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L'islam et le règne des Titans.

Envoyé par Utilisateur anonyme 
Utilisateur anonyme
19 août 2008, 13:07   L'islam et le règne des Titans.
"Le prochain siècle appartient aux Titans ; les dieux vont perdre encore de leur crédit. Attendu qu'ils reviendront, comme ils l'ont toujours fait, le XXIe siècle, vu sous l'angle religieux, sera un entre-deux, donc un intérim. "Dieu se retire*."
Que l'islam semble faire exception ne doit pas nous tromper ; cela ne tient pas au fait qu'il est supérieur au temps mais au contraire - d'un point de vue titanique - qu'il lui est accordé".

* En français dans le texte.


Ernst Jünger, "Exposition", ed. Julliard, p. 35.
Je bute sur la dernière phrase, impossible de comprendre exactement ce que Jünger a voulu dire.
Utilisateur anonyme
19 août 2008, 21:34   Re : L'islam et le règne des Titans.
L'islam accordé au temps où Dieu se retire, car l'islam relève des Titans ?
Utilisateur anonyme
19 août 2008, 21:43   Re : L'islam et le règne des Titans.
Et bien cher Olivier regardez comme, par le biais de l'islamisme, son enfant terrible, l'islam s'accorde magistralement à la puissance déchaînée de la technique... (?) Voir à ce sujet les récents messages de F. Marche .

Aussi je vous propose ce court extrait d'un entretien qui, je l'espère, éclairera davantage la pensée de Jünger :


"Comment imaginez-vous le siècle prochain ?

E. Jünger : Je n'en ai pas une idée vraiment heureuse et positive. Pour le dire avec une image, j'aimerais citer Hölderlin, qui, dans "Le Pain et le Vin", a écrit que viendrait l'ère des Titans. Dans cette ère à venir, le poète sera contraint à la léthargie. Les actions seront plus importantes que la poésie qui les chante et que la pensée qui les reflète. Ce sera donc une ère très propice pour la technique mais défavorable à l'esprit et à la culture."

"Les prochains Titans", ed. Grasset.
L'Islam n'a rien à dire. Cela donne à des masses de gens un vertige difficile à maîtriser.
J'ai bien aimé le livre de Philippe Nemo, Qu'est-ce que l'Occident ?.
Utilisateur anonyme
19 août 2008, 22:08   Re : L'islam et le règne des Titans.
"L'Islam n'a rien à dire"

Euh... là c'est un peu sec comme formulation - non ?
Je ne suis toujours pas sûr de comprendre la phrase de Jünger, mais je ne peux qu'abonder dans le sens de son hypothèse d'une ère "titanique".

Le titanique sombrera-t-il dans les eaux glaciales de sa démesure ?
A propos du livre "Qu'est-ce que l'occident" de Philippe Nemo j'ai trouvé dans la blogosphére le billet suivant dont je donne ci-dessous quelques extraits.

En dépit de quelques contradictions et certaines concessions au PC je recommande expressément la lecture de ce petit livre.
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Ce petit livre est une merveille à tout point de vue : philosophique, historique et politique. De nos jours, pratiquement tous les manuels d'histoire des idées sont d'inspiration marxiste. Cela signifie que l'histoire est présentée comme une marche des ténèbres vers la lumière du socialisme. Dans ce livre il retrace à travers 5 grands événements la genèse de la civilisation occidentale en prenant soin de rendre justice au Moyen-Age, à l'apport spécifique de la théologie catholique, ainsi qu'aux grands penseurs libéraux de l'âge classique.

Voici comment Philippe Némo présente lui-même sa thèse :
"La civilisation occidentale repose sur une hybridation, tout à fait miraculeuse en un sens, entre trois grandes innovations : grecque, romaine et judéo-chrétienne. Chacune d’entre-elle est d’ailleurs un miracle. On parle souvent du miracle grec mais on pourrait en dire autant de Rome avec l’invention du droit privé et, évidemment aussi, du miracle judéo-chrétien puisqu’il s’agit d’une révélation. J’ajouterai un quatrième miracle qui est la synthèse, l’hybridation des trois qui s’est produite au Moyen-Age, et pas avant, contrairement à ce que l’on pourrait peut-être croire."

Quel fut l'apport du judéo-christianisme ? La thèse de P. Némo est que celui-ci a joué un rôle essentiel dans la promotion des libertés modernes et a été le terreau sur lequel la démocratie a pu s’épanouir en Europe. Au XIe-XIIIe siècles, les papes ont pris l’option théologique de réhabiliter la nature humaine et ses facultés rationnelles, afin de mieux poursuivre les fins éthiques et eschatologiques de la Bible. Ils ont fait reétudier dans les universités ces deux accomplissements de la raison qu’avaient été le droit romain et la science grecque, mais un droit christianisé à travers le droit canonique, et une science délibérément mise au service des progrès de l’humanité.

