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LE DECLIN DU COURAGE

Envoyé par Gérard Rogemi 
17 août 2008, 22:51   LE DECLIN DU COURAGE
Áu début du mois d'août M. Orsoni avait déjà posté des extraits de ce discours tenu par Alexandre Soljénitsyne en 1978 à Harvard.

Je crois que cette conférence fera date dans l'histoire du XX ème siècle et je me permets d'en mettre le texte "intégral" en ligne.


LE DECLIN DU COURAGE

"Je suis très sincèrement heureux de me trouver ici parmi vous, à l'occasion du 327ème anniversaire de la fondation de cette université si ancienne et si illustre. La devise de Harvard est « VERITAS ». La vérité est rarement douce à entendre ; elle est presque toujours amère. Mon discours d'aujourd'hui contient une part de vérité ; je vous l'apporte en ami, non en adversaire.

Il y a trois ans, aux Etats-Unis, j'ai été amené à dire des choses que l'on a rejeté, qui ont paru inacceptables. Aujourd'hui, nombreux sont ceux qui acquiescent à mes propos d'alors.(...)

Le déclin du courage est peut-être le trait le plus saillant de l'Ouest aujourd'hui pour un observateur extérieur. Le monde occidental a perdu son courage civique, à la fois dans son ensemble et singulièrement, dans chaque pays, dans chaque gouvernement, dans chaque pays, et bien sûr, aux Nations Unies. Ce déclin du courage est particulièrement sensible dans la couche dirigeante et dans la couche intellectuelle dominante, d'où l'impression que le courage a déserté la société toute entière. Bien sûr, il y a encore beaucoup de courage individuel mais ce ne sont pas ces gens là qui donnent sa direction à la vie de la société. Les fonctionnaires politiques et intellectuels manifestent ce déclin, cette faiblesse, cette irrésolution dans leurs actes, leurs discours et plus encore, dans les considérations théoriques qu'ils fournissent complaisamment pour prouver que cette manière d'agir, qui fonde la politique d'un Etat sur la lâcheté et la servilité, est pragmatique, rationnelle et justifiée, à quelque hauteur intellectuelle et même morale qu'on se place. Ce déclin du courage, qui semble aller ici ou là jusqu'à la perte de toute trace de virilité, se trouve souligné avec une ironie toute particulière dans les cas où les mêmes fonctionnaires sont pris d'un accès subit de vaillance et d'intransigeance, à l'égard de gouvernements sans force, de pays faibles que personne ne soutient ou de courants condamnés par tous et manifestement incapables de rendre un seul coup. Alors que leurs langues sèchent et que leurs mains se paralysent face aux gouvernements puissants et aux forces menaçantes, face aux agresseurs et à l'Internationale de la terreur. Faut-il rappeler que le déclin du courage a toujours été considéré comme le signe avant coureur de la fin ?

Quand les Etats occidentaux modernes se sont formés, fut posé comme principe que les gouvernements avaient pour vocation de servir l'homme, et que la vie de l'homme était orientée vers la liberté et la recherche du bonheur (en témoigne la déclaration américaine d'Indépendance.)Aujourd'hui, enfin, les décennies passées de progrès social et technique ont permis la réalisation de ces aspirations : un Etat assurant le bien-être général. Chaque citoyen s'est vu accorder la liberté tant désirée, et des biens matériels en quantité et en qualité propres à lui procurer, en théorie, un bonheur complet, mais un bonheur au sens appauvri du mot, tel qu'il a cours depuis ces mêmes décennies.

Au cours de cette évolution, cependant, un détail psychologique a été négligé : le désir permanent de posséder toujours plus etCette compétition active et intense finit par dominer toute pensée humaine et n'ouvre pas le moins du monde la voie à la liberté du développement spirituel.

L'indépendance de l'individu à l'égard de nombreuses formes de pression étatique a été garantie ; la majorité des gens ont bénéficié du bien-être, à un niveau que leurs pères et leurs grands-pères n'auraient même pas imaginé ; il est devenu possible d'élever les jeunes gens selon ces idéaux, de les préparer et de les appeler à l'épanouissement physique, au bonheur, au loisir, à la possession de biens matériels, l'argent, les loisirs, vers une liberté quasi illimitée dans le choix des plaisirs. Pourquoi devrions-nous renoncer à tout cela ? Au nom de quoi devrait-on risquer sa précieuse existence pour défendre le bien commun, et tout spécialement dans le cas douteux où la sécurité de la nation aurait à être défendue dans un pays lointain ?

Même la biologie nous enseigne qu'un haut degré de confort n'est pas bon pour l'organisme. Aujourd'hui, le confort de la vie de la société occidentale commence à ôter son masque pernicieux.

La société occidentale s'est choisie l'organisation la plus appropriée à ses fins, une organisation que j'appellerais légaliste. Les limites des droits de l'homme et de ce qui est bon sont fixées par un système de lois ; ces limites sont très lâches. Les hommes à l'Ouest ont acquis une habileté considérable pour utiliser, interpréter et manipuler la loi, bien que paradoxalement les lois tendent à devenir bien trop compliquées à comprendre pour une personne moyenne sans l'aide d'un expert. Tout conflit est résolu par le recours à la lettre de la loi, qui est considérée comme le fin mot de tout. Si quelqu'un se place du point de vue légal, plus rien ne peut lui être opposé ; nul ne lui rappellera que cela pourrait n'en être pas moins illégitime. Impensable de parler de contrainte ou de renonciation à ces droits, ni de demander de sacrifice ou de geste désintéressé : cela paraîtrait absurde. On n'entend pour ainsi dire jamais parler de retenue volontaire : chacun lutte pour étendre ses droits jusqu'aux extrêmes limites des cadres légaux.

