Le site du parti de l'In-nocence

Picasso (P.A.)

Envoyé par Bernard Lombart 
24 août 2008, 09:58   Picasso (P.A.)
Quelqu'un aurait-il enregistré cette émission ?

Citation
arte
samedi, 23 août 2008 à 22:45
Rediffusions : Pas de rediffusion
Treize journées dans la vie de Pablo Picasso (1/3)
Documentaire de Pierre-André Boutang, Pierre Daix et Pierre Philippe
(France, 1999, 1h)

J'ai pu prendre les deuxième et troisième parties, raté la première, dont j'ai cependant vu un petit bout, magnifique. Me contacter en privé. Nombreux échanges possibles.
Utilisateur anonyme
24 août 2008, 11:02   Re : Picasso (P.A.)
Cher Bernard, sans aucun esprit de polémique (je ne tiens pas à recommencer une discussion sur ce sujet) je vous donne ce texte que j'avais mis de côté dans la rubrique Art/Peinture de mon ordinateur et qui vient à propos.

« Les raffinés, les riches, les oisifs, cherchent le nouveau, l’étrange, l’extravagant, le scandaleux. Et moi-même, depuis le cubisme et au-delà, j’ai contenté ces maîtres et ces critiques avec toutes les bizarreries changeantes qui me sont passées par la tête, et moins ils me comprenaient, et plus ils m’admiraient.
A force de m’amuser à tous ces jeux, à toutes ces fariboles, à tous ces casse-tête, rébus et arabesques, je suis devenu célèbre, et très rapidement. Et la célébrité pour un peintre signifie ventes, gains, fortune, richesse.
Mais quand je suis seul à seul avec moi-même, je n’ai pas le courage de me considérer comme un artiste dans le sens grand et antique du mot. Ce furent de grands peintres que Giotto, Le Titien, Rembrandt et Goya : je suis seulement un amuseur public qui a compris son temps et a épuisé le mieux qu’il a pu l’imbécillité, la vanité, la cupidité de ses contemporains. C’est une amère confession que la mienne. Mais elle a le mérite d’être sincère.»

(Pablo Picasso, lettre à Giovanni Papini, publiée en 1952. Citée in “Découvertes” n°90, 1972, éditorial “Picasso peint par lui-même.” Citée in “Cahiers de Chiré” n°4, 1989, p.354)
___________________
Utilisateur anonyme
24 août 2008, 11:24   Re : Picasso (P.A.)
Mais c'est extraordinaire, ça ! On peut en avoir un peu plus ?
24 août 2008, 11:41   Re : Picasso (P.A.)
On pourrait dire qu'il a été un amuseur, mais un amuseur génial à l'insu, peut-être, de son plein gré. Le problème serait plutôt le risque d'avoir encouragé une postérité d'imposteurs pas géniaux du tout, eux.
24 août 2008, 11:54   Re : Picasso (P.A.)
Le sentiment de l'imposture, il est possible qu'il soit commun aux artistes et aux écrivains. Cela bien entendu n'implique pas que l'imposture soit objective. Mais c'est un sentiment que je trouve très intéressant, psychologiquement (on le trouve chez John Keats, et je vous serais reconnaissant si vous pouviez m'indiquer d'autres artistes ou écrivains qui l'ont exprimé).
24 août 2008, 12:01   Re : Picasso (P.A.)
Mon opinion est que Picasso était un vrai peintre (dans le sens où Boris disait, l'autre jour, à propos d'un chanteur, que ce n'était pas un chanteur). Question, dirait peut-être Lacan, de pulsion scopique. Il a amusé la galerie, c'est évident, au point de s'amuser lui-même de ces Américains qui achetaient les petits tableaux de sa fille en croyant que c'étaient les siens, sans qu'il prenne la peine de les détromper. Mais vraiment, certaines œuvres de lui me laissent sur le cul, exactement comme celles de Giotto, Le Titien, Rembrandt ou Goya. Ce ne sont pas les plus nombreuses, je vous l'accorde. Mais de toute façon, pour moi, toute la peinture ne vaut pas un bon concert, question de pulsion, sans doute... J'aimerais tout de même bien retrouver cette émission, pour revoir ce qui m'a laissé sur le cul, hier soir... (Et je sais bien qu'il n'aura jamais franchement la cote sur ce forum, question d'opinion politique...)
24 août 2008, 12:09   Re : Picasso (P.A.)
» Mais c'est extraordinaire, ça ! On peut en avoir un peu plus ?

