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Croissance à la matraque, par Hervé Kempf

Envoyé par Renaud Camus 
Croissance à la matraque, par Hervé Kempf (Le Monde)

Le premier jet de gaz lacrymogène lancé par le gouvernement socialiste aura donc visé des paysans et des écologistes : jeudi 21 juin, les gendarmes ont tiré à Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) des grenades sur des opposants au projet d'aéroport. Mercredi 20 juin, d'ailleurs, les forces de l'ordre avaient évacué à Chefresne (Manche) un local pourtant loué par le maire à des opposants au projet de ligne électrique du réacteur EPR en construction à Flamanville. Jeudi, on apprenait que l'exploration de pétrole au large de la Guyane serait autorisée, alors que la ministre de l'écologie, Nicole Bricq, avait souhaité la mise à plat du dossier. Ex-ministre, au demeurant, puisque Mme Bricq a été délogée le même jour par surprise lors du remaniement, le ministère de l'écologie étant confié à une jeune femme, Delphine Batho, talentueuse mais aussi ignorante des dossiers de l'écologie - à l'exception de celui des OGM - que démunie d'expérience ministérielle.

Voilà donc des débuts fracassants pour la politique écologique du premier ministre, M. Ayrault. La couleur est annoncée - notamment pour le débat à venir sur l'énergie : les intérêts des grandes entreprises sont prioritaires. Et l'objectif qui détermine tout, comme l'explique une parlementaire PS écologiste (cela existe), " c'est de faire des points de croissance ". Du béton pour les aéroports et pour les centrales nucléaires, c'est de la croissance, donc, vive le béton.

Les dirigeants français, hélas, ne font que refléter la pensée des classes dominantes de tous les pays, qui s'est exprimée à Rio. Contrairement à ce que l'on pense, il s'est passé quelque chose au Sommet de Rio : la victoire de l'idéologie croissanciste sur l'approche écologiste. Ce triomphe est inscrit dans la déclaration finale, adoptée vendredi 22 juin, où le mot qui revient le plus fréquemment est " croissance " (vingt-quatre occurrences). Le seul engagement pris dans l'introduction, intitulée " Notre vision commune ", est celui-ci : " Nous nous engageons à travailler ensemble en faveur d'une croissance économique durable. "

Ni le changement climatique ni la biodiversité ne sont cités dans cette introduction. Plus loin seulement, on lit : " Nous reconnaissons que les changements climatiques sont à l'origine d'une crise transversale et persistante. " Le nouveau développement durable ? Croissance über alles. Vous n'êtes pas d'accord ? Matraque et gaz lacrymogènes.

par Hervé Kempf
Utilisateur anonyme
23 juin 2012, 16:58   Re : Croissance à la matraque, par Hervé Kempf
Vite, croassons !
Utilisateur anonyme
23 juin 2012, 16:59   Re : Croissance à la matraque, par Hervé Kempf
En fin de compte, ils ont bien fait d'engager un dur à l'Intérieur, vu le travail de répression qu'il faut faire...
Citation
Hervé Kempf
Contrairement à ce que l'on pense, il s'est passé quelque chose au Sommet de Rio : la victoire de l'idéologie croissanciste sur l'approche écologiste. Ce triomphe est inscrit dans la déclaration finale, adoptée vendredi 22 juin, où le mot qui revient le plus fréquemment est " croissance " (vingt-quatre occurrences). Le seul engagement pris dans l'introduction, intitulée " Notre vision commune ", est celui-ci : " Nous nous engageons à travailler ensemble en faveur d'une croissance économique durable. "

Ni le changement climatique ni la biodiversité ne sont cités dans cette introduction. Plus loin seulement, on lit : " Nous reconnaissons que les changements climatiques sont à l'origine d'une crise transversale et persistante. " Le nouveau développement durable ? Croissance über alles. Vous n'êtes pas d'accord ? Matraque et gaz lacrymogènes.

Sur cette "croissance à la matraque", les éclairages de Georges Corm sont appréciables, extraits :


« Dans le cadre d’une culture économique qui continue de vanter l’ère de l’opulence, en dépit de tous les dangers qu’elle couve en son sein, il n’est pas raisonnable de penser que les nouveaux pays industrialisés dont certains sont des géants démographiques, tels que la Chine, l’Inde ou le Brésil, vont abandonner leur aspiration à rejoindre le niveau de vie des pays anciennement industrialisés. Au nom de quelle logique ou de quelle morale les Etats-Unis et les pays de l’Union européenne pourront-ils leur demander de réduire le rythme de leur « rattrapage » économique ? Ce groupe de pays ne se donne-t-il pas toujours en modèle de développement, politique, économique et social à suivre ? Peut-on les imiter, mais sans qu’il soit permis de rejoindre leur mode de vie et leur niveau de consommation, alors que la consommation toujours plus effrénée a été le moteur de l’ « opulence » dont ils jouissent ? (…)


Compte tenu de la force du pouvoir mondialisé, il ne fait pas de doute que le changement ne sera pas simple, d’autant que le système universitaire continue chaque année de fournir dans tous les pays des contingents de nouvelles recrues formées selon le même moule idéologique. (…)