J'ai vécu toute ma vie sous un régime communiste, et je peux vous dire qu'une société sans référent légal objectif est particulièrement terrible. Mais une société basée sur la lettre de la loi, et n'allant pas plus loin, échoue à déployer à son avantage le large champ des possibilités humaines. La lettre de la loi est trop froide et formelle pour avoir une influence bénéfique sur la société. Quand la vie est tout entière tissée de relations légalistes, il s'en dégage une atmosphère de médiocrité spirituelle qui paralyse les élans les plus nobles de l'homme.

Et il sera tout simplement impossible de relever les défis de notre siècle menaçant armés des seules armes d'une structure sociale légaliste.

Aujourd'hui la société occidentale nous révèle qu'il règne une inégalité entre la liberté d'accomplir de bonnes actions et la liberté d'en accomplir de mauvaises. Un homme d'Etat qui veut accomplir quelque chose d'éminemment constructif pour son pays doit agir avec beaucoup de précautions, avec timidité pourrait-on dire. Des milliers de critiques hâtives et irresponsables le heurtent de plein fouet à chaque instant. Il se trouve constamment exposé aux traits du Parlement, de la presse. Il doit justifier pas à pas ses décisions, comme étant bien fondées et absolument sans défauts. Et un homme exceptionnel, de grande valeur, qui aurait en tête des projets inhabituels et inattendus, n'a aucune chance de s'imposer : d'emblée on lui tendra mille pièges. De ce fait, la médiocrité triomphe sous le masque des limitations démocratiques.

Il est aisé en tout lieu de saper le pouvoir administratif, et il a en fait été considérablement amoindri dans tous les pays occidentaux. La défense des droits individuels a pris de telles proportions que la société en tant que telle est désormais sans défense contre les initiatives de quelques-uns. Il est temps, à l'Ouest, de défendre non pas temps les droits de l'homme que ses devoirs.

D'un autre côté, une liberté destructrice et irresponsable s'est vue accorder un espace sans limite. Il s'avère que la société n'a plus que des défenses infimes à opposer à l'abîme de la décadence humaine, par exemple en ce qui concerne le mauvais usage de la liberté en matière de violence morale faites aux enfants, par des films tout pleins de pornographie, de crime, d'horreur. On considère que tout cela fait partie de la liberté, et peut être contrebalancé, en théorie, par le droit qu'ont ces mêmes enfants de ne pas regarder er de refuser ces spectacles. L'organisation légaliste de la vie a prouvé ainsi son incapacité à se défendre contre la corrosion du mal. (...)

L'évolution s'est faite progressivement, mais il semble qu'elle ait eu pour point de départ la bienveillante conception humaniste selon laquelle l'homme, maître du monde, ne porte en lui aucun germe de mal, et tout ce que notre existence offre de vicié est simplement le fruit de systèmes sociaux erronés qu'il importe d'amender. Et pourtant, il est bien étrange de voir que le crime n'a pas disparu à l'Ouest, alors même que les meilleures conditions de vie sociale semblent avoir été atteintes. Le crime est même bien plus présent que dans la société soviétique, misérable et sans loi. (...)

La presse, aussi, bien sûr, jouit de la plus grande liberté. Mais pour quel usage ? (...) Quelle responsabilité s'exerce sur le journaliste, ou sur un journal, à l'encontre de son lectorat, ou de l'histoire ? S'ils ont trompé l'opinion publique en divulguant des informations erronées, ou de fausses conclusions, si même ils ont contribué à ce que des fautes soient commises au plus haut degré de l'Etat, avons-nous le souvenir d'un seul cas, où le dit journaliste ou le dit journal ait exprimé quelque regret ? Non, bien sûr, cela porterait préjudice aux ventes. De telles erreurs peut bien découler le pire pour une nation, le journaliste s'en tirera toujours. Etant donné que l'on a besoin d'une information crédible et immédiate, il devient obligatoire d'avoir recours aux conjectures, aux rumeurs, aux suppositions pour remplir les trous, et rien de tout cela ne sera jamais réfuté ; ces mensonges s'installent dans la mémoire du lecteur. Combien de jugements hâtifs, irréfléchis, superficiels et trompeurs sont ainsi émis quotidiennement, jetant le trouble chez le lecteur, et le laissant ensuite à lui-même ? La presse peut jouer le rôle d'opinion publique, ou la tromper. De la sorte, on verra des terroristes peints sous les traits de héros, des secrets d'Etat touchant à la sécurité du pays divulgués sur la place publique, ou encore des intrusions sans vergogne dans l'intimité de personnes connues, en vertu du slogan : « tout le monde a le droit de tout savoir ». Mais c'est un slogan faux, fruit d'une époque fausse ; d'une bien plus grande valeur est ce droit confisqué, le droit des hommes de ne pas savoir, de ne pas voir leur âme divine étouffée sous les ragots, les stupidités, les paroles vaines. Une personne qui mène une vie pleine de travail et de sens n'a absolument pas besoin de ce flot pesant et incessant d'information. (...) Autre chose ne manquera pas de surprendre un observateur venu de l'Est totalitaire, avec sa presse rigoureusement univoque : on découvre un courant général d'idées privilégiées au sein de la presse occidentale dans son ensemble, une sorte d'esprit du temps, fait de critères de jugement reconnus par tous, d'intérêts communs, la somme de tout cela donnant le sentiment non d'une compétition mais d'une uniformité. Il existe peut-être une liberté sans limite pour la presse, mais certainement pas pour le lecteur : les journaux ne font que transmettre avec énergie et emphase toutes ces opinions qui ne vont pas trop ouvertement contredire ce courant dominant.Sans qu'il y ait besoin de censure, les courants de pensée, d'idées à la mode sont séparés avec soin de ceux qui ne le sont pas, et ces derniers, sans être à proprement parler interdits, n'ont que peu de chances de percer au milieu des autres ouvrages et périodiques, ou d'être relayés dans le supérieur. Vos étudiants sont libres au sens légal du terme, mais ils sont prisonniers des idoles portées aux nues par l'engouement à la mode. Sans qu'il y ait, comme à l'Est, de violence ouverte, cette sélection opérée par la mode, ce besoin de tout conformer à des modèles standards, empêchent les penseurs les plus originaux d'apporter leur contribution à la vie publique et provoquent l'apparition d'un dangereux esprit grégaire qui fait obstacle à un développement digne de ce nom. Aux Etats-Unis, il m'est arrivé de recevoir des lettres de personnes éminemment intelligentes ... peut-être un professeur d'un petit collège perdu, qui aurait pu beaucoup pour le renouveau et le salut de son pays, mais le pays ne pouvait l'entendre, car les média n'allaient pas lui donner la parole. Voilà qui donne naissance à de solides préjugés de masse, à un aveuglement qui à notre époque est particulièrement dangereux. (...)

