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Terroristes ou activistes ?

Envoyé par Henri Chatterton 
Qui saura m’expliquer ceci ? Il y a quelques jours, surprise, Le Figaro-AFP emploie le mot de terroristes à propos des bédouins qui ont tué des soldats égyptiens dans le Sinaï et se sont brièvement introduits en Israël, où ils ont été tués. Tiens, me dis-je, curieux qu’on les désigne comme des terroristes. « Des terroristes sont arrêtés par l’armée égyptienne, les corps des terroristes tués sont restitués par Israël à l’Égypte ». Et ces terroristes sont identifiés aussi comme des « islamistes du Sinaï ».

Et puis voici que, du jour au lendemain, le mot terroriste est remplacé par le mot activiste. Au point de donner une langue de bois absolument incompréhensible. "Le chef tribal Khalaf al Menahi et son fils ont été abattus par des activistes alors qu'ils revenaient d'une conférence organisée par les chef tribaux pour dénoncer l'activisme" (dépêche Reuters d’aujourd’hui 13 août). il s’agit, si j’ai bien compris, d’un bédouin non islamiste qui a été assassiné par les bédouins islamistes, mais allez savoir, puisque des instructions langagières contradictoires brouillent irrémédiablement le sens de ce qu’on lit.
Le Figaro-AFP est une mine. Par exemple, hier on pouvait lire dans un articulet sur "la marche de Russes sur Paris" des choses parfaitement incompréhensibles. Ces organes de presse n'ont plus besoin de relecteurs ou de correcteurs, il leur faut désormais des traducteurs franco-français. Leurs rédacteurs ne comprennent à peu près rien de ce qu'ils écrivent ou bien s'ils le comprennent se fichent éperdument de le faire comprendre.

Exemple:Harcelée par les troupes russes, notamment son bataillon de cosaques, des aventuriers épris de liberté au service du tsar, et minée par le froid, la Grande Armée commandée par Napoléon est vaincue en novembre lors de la traversée de la rivière Bérézina. (Faut-il lire leur bataillon de cosaques ? Allez savoir)

[www.lefigaro.fr]

Les dépêches AFP dans leur version reprise par les grands quotidiens parisiens ressemblent de plus en plus à un sotisier du baccalauréat.
Ces organes de presse n'ont plus besoin de relecteurs ou de correcteurs, il leur faut désormais des traducteurs franco-français.

Je vais commenter cette perle en anglais, c'est beaucoup plus percutant: That is classic stuff!

L'AFP commet en effet des articles qu'on croirait produits par quelque machine à écrire devenue folle ou un logiciel ayant 'buggé'. Selon comment on est luné, c'est involontairement drôle ou agaçant.
Une des raisons à ce phénomène est sans doute à chercher dans l'emploi par l'AFP de traducteurs anglophones pour traduire les dépêches en français. Voyez ici par exemple ce "rivière Bérézina", calque idiot de "river Beresina" là où en français "la Bérézina" aurait amplement suffi. Cette apparente confusion dans les possessifs (les troupes russes // son bataillon de cosaques) est également révélatrice: les Anglophones (et les Francophones au bout d'un séjour d'un certain temps en pays anglophone) ont généralement le plus grand mal à employer le possessif leur devant un inanimé, sachant que les adjectifs possessifs anglais ne s'utilisent pratiquement pas dans cette position ("le Conseil et ses comités" donnera "The Council and Committees" en anglais); et c'est du reste à cela que l'on reconnaît un traducteur français inexpérimenté: la rareté des possessifs dans son texte français traduit de l'anglais.
Jolie perle, en effet. (Ils embauchent, au Figaro ?)
Ceci dit, vu le niveau actuel en matière de connaissances historiques, il n'est pas stupide de préciser que la Bérézina est une rivière et non, par exemple, un col comme le Galibier.

Je me demande si le "son" ne se rapporte pas à Alexandre Ier, qui figure dans la phrase précédente, non citée.

Il entre dans Moscou en septembre, mais le tsar Alexandre Ier ne capitule pas.
Utilisateur anonyme
14 août 2012, 13:21   Re : Terroristes ou activistes ?
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Mais qu'avez-vous contre "ceci dit" ?
Jean-Marc a raison, il est désormais indispensable de préciser, dans un article de journal ou dans un discours présidentiel "la rivière biélorusse Bérézina", "l'homme politique français Charles de Gaulle" "la bergère-femme de guerre-sainte française Jeanne d'Arc".