Friedrich Hayek ou Milton Friedman, qui ont élaboré les livres saints du néolibéralisme, ont ainsi jeté aux orties toutes les bases de la morale et de l’éthique développées par certains grands penseurs de la Renaissance, puis les philosophes des Lumières. (…)
Dans la pensée nouvelle qu’ils ont instituée, l’omnipotence des marchés dits « libres » où sont censés s’exprimer sans contrainte les intérêts matériels étroits et égoïstes de l’homo oeconomicus, est venue remplacer la morale et l’éthique qui, de Montaigne à Kant, ont ouvert l’esprit humain à la tolérance, l’acceptation des différences et la recherche de règles de conduites morales à l’intérieur des sociétés comme entre elles. (…)

L’aspect totalitaire de cette idéologie ne saurait nous échapper, même si l’utopie du bienfait des marchés libres ne prend évidemment pas le même aspect directement repoussant que celui des fascismes et totalitarismes européens du XXe siècle. Ni goulag, ni camps de la mort ne caractérisent l’application de la globalisation économique. Mais nous assistons partout à une désintégration des liens sociaux, à la disparition de la cohérence des espaces géographiques sur lesquels les sociétés se sont historiquement construites et développées et à des déstructurations urbaine massives ; enfin à un bouleversement des statuts sociaux partout dans le monde et à des niveaux de richesse et de pauvreté qui ne sont plus légitimés que par l’idéologie « mondialisatrice ». (…)

Nous avons suffisamment décrit la dégénérescence académique qui a frappé l’enseignement de l’économie et de la gestion des affaires et du commerce. Sans une refonte des programmes et de la structure mondialisée des diplômes dans ces domaines, tout changement des mentalités économiques restera impossible. L’armée de privilégiés que produit le monde académique par les centaines de milliers de diplômés de « gestion des affaires » attribués chaque année fournit en permanence des bataillons de défenseurs acharnés de la globalisation, que l’on retrouve à tous les postes clés du pouvoir mondialisé. (…)»

Georges Corm, Le nouveau gouvernement du monde. Idéologies, structures, contre-pouvoirs, La Découverte, 2010, pp. 275-284.
Je ne pense pas pouvoir être suspecté de bienveillance pour le Gouvernement actuel.

Je reconnais cependant bien volontiers qu'il a su comprendre ses premières erreurs sur trois questions importantes :

- le symbolique aérodrome de Notre-Dame-des-Landes, qui a fait l'objet de toutes les concertation possibles et imaginables, et qui est bloqué par quelques emmerdeurs tonitruants (noter que pour ces gens, la démocratie, c'est suivre leur avis, non celui des élus) ;

- le nucléaire (la CGT disait justement, avant d'entrer en frénésie, que les écologistes voulaient ramener la France au temps de la lampe à huile et de la marine à voile) ;

- les forages pétroliers au large de la Guyane. Je préfère que quelques vagues poissons tropicaux, au demeurant immangeables, se retrouvent le ventre en l'air, que dépendre des émirs, qataris ou autres.

On peut, évidemment, prendre la position contraire. Cela suppose que l'ordinateur sur lequel on tape à l'instant reçoive son énergie par les coups de pédale que donnent nos jambes, jambes musclées car nous ne marchons plus qu'à pied, vêtus de peaux de bêtes car on se gèle l'hiver.
Je dois avouer — sans même être soumis à la question — que je partage ce dernier point de vue de Jean-Marc.
Et puis, n'oublions pas que seul un gouvernement socialiste a su donner les blindés contre des grévistes (routiers), en 1992... Voilà qui devrait apaiser Jean-Marc.
Orimont,


Je déteste le communisme et le gauchisme globalement, et je ne critique le socialisme que sur certains aspects. Je suis surtout un ami de l'ordre, des forces de l'ordre et même de l'ordre armé.

Je dois reconnaître qu'en matière d'ordre public, les socialistes furent souvent et seront encore, je l'espère, efficaces. Je ne penserais pas spontanément à cet épisode des routiers mais plutôt à la façon dont Jules Moch brisa les grèves insurrectionnelles fomentées par les séparatistes à la solde de Moscou.

Je trouve que M. Valls est quelqu'un de très bien, dans cette lignée.

J'abhorre les manifestants pleurnichards professionnels du style Bové et consorts, et si les faucheurs volontaires ou les "jeunes" se font remettre les idées en place à grands coups de tonfas, j'en serai bien content.
Citation
J'abhorre les manifestants pleurnichards professionnels du style Bové et consorts, et si les faucheurs volontaires ou les "jeunes" se font remettre les idées en place à grands coups de tonfas, j'en serai bien content

Ah pour ce coup-là, mais une fois n'est pas coutume, je suis pleinement d'accord avec Jean-Marc.
Citation
Jean-Marc

- le symbolique aérodrome de Notre-Dame-des-Landes, qui a fait l'objet de toutes les concertations possibles et imaginables, et qui est bloqué par quelques emmerdeurs tonitruants (noter que pour ces gens, la démocratie, c'est suivre leur avis, non celui des élus) [...]

J'avoue avoir toujours une tendresse de coeur pour les opposants au bétonnage de la campagne, démocratie ou non (je me moque bien de savoir, quand un paysage disparaît en fumée, quand il est destiné à n'être plus qu'un souvenir lui-même voué à s'effacer, si la démocratie a bien fonctionné). De toute façon (quand bien même protesteraient-ils en se fondant sur des idées opposées aux miennes (si tant est que j'en aie de bien arrêtées), ils me restent sympathiques), ces emmerdeurs-là, comme vous dites, sont toujours de grands perdants, cela devrait vous rassurer.
Citation
Jean-Marc
Je ne pense pas pouvoir être suspecté de bienveillance pour le Gouvernement actuel.