Il est universellement admis que l'Ouest montre la voie au monde entier vers le développement économique réussi, même si dans les dernières années il a pu être sérieusement entamé par une inflation chaotique. Et pourtant, beaucoup d'hommes à l'Ouest ne sont pas satisfaits de la société dans laquelle ils vivent. Ils la méprisent, ou l'accusent de ne plus être au niveau de maturité requis par l'humanité. Et beaucoup sont amenés à glisser vers le socialisme, ce qui est une tentation fausse et dangereuse. J'espère que personne ici présent ne me suspectera de vouloir exprimer une critique du système occidental dans l'idée de suggérer le socialisme comme alternative. Non, pour avoir connu un pays où le socialisme a été mis en oeuvre, je ne prononcerai pas en faveur d'une telle alternative. (...) Mais si l'on me demandait si, en retour, je pourrais proposer l'Ouest, en son état actuel, comme modèle pour mon pays, il me faudrait en toute honnêteté répondre par la négative. Non, je ne prendrais pas votre société comme modèle pour la transformation de la mienne. On ne peut nier que les personnalités s'affaiblissent à l'Ouest, tandis qu'à l'Est elles ne cessent de devenir plus fermes et plus fortes. Bien sûr, une société ne peut rester dans des abîmes d'anarchie, comme c'est le cas dans mon pays. Mais il est tout aussi avilissant pour elle de rester dans un état affadi et sans âme de légalisme, comme c'est le cas de la vôtre. Après avoir souffert pendant des décennies de violence et d'oppression, l'âme humaine aspire à des choses plus élevées, plus brûlantes, plus pures que celles offertes aujourd'hui par les habitudes d'une société massifiée, forgées par l'invasion révoltante de publicités commerciales, par l'abrutissement télévisuel, et par une musique intolérable.

Tout cela est sensible pour de nombreux observateurs partout sur la planète. Le mode de vie occidental apparaît de moins en moins comme le modèle directeur. Il est des symptômes révélateurs par lesquels l'histoire lance des avertissements à une société menacée ou en péril. De tels avertissements sont, en l'occurrence, le déclin des arts, ou le manque de grands hommes d'Etat. Et il arrive parfois que les signes soient particulièrement concrets et explicites. Le centre de votre démocratie et de votre culture est-il privé de courant pendant quelques heures, et voilà que soudainement des foules de citoyens Américains se livrent au pillage et au grabuge. C'est que le vernis doit être bien fin, et le système social bien instable et mal en point.

Mais le combat pour notre planète, physique et spirituel, un combat aux proportions cosmiques, n'est pas pour un futur lointain ; il a déjà commencé. Les forces du Mal ont commencé leur offensive décisive. Vous sentez déjà la pression qu'elles exercent, et pourtant, vos écrans et vos écrits sont pleins de sourires sur commande et de verres levés. Pourquoi toute cette joie ?

Comment l'Ouest a-t-il pu décliner, de son pas triomphal à sa débilité présente ? A-t-il connu dans son évolution des points de non-retour qui lui furent fatals, a-t-il perdu son chemin ? Il ne semble pas que cela soit le cas. L'Ouest a continué à avancer d'un pas ferme en adéquation avec ses intentions proclamées pour la société, main dans la main avec un progrès technologique étourdissant. Et tout soudain il s'est trouvé dans son état présent de faiblesse. Cela signifie que l'erreur doit être à la racine, à la fondation de la pensée moderne. Je parle de la vision du monde qui a prévalu en Occident à l'époque moderne. Je parle de la vision du monde qui a prévalu en Occident, née à la Renaissance, et dont les développements politiques se sont manifestés à partir des Lumières. Elle est devenue la base da la doctrine sociale et politique et pourrait être appelée l'humanisme rationaliste, ou l'autonomie humaniste : l'autonomie proclamée et pratiquée de l'homme à l'encontre de toute force supérieure à lui. On peut parler aussi d'anthropocentrisme : l'homme est vu au centre de tout.