Il y a un passage, dans ce documentaire, où Picasso parle du « style », très négativement, comme d'une cage dont on est prisonnier. (C'est une des raisons pour lesquelles j'aimerais retrouver le film.)
24 août 2008, 12:11   Re : Picasso (P.A.)
Arthur Rimbaud
Utilisateur anonyme
24 août 2008, 13:37   Re : Picasso (P.A.)
Comme l'a montré Nietzsche "l'humanité préfère vouloir le rien plutôt que ne rien vouloir". A partir de Picasso c'est le rien, le bidon, le bluff, l'amusement qui triomphent - avec ici et là quelques vrais coups d'génie !
24 août 2008, 17:03   Re : Picasso (P.A.)
Picasso, lui, achetait des Balthus.
24 août 2008, 17:08   Re : Picasso (P.A.)
"Pour moi, le cubisme est un moyen que j'ai créé à mon usage et dont le but fut surtout de mettre la peinture à la portée de mes dons."
(Georges Braque)

"Je leur ai jeté à la figure et par provocation un porte-bouteille et un urinoir et ils les ont pris pour des oeuvres d'art."
(Marcel Duchamp)
Utilisateur anonyme
24 août 2008, 17:36   Re : Picasso (P.A.)
L'existence de Félicien Rops au château de Thozée, la propriété familiale, n'était pas austère. Il conviait ses amis à des parties de chasse ou les invitait à canoter sur la Meuse ou la Sambre. Il était président du Royal Nautique de Sambre-et-Meuse. Il appréciait les exercices physiques et écrivait à son ami Hallaux : "Qu'est-ce que l'art à côté de ce majestueux développement musculaire ?".
24 août 2008, 18:54   Re : Picasso (P.A.)
Bon, en somme, personne ne peut m'aider...
Utilisateur anonyme
24 août 2008, 19:29   Re : Picasso (P.A.)
J'en ai bien peur et suis bien désolé de ne le pouvoir, Cher Bernard !
Utilisateur anonyme
24 août 2008, 20:57   Confession d'artiste contemporain
DOCTEUR
Dans les wc de "la dégustation"
place du Palais vieille ville
il y un grand miroir
juste sur la porte en face du la cuvette
je chie et je vois
un monsieur de 75 ans
qui s'accroche à la vie
dans sa poche gauche du viagra
dans sa poche droite son porte feuille
pret a acheter

(News letter de Ben)
Utilisateur anonyme
24 août 2008, 21:00   Re : Confession d'artiste contemporain
De quoi réconforter Bernard !
24 août 2008, 23:05   Re : Picasso (P.A.)
Merci bien, Boris !

J'ai finalement trouvé le film dans ma médiathèque habituelle : j'irai le chercher la semaine prochaine... Il y a quelques tableaux que je ne connaissais pas, et que j'aimerais beaucoup revoir...
25 août 2008, 10:25   Re : Picasso (P.A.)
Petit jeu : qui reconnaissez-vous sur la photo ?

25 août 2008, 10:38   Re : Picasso (P.A.)
Sartre, Camus, Picasso, Dali, Gala ?
Utilisateur anonyme
25 août 2008, 11:01   Re : Picasso (P.A.)
Je connais le visage de celui qui est assis à droite en costume clair, mais impossible d'y mettre un nom…

La photo est-elle prise avant 1941 ?
25 août 2008, 11:40   Re : Picasso (P.A.)
Je crois que c'est Michel Leiris. Le Castor est debout à droite, un livre à la main.