Selon P. Némo :
"C’est la compassion pour les victimes apportée par la nouvelle morale biblique qui a enrayé la production des cultures magico-religieuses fixistes et rendu possible l’apparition de sociétés désireuses et capables d’assumer le changement historique. La Bible, d’une manière plus radicale que la Cité grecque, a introduit le germe de la pensée critique dans l’Histoire. Elle a valorisé la dissidence individuelle contre le holisme des sociétés sacrales, ce qui devait être la cause évidente ou sous-jacente d’une cascade de transformations historiques.

Le même prophétisme biblique a déterminé un dualisme fécond du pouvoir spirituel et du pouvoir temporel qui est la source lointaine, mais directe, de la démocratie. Le principe de la démocratie est en effet que le pouvoir d’État n’est pas sacré et n’est pas détenu par des hommes divins ou providentiels, donc infaillibles, mais que la vérité émerge au sein de la société civile et qu’il doit donc exister des procédures institutionnelles organisant le contrôle des gouvernants par celle-ci.

Or cette idée a pour origine l’attitude critique des prophètes à l’égard des rois dans l’Ancien Testament, confirmée par la parole de Jésus « Rendez à César ». Elle a été traduite en institutions politiques permanentes d’abord par l’Église romaine médiévale, qui a revendiqué pour elle seule le pouvoir spirituel et a dénié toute dimension spirituelle aux autorités séculières (se démarquant en cela du « césaro-papisme » du christianisme oriental), puis par les calvinistes des révolutions huguenote, hollandaise, anglaise et américaine des XVIe-XVIIIe siècles, qui ont vu en tout État une « Babylone de péché » dont il faut se défier et auquel il convient de ne conférer que des pouvoirs limités. "

Le marxisme et les sciences humaines ont récusé en bloc tout cet héritage stigmatisé comme « idéaliste » ou « bourgeois ». Au moment de la décolonisation, par ailleurs, la revendication de son identité par l’Europe a été sévèrement critiquée comme « ethnocentrisme ». Le livre de P. Némo remet les idées en place. A ce titre, il faut le rapprocher d'un autre livre qui date déjà de quelques années (1992) mais qu'il est bon de connaître : Rémi BRAGUE, Europe : la voie romaine.
Oui, c'est un peu sec et ce n'est pas le Coran qui va nous éclairer. J'ai du mal à prendre ce livre au sérieux. Être un bon musulman ne demande pas beaucoup d'efforts. Je crois, au contraire, qu'on peut demander beaucoup à ceux qu'on aime.
Utilisateur anonyme
19 août 2008, 22:48   Re : L'islam et le règne des Titans.
"Je ne suis toujours pas sûr de comprendre la phrase de Jünger"


Bah moi maintenant ch'suis plus vraiment sûr de rien non plus...


Jean Cocteau aurait dit... (?) : "Jünger est un homme qui pense haut."
Utilisateur anonyme
19 août 2008, 23:02   Re : L'islam et le règne des Titans.
"Elle (la morale biblique) a valorisé la dissidence individuelle contre le holisme des sociétés sacrales,"

Oui enfin moi, les sociétés holistes, ça me rendrait plutôt nostalgique...
Merci Rogemi de cette citation pertinente.
Utilisateur anonyme
20 août 2008, 14:21   Re : L'islam et le règne des Titans.
(Ancien message)


Bien plus qu’à une quête mystique ou même existentielle, on peut se demander si l’Islam et son Coran ne répondent pas à un besoin très partagé de mode d’emploi.

Cette hypothèse m’est venue en écoutant l'interviou d'un musulman, interrogé dans le cadre d’un reportage télévisé sur l’islamisation de la Belgique et du nord de la France. Cet homme comparait le Coran à un « mode d’emploi » propre à répondre à toutes les circonstances de la vie, exactement, ajoutait-il filant la métaphore, comme quand on achète un ordinateur, tout est dans le mode d’emploi, il n’y a qu’à le lire attentivement.

Le principal objet de ce Coran « mode d’emploi » est de permettre la distinction entre le « licite et l’illicite » dans la vie quotidienne. Le licite et l’illicite, apprenait-on peu après, est d’ailleurs le titre d’un ouvrage très répandu, une sorte de « livre pratique » à l’usage des musulmans, de la main de je ne sais plus quel docteur en théologie des plus écoutés parmi les « vrais croyants ».