Historiquement, il est probable que l'inflexion qui s'est produite à la Renaissance était inévitable. Le Moyen Age en était venu naturellement à l'épuisement, en raison d'une répression intolérable de la nature charnelle de l'homme en faveur de sa nature spirituelle. Mais en s'écartant de l'esprit, l'homme s'empara de tout ce qui est matériel, avec excès et sans mesure. La pensée humaniste, qui s'est proclamée notre guide, n'admettait pas l'existence d'un mal intrinsèque en l'homme, et ne voyait pas de tâche plus noble que d'atteindre le bonheur sur terre. Voilà qui engagea la civilisation occidentale moderne naissante sur la pente dangereuse de l'adoration de l'homme et de ses besoins matériels.Tout ce qui se trouvait au-delà du bien-être physique et de l'accumulation de biens matériels, tous les autres besoins humains, caractéristiques d'une nature subtile et élevée, furent rejetés hors du champ d'intérêt de l'Etat et du système social, comme si la vie n'avait pas un sens plus élevé. De la sorte, des failles furent laissées ouvertes pour que s'y engouffre le mal, et son haleine putride souffle librement aujourd'hui. Plus de liberté en soi ne résout pas le moins du monde l'intégralité des problèmes humains, et même en ajoute un certain nombre de nouveaux.

Et pourtant, dans les jeunes démocraties, comme la démocratie américaine naissante, tous les droits de l'homme individuels reposaient sur la croyance que l'homme est une créature de Dieu. C'est-à-dire que la liberté était accordée à l'individu de manière conditionnelle, soumise constamment à sa responsabilité religieuse. Tel fut l'héritage du siècle passé.

Toutes les limitations de cette sorte s'émoussèrent en Occident, une émancipation complète survint, malgré l'héritage moral de siècles chrétiens, avec leurs prodiges de miséricorde et de sacrifice. Les Etats devinrent sans cesses plus matérialistes. L'Occident a défendu avec succès, et même surabondamment, les droits de l'homme, mais l'homme a vu complètement s'étioler la conscience de sa responsabilité devant Dieu et la société. Durant ces dernières décennies, cet égoïsme juridique de la philosophie occidentale a été définitivement réalisé, et le monde se retrouve dans une cruelle crise spirituelle et dans une impasse politique. Et tous les succès techniques, y compris la conquête de l'espace, du Progrès tant célébré n'ont pas réussi à racheter la misère morale dans laquelle est tombé le XXème siècle, que personne n'aurait pu encore soupçonner au XIXème siècle.

L'humanisme dans ses développements devenant toujours plus matérialiste, il permit avec une incroyable efficacité à ses concepts d'être utilisés d'abord par le socialisme, puis par le communisme, de telle sorte que Karl Marx pût dire, en 1844, que « le communisme est un humanisme naturalisé. » Il s'est avéré que ce jugement était loin d'être faux. On voit les mêmes pierres aux fondations d'un humanisme altéré et de tout type de socialisme : un matérialisme sans frein, une libération à l'égard de la religion et de la responsabilité religieuse, une concentration des esprits sur les structures sociales avec une approche prétendument scientifique. Ce n'est pas un hasard si toutes les promesses rhétoriques du communisme sont centrées sur l'Homme, avec un grand H, et son bonheur terrestre. A première vue, il s'agit d'un rapprochement honteux : comment, il y aurait des points communs entre la pensée de l'Ouest et de l'Est aujourd'hui ? Là est la logique du développement matérialiste. (...)

Je ne pense pas au cas d'une catastrophe amenée par une guerre mondiale, et aux changements qui pourraient en résulter pour la société. Aussi longtemps que nous nous réveillerons chaque matin, sous un soleil paisible, notre vie sera inévitablement tissée de banalités quotidiennes. Mais il est une catastrophe qui pour beaucoup est déjà présente pour nous. Je veux parler du désastre d'une conscience humaniste parfaitement autonome et irréligieuse.

Elle a fait de l'homme la mesure de toutes choses sur terre, l'homme imparfait, qui n'est jamais dénué d'orgueil, d'égoïsme, d'envie, de vanité, et tant d'autres défauts. Nous payons aujourd'hui les erreurs qui n'étaient pas apparues comme telles au début de notre voyage. Sur la route qui nous a amenés de la Renaissance à nos jours, notre expérience s'est enrichie, mais nous avons perdu l'idée d'une entité supérieure qui autrefois réfrénait nos passions et notre irresponsabilité.

Nous avions placé trop d'espoirs dans les transformations politico-sociales, et il se révèle qu'on nous enlève ce que nous avons de plus précieux : notre vie intérieure. A l'Est, c'est la foire du Parti qui la foule aux pieds, à l'Ouest la foire du Commerce : ce qui est effrayant, ce n'est même pas le fait du monde éclaté, c'est que les principaux morceaux en soient atteints d'une maladie analogue. Si l'homme, comme le déclare l'humanisme, n'était né que pour le bonheur, il ne serait pas né non plus pour la mort. Mais corporellement voué à la mort, sa tâche sur cette terre n'en devient que plus spirituelle : non pas un gorgement de quotidienneté, non pas la recherche des meilleurs moyens d'acquisition, puis de joyeuse dépense des biens matériels, mais l'accomplissement d'un dur et permanent devoir, en sorte que tout le chemin de notre vie devienne l'expérience d'une élévation avant tout spirituelle : quitter cette vie en créatures plus hautes que nous n'y étions entrés.