Je reconnais cependant bien volontiers qu'il a su comprendre ses premières erreurs sur trois questions importantes :

- le symbolique aérodrome de Notre-Dame-des-Landes, qui a fait l'objet de toutes les concertation possibles et imaginables, et qui est bloqué par quelques emmerdeurs tonitruants (noter que pour ces gens, la démocratie, c'est suivre leur avis, non celui des élus) ;

- le nucléaire (la CGT disait justement, avant d'entrer en frénésie, que les écologistes voulaient ramener la France au temps de la lampe à huile et de la marine à voile) ;

- les forages pétroliers au large de la Guyane. Je préfère que quelques vagues poissons tropicaux, au demeurant immangeables, se retrouvent le ventre en l'air, que dépendre des émirs, qataris ou autres.

On peut, évidemment, prendre la position contraire. Cela suppose que l'ordinateur sur lequel on tape à l'instant reçoive son énergie par les coups de pédale que donnent nos jambes, jambes musclées car nous ne marchons plus qu'à pied, vêtus de peaux de bêtes car on se gèle l'hiver.

Le problème est plus global et grave que ces éléments presque anecdotiques.

Il s'agit des milliards d'individus désirant, légitimement, jouir des biens et services comme nous le faisons depuis des décénnies.

Seulement le monde est un espace fini avec des ressources limitées, si nous ne souhaitons pas réfréner notre modèle de consommation alors il faudra s'interroger sur le nombre idéal d'habitants sur la cité-monde, comme nous l'invitait déjà à le faire R.Aron il y a 50 ans :

"D'ici un siècle, auront-ils décidé en commun la limite raisonnable de peuplement, faute de quoi ils seront confrontés par la menace d'un surpeuplement qui ranimerait une lutte pour les ressources, les matières premières, l'espace lui-même, lutte auprès de laquelle les guerres du passé sembleraient dérisoires ? Enfin et par-dessus tout, les hommes seront-ils assez proches les uns des autres dans leurs systèmes de croyances et de valeurs pour tolérer les différences de culture, de même que les membres d'une même unité politique tolèrent les différences entre les provinces ?".
Raymond Aron, Paix et guerre entre les nations, Calmann-Lévy,1962, pp.768-769.
Mais enfin, Stéphane, si je comprends bien la philosophie de l'In-nocence, la démocratie et le fonctionnement républicain, dans le sens de la Vème République, sont essentiels dans sa vision du monde.

Les choses, une fois de plus, ne sont pas compliquées :

- soit on considère qu'on est dans un univers de droit, qu'il y a des règles de majorité et de procédures, et que, lorsque ces règles ont été pleinement respectées et les voies de recours épuisées, ces décisions s'imposent à tous ;

- soit on considère que les règles sont faites pour être bafouées, que la démocratie représentative est un leurre (pour plusieurs raisons : les Français sont des cons ; les politiciens sont des vendus ; les lobbys lobbyent ; on nous cache des choses ; on nous ment) et qu'on peut donc faucher volontairement et occuper des terrains jusqu'à la nuit des temps, et ce avec les félicitations du jury.

Stéphane, on ne peut pas dire "le peuple a du bon sens, il souffre du Grand Remplacement, écoutez-le quand il parle de sécurité et d'immigration, sortez de votre tour d'ivoire parisienne" et en même temps "ce peuple ne pense qu'à lui, voyez son bétonnage et ses odieux lotissements, voyez ces forages en Guyane, il a l'impudence de vouloir un pétrole sûr et moins cher".

Je rejette en bloc RESF, Hessel, le GISTI, la CIMADE, Golias, le DAL, les Faucheurs, Greenpeace, Robins des toîts, Sea Shepard et autres avatars des Khmers verts. Je comprends mal qu'on en accepte certains et en rejette d'autres, je suis en effet un vieux con de Français de souche conservateur, je n'ai aucune imagination.
je suis en effet un vieux con de Français de souche conservateur, je n'ai aucune imagination.

Mais non, vous n'êtes pas si conservateur que ça, cher Jean-Marc.
Jean-Marc, vous me faites penser à ce qu'écrit souvent Renaud Camus, sur le fait que tout le monde est toujours d'accord pour regretter l'enlaidissement généralisé, le bétonnage du territoire, mais qu'au fond parmi cette masse de personnes en accord sur ce point une proportion infime de personnes se sentent profondément atteints et éprouvent une véritable peine, un poids au coeur, devant le massacre que chacun s'accorde à déplorer.
Notons qu'à l'incohérence de Stéphane Bily (démocrate par intermittence observe Jean-Marc) correspond l'incohérence symétrique de l'oligarchie, démocrate pour détruire la nature mais anti-démocrate pour détruire les peuples. Au fond, Stéphane Billy est aussi cohérent que l'oligarchie.

L'humanité a désacralisé ce qui est donné (mort des dieux) puis détrôné celui qui donne (mort de Dieu) pour entrer dans l'ère de la croissance (sans besoin d'Horloger). Allah s'accommode très bien de la croissance qu'Il n'interdit pas. La décroissance ne se profile donc pas à l'horizon. Jean-Marc a raison, il faut faire avec la croissance.