Le reportage promenait ensuite caméras et micros dans un salon entièrement dédié à la vie musulmane envisagée dans tous ses aspects pratiques, salon dont la fréquentation serait passée en quelques années de 10 000 à 100 000 milles visiteurs, salon conçu comme n’importe quel salon, de l’auto, du livre, de l’agriculture, de l’érotisme ou du bricolage.

Comme dans tout salon qui se respecte, on avait aménagé, entre les stands, des « box » plus intimes pour permettre aux visiteurs de converser plus spécialement avec des animateurs du salon, en l’espèce soumettre quelque point litigieux de la vie, quelque décision difficile à prendre en face de laquelle un bon musulman peut hésiter à reconnaître ce qui est licite de ce qui ne l’est pas et pour cela a besoin d’un expert, à peu près comme qui voudrait savoir, avant de l’acquérir, si tel logiciel est compatible avec telle version de tel programme.

Un de ces colloques était filmé. Le questionneur s’inquiétait de la possession et de l’usage d’une carte bancaire. N’y avait-il pas là-dedans quelque chose d’illicite sournoisement dissimulé ? Peut-être la carte bancaire ne marchait-elle pas avec le Coran ? Mais cet usager de l’Islam se voyait vite rassurer par l’expert es-licitude, lui déclarant qu’un tel objet ni son usage n’étaient proscrits et qu’il pouvait retirer en paix autant de billets qu’il voulait...

J’avoue ne pas avoir bien saisi les justifications théologiques avancées pour prononcer cet arrêt libérateur et, à vrai dire, j’y attache moins d’importance qu’à la confirmation, dans cet échange, de la métaphore du « mode d’emploi » rapportée plus haut. Il se peut qu’en elle se trouve finalement l’explication de ce mystère qui taraude certains Occidentaux, lesquels se demandent comment une religion aussi archaïque, disent-ils, que l’Islam, et qui prétend dicter la conduite de ses fidèles en puisant ses préceptes dans des ouvrages dont les plus récents datent du XIIème siècle, comment une telle religion, dis-je, peut trouver à se répandre en plein XXIème siècle, aller jusqu'à séduire des individus totalement étrangers à elle et, souvent, jeunes ?

Et si c’était, précisément, par son aspect de « mode d’emploi » universel ? Et si le Coran était en définitive parfaitement en phase avec une modernité toujours plus soumise à un maillage technique qui accoutume les esprits aux lois égalitaires d’une infinité de « marches à suivre » ? Et si « le licite et l’illicite » étaient l’équivalent moral des procédures techniques qu’il est impératif de suivre à la lettre ou, du moins, représentaient un degré de questionnement finalement au diapason de l’époque, un degré de questionnement où le « comment » l’emporte sur le « pourquoi » ?

Si cette hypothèse était vérifiée, il semblerait alors assez vain, pour quiconque prétendrait lutter contre l’islamisation, de ne pas lutter avec une égale ardeur contre une sorte de technique invasive, aussi dépourvue de profondeur existentielle que l’Islam de vrai mysticisme, aussi bornée que lui dans la simple observance d’une série de gestes, une technique qui dicte sa foi, sachant que celle-ci n’est rien d’autre qu’une soumission à une infinité de procédures lesquelles, en elles-mêmes, ne sont pas nécessairement mauvaises mais ont le génie de devenir rapidement des impératifs, développent cette fâcheuse tendance à faire ou à ne pas faire fonctionner intégralement le monde, sans laisser à ceux qui ne voudraient pas de toutes ces « marches à suivre », d’autre choix que l’isolement, la marginalité ou, pourquoi pas, la survie dans une « dhimmitude » technique où ce que l’on est censé POUVOIR faire se change rapidement en DEVOIR faire, glissement qui pourrait très bien s’accorder avec « l’islamisation de la modernité », cette ambition affichée par les musulmans « branchés » et qu’il ne faudrait pas prendre à la légère, dès lors que ladite modernité, débordée par la seule fascination de la technique, trahie par elle, est de moins en moins synonyme d’élargissement de l’horizon et tout au contraire de rétrécissement du champ de vision.

Et s’il ne restait plus qu’à sceller l’union entre le « ça marche ? » et le « c’est permis ? » ?
Utilisateur anonyme
20 août 2008, 14:47   Re : L'islam et le règne des Titans.
Message passionnant, cher Orimont, et qui rejoint, en l'éclairant, la pensée de Jünger : " Que l'islam semble faire exception ne doit pas nous tromper ; cela ne tient pas au fait qu'il est supérieur au temps mais au contraire - d'un point de vue titanique - qu'il lui est accordé".

L'islam, donc, n'aurait rien contre Marinetti...
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