Il est impératif que nous revoyions à la hausse l'échelle de nos valeurs humaines. Sa pauvreté actuelle est effarante. Il n'est pas possible que l'aune qui sert à mesurer de l'efficacité d'un président se limite à la question de combien d'argent l'on peut gagner, ou de la pertinence de la construction d'un gazoduc. Ce n'est que par un mouvement volontaire de modération de nos passions, sereine et acceptée par nous, que l'humanité peut s'élever au-dessus du courant de matérialisme qui emprisonne le monde.

Quand bien même nous serait épargné d'être détruits par la guerre, notre vie doit changer si elle ne veut pas périr par sa propre faute. Nous ne pouvons nous dispenser de rappeler ce qu'est fondamentalement la vie, la société. Est-ce vrai que l'homme est au-dessus de tout ? N'y a-t-il aucun esprit supérieur au-dessus de lui ? Les activités humaines et sociales peuvent-elles légitimement être réglées par la seule expansion matérielle ? A-t-on le droit de promouvoir cette expansion au détriment de l'intégrité de notre vie spirituelle ?

Si le monde ne touche pas à sa fin, il a atteint une étape décisive dans son histoire, semblable en importance au tournant qui a conduit du Moyen-âge à la Renaissance. Cela va requérir de nous un embrasement spirituel. Il nous faudra nous hisser à une nouvelle hauteur de vue, à une nouvelle conception de la vie, où notre nature physique ne sera pas maudite, comme elle a pu l'être au Moyen-âge, mais, ce qui est bien plus important, où notre être spirituel ne sera pas non plus piétiné, comme il le fut à l'ère moderne.

Notre ascension nous mène à une nouvelle étape anthropologique. Nous n'avons pas d'autre choix que de monter ... toujours plus haut d'avoir une vie meilleure, et la lutte en ce sens, ont imprimé sur de nombreux visages à l'Ouest les marques de l'inquiétude et même de la dépression, bien qu'il soit courant de cacher soigneusement de tels sentiments. ."

Alexandre Soljénitsyne, Le Déclin du courage, Harvard, 8 juin 1978
17 août 2008, 23:03   Kostoglotov
Bien cher Rogemi,


Concernant Soljenitsyne, je ne puis que recommander l'extraordinaire et autobiographique "Pavillon des cancéreux" dans lequel l'auteur apparaît sous le nom d' Oleg Kostoglotov. Cela se passe circa 1955, à Tashkent, et on voit très clairement les tares du régime soviétique.
Utilisateur anonyme
17 août 2008, 23:07   Re : LE DECLIN DU COURAGE
On pourrait presque passer sa vie à ne lire et ne relire que cela...
Utilisateur anonyme
17 août 2008, 23:10   Re : LE DECLIN DU COURAGE
Nota bene : je parlais du discours tenu par Alexandre Soljénitsyne en 1978 à Harvard.
18 août 2008, 00:30   Re : LE DECLIN DU COURAGE
Citation
je ne puis que recommander l'extraordinaire et autobiographique "Pavillon des cancéreux"
Mais je l'ai lu en 1968 , cher Jmarc. Néanmoins je dois avouer que j'étais trop jeune à l'époque pour saisir la profondeur politique de ce roman. Par contre j'avais été impressionné par l'analyse incisive de la psychologie des différents protagonistes de l'histoire. Le Pavillon des cancéreux est une très grande oeuvre.

A relire d'urgence.
18 août 2008, 07:42   Re : LE DECLIN DU COURAGE
Plutôt que de lire et relire ce que S. disait en 1978, il serait intéressant de considérer ce qui s'est passé depuis lors. Le mouvement général, s'il pouvait être saisi dans sa complexité en quelques mots serait de dire qu'il y a euprise en charge non pas progressive mais brutale, de la spiritualité défaite par le matérialisme, et que cette prise en charge a été massivement le fait de l'Islam. Encore une fois (je crois l'avoir dit à propos de ce à quoi l'on assiste en Malaisie avec le nouveau matérialisme indien il y a quelques mois), on a la spiritualité qu'on mérite: un monde devenu sauvage et en dénégation totale de son besoin spirituel enfante, en fait de spiritualité, un monstre enragé qui s'oppose à lui, certes, mais qui surtout en est le pendant - une spiritualité aussi fausse, forgée, fabriquée, illusoire, vide, artificielle, grossièrement pauvre , grossièrement mondiale et terriblement violente que lui, le monde matériel, est faux, forgé, fabriqué, illusoire, vide, artificiel, grossièrement pauvre, grossièrement mondial et terriblement violent.

