moins les "leaders", ceux qui agissent et s'expriment, les dirigeants des pays musulmans, Maroc, Algérie, Arabie, ou des partis islamiques, AKP, PJD, FIS, Frères, En-nahda, etc. Si Taguieff avait accompli cette tâche préalable, plutôt que de se lancer dans une dissection idéologique ex nihilo ou essentielle ou par nature, il aurait pu tout aussi bien ranger les islamophobes ou ceux qui sont ainsi "stigmatisés", parmi les résistants, les hommes de gauche et même d'extrême-gauche, les humanistes, les progressistes, car, s'il y a une idéologie qui, objectivement, se situe sur l'éventail des idéologies ou des offres idéologiques, tout à l'opposé de ce qu'est ou a été la gauche, celle des Lumières ou celles du marxisme ou celle du libéralisme, c'est l'islam : non seulement l'idéologie, mais les régimes qu'elle produit ou les richesses colossales dont elle dispose (et surtout pas pour le bien de l'humanité). Tout homme de gauche devrait être islamophobe, quelque sens que l'on donne à ce terme...