Reste-t-il à confisquer la croissance par l'impôt ? Non, la collectivisation de la croissance ne signifie pas son "verdissement". Les écolos sont plus rouges que verts.

Reste-t-il à orienter la croissance par des normes ? Cette option, la meilleure, ne contrarie ni la libre entreprise ni la bureaucratie. Le projet de raccourcir et réduire les échanges, autrement dit l'autonomie économico-écologique locale et nationale, rencontre heureusement le projet démocratique d'autonomie collective.

Si la croissance verte souffre du déclin de la démocratie, la décroissance réclame rien moins qu'une renaissance de la civilisation et donc une réforme fondamentale des institutions politiques pour que l'idée de décroissance ait un début d'application, pour que Stéphane Bily paraisse ce qu'il est, cohérent, démocrate seulement quand il faut l'être, pour que tout le monde éprouve "une véritable peine, un poids au coeur, devant le massacre que chacun s'accorde à déplorer."

(Pardon, cher Stéphane Bily, de vous avoir, par désir d'être clair, un peu traité comme si vous n'étiez pas aussi et d'abord destinataire de ce message.)
Stéphane,

Le paysage français a été créé par la main du paysan, tout comme l'ensemble des paysages européens.

J'écoutais récemment sur la BBC une excellente émission sur l'évolution du paysage anglais durant les Temps modernes, c'était très éclairant (le déboisement, les différentes approches entre tenants des parcelles closes et des champs ouverts).

L'Occident a toujours été dans une logique de progrès technique, une logique de conquête de l'espace, de conquête du monde. C'est la civilisation de la charrue, qui éventre la terre et la retourne. C'est celle du paysan qui trime, de l'ouvrier qui trime, et du paysan et de l'ouvrier qui progressent et deviennent bourgeois, petits peut-être, mais bourgeois.

L'idéal est d'exploiter l'espace, pas de chasser avec des faucons dans des paysages magnifiques que parcourent quelques vagues chameaux (là, c'est sûr, nul hangar ne trouble le regard), ni de vivre chichement de brûlis en zone tropicale. C'est que l'occident est la terre des sociétés qui bossent, pas celle des sociétés de la palabre et du caoua qu'on fait durer des heures car on n'a pas les moyens de s'en payer deux.

Il faut, bien sûr, qu'il y ait des limites : c'est en cela que nos sociétés démocratiques (et elles étaient, du point de vue de l'administration locale, déjà démocratiques sous l'ancien régime, on l'oublie trop) disent ce qu'on peut faire et ne pas faire, pour le bien commun. Cela a toujours été comme ça en Europe. Vous avez vu, par exemple, que les Parisiens ont, démocratiquement, rejeté les grands axes prévus dans Paris, ou que la protection de nos rivières a fait de grands pas.

Alors, plutôt que de déplorer tout et tout et tout, et singulièrement ce qui peut nous redonner un peu d'indépendance par rapport à ces Etats-vampires qui nous vendent à prix d'or un pétrole dans la présence duquel ils n'ont aucun rôle, pour ensuite acheter nos biens chez nous, utilisons nos ressources et cessons de gémir.

Paysages, villes (si on détruit c'est mal, si on fait des "rues piétonnes" un peu standardisées, c'est mal, on ne sait qu'échouer), maisons (par définition horribles si nouvelles). Rien, rien de rien si j'ose dire, ne trouve grâce à vos yeux, quoi qu'on fasse c'est monstrueux, en un mot vous regrettez tout.

Je vais finir par croire que le propos de certains sur ce forum, et non des moindres, est d'aimer une France sans étrangers, ce qu'on voit assez clairement, mais peut-être aussi une France sans Français.

Vous aimez la France, c'est bien. Aimez aussi les Français, avec leurs défauts. La France, ce ne sont pas des paysages et des tas de pierres plus ou moins artistiquement rassemblés, ce sont aussi les descendants de Capet et de Jacques Bonhomme, songez-y.
Rien, rien de rien si j'ose dire, ne trouve grâce à vos yeux, quoi qu'on fasse c'est monstrueux, en un mot vous regrettez tout.

Rassurez-vous, mes semblables et moi ne sommes que du menu fretin ! Je n'ai aucun pouvoir, cher Jean-Marc, l'aéroport sera bien construit, et ce avec la bénédiction des démocrates modèles, des bons Français auxquels il est de mauvais goût de reprocher quoi que ce soit. Je vous envie de pouvoir aimer passionnément ce qui se fait, de pouvoir appréhender les pires manifestations du désastre avec tant de détachement, avec un tel esprit de mesure. C'est bien. Je vous remercie aussi pour la petite leçon de morale ; on ne saurait en effet ménager aucun effort pour rameuter les brebis égarées.
Utilisateur anonyme
24 juin 2012, 22:22   Re : Croissance à la matraque, par Hervé Kempf
Non, mais c'est vrai quoi, Bily ! Y en a marre des rabat-joies !
Utilisateur anonyme
24 juin 2012, 22:27   Re : Croissance à la matraque, par Hervé Kempf
Toutes choses sont dites déjà ; mais comme personne n’écoute, il faut toujours recommencer.
André Gide.
Stéphane,

Pardonnez-moi d'avoir été brusque, je ne souhaitais pas vous offenser.