Et debout à gauche, le visage flouté, c'est soit Franz Kafka, soit Bernard Lombart. Je penche pour le second.
25 août 2008, 11:40   Re : Picasso (P.A.)
Michel Leiris
25 août 2008, 11:46   Re : Picasso (P.A.)
Il paraît que Gala était belle. Si c'est elle sur la photo, moi je la trouve moche.
Utilisateur anonyme
25 août 2008, 11:51   Re : Picasso (P.A.)
Kafka… je comprends qu'on lui ait flouté la face !

(J'aime bien la souriante…)
25 août 2008, 11:54   Re : Picasso (P.A.)
Pfff…L’art contemporain vu comme un bluff à peu près total, l’art moderne auquel C.G. Jung dénie toute beauté au grand plaisir d’un de ses lecteurs, le monochrome décrété hors du champs de l’Art, un carré bleu attribué à Dubuffet par un autre lecteur qui s’en tient les côtes tellement c’est drôle, oui, le forum en ce moment, ressemble de plus en plus à une barque abandonnée, - à quelques exceptions près - , pleine de vieux anges voguant sur les eaux du désastre. Dites, les gars, vous faites parfois escale pour vérifier si le monde est aussi moche que l’idée que vous vous en faites ?
Faut sortir un peu que diable! Faut prendre le bateau, un vrai bateau, par exemple celui qui vous conduit à la Tate Modern à Londres. De la beauté, vous en verrez, de la vraie, de la flamboyante, de la qui vous rend groggy ! C’est vrai à la fin, courez donc les somptueux musées allemands, hollandais, anglais. Il y a de quoi s’y saoûler de beauté. Cy Twombly à Londres est un émerveillement, ses tableaux des feux d’artifices, des flambées de couleurs capiteuses, explosives, vénéneuses parfois. Des carnages sublimes. Ou des plages ondoyantes, frémissantes de gris et de blancs huîtreux, crémeux, des eaux picturales et létales, où l’on entrerait avec délices et torpeur, sans s’en rendre compte. Il y aussi des « eaux noires », des eaux glauques à la Renaud Camus:

« Il faut aimer une eau si noire que le bleu du ciel bleu, lorsque malgré tout il s'y mire, à travers les branches, et le blanc des nuages boursouflés que chahute l'autan, voient leur azur et leur candeur sans s'altérer, bien au contraire, sans rien déchoir de leur franchise et de leur élévation se ranger en courant, en se tendant, en se creusant, entre les avatars, et parmi les plus noirs, de la noirceur.
Noirs sont les bruns, noirs sont les verts, noire l'heure, noir son reflet.
Tout n'est que reflet, sous ces couverts ruisselants : la terre trop grasse, les générations de feuilles mortes, ces phrases, le sous-bois tout entier (…)
»

Renaud Camus, cet amoureux d’art, Renaud Camus, qui n’a pas assez d’une vie pour croquer toutes les beautés de ce monde, Renaud Camus qui pendant que vous gémissez, court l’ Ecosse, les maisons d’artistes, les paysages, les expositions, pour nous ramener une moisson de Beauté capable de ramener des morts à la vie.
Mais peut-être arrivera-t-il trop tard pour certains!
Utilisateur anonyme
25 août 2008, 12:07   Le retour d'Aline


Pardon, pardon !
25 août 2008, 12:16   Re : Picasso (P.A.)
» Et debout à gauche, le visage flouté, c'est soit Franz Kafka, soit Bernard Lombart. Je penche pour le second.

Je reconnais bien votre malice, cher Francis, à tourner autour du pot. Je puis donc le dire, pour celui-là : c'est bel et bien Jacques Lacan, qui, fidèle à sa philosophie est en ex-sistence au moment du déclic.

