Art Press, mensuel consacré aux arts, à la littérature et à la philosophie et chantre de la "subversion" par l'art et dans l'art, n'est pas l'organe de la subversion que ses rédacteurs (Millet, Henric, etc.) prétendent avoir fait d'Art Press. Dans le n° de juin ou de mai 2012, lu dans la salle d'attente d'un cabinet ophtalmologique, a été publié un long entretien avec une universitaire arabe et musulmane (j'ai oublié son nom), entretien appelé par la publication d'une analyse des conséquences du prétendu "printemps" dit "arabe" sur le sort, la condition, le statut des femmes. Les questions auxquelles a répondu cette universitaire et essayiste (tunisienne ?) ont été posées par une universitaire française, d'origine arabe et musulmane - une coreligionnaire donc, ce qui a l'avantage d'éviter que soient énoncées des vérités mal sonnantes.
L'entretien commence non pas par une question, mais par l'exposé dogmatique d'une vérité admise par tous et partout en musulmanie et en conséquence dans des universités d'Occident et asséné par la docteure, essayiste, collaboratrice d'Art Press qui dresse un parallèle entre le Christ et Mahomet. Ce parallèle est tout à l'avantage de Mahomet, à cause des liens ou relations que ce dernier a ou aurait eus avec les femmes (comprendre : il en a honoré beaucoup, femmes achetées, femmes butin de guerre, femmes esclaves). Le Christ étant célibataire et n'ayant pas connu de femme (ce que rien ne prouve), il était naturel que le christianisme fût hostile aux femmes, les méprisât et les maintînt dans une relégation sociale humiliante. A l'opposé, Mahomet en ayant sauté beaucoup, il était attendu que l'islam fût "uxorieux", désireux de prodiguer aux femmes les mêmes droits qu'aux hommes, naturellement porté à l'égalité, etc.
Lire ces âneries de la part d'une universitaire "française" est dans l'ordre des choses. Le mérite de cet entretien est de confirmer ce dont on se doutait quelque peu, à savoir l'ignorance crasse des musulmans "instruits" ou "docteurs" en matière d'histoire et de religion, surtout pour la religion de "l'Autre", mais aussi pour ce qui est de leur propre religion, se contentant de slogans ou de caricatures grossières. Mais lire ces âneries dans un mensuel consacré à l'art, à la pensée, à la littérature et qui plus est à la subversion dans l'art, la pensée, la littérature, est un choc. On croyait que la subversion était synonyme d'insolence. Or, c'est tout le contraire que l'on constate. Son insolence se ramène à une lâche complaisance pour la dévotion, la stupidité béate, le conformisme plat, l'onction grasse...