Ces incessants messages qui nous montrent que tout se déglingue, que rien ne va, ces messages sont étrangers à ma mentalité, voilà tout.

Je ne peux pas me faire à l'idée qu'absolument rien ne marche.

Figurez-vous que je viens de subir, comme chaque année, de longs et pénibles examens médicaux. J'ai vu des équipements remarquables, une bonne organisation, des personnes qui m'ont aidé, qui m'ont parlé, des personnes qui ont manifesté de l'empathie. Des jeunes et des vieux, des Français et des étrangers.

Il y a des choses qui marchent, il y a des gens gentils.

Pourquoi se complaire dans le rôle de "Celui qui sur le noir parie à tout moment" ?
25 juin 2012, 07:36   In dubio pro malo
J'ai trop lu Hans Jonas, je pense.
"Des jeunes et des vieux, des Français et des personnels étrangers."
Très belle citation, Francmoineau, vous avez d'excellentes lectures.
Utilisateur anonyme
25 juin 2012, 10:59   Re : Croissance à la matraque, par Hervé Kempf
Combien y avait-il de personnels étrangers ?
Utilisateur anonyme
25 juin 2012, 11:57   Re : Croissance à la matraque, par Hervé Kempf
(Message supprimé à la demande de son auteur)
L'horreur agricole : je reprends ici le post que j'avais écrit dans un nouveau fil sans susciter aucune réaction alors qu'il Il me semble que cette question est fondamentale notamment pour le programme du PI. Ci-dessous un résumé du problème avec renvois aux sites concernés.

L'enjeu sur l'avenir de l'agriculture est très fort :

Avec 1750 vaches, la plus grande exploitation laitière pourrait voir le jour en France dans la Somme à un moment où les questions environnementales ne sont plus que jamais d'actualité sans oublier le bien être animal et l'installation des jeunes agriculteurs. Un projet unique en France.Le plateau des Millevaches dans le Limousin s’étend sur 3 300 km². La Somme pourrait bientôt voir sortir de terre «l'usine des mille vaches », mais sur seulement 9 000 « petits » m²....
En France, le troupeau moyen compte 44 vaches. Les élevages de plus de cent vaches ne pèsent que pour 2%.

Je n'ai pas trouvé de réaction des écologistes sur le sujet . EELV doit être trop occupé à obtenir des maroquins et un groupe à l'assemblée.

Des videos et articles sur le sujet à partir du site

[blog.lefigaro.fr]

qui renvoie notamment vers :

[www.terraeco.net]





[www.fondationbrigittebardot.fr]









[www.novissen.com] (le site de l'association)



Le problème avait déjà été évoqué avec les "agriculteurs" du forum (un intervenant qui signait "Serge" des réflexions riches d'enseignements et une femme dont je ne me rappelle pas le pseudonyme qui nous vantait son expérience de l'agriculture dite "raisonnée"), il y a quelques mois.

Le "bio" est rentable pour certains qui en ont fait un choix de vie volontaire et militant, un sacerdoce. En aucun cas ce sacerdoce (levé à cinq heures sept jours sur sept, nombre d'heures de travail hebdomadaires incalculable) ne peut être proposé comme solution de sécurité alimentaire à la majorité de la population ni comme mode de vie aux agriculteurs qui n'ont pas "la passion".

Un micro-reportage comme les JT français en ont le secret a tendu le micro à un des responsables, ou acteurs de ce projet "mille vaches". Personne n'a prêté cas à son argument, qui est déjà l'argument de la défense dans ce procès qu'orchestre le pouvoir médiatique et politique. En substance cet homme disait ceci: "nous sommes des citoyens ordinaires qui voulons avoir une vie de famille, une vie sociale et ce mode de production nous permet cela".

La faute ou le blâme ne doivent pas incomber à ces agro-industriels. L'absence de désir de travailler comme un damné pour une "passion" absente n'est en rien condamnable. Le désir d'avoir une vie de famille comme peuvent en avoir les fonctionnaires n'est pas un péché non plus. Et le nombre des "passionnés du bio" quoi qu'il en soit sera toujours inférieur au nombre des bouches à nourrir qui réclament de la viande pour tous toute l'année. Le blâme doit viser plus haut et plus loin: la norme de la surabondance, l'explosion démographique, le droit à la goinfrerie pour tous, la loi de l'offre pléthorique.

L'agriculture raisonnée pourrait devenir une solution dans le cadre d'une consommation raisonnée, ce qui n'est pas prêt d'arriver dans une société où croissance et surconsommation sont encouragées par une norme économique et politique résolument keynesienne que personne, et surtout pas en régime dit "socialiste", n'est prêt à se risquer de contester.
Hymne à l'agriculture de Xénophon, Economique, V 4-17.