La spiritualité chrétienne (celle du Moyen-Age et de la Renaissance) qui eut longtemps à combattre non le noir matérialisme dénoncé par S. mais le paganisme des populations, se distinguait en faisant contraste avec la violence des territoires mondains; tandis que l'Islamisme, qui combat tout à la fois le matérialisme et la chrétienté (ou son ombre/image rémanente), superpose sa vision du monde, des populations, des territoires, à celle des décideurs membres du G8. L'Islam défie les principautés avec leurs armes. Sa manière ne fait nullement contraste avec celle des principautés et puissances transnationales modernes. Usant des mêmes armes qu'elles, les bombes et les assassinats, des mêmes grandes cartes géographiques où les populations conquises et à conquérir apparaissent en glacis monochromes, il s'effondrera avec elles, avec la même brutalité et le même fracas qui l'ont vu naître jadis et s'imposer aujourd'hui.
Utilisateur anonyme
18 août 2008, 08:28   Re : LE DECLIN DU COURAGE
Oui Francis, mais bien avant "le retour de l'islam" il faut (fallait) considerer avec davantage de sérieux la rapide montée en puissance de "la dementia praecox de l'occultisme généralisé" (Muray), je veux parler de la théosophie, de tout cet occultisme de bazar (plus tard le "new age"), qui, à partir du XIXème, commença de prospérer sur les décombres de la déesse Raison. La "séduction de l'islam" (je parle pour les Occidentaux) s'inscrit donc dans une longue et profonde réaction "contre la matière" ; ce qui n'empêche pas l'islam, lui aussi, d'être violemment matérialiste.
Utilisateur anonyme
18 août 2008, 08:40   Re : LE DECLIN DU COURAGE
"il s'effondrera avec elles, avec la même brutalité et le même fracas qui l'ont vu naître jadis et s'imposer aujourd'hui."

Oui, enfin ça fait des lustres que les religions, et pas seulement l'islam, doivent disparaître... non ? - Je crois au contraire que la permanence de l'islam, son "retour", souligne cruellement la même présence incontournable, et indestructible, de l'archaïsme au coeur des sociétés, et de l'humain.
Citation
il s'effondrera avec elles, avec la même brutalité et le même fracas qui l'ont vu naître jadis et s'imposer aujourd'hui.
L'éffondrement risque de durer pas mal de temps, cher Francis, quand on voit le virage que la Chine et l'inde ont pris.

A propos de disparition de toute spiritualité il faut aussi lire un autre texte de S. Men Have forgotten God
Utilisateur anonyme
18 août 2008, 13:13   Re : LE DECLIN DU COURAGE
"il s'effondrera avec elles, avec la même brutalité et le même fracas qui l'ont vu naître jadis et s'imposer aujourd'hui."

Allez Francis, donnez-nous une date... !, en gros, même en très gros, c'est pour quand ?...
Je vous ai dit qu'il s'effondrera avec brutalité et fracas, et j'ajoute avec célérité, comme tout ce qui est faux, toc et circonstanciel, en gros, comme l'Union soviétique, qui dans les années 1970 devait durer encore 300 ans.

Personne ne peut poser d'échéance à ce qui tombe ainsi. La lente décrépitude, l'érosion, le délitage progressifs peuvent se prêter à des estimations d'échéances; ce n'est pas le cas de ce qui montre une apparente vigueur, s'affirme invincible, etc. On sait seulement que la soudaineté, la célérité et la violence de l'implosion sont généralement proportionnelles à la grossièreté du mensonge.
Ces deux régimes, qui paraissaient a priori forts (l'un, autocratique, avait ses cosaques ; l'autre une administration réputée) avaient, avec l'islam, un point commun : une impossibilité totale d'envisager de façon concrète la modernité tout en voulant persister à régenter la vie des gens dans les moindres détails. L'intelligence du christianisme, du judaïsme et, je pense, du shintoïsme fut de comprendre qu'à vouloir ne rien céder, ne rien lacher, on serait emporté par le flot.

Qui, en 1913, aurait imaginé une Russie sans le Tsar ? qui, en 1913, aurait imaginé qu'il ne resterait plus, en 1919, de l'Autriche qu'un petit territoire ?

Pour aller dans le sens de Francis, je prendrai une comparaison "mécanique" : plus une structure est rigide, plus elle semble fiable, et plus elle passe rapidement du "totalement solide" au "parfaitement brisé".
Utilisateur anonyme
18 août 2008, 15:35   Re : LE DECLIN DU COURAGE
Cher Francis,


Vous serez peut-être d'accord avec moi pour dire que l'essentiel de l'être, ce qui fait la différence entre l'homme et les autres êtres vivants, c'est la dimension religieuse. On peut dire, en effet, que l'islam est /aussi/ une idéologie (comme le communisme), mais c'est avant tout une religion, et l'"homo religiosus" (ici "homo islamicus"), lui, ne peut disparaître. "Homo religiosus", c'est pour moi presque un pléonasme, car je ne peux concevoir l'homme comme totalement "a-religieux".
18 août 2008, 15:46   Re : LE DECLIN DU COURAGE
Mais dites-nous, cher M. Orsoni, et cela sans vouloir vous brusquer: seriez-vous devenu chrétien? Pour ma part j'avais toujours considéré que vous faisiez partie de l'aile néo-paienne sur ce forum?
Utilisateur anonyme
18 août 2008, 15:50   Re : LE DECLIN DU COURAGE
"je prendrai une comparaison "mécanique" : plus une structure est rigide, plus elle semble fiable, et plus elle passe rapidement du "totalement solide" au "parfaitement brisé".

Cher Jmarc je suis d'accord avec vous. Sauf que l'islamisme, par exemple, montre que le pire des archaïsmes peut aisément épouser la modernité.
18 août 2008, 16:06   Re : LE DECLIN DU COURAGE
Si le christianisme n'était aussi dévoyé, il apparaîtrait tel qu'il est vraiment, une anti-religion.
Utilisateur anonyme
18 août 2008, 16:09   Caduta maxima
"Sauf que l'islamisme, par exemple, montre que le pire des archaïsmes peut aisément épouser la modernité."