Je donnerai ce soir le texte du film, dont cette photo est issue, vous laissant encore pour quelques heures le plaisir de la devinette.
25 août 2008, 13:50   Re : Le retour d'Aline
Accueil OK. Pas l'intention de me repentir.
25 août 2008, 14:00   Re : Picasso (P.A.)
Mais chère Aline, je crois qu'il y a malentendu : nous sommes les premiers à être enthousiasmés par ces authentiques merveilles. Nous ne craignons qu'une chose : être aussi, précisément, les derniers. Vous savez bien, comme le pense Renaud Camus, que la fréquentation des musées pour le bonheur de savourer pleinement les oeuvres en dehors de tout snobisme ou de tribut payé à l'air du temps, appartient à une catégorie de personnes qui semble en voie d'extinction.
25 août 2008, 14:16   Re : Picasso (P.A.)
Lacan, Cécile Eluard, Reverdy, Louise Leiris, Zanie Aubier, Mister P., Valentine Hugo, la grande sartreuse, Sartre, Camus, Leiris, Jean Aubier, et même : le chien de Picaso, un nommé Kazbek.
Le tout photographié par Brassaï.
Utilisateur anonyme
25 août 2008, 14:22   Re : Picasso (P.A.)
Et sur ma photo à moi, personne ne reconnaît personne ?
25 août 2008, 14:29   Re : Picasso (P.A.)
Ouf ! chère Cassandre, une autre voix que celle des railleurs ! Je ne doute pas que vous appréciez ces merveilles, aussi vous n’étiez certainement pas visée. Mais je ne suis pas sûre du tout, quand je lis certains commentaires, qu’elles soient appréciées par la majorité des lecteurs de ce forum. Mais ne croyez surtout pas que nous sommes les derniers. J’en connais beaucoup ici des amateurs de Twombly, réellement séduits, nourris, par lui et par la peinture d’autres contemporains. Nous sommes nombreux, décidés à transmettre le flambeau selon une belle formule de Corto que je ne connais pas par cœur mais qui doit se trouver quelque part, dans le cœur de mon PC.
25 août 2008, 14:34   Re : Picasso (P.A.)
Eh bien, mais ! Boris, voyons, c'est la petite Peggy-Ann, c'est vous qui nous le dites !
Utilisateur anonyme
25 août 2008, 14:52   Re : Picasso (P.A.)
Allons bon ! Picasso parle, mais il n'est pas question de l'écouter… Il faut l'embaumer…
25 août 2008, 15:05   Re : Picasso (P.A.)
Helen Ford, battue en mesure sur une musique de Rodgers & Hart.
25 août 2008, 15:35   Re : Picasso (P.A.)
Citation

Lacan, Cécile Eluard, Reverdy, Louise Leiris, Zanie Aubier, Mister P., Valentine Hugo, la grande sartreuse, Sartre, Camus, Leiris, Jean Aubier, et même : le chien de Picaso, un nommé Kazbek.
Le tout photographié par Brassaï.

Bravo, Francmoineau !
Et merci : je ne dois même plus me farcir le recopiage...
(Mais vous étiez là, ma parole !)
25 août 2008, 15:37   Re : Picasso (P.A.)
» Et sur ma photo à moi, personne ne reconnaît personne ?

Mais je croyais que c'était assez suggéré : vous et votre correspondante, non ?
Utilisateur anonyme
25 août 2008, 16:32   Re : Picasso (P.A.)
Au Musée d’Art Contemporain, j’ai vu quantité de bricolages des années soixante et plus (je n'ai pas vu que cela, mais...), beaucoup de blagues de potaches pompeusement exposées à la vue, sans doute, plus ou moins, sur l'air du "détournement", (la présence (pour ne pas dire l'omniprésence) de "l'humour" (y compris noir ou même macabre) dans l'art moderne et contemporain s'est-elle vue à un tel degré dans l'art des siècles passés et plaide-t-elle bien fort en faveur de beaucoup de nos artistes ?), rebuts divers, diversement couverts de peinture, diversement assujettis les uns aux autres, une chaussure de femme dans une vieille cage à oiseau, c’est une idée, c'est drôle, allez savoir, j’ai vu des « installations » qu’ensuite à l’identique j’ai revues dans la rue, sur le trottoir, dans leur cadre naturel en somme.

