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Cette France qui se vomit

Envoyé par Gérard Rogemi 
14 août 2012, 13:13   Cette France qui se vomit
Quand je vous disais que notre époque est le summum de l'abjection

Cette France qui se vomit (info # 011408/12) [Analyse]

Par Raphaël Delpard © Metula News Agency

Le 5 juillet 1962, le peuple algérien accède à l’indépendance. Inutile de revenir sur les conditions de la défaite de la France, il faudrait, pour l’expliquer, réécrire l’histoire du conflit franco-algérien, lequel dura huit longues années.

Nous pouvions cependant espérer, qu’en 2012, les élus et les politiques français trouveraient les termes adéquats pour le cinquantième anniversaire de la victoire des Algériens – il serait plus juste d’écrire : pour la victoire du F.L.N (Front de Libération Nationale) – tant il est vrai que le peuple algérien n’a jamais eu vraiment son mot à dire dans cette révolution, ni dans le déclenchement des hostilités avec la France métropolitaine. Mais ceci concerne un autre aspect du conflit.

Nous pouvions donc penser, et je faisais naïvement partie de ceux-là, que les élus et le pouvoir politique profiteraient de l’occasion unique qui se présentait à eux pour mettre le dossier à plat, et créer une dynamique de rapprochement entre Alger et Paris, comme cela a été fait en un autre temps entre l’Allemagne et la France.

L’occasion unique aussi de mettre en lumière les dossiers douloureux restés secrets, tel celui des Français enlevés par le F.L.N après le cessez-le-feu du 19 mars 1962, et qui n’ont jamais été retrouvés. Situation qui, aujourd’hui, endeuille des centaines et des centaines de familles européennes et algériennes ; je veux parler des harkis, lesquels subirent un sort identique à celui qui fut réservé aux Français.

Les sujets à évoquer étaient nombreux et passionnants. Un pont aurait pu être créé entre Alger et Paris, qui aurait permis aux historiens et aux témoins de faire des allers et retours entre les deux capitales ; de faire entendre leur voix, de chaque côté de la Méditerranée, de manière à ce que les étudiants, de même que l’homme de la rue, enfin confrontés en direct à la narration des événements, puissent librement s’en faire une opinion. Sous condition toutefois que rien, du plus monstrueux au plus glorieux, ne leur soit dissimulé.

Mais rien n’a été fait dans le sens que je souhaitais. Nous avons pu assister, une fois de plus, et au contraire, au pire et à l’ignoble.

L’administration Sarkozy n’avait pas jugé utile de mettre en place un plan concerté de manifestations entre les deux pays. Elle a ainsi laissé le champ libre aux associations et aux organisations de tout poil et de toutes obédiences pour mettre un programme sur pied.

La nouvelle administration Hollande, ignorant si elle arriverait au pouvoir, n’avait rien préparé non plus.

La télévision du service public a tiré la première salve. Il était normal qu’il en aille de la sorte, puisque les journalistes engagés qui y officient peuvent étaler leur vision du monde avec l’argent du contribuable.

France 3 diffusa un film intitulé « Les porteuses de feu ». Lisez bien ! Une production à la gloire des femmes algériennes qui déposèrent des bombes en 1954 et tout au long de la guerre dans les lieux majoritairement fréquentés par les Européens. Tuant des civils et mutilant à vie des enfants.

Qu’une chaîne de télévision française puisse rendre un hommage à l’ennemi est déjà grave, mais ce qui l’est encore plus, ou du moins tout autant, c’est qu’aucun contradicteur n’avait été invité sur le plateau pour apporter son témoignage.

Ensuite nous avons vu réapparaître, chenus, les mêmes sicaires de la mémoire et de la vérité qu’il y a cinquante ans. Les mêmes qui faisaient à l’époque la guerre en Algérie entre les cafés du boulevard Saint-Germain et ceux de Saint-Michel.