"En exerçant ceux qui travaillent à la terre de leurs mains, elle leur donne une vigueur virile en les faisant se lever de bonne heure et en les contraignant à de rudes marches (...).
La terre incite aussi les cultivateurs à défendre leur pays par les armes, car les récoltes qu'elle fait pousser sont offertes à tous, à la merci du plus fort (...).
La terre, étant une divinité, elle enseigne aussi la justice à ceux qui sont capables d'entendre ses leçons (...).
L'agriculture nous apprend encore à commander à autrui, car, pour être un bon agriculteur, il faut donner à ses ouvriers de l'ardeur au travail et l'habitude d'obéir volontiers (...).
Il avait raison celui qui dit que l'agriculture est la mère et la nourrice des autres arts. Quand tout va bien pour l'agriculture, tous les autres sont prospères."
Oui mais là il s'agit d'un tournant dans l'agriculture qui devient une industrie. Adieu nos paysages ... à mon avis. Il faut regarder le dossier dans son ensemble. C'est la première fois qu'il y a une telle réalisation en France et je ne pense pas qu'on en est discuté. En outre les médias sont très discrets : Rien à voir avec le Larzac !
C'est ce que réclament de plus en plus les "paysans" dans les pays en développement que les pays riches exhortent à travailler à la conservation des paysages et des environnements naturels: si vous voulez nous faire jardiner les paysages, faut nous payer !

L'entretien des paysages traditionnels est à mettre au crédit de générations de paysans qui ont ainsi travaillé pour la gloire. On peut juger dans l'ordre des choses que cela change et que le producteur, l'éleveur, ait désormais à coeur de produire du blé et d'élever des bêtes, en laissant à d'autres le soin d'entretenir l'espace rural ou en ne consentant à le faire que contre rémunération. L'éleveur de veaux n'a pas forcément envie de vous l'élever l'âme par dessus le marché en vous dessinant de beaux paysages pour pas un rond. Les rustres raisonnent en rustres, c'est dommage pour vous mais c'est un peu normal.
Vous avez raison, Francmoineau.

J'ai corrigé dans le texte.

Pour répondre à votre question, j'ai noté la présence d'une infirmière étrangère et d'un médecin "faisant fonction" étranger, tous deux compétents et aimables.
Je parle non pas de l'agriculture productive et raisonnée, permettant aux agriculteurs de s'en sortir mais de l'agriculture devenue industrie, ce qui a été le cas en quelque sorte pour les porcs, mais il n'y eut pas d'opposition. Celle-ci est remise en cause en Bretagne, est ce pour la développer encore plus sur la filière bovine ?
Ostinato, visez plus haut et plus loin, sinon nous allons encore tourner en rond: vous ne pouvez exhorter personne --parce qu'il n'y a plus de "paysans" (qui vit, travaille et meurt sur l'exploitation où son père avait vécu, travaillé et trépassé) -- à vivoter avec trente bêtes, chaque vache ayant son petit nom, qui occupe l'homme et la femme de cinq heures du matin à huit heures le soir pour un revenu qui permet tout juste de changer de chaussure une fois par an. Plus personne n'a cette "passion" en lui, ou cet absence de choix ou d'imagination pour accepter un sort pareil. Plus personne sauf quelques "freaks" masochistes qui vous vanteront les charmes de cette existence, et qui sont sans aucun poids dans la production et l'offre alimentaire. L'agriculture raisonnée exigée par des franges de la population qui pratiquent un mode de consommation alimentaire déraisonnable est une révoltante anomie (et anémie, accessoirement).
Utilisateur anonyme
25 juin 2012, 14:00   Re : Croissance à la matraque, par Hervé Kempf
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Bon ça alors ! C'est quoi viser plus haut, en même temps que plus bas "à la racine", à part ne pas prendre position ?
Utilisateur anonyme
25 juin 2012, 15:18   Re : Croissance à la matraque, par Hervé Kempf
(Message supprimé à la demande de son auteur)
On ne peut partir en guerre, ou en lutte, ou en campagne de dénonciation contre l'agro-industrie sans en voir le contexte qui pousse à son installation en France. Le contexte: le keynésisme régnant, la doctrine universelle de la croissance démographique qué bella et de la croissance économique qué bellissima. On ne peut faire cela non plus parce que dans pareil contexte d'alternative il n'est point : l'équation quantitative de l'offre de l'agriculture raisonnée, écologique ou respectueuse des paysages en balance avec une demande forcenée, impérieuse et pléthorique de viande à bas prix ne se fait point.

Il n'y a pas les méchants agro-industriels d'un côté et les gentils et raisonnables éco-paysans de l'autre, mais un état de civilisation et un consensus économique qui vont installer mille vaches non sur un plateau mais dans un hangar éclairé a giorno avec des mangeoires à bascule automatique chronoréglée pour alimenter une demande de masse point prête à offrir à des paysans paysagistes de bonne volonté les moyens pécuniaires d'une existence humaine décente ou en tout cas comparable à la moyenne de leurs concitoyens.

Voir plus haut et plus loin c'est voir cela.
Au fond la savante économie domestique de la paysannerie mais aussi de la petite bourgeoisie d'antan, si raillée comme radinerie sordide par les progressistes de tous poils, a fait bien plus pour préserver la nature que ne pourront jamais le faire tous les écolos d'aujourd'hui embringués qu'ils le veuillent ou non dans un système productiviste qui ne sait que promettre le bonheur par toujours plus de consommation.
C'est nouveau, je le répète et il n'y a pas de consensus là dessus : cf les producteurs de porcs de Bretagne. Il y a eu consensus, mais il n'y a plus consensus. C'est une forte accélération. Si nous critiquons les éoliennes par communiqués, nous ne dirions rien sur une évolution cent fois pire.
C'est terrible Ostinato, mais vous me donnez vraiment envie d'assumer pleinement le rôle du petit syndicaliste hargneux et moderniste: et qu'est-ce que vous leur proposez, à ces agriculteurs qui envisagent l'expérience des vaches en batteries closes avec quelque intérêt bien compris ? d'oublier tout ça pour aller piquer leurs boeufs dans les champs en sabots dès six heures sept fois par semaine en croisant les doigts et en baissant la tête pour vous composer l'angélus de Millet toutes les fins d'après-midi mordorées histoire de vous remplir l'âme de beauté champêtre dans le soir mourant au silence ponctué des mugissements épars du petit troupeau flairant le retour à l'étable ?
Quel regret de rompre le charme...