Cela dit, sur ceci et cela, il a tort, en tout cas selon les puristes et en dépit des références littéraires tirées de Littré qu'il ne manquera certainement pas d'appeler à témoignage.
C’est Paul Léautaud qui se mettait très en colère quand on ignorait la règle de « ceci, cela ».
Ha, ceci et cela...

Je crains voir ici une prévention contre les ci-dits...

Notez qu'outre dans le Littré et le TLFI, vous trouverez "Ceci dit" chez Drieu, par exemple : "Ceci dit : vous vous battez pour la Patrie et même pour le Gouvernement, sous les ordres des généraux."

Ce faisant, je n'ai jamais bien compris l'argument des puristes à ce propos...
Pourriez-vous avoir l'obligeance de bien vouloir m'initier à cette règle ?
Léautaud s’énervait aussi beaucoup contre les gens qui mettent par coquetterie des « à » et des « de » devant les verbes à l’infinitif (« désirer de savoir » etc.). Il tenait là-dessus des discours très éloquents à Georges Duhamel. Et il concluait d’un : « J’aime à croire, Duhamel, que vous êtes de mon avis. »
Eric, pour Léautaud, ceci.

Léautaud avait deux maîtresses, celle-ci, Anne Cayssac, dite « le Fléau », qui était une vraie idiote mais, comme on dit, une affaire au lit ; celle-là, Marie Dormoy, « une créature complètement démolie comme santé, surtout côté organes sexuels ».

Des deux, celle-ci et celle-là, Léautaud disait ceci en pensant à cela :

« L’une a ceci, mais pas cela. L’autre n’a pas ceci, et a cela. »
Je ne sais si c'est une véritable règle, cher Éric, mais pour introduire quelque chose qui va être nommé on emploie toujours "ceci" (« J'ai a vous dire ceci : ... », et donc, par opposition, on emploie plutôt "cela" pour parler de quelque chose qui a déjà été cité (« Je vous ai dit cela pour ... »)... sauf bien sûr dans l'expression "celui-ci" qui se réfère au dernier nommé et s'oppose à "celui-là", nommé précédemment. C'est la même différence qu'entre this et that, dies et das, différence assez ténue et sujette à caution, mais tout de même, il vaut mieux dire "cela dit".
Non non Jean-Marc, dans la phrase précédente figure Napoléon 1er, intercalé entre les cosaques en aval et Alexandre 1er en amont. Vous pensez bien, sinon, que je me serais bien gardé...
Marcel,

Pour moi, ceci se rapporte à ce qui est le plus proche et cela à ce qui est le plus éloigné.

Littré : Indique, par opposition à cela, la chose la plus proche de celui qui parle. Ceci est à moi, cela est à vous. Ceci est beau, cela est laid.

Comme exemple de cela introductif, toujours :

Cela.... que, locution où cela annonce ce qui va être dit.

"Cela est faux, mes pères, que, la défense étant permise, le meurtre soit aussi permis". Pascal.


Et la note générale :

Ceci s'emploie quand on veut annoncer des paroles qui vont être prononcées. Dites à votre ami de ma part ceci : il est nécessaire qu'il prenne garde à lui. Cela s'emploie quand on se réfère à des paroles qui viennent d'être prononcées : il est nécessaire que votre ami prenne garde à lui, dites-lui cela de ma part. S'il s'agit non pas de paroles prononcées ou à prononcer, mais seulement de quelque chose à quoi on se réfère, on peut employer ou ceci ou cela : il faut songer dans la jeunesse aux besoins de la vieillesse ; ceci ou cela s'adresse aux prodigues. On emploiera aussi ceci ou cela, si l'on se réfère à quelque proposition qui vient après : cela ou ceci est vrai que Galilée fut condamné par l'inquisition.
Merci, Messieurs, ce que vous m'apprenez semble assez simple et compréhensible, je tacherai de m'y conformer : ceci est plus proche que cela. Puis-je me permettre de faire un rapprochement avec naguère plus proche que jadis ?
Citation
Éric Veron
... ceci est plus proche que cela.