La plupart n’avait jamais mis les pieds en Algérie et, forcément, jamais senti l’odeur de la poudre lors d’une embuscade. Ce qui ne les gênait pas pour trouver cette guerre « dégueulasse », sans jamais préciser pour autant, que c’était une minorité algérienne formée à l’étranger qui l’avait déclenchée, tuant à tour de bras, dans la barbarie la plus extrême, les civils hommes, femmes et enfants. Aussi bien européens qu’algériens.

Il faut pourtant le faire savoir haut et fort : en 1954, dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1954, l’Algérie vivait en paix. En posant des bombes à Alger et ailleurs, en assassinant des civils, par définition sans défense, les nationalistes algériens ont intentionnellement détruit cette paix, point d’équilibre entre les deux communautés. Dans les deux cas, ils ont piétiné les efforts de construction du pays et réduit leur avenir à une simple hypothèse. C’était leur objectif.

Ceux-là mêmes, les assassins, les chenus, sont revenus, sortis de leur longue hibernation, passée au chaud dans les administrations de la République, en particulier à l’Education nationale, touchant de confortables traitements tout en continuant de rêver à leurs exploits de guerriers de pacotille mais d’authentiques terroristes.

Ces guerriers de l’imposture furent invités sans discontinuer, des semaines durant, à la télévision, sur les antennes des radios et dans la presse écrite. Les media tricolores leur aménagèrent des espaces bien en vue, dans lesquels ils purent, à satiété, une nouvelle fois, laisser couler leur vieille gourme.

Que disaient-ils de si intéressant, qu’on leur abandonnât le monopole de la mémoire ? Rien. Que la France s’était mal conduite, que l’armée s’était montrée ignoble, que les Français d’Algérie furent des tortionnaires qui avaient persécuté les pauvres Algériens pendant cent trente-deux ans.

On eut droit aux mêmes rémoulades que celles qu’ils expectoraient à l’époque de leur grandeur. Pas un seul, et pour cause – c’eût été faire preuve de quelque honnêteté historique –, n’a évoqué les conditions de la conquête de l’Algérie par la France. En particulier, la nécessité objective qui prévalait de mettre un terme à l’abordage des paquebots par des bateaux de pirates sur les côtes de la Méditerranée, qui réduisaient les voyageurs à la condition d’esclaves à vie, soumis à toutes les volontés du Dey d’Alger.

Pas un seul non plus n’eut la franchise d’évoquer le terrorisme du F.L.N, préférant, comme à leur habitude, cracher leur fiel sur l’O.A.S, car ils savent que l’énoncé de ces trois lettres leur assure, systématiquement, un crépitement d’applaudissements.

Nous aurions pu imaginer que ces gens, repliés dans l’ombre acide de leur mémoire, auraient trouvé le temps de réfléchir, quitte à reconnaître, prenant un minimum de distance par rapport aux évènements, certaines de leurs erreurs du passé.

Ils auraient pu, par exemple, révéler, une bonne fois pour toutes, l’aide qu’ils apportèrent au F.L.N, en transportant des valises pleines de la contribution financière extorquée, sous la menace, aux paisibles ouvriers algériens, souvent établis dans des bidonvilles à la périphérie de Paris.

Une contribution qu’il était légitime de considérer comme une collaboration active avec l’ennemi. Car nous étions bien en guerre, même s’il fallut attendre des années – jusqu’en 1998 ! – avant que les politiques de l’Hexagone acceptent enfin de la considérer comme telle. Et de gommer du vocabulaire le terme honteux qu’ils utilisaient, avec, chaque fois, un accent de fausse pudeur dans la voix, dans le douteux dessein ne pas choquer la population française : « les événements ».

Car les soldats qui tombaient dans chaque camp mourraient sous l’impact de vraies balles. Les témoins exclusifs choisis par les TV françaises étaient venus en aide aux terroristes algériens, leur permettant d’acheter des armes en ex-Yougoslavie, avec lesquelles les soldats de l’ALN, la branche armée du F.L.N, tuaient les soldats… français. Certains, à l’époque, ont été jugés mais combien d’autres ont échappé à toute sentence, à l’exemple de Michel Rocard ?