Aujourd’hui, comme dirait l’autre, certains de ces bricolages d’objets collés, cloués, compilassoudés ensemble, qui, au moment de leur création, se voulaient peut-être provocants, "dérangeants", une violence faite aux codes artistiques "traditionnels", font désormais figure de très conventionnelles évocations du passé et pincent la corde, qui l'eût cru, de la plus banale des nostalgies. Dans l’exposition d’affiches lacérées, récupérées telles quelles sur une palissade par l'artiste, le geste provocateur de "faire de l’art avec tout", mettons, et tout le discours qui allait avec, paraissent bien estompés, ne laissant subsister à la surface que les simples aspects documentaires, patrimoniaux ou décoratifs de l'œuvre, telle publicité d’un produit aujourd’hui disparu, telle annonce de ce qui, aujourd’hui, est un vieux film et l’on se prend à se murmurer un « tout ça pour ça », tant de gloses pour en venir, en fin finale, à regarder ni plus ni moins de la « peinture documentaire » et constater qu’il y a toujours autant de natures mortes dans les musées, fussent-elles en trois dimensions, et toutes « techniques mixtes » confondues. Il me semble que le plus gros de l'art contemporain ne se distingue guère, dans ses motifs, de ce qui l'a précédé, le plus académiquement du monde.
L’art académique reste le mieux représenté. Une affiche lacérée de 1963 n’a rien de foncièrement étranger avec, mettons, un « paysage de ruine romaine » peint en 1759.
25 août 2008, 21:57   Re : Picasso (P.A.)
« Ce qui compte c’est la beauté de la matière et toutes les matières sont précieuses quand je leur parle : le pneu, l’or, le papier, la tôle… » (César)

« J’ai pétri de la boue, et j’en ai fait de l‘or. »
(Charles Baudelaire, Les fleurs du mal.)

«Si tu regardes des murs souillés de beaucoup de taches, ou faits de pierres multicolores, avec l’idée d’imaginer quelque scène, tu y trouveras l’analogie de paysages au décor de montagnes, rivières, rochers, arbres, plaines, larges vallées et collines de toutes sortes. Tu pourras y voir aussi des batailles et des figures aux gestes vifs et d’étranges costumes et une infinité de choses que tu pourras ramener à une forme nette et compléter. Il en va de ces murs et couleurs comme du son des cloches ; dans leur battement tu trouveras tous les sons et les mots que tu voudras imaginer. »
(Léonard de Vinci)

Cher Orimont, ces quelques fragments en réponse à votre message auquel hélas, je ne peux répondre plus ce soir.
Mais nous sommes tous bien d’accord voyons, pour dire que de tous temps , il y a eu des croûtes et de tous temps aussi, des œuvres académiques. Il y en a des quantités inouïes de ces oeuvres académiques contemporaines et même post-modernes, de ces installations ineptes qui polluent le marché de l’art et même certains musées. Mais le répéter ne nous avance pas beaucoup. Il faut regarder et...élire.
25 août 2008, 22:05   Re : Picasso (P.A.)
"L’art académique reste le mieux représenté. Une affiche lacérée de 1963 n’a rien de foncièrement étranger avec, mettons, un « paysage de ruine romaine » peint en 1759."

La phrase de Vinci répondait à votre remarque, fort pertinente.