Ostinato ne reproche pas à l'entrepreneur de chercher à améliorer sa productivité. Il reproche aux autorités publiques de n'avoir pas tiré les leçons d'un échec, la concentration à outrance de la filière porcine, pour imposer au libre marché des consommateurs et des producteurs les normes d'une agriculture et d'une consommation raisonnées.

Pourquoi les autorités publiques ne tirent pas de leçon ? Peut-être parce que rien dans l'ordre politique qui inspire leurs actes ne rappelle que la nature est notre corps collectif.
L'élevage porcin intensif est un échec (économiquement, veux-je dire) ?
Je ne me sens nullement en syndicaliste rétrograde, mais au contraire je défends la nouvelle agriculture qui intègre dans ses produits la qualité et la productivité. Nous avons assez d'espace en France pour que l''élevage soit pratiqué dans des conditions "agricoles" et non industrielles hors sol. Voyez ce qui est advenu des poulet du petit père Doux élevés en batterie, et vendus en outre pour hallal aux pays du Moyen Orient et sans spécification en France. Je ne parle pas du bio qui pour moi relève un peu de l'idéologie, mais de la production de qualité, qui permettrait d'ailleurs de labelliser les produits à l'exportation.

Il faut ajouter que cette "ferme" n'est pas réalisée par un agriculteur en mal de modernisation extrême, mais par un industriel du BTP !
"L'agriculture raisonnée pourrait devenir une solution dans le cadre d'une consommation raisonnée, (...)"

"Raisonnée", ici, me semble synonyme de sa cousine étymologique : "rationnée". Je connais des gens qui ont l'impression de pas s'être nourris s'ils n'ont pas mangé de viande. Ils restent sur leur faim, en bons homo sapiens de très vieille souche. Or, prétendre manger de la viande tous les jours, voire deux fois par jour, ne se justifie en rien, pour ce qui est de la santé, de l'énergie, de la force. Ce qui n'a pas empêché la consommation de viande de bénéficier d'une extraordinaire propagande (très largement venue des Etats-Unis) dans les années soixante où le biftek quotidien a joué le rôle d'un marqueur d'élévation sociale, au même titre que le frigo ou la voiture. La protéine animale s'est élevée au rang de signe extérieur de richesse, position qu'elle a d'ailleurs toujours eue. Dans les romans d'aventures, les robinsonnades, la première préoccupation du naufragé abandonné sur son île consiste à trouver les moyens de tuer du gibier et de trouver de l'eau. La cueillette est toujours un pis-aller. Ces représentations sont encore très présentes. Le prédateur des origines vit toujours en nous et "l'éleveur industriel" n'est qu'un homme de Cro-Magnon qui s'est donné les moyens.
C'est vrai Orimont. (Voir au sujet du chasseur que serait l'Occidental, et qu'est moins l'Oriental, les théories sur les groupes sanguins -- le groupe O, le groupe du chasseur, serait largement plus présent chez l'Occidental que chez l'Oriental, etc.). Mais il reste que l'agriculture et l'élevage pratiqués à une échelle artisanale sont des activités humaines très contraignantes, à peine moins que la pratique du violon. On peut vivre, plus ou moins, sans jouer du violon ni sans en entendre jouer, c'est plus difficile s'agissant de l'alimentaire. Ce constat un peu idiot comporte un corollaire sérieux: des milliers de personnes, pour se nourrir elles-mêmes et nourrir leur prochain, se contraignent à une activité qu'elles détestent, une activité de portefaix, un labeur ingrat et harassant qui n'est digne que dans les poèmes de poètes latins qui n'ont jamais posé la main sur une houe. Que faire alors ? Mécaniser l'agriculture, c'est re-humaniser la condition de l'agriculteur, faire en sorte qu'il jouisse d'un niveau de vie, d'une qualité de vie, de loisirs, comparables à ceux des autres castes duméziliennes de la société. Cette considération est essentielle. Personne ne la reprend, ne semble la comprendre et tous préfèrent verser dans l'idéologie/éco-développement et la poésie en compagnie des plus piètres des poètes qui soit.

A consommation lupine, agriculture bestiale. Comme pour tous les marchés de bouche, les marchés dangereux, celui de la cocaïne compris, c'est la demande qui gouverne la production. On lit aujourd'hui que les Français cherchent à se nourrir avec 6 (six!) euros par jour. Quel type d'agriculture raisonnée espérer dans une société où de la viande est attendue sur la table tous les jours ou presque pour six euros ? Quel type de paysage ?