Marseille, la première ville où débarquèrent en 1962, ahuris, angoissés, les poches vides – les mieux lotis possédaient une méchante valise -, les Français d’Algérie chassés de chez eux. Humiliés et brutalisés à chaque étape de leur chemin de croix, c’étaient les pieds-noirs, les petits enfants de ceux qui avaient cru à un rêve.

Non pas comme le croient les bourrelets de Saint-Germain ou les proto-communistes – ce sont souvent les mêmes -, pour asservir un peuple, non, mais pour bâtir. Bâtir ! Un mot que notre gauche – en retard d’un siècle – n’a toujours pas commencé à comprendre.

Le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, fine fleur de l'intelligentsia politique, a voulu, une fois de plus, montrer combien l’élu français reste un indécrottable munichois. Pour ce faire, il n’a pas hésité à mettre un genou à terre, preuve de sa contrition face au F.L.N : il a déroulé le tapis rouge, fait battre les tambours et emboucher les trompettes en recevant Yacef Saadi et Zohra Drif.

Yacef Saadi est l’homme qui organisa, planifia le terrorisme dans l’Algérois et ailleurs dans le pays. C’est lui qui envoyait les tueurs assassiner les femmes européennes et algériennes dans les cours d’immeubles, celles qui étaient réfractaires à la révolution.

Lui encore, qui faisait tirer à la mitraillette à la sortie des lycées, qui fit installer des bombes dans le corps des réverbères, celles qui étaient posées à l’arrêt des trams afin que leur explosion « tue un maximum de civils ». Lui encore, qui faisait jeter des grenades dans les bus aux heures de pointe, quand les employés rentraient à leur domicile. Qu’il y ait eu parmi les blessés et les morts des enfants appartenant aux deux communautés ne le dérangeait pas le moins du monde.

Yacef Saadi, qui envoya ses tueuses, des jeunes femmes d’apparence sympathique, dans les cafés et les casinos mettre des bombes.

Les exploits des tueurs et tueuses en série – action qui fut, bien entendu, contestée par les communistes – prirent fin avec la Bataille d’Alger. Sans doute auraient-ils aimé que les nervis de Saadi continuassent à tuer plus de Français encore, comme le réclamait le gourou Jean-Paul Sartre. Ce dernier osa écrire : « Car, en le premier temps de la révolte, il faut tuer : abattre un Européen c’est faire d’une pierre deux coups, supprimer en même temps un oppresseur et un opprimé : restent un homme mort et un homme libre ; le survivant, pour la première fois, sent un sol national sous la plante de ses pieds ». Cependant, il se taisait lorsque des Algériens musulmans subissaient le sort qu’il souhaitait à ses compatriotes. Signalons encore que Sartre n’a jamais mis les pieds en Algérie et donc n’a pu, à aucun moment, saisir la réalité du pays.

Il existait un autre parti nationaliste algérien, connu de tous, et qui se battait avec vaillance pour l’affranchissement des Algériens mais en restant lié d’une façon ou d’une autre avec la France. Le mouvement de Messali Hadj, qui fut purement éradiqué, ainsi que son leader, par le F.L.N. Parce que ce dernier se voulait être le seul à la proue du combat de « libération ». Il faut savoir que la Guerre d’Algérie fut, à son début, une guerre civile entre les Algériens.

Zohra Drif était, quant à elle, parmi les plus acharnées des tueuses du groupe Saadi. A Marseille, pas un seul instant, elle n’a regretté ce qu’elle avait commis ; les membres déchiquetés des enfants et les vies brisées faisant partie, selon elle, du mouvement inéluctable de la révolution. Le mot révolution est trop souvent utilisé et à toutes les sauces dans cette histoire, elle y pimente le plus infâme des brouets.

A Marseille, ville française ayant vu tant d’agonies de Français d’Algérie, le terrorisme a été applaudi, et les acteurs de la barbarie organisée ont été qualifiés de « combattants ». Merde !

Je demande que l’on m’explique où se situe l’acte de gloire d’un tueur anonyme devant les membres brisés d’enfants, les hurlements de détresse des mères, et les sanglots muets de ceux qui ont perdu à jamais leur raison et leur intégrité physique.