Avez-vous observé l'étrange similitude formelle, matiériste aussi des Nymphéas de 1961 du "collagiste-décollagiste" Raymond Hains avec les Nymphéas de Monet?
Tout cela pour dire, en substance, - et c'est ce que semble dire Vinci - que la matière a son propre espace. L’imagination qui ne s’alimente pas exclusivement dans le monde des idées a besoin du support matériel pour voir son rêve s’épanouir. « Les moisissures des vieux murs m’évoquent des batailles… » (L de Vinci)
Utilisateur anonyme
26 août 2008, 18:25   Re : Picasso (P.A.)
Qui est Jean Aubier (est-ce lui qui ressemble un peu à Mondrian ?) ?
26 août 2008, 19:50   Re : Picasso (P.A.)
Je crois que c'est un éditeur, Boris.
Utilisateur anonyme
27 août 2008, 16:04   Le public est prié de collaborer
Chère Aline,

Permettez-moi de revenir sur une parenthèse de mon message : "(la présence (pour ne pas dire l'omniprésence) de "l'humour" (y compris noir ou même macabre) dans l'art moderne et contemporain s'est-elle vue à un tel degré dans l'art des siècles passés et plaide-t-elle bien fort en faveur de beaucoup de nos artistes ?)"
Je crois qu'en définitive c'est bien cela qui m'indispose dans l'art contemporain envisagé globalement. Qu'en dites-vous ?

Et c'est tout de même drôle, ce qui se passe avec l'art contemporain. Rien de plus commun, d'universellement répandu, que d'en souligner les abus, l'imposture, la "coupure" avec le grand public etc. (réprobation populaire qui, à mon avis, n'est pas pour rien (même si elle n'est pas tout) dans le goût de Renaud Camus pour cet art...).

En somme, on pourrait croire qu'un art qui (toujours globalement) semble se moquer d'être largement "reconnu", serait naturellement conduit à passer outre la question de l'adresse à un public. Et pourtant, c'est tout le contraire. C'est un art qui ne fait que s'adresser et s'adresser encore au public, en espérant (ou exigeant) de lui le regard idoine, l'approche savante, la réception bienveillante du "clin d'œil" ou l'expression de la révolte (façon Orsoni.) Comme on dit, de mille façons, le public a tout son rôle à jouer dans l'existence de l'œuvre.

Cette constatation, si elle est juste, s'accorde d'ailleurs à la parenthèse sus-citée : si "l'humour" est omniprésent, n'est-ce pas l'indice d'un art beaucoup trop dépendant de son public, mais pas à la façon des arts précédents où la position du public était de simple spectateur, mais à la façon "interactive" où le public est appelé à mettre beaucoup la main à la pâte pour qu'elle prenne et monte. Personnellement, je n'aime pas me sentir ainsi sollicité par l'artiste et devenir pour ainsi dire "partie prenante" de son œuvre. E una cosa che mi da fastidio.

Par ailleurs, j'ai relu, extrait de Au contraire de Jacques Laurent (c'est un recueil de chroniques publiées dans diverses revues des années cinquante), une chronique intitulée "La pomme ou contrainte par corps", qui analyse l'art abstrait. C'est bien intéressant mais un peu long pour que je la recopie. Juste une phrase, au vol :

"L'art abstrait est une tentative angélique menée par des matérialistes."
Utilisateur anonyme
27 août 2008, 16:19   Re : Le public est prié de collaborer
Orimont, vous avez un "message privé".
Utilisateur anonyme
27 août 2008, 17:59   Re : La formule
La formule, chère Aline, celle qui éclaire et qui donne à voir, c'est vous qui en êtes la plus authentique expression. Merci à vous de transmettre cette flamme qui brille sans brûler. Quant aux railleurs, ils glapissent de si loin, je ne les entends plus.
Utilisateur anonyme
27 août 2008, 18:03   Re : Picasso (P.A.)
Gala était belle, mais elle a très vite vieilli. Je doute que ce soit elle sur la photo, car elle était plutôt sèche.
Utilisateur anonyme
27 août 2008, 19:36   Re : La formule
Corto, il me semble que c'est vous qui raillez, et qui défigurez (par le mépris) une discussion qui ne me semble ni illégitime, ni dérisoire.
Utilisateur anonyme
28 août 2008, 10:30   Re : Le public est prié de collaborer
"L'art abstrait est une tentative angélique menée par des matérialistes."