Il me semble que Francis prend en compte ce phénomène quand il écrit : "L'Islam défie les principautés avec leurs armes. Sa manière ne fait nullement contraste avec celle des principautés et puissances transnationales modernes. Usant des mêmes armes qu'elles, les bombes et les assassinats, des mêmes grandes cartes géographiques où les populations conquises et à conquérir apparaissent en glacis monochromes, il s'effondrera avec elles, avec la même brutalité et le même fracas qui l'ont vu naître jadis et s'imposer aujourd'hui."

Il semble en effet que pronostiquer la chute de l'Islam, c'est pronostiquer aussi celle de la modernité contemporaine (si j'ose dire). On mesure d'ici le rayonnement de la-dite chute...
Utilisateur anonyme
18 août 2008, 16:11   Re : LE DECLIN DU COURAGE
Cher Rogemi je vais vous décevoir, je ne suis qu'un simple "homo religiosus" sans religion... J'aime surtout l'idée jungienne des survivances archaïques dans l'inconscient de l'homme moderne, aussi je vois dans "le retour de l'islam" comme un puissant surgissement, une violente remontée, de certaines survivances archaïques.
Utilisateur anonyme
18 août 2008, 16:14   Re : LE DECLIN DU COURAGE
Oui, cher Orimont, mais le problème, avec Francis, c'est qu'il a toujours déjà tout pris en compte... !
18 août 2008, 16:27   Re : LE DECLIN DU COURAGE
Citation
Cher Rogemi je vais vous décevoir, je ne suis qu'un simple "homo religiosus" sans religion...
Mais non, cher M. Orsoni, vous ne me decevez en aucune maniére. Bien au contraire je suis rassuré car j'ai eu quelques instants un doute sur vos convictions. Je me suis demandé: serait-il devenu chrétien- ai-je la berlue ou non?

Non mon intuition était juste. Pour ce qui est de Jung rappellez-vous qu'il considérait le catholicisme comme la seule religion praticable. Ce qui est assez caustique quand on sait qu'il n'a jamais fait partie d'aucune confession.
18 août 2008, 16:29   Re : LE DECLIN DU COURAGE
Cette impossible "a-religion" a été la gageure de la modernité. La modernité nord-américaine est celle de l'utopie a-religieuse ayant pour théâtre expérimental un monde suburbain sans église où les hommes vivraient comme des silhouettes dans des bleus d'architecte. Cette compression, cette machine à faire le vide spirituel par compression qu'est la banlieue idyllique a réussi vingt à trente ans en Amérique, un peu moins longtemps chez nous (dès la fin des années 60) elle montrait des ratés (cf le film Deux ou trois choses que je sais d'elle, 1966). Aujourd'hui les "barbus" en sortent, s'y multiplient comme en des pépinières; on y recrute pour le Djihad. Normal: de la pépinière du vide spirituel sort une spiritualité vide qui, autour d'elle et partout où elle se propagera annonce sa vocation à faire le vide!
Cher Rogemi,

Dans une lettre de C. G. Jung au Dr Paul Maag, datée du 20 juin 1933 ("Correspondance I, 1906-1940", ed. Albin Michel, p. 176), j'avais souligné ceci :

"[...] La foi est extrêment subjective, vous vous en rendrez compte au fait que je ne crois absolument pas que le christianisme soit la seule et la plus haute manifestation de la vérité. Le bouddhisme renferme au moins autant de vérité et les autres religions aussi. Si j'avais par exemple le choix entre l'Eglise orthodoxe et l'islam, je préférerais l'islam. Si vous invoquez la foi, les autres invoquent "leur" foi. Il n'y a pour vider cette querelle qu'une guerre de religion, mais aucune possibilité de discussion réelle."
Utilisateur anonyme
18 août 2008, 17:10   Re : "Le temple du football"
Oh, le terme de religion..... Comment l'entendez-vous ? Ce nom renvoie à des réalités bien différentes et bien vagues :
Citation

La religion est une conviction corroborée par un ensemble de rites, croyances, règles éthiques ou pratiques, voire de dogmes, adoptés par une société, un groupe ou une personne.
La religion est le plus souvent en rapport avec une notion de divinité ou de réalité transcendante, cependant il existe des religions de forme athée. Toutefois, le terme religion naturelle désigne une doctrine qui s'appuie sur les seules inspirations de la raison et du cœur.

Les religions ont toujours occupé une place importante dans la culture des sociétés humaines. Leurs relations réciproques sont bien souvent complexes, voire inextricables.

On désigne souvent par religion les pratiques et rituels d'une communauté sociale. Par extension, certaines pratiques générant des cultes, des adorations et des dogmes, prennent une valeur de religion et entraînent l'usage d'un vocabulaire religieux, par exemple : « le temple du football ».