(texte modifié)
Pour aller dans le sens de Francis, et avec ma vulgarité coutumière, une comparaison :

- la France de 1912 : l'immense majorité de la population se nourrit de pain en grande quantité, de patates, de fayots, de nouilles, de matefaims, de betteraves, de chou, d'aliments qui tiennent au corps, comme on disait, du gruau et du riz, et des marrons et des oublies, pour coller et conglutiner. La viande était présente chichement, sous forme de lard, de temps en temps une volaille, de temps en temps du porc, aux fêtes du boeuf ;

- la France de 2012 est carnassière, et à bas coût. Combien de fois la semaine les in-nocents s'empiffrent-ils de charcutaille, de boudins, de grillades, de poulardes rôties, de magrets ? prenez mon cas : samedi matin, fin de mes examens médicaux. Midi, énorme bavette débordant de l'assiette ; soir, foie gras ; dimanche midi, boudin et saucisses en barbecue ; dimanche soir, soir raisonnable, saumon.

C'est bien beau de taper sur les agriculteurs, ce serait mieux de manger autrement. En tout cas, j'aime trop la charcuterie pour leur donner des leçons.

Vive Saint-Antoine ! Vive Saint-Nicolas et son saloir !

"Aux In-nocents la bouche pleine".
Mais l'offre produit aussi la demande et la dynamise. Et mon propos n'est pas la stagnation de l'agriculture dans un mode familial étroit. Que les vaches mangent de l'herbe à l'extérieur de l'étable ne me paraît pas plus coûteux que de les servir à l'étable. en produits d'alimentation industrielle.L'offre de cette ferme est rétrograde et entraîne la production agricole vers le bas, au moment précisément où les agriculteurs remettent en cause ce développement anti écologique.
"Quel type d'agriculture raisonnée espérer dans une société où de la viande est attendue sur la table tous les jours ou presque pour six euros ?"

La barbaque de synthèse.
Utilisateur anonyme
25 juin 2012, 23:12   Re : Croissance à la matraque, par Hervé Kempf
Les pastilles, les joyeuses gélules, les magies de la chimie !
Ostinato,

Une vache qui broute grossit beaucoup moins vite qu'une vache qu'on bourre de céréales ou de soja. C'est la raison pour laquelle on les nourrit ainsi.
"Vive Saint-Antoine ! Vive Saint-Nicolas et son saloir !"

Il n'y a que les croyants pour être vraiment nihilistes et cela ne doit pas étonner : tous autant qu'ils sont attendent dans leurs livres la fin du monde.
La filière porcine en Bretagne est devenu un échec économique, car la population autour n'accepte plus de payer les coûts financiers et environnementaux induits qui ont fait le succès de la dite filière en n'étant pas inclus dans les prix.
L'élevage intensif du porc en Bretagne est une très lourde nuisance environnementale, visuelle et olfactive, mais je ne crois pas qu'on puisse parler d'échec économique. Les éleveurs se plaignent du prix du porc, très bas, et il est vrai qu'il n'est pas loin du seuil de rentabilité et peut même, à l'occasion, descendre en-dessous, mais globalement c'est rentable et ils gagnent bien leur vie — un peu comme les pêcheurs qui râlent constamment mais vivent fort bien en général.
Ce n'est pas un échec économique tant qu'une partie des coûts sont pris en charge par le reste de la population : prix de l'eau, dépollution des algues vertes, compensation des pertes subies par d'autres activités comme le tourisme, gênes olfactives. En fait c'est le modèle économique qui finit par échouer, il est donc absurde de le transposer à d'autres filières.
Il y a peut-être aussi une baisse du fait de l'augmentation de la part de la population abstinent en porc....


(nota : 26 000 arriérés anti modernité de Picardie et d'ailleurs ont signé une pétition contre l'installation de cette "ferme".)
Essayez la Tentation de Saint-Antoine (voilà bien un plat qu'on ne nous prendra pas) : pied de porcs, oreille, queue, le tout pané et grillé, servi avec une béarnaise et un monceau de frites, avec en prime un Bourgueil, par exemple.
"... nos sociétés démocratiques (et elles étaient, du point de vue de l'administration locale, déjà démocratiques sous l'ancien régime, on l'oublie trop)..." Jean-Marc

Êtes-vous certain que la participation de ses membres aux affaires de la communauté puisse être qualifiée de démocratie ? Maurras, au sujet de cette participation communautaire, ne parlait-il pas plutôt de libertés (l'autorité en haut, les libertés en bas) pour dénoncer l'inversion de la formule par la bureaucratie parlementaire ?

"L'élevage porcin intensif est un échec (économiquement, veux-je dire) ?" Alain Eytan

Ostinato a répondu : si on faisait payer aux éleveurs la dépollution des eaux, que resterait-il de leurs profits ? Plus profondément, écologie et économie partagent une même racine : oïkos. Un échec écologique ne peut être une réussite économique.

L'agriculteur qui ne serait pas un industriel est-il condamné au bagne que décrit Francis Marche ? Antoine de Maximy visitait ces temps-ci la campagne chinoise. Un jeune agriculteur lui confia que la vie lui semblait plutôt facile : les mois d'hiver, il n'y a rien à faire ; on reste tranquillement entre soi.
"(...) on reste tranquillement entre soi."

Qui vous dit que ce n'est pas précisément l'une des piliers du bagne, pour Francis Marche ?
Considérez les Capitouls : mis en place "au temps Moundi", peu après la prise de Jérusalem, ils étaient élus et assuraient les fonctions administratives. C'est une forme de démocratie locale. Je ne crois pas d'ailleurs que Maurras critiquait cela, c'était plutôt l'Etat démocratique qui était sa cible.
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