Cela ne me semble plus vrai. C'est une phrase qui dit beaucoup sur ce qu'a été l'art abstrait, je trouve, mais qui me paraît avoir perdu de son acuité, aujourd'hui, parce que, comme nombre de réalisations humaines, l'Abstrait a perdu son caractère sacré (séparé). "L'abstrait" est entré dans une autre phase de son développement, contaminé lui aussi, malgré qu'il en ait, par l'espèce de totalité infiltrante et horizontale qui agit partout en même temps, que ce soit dans l'art, dans la pensée, ou dans la politique.

Si je fais le parallèle avec la musique sérielle des années 1950-1980, et je ne peux pas ne pas le faire, même si "musique abstraite" n'a jamais signifié grand-chose (en tout cas pour les musiciens eux-mêmes), la musique sérielle, dérivée de la musique dodécaphonique, a été durant trente années la tentative avouée de trouver (donner) de nouvelles bases à la fonction harmonique. Il a fallu, pendant ce temps, mettre le reste sous le boisseau, pour que cette voie révèle peu à peu (très rapidement en fait) son incapacité à ouvrir le champ des possibles, à elle seule. Tant qu'elle a été sacralisée, elle a pu se perfectionner, croître dans une sorte de splendide isolement qui lui a donné sa couleur propre, fascinante, ce gris profond et immense qui convenait si bien à l'époque. Il lui fallait cette solitude, on s'en est rendu compte plus tard, quand les autres voix se sont fait entendre, à côté d'elle, la privant du même coup d'une grande partie de sa résonance.

Le paradoxe de cette musique était d'exclure nécessairement les autres pour se déployer, et par là d'aller très rapidement à sa mort, une mort par asphyxie et indifférenciation.


Un extrait de la troisième sonate de Pierre Boulez
Cher Orimont,

Bien que j’aie très peu de temps, je vais m’efforcer de répondre à votre message pour lequel je vous remercie. Des formes d’humour, de l’humour, noir parfois, grinçant (voyez Breughel, Bosch), il y a en a eu évidemment dans l’histoire de l’art, des traits de malice légère ou appuyée (les coquetteries de certains peintres de paysage très finement rendu sur une toile dont un coin se relève comme pour dévoiler le leurre) et des « private jokes » aussi très certainement (sans avoir le temps d’approfondir, je pense à ces époustouflants autoportraits au pastel de Chardin migraineux, le crâne enserré dans un tissu, à ces autoportraits de Rembrandt aussi). Au XIXe siècle, l’hypocrisie bourgeoisie dénoncée par de nombreux peintres et écrivains n’est plus à rappeler. Mais une le passage à la moulinette d’une société tout entière, le sarcasme quasi généralisé, cela ne pouvait se concevoir quand Dieu existait encore et la patrie et l’honneur. Pardon pour les lieux communs. Mais comment répondre sans redire tout cela?
Au XXe, après les horreurs de la grande guerre, comment croire encore, - peintres, écrivains -, aux valeurs qui avaient mené à un tel cauchemar ?
J’ai un jour fait ici l’éloge du dernier ouvrage de Jean Clair « Autoportrait au visage absent », dans lequel il met en évidence les raisons de la difficulté de représentation du visage humain depuis le début du XXe. Elles vont des problèmes scientifiques (nouvelles représentations du vivant, nouveaux schémas neurologiques), au problème éthique « l’épiphanie du visage, la rectitude du face-à-face dont parle Levinas sont-elle encore possibles après le dévisagement dont les camps furent le lieu (thème traité aussi dans le Discours de Flaran). Il nous dit aussi que le XXe siècle a substitué le souci social, l’image de soi à la conscience de soi, (l’obsession de toutes les religions et philosophies). Dieu n’est plus là. L’homme n’est plus sacré. La nature se tait aussi. Et l’homme crie (dans les cabinets des psychiatres notamment). Depuis le Symbolisme, on ne voit plus rien derrière les objets non plus. Plus tard, l’échec du miracle promis par l’industrialisation engendrera bien des désenchantements. Alors ? Où trouver un héros à célébrer ? Comment l’honorer sans déclencher l’hilarité ? L’ironie, le sarcasme ne vont sans nostalgie, sans gorge serrée lorsqu’on porte le regard en arrière sur les siècles de culture antique, classique. Jean Clair voit l’art du XX siècle comme un long lamento.
Un lamento peut être très beau. Le rire, la parodie, le sarcasme, l’humour noir peuvent avoir une certaine classe. Il peut faire très mal. Lucian Freud, Bacon nous écorchent. La beauté peut être terrible et faire mal.
Mais je partage votre aversion pour l’uniformité et le macabre de beaucoup d’installations (pour utiliser un terme très général), leur nullité, leur veulerie et leur cynisme marchand.
Autre chose : vous savez, je ne pense pas que l’amour de Renaud Camus pour l’art contemporain doive quelque chose, si peu que ce soit, à la réprobation populaire. Il suffit de lire les mots qu’il utilise pour en parler. Ce sont ceux d’un authentique amoureux de peinture, de matières, de couleurs, de sons.
Et pour répondre brièvement à votre dernier point, je n’aime pas moi non plus d’être mise en demeure d’entrer en « interaction avec une oeuvre » (dans ce cas, je passe mon chemin) mais nous le faisons volontairement depuis toujours : n’oubliez pas que le lecteur, le « regardeur » ont toujours eu un rôle actif dans l’œuvre. Je reprends ici une citation publiée par un ami dernièrement sur son blog :
"À tout moment, le lecteur est prêt à devenir écrivain »
("L'oeuvre d'art" (dernière version, telle qu'elle publiée dans le volume Oeuvres III dans la collection Folio essais)
»
Utilisateur anonyme
28 août 2008, 15:41   A tout moment
Chère Aline,