A propos, cher Rogémi, quel est le nom de l'autre aile qui bat en mesure avec l'aile du néo-paganisme : l'aile de la laïcité ?
Citation

La spiritualité définit l'élan de l'âme ou l'ensemble de croyances, de pratiques et d’études qui traitent de l’être vivant en relation avec sa nature essentielle, son âme ou son esprit, par opposition à ses besoins matériels ou à ses ambitions "mondaines" (terrestres).
Oui, si les religions sont mortelles, l'élan de l'âme demeure...
Je me souviens d'une nouvelle de Claude Seignolle (est-il encore lu aujourd'hui, ce merveilleux conteur populaire de nouvelles magiques, souvent nées dans les bocages et les campagnes reculées de France ?) dans laquelle un voyageur au XXème siècle découvrait, sur une île, les anciens dieux de la Grèce qui agonisaient, car leur "vie" dépendait du nombre de croyants qui les invoquaient.
18 août 2008, 18:15   Re : LE DECLIN DU COURAGE
Citation
datée du 20 juin 1933

Cher Corto,

Je ne vais pas aller à la recherche des textes de CG Jung dans lesquels il fait l'éloge du catholicisme car le temps et l'envie me manquent. Jung était fasciné par la symbolique sous toutes ses formes et le rituel catholique ne pouvait pas le laisser indifférent. D'ailleurs la lettre que cite M. Orsoni date de 1933. Beaucoup d'eau a coulé sous les ponts jusqu'à sa mort.

Comment caractériser l'aile néo-paienne?
C'est assez simple. Il suffit au fil des années de scruter ce que les différents liseurs nous proposent comme extraits, textes, références, recommandations de lecture, réflexions personnelles, etc...

Il ne faut pas généraliser mais on peut partir du principe que les lecteurs de Nietzsche, d'Alain de Benoist, Heidegger, etc... appartiennent à l'aile néo-paienne.

Quand Mr. Orsoni écrit:
"J'aime surtout l'idée jungienne des survivances archaïques dans l'inconscient de l'homme moderne, aussi je vois dans "le retour de l'islam" comme un puissant surgissement, une violente remontée, de certaines survivances archaïques." Cela pourrait sortir directement d'un article de la revue Elements ou Nouvelle Ecole.

Bien sûr il ne s'agit ici que de suppositions car la plupart des liseurs avancent masqués.

En ce qui vous concerne je crois pouvoir dire que vous êtes athée comme la majorité des participants à ce forum et que par conséquent l'aile laic constitue le plus gros bataillon de liseurs.
18 août 2008, 18:38   Re : LE DECLIN DU COURAGE
Quant à Jung, il peut amuser un temps l'imagination, mais tout était bon pour alimenter la bourse de Fortunatus de son prétendu « inconscient collectif », même et surtout une lecture sommaire des orientaux...
Utilisateur anonyme
18 août 2008, 18:48   Pieuse, sportive et française gestuelle
En attendant, on aura pu voir, cet après-midi, le médaillé d'argent du 3000 steeple (au demeurant plutôt sympathique) se servir du drapeau français comme d'un tapis de prière pour remercier le ciel. D'une façon générale, les sportifs musulmans se prosternent dès lors qu'ils obtiennent une médaille.

Un peu plus tôt cependant, un autre Français, boxeur, prénommé Khedafi, après l'avoir emporté sur un Mexicain, s'est lui aussi rapidement prosterné puis, quelques minutes après, il a exécuté, sur lui-même, on ne sait trop à l'adresse de qui (son futur adversaire ?) le geste rageur de trancher la gorge. C'était charmant.
Cher Rogemi, je ne vous suis pas du tout dans votre tentative divinatoire de classification des croyances ou incroyances de chacun en fonction des lectures dont il fait état; ou alors il faudrait envisager que les liseurs-lecteurs de ce forum ne lisent que ce qui ressortit à leurs convictions, et ce serait bien triste (et bien surprenant).
18 août 2008, 20:08   Re : LE DECLIN DU COURAGE
Au fait, quelqu'un pourrait-il rappeler la raison de la prévalence, que je n'ai jamais comprise, de ce terme de « liseur » dans ce forum ?
Utilisateur anonyme
18 août 2008, 20:58   Re : LE DECLIN DU COURAGE
La classification de Rogémi est totalement pertinente en ce qui me concerne.
18 août 2008, 21:33   Re : LE DECLIN DU COURAGE
Citation
Cher Rogemi, je ne vous suis pas du tout dans votre tentative divinatoire de classification des croyances ou incroyances

Qui parle de classification?
Je me suis adressé uniquement à Mr. Orsoni qui fréquente ce forum depuis une éternité. Quant à Mr. Corto ses prises de position sont connues et il n'a jamais caché à quelle chapelle il appartenait.

En ce qui vous concerne, cher Francmoineau, je ne permettrais jamais de faire le moindre pronostic sur vos croyances ou incroyances.

Il est bien sûr évident que la lecture de certains auteurs n'implique nullement que l'on appartienne à la confession X ou Y. Seule la manière d'utiliser ses lectures et de les présenter sous un angle particulier permet de faire des déductions [mais pas toujours] sur les opinions auxquelles une personne est ou semble attachées.
Bien cher Rogemi,


Vous nous indiquez que la majorité des liseurs serait athée.

Je n'en suis pas certain. L'athéisme a, de mon point de vue, un côté militant. Il se peut très bien qu'il y ait un certain nombre d'agnostiques, et je crois, à avoir lu depuis bien longtemps les interventions, qu'il y a chez certains un tel intérêt pour le religieux qu'il ne peut se concevoir qu'avec une spiritualité.

Par ailleurs, on peut être croyant et laïque : j'ai une religion, mais je considère qu'elle doit s'occuper de Dieu, et non de César.
18 août 2008, 21:59   Re : LE DECLIN DU COURAGE
Citation
Vous nous indiquez que la majorité des liseurs serait athée.

Ma très longue fréquentation de cette plateforme me permet d'exprimer -sans honte - cette opinion.

Cependant mon allégation est purement intuitive et n'a pas le moindre fondement scientifique ou statistique.
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