Pour être précis et complet :

« CECI DIT, CELA DIT. Cela revoie à ce qui précède, ceci annonce ce qui va suivre : Après avoir dit cela, il ajouta ceci. Pour cette raison, ceci dit est en haine au puriste de base. Dupré rapporte qu'un professeur avait dressé ses élèves à demander : quel sidi ? quand il avait dit distraitement : ceci dit. En une compagnie un peu sensible à ces questions-là, ceci dit entraîne pour qui l'emploie une très nette perte de crédit.
--- Il peut arriver toutefois (mais cette remarque ne concerne pas ceci dit, condamné sans retours) que ceci renvoie légitimement à ce qui précède, lorsque plusieurs éléments sont en cause -- ceci désigne alors le plus rapproché, par opposition à l'autre : « Le banquier a dit qu'il pouvait nous faire un prêt, mais à un taux de treize et demi pour cent : ceci a tempéré nettement l'enthousiasme que nous avait inspiré cela. » [Ah, les vaches !] »

(Renaud Camus, Répertoire des délicatesses du français contemporain)
Cela me fait penser à une grammaire anglaise que j'ai lue récemment et qui parlait du combat entre like et as.

Les Anglais ont ceci de bon, en grammaire, qu'ils ne se prennent pas trop au sérieux.

L'auteur de l'article expliquait qu'il ne fallait pas utiliser like dès lors qu'on parlait de personnes, puis citait tout un ensemble d'auteurs utilisant like de cette façon, Shakespeare, Samuel Johnson (puis toute une liste) et récemment (cette grammaire est ancienne) Churchill déclarant :

It may be true that, as a Nation, we have been overrun by committees, like the Australians were by the rabbits.
Merci de ce rappel, Cher Pyrrhon. Je suis pourtant un lecteur enthousiaste et assidu du Répertoire. Puisse Renaud Camus ne pas trop tarder à combler ses longs moments de loisir (pour ne pas dire d’oisiveté) par l'élaboration d'une mise à jour. Que la nuit vous soit douce.
Je me permets de résister. Considérez cette citation, de Vaugelas, je crois :

"Ceci dit, belle abbesse...".
Chers amis, comme Marcel le laissait entendre, j’ai persisté dans l’obstination et cherché quel était l’usage de ces cataphores et anaphores.

Grevisse, suivant en cela (ceci ?) Thérive et Hanse, nous dit que « ceci dit » paraît licite car la phrase qui le précède est considérée comme toute proche, et cite :

Ceci dit, que le gouvernement prenne ses responsabilités. (Romains)
Ceci dit, on peut faire correspondre à chaque individu un domaine remarquable de son existence. (Valéry).


De même, « ceci » est souvent employé dans le sens anaphorique :

[i]Un héritier gênant, en bas âge, qu’ils prenaient et qu’ils maniaient, perdait sa forme. Ceci facilitait les confiscations. (Hugo)
Ce jour-là, tu pourras me pleurer comme un homme mort. – Mort, non, reprit Olivier, mais tombé de haut. N’importe, ceci est funèbre. (Fromentin)
Ceci prouve que la théologie se retrouve un peu partout. (Valéry)
Ceci retenu, que reste-t-il à faire ? (Gide)


Par ailleurs, existe la notion du démonstratif lointain, là où le puriste attendrait ceci on trouve cela :

Il faut qu’un jeune prince français sache cela. Dans un monde dominé,… (Bernanos)
Catholiques et révolutionnaires, vous avez au moins cela en commun : l’acte de Foi. (Mauriac)
[/i]

Idem quand le pronom annonce une démonstrative :

La vertu a cela d’heureux qu’elle se suffit à elle-même. (La Bruyère)
Cela seul lui importait que Paule ne rouvrît pas le débat. (Mauriac)
Les récits de famille ont cela de bon qu’ils se gravent… (Vigny)
Ils ont cela de charmant qu’ils sont pauvres. (France)



Logique et cohérence sont donc, à l’évidence, au rendez-vous.
Kèskejvoudisè...
Citation
Pierre Jean C.
Ces organes de presse n'ont plus besoin de relecteurs ou de correcteurs, il leur faut désormais des traducteurs franco-français.

Je vais commenter cette perle en anglais, c'est beaucoup plus percutant: That is classic stuff!

L'AFP commet en effet des articles qu'on croirait produits par quelque machine à écrire devenue folle ou un logiciel ayant 'buggé'. Selon comment on est luné, c'est involontairement drôle ou agaçant.

Selon comment me paraît lui-même issu d'un "bug"...
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