"À tout moment, le lecteur est prêt à devenir écrivain »

"À tout moment, le mélomane est prêt à devenir compositeur »

"À tout moment, le spectateur est prêt à devenir comédien »

"À tout moment, le visiteur de musée est prêt à devenir artiste »

Parfait. Et c'est bien pour cela qu'aujourd'hui, tout compte fait et bien fait, je préfère l'artisanat supérieur à l'art, sachant qu'à tout moment le violoniste n'est pas prêt à devenir luthier, l'amateur de beaux meubles ébéniste, l'habitant de château tailleur de pierres.

Par contre :

"À tout moment, le client est prêt à devenir employé"

Et surtout :

"À tout moment, l'hôte est prêt à devenir l'hôte »
28 août 2008, 16:06   Re : A tout moment
Tant pis Orimont, je ne cherche à convaincre personne.
(Je m'aperçois que j'ai oublié de donner l'auteur de l'extrait, mille excuses, c'est Walter Benjamin).
Utilisateur anonyme
28 août 2008, 16:43   Re : A tout moment
Nous discutons aimablement, chère Aline, voilà tout. J'imagine bien la dimension poétique ou philosophique que Walter Benjamin entendait donner à sa pensée quand il écrivait : "À tout moment, le lecteur est prêt à devenir écrivain" et j'imagine aussi que personne, à l'époque où il l'a émise, ne se serait avisé de la prendre au premier degré. Le fait est que c'est bien au premier degré qu'on peut désormais la prendre et très légitimement. Le lecteur devient écrivain pour de bon, il publie ; l'amateur d'art devient artiste pour de bon, il expose; le spectateur de cinéma devient comédien pour de bon, il est engagé et reçoit un César (à propos, j'attends toujours mon contrat d'instrumentiste en trois exemplaires au kazoo...)

Plus généralement, il me semble d'ailleurs que les trois-quarts de l'invention humaine contemporaine consiste à prendre au premier degré et à réaliser ce qui, des siècles durant, s'est entendu au "figuré".
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