Qui peut effectivement s’opposer à un peuple qui réclame sa liberté ? Seulement, la liberté, en Algérie, n’était ni bafouée ni le pré carré de quiconque. Les bus, les trains, les trams, les magasins, les cinémas, les écoles, les cimetières, les rues, les boulevards, les plages, les administrations, les commissariats, les aérodromes, les ports, les centrales électriques, les hôpitaux, le ciel, la pluie, l’eau, les invasions de sauterelles et le vent venu du désert étaient à tout le monde.

L’occupant – du moins celui qui était désigné comme tel par les insurgés – était-il majoritaire ? En 1962, lorsque tout se délita, un million d’Européens quitta cette terre où vivaient huit millions d’autochtones.

Les aïeux des nationalistes ne demandèrent pas aux Vandales ni aux Romains, ni aux Arabo-musulmans qui les avaient convertis par la force, ni aux Ottomans qui avaient pris leurs richesses et n’avaient rien bâti, de partir. Cela appartenait au passé, et on n’y pouvait rien changer, pensaient-ils…

Tandis que ceux qui, épaule contre épaule, avaient sué avec les Algériens pour voir s’élever un pays nouveau, furent contraints de quitter ce sol « depuis trop longtemps souillé par leur présence », selon l’avis de leurs descendants.

Tournant le dos au dialogue, la violence qu’ils imposèrent dès le 1er novembre 1954 établissait leurs revendications, pensaient-ils. Elle eut pour résultat d’amorcer le cercle infernal du terrorisme, dans lequel se trouvèrent enfermées toutes les composantes de la société algéro-française ; d’élever les uns contre les autres des gens qui, auparavant, cohabitaient et se respectaient ; et de faire naître la méfiance et la haine entre eux, d’engager une guerre, laissant dans chaque camp des morts et des blessés psychologiques pour toujours.

Un champ de ruines pour une liberté qui pouvait se gagner par la concertation. L’avantage du nombre aurait joué en faveur des Algériens pour toutes les décisions qui auraient été proposées.

La demande de liberté n’est pas venue du peuple courbé sur la terre, l’outil dans les mains, mais de groupes extérieurs, répondant à des sollicitations étrangères. Il leur faudra d’ailleurs convaincre leurs frères algériens du bien-fondé de leur action. Pour y parvenir, ces hommes, ne connaissant rien d’autre que l’épreuve de force et la brutalité, engageront, comme il se doit, un climat de terreur à l’encontre de leurs nationaux, accompagné d’une sauvagerie que l’on croyait réservée aux peuples dits primitifs.

Rien ne sera laissé au hasard pour les amener à se fondre dans l’action « libératrice » : nez coupé, gorge tranchée, décapitation, émasculation… Les ressources de l’homme, sur le terrain de la destruction de l’autre, sont inépuisables et ne connaissent aucune frontière.

Les nationalistes auraient pu se limiter à faire la guerre, et, à ce titre, gagner le respect des mémoires. Ils ont préféré devenir des terroristes, imprimant leurs actions du sceau de l’assassinat prémédité d’innocents.

Ils refusèrent d’écrire le chapitre qu’ils appelaient de leurs vœux, utilisant pour ce faire une encre nouvelle, stylo tenu à quatre mains avec les Français. Pourtant, tout ce dont ils jouissent depuis l’indépendance, en 1962, est le travail conjugué d’Algériens et de Français, lesquels Français se considéraient comme Algériens, au même titre que leurs compatriotes musulmans.

N’y a-t-il eu que Marseille à s’être vautrée dans la sanie ? Hélas non. La même funeste cérémonie de repentance fut organisée ailleurs. Notons que pas une seule des villes organisatrices des colloques de la honte n’a exigé que la réciproque ait lieu en Algérie.

Les élus, les journalistes complaisants, les media nationaux, les réseaux gauchistes, ont rejeté dans l’ombre, passés par pertes et profits – ou recouvert d’opprobre -, les deux millions de jeunes Français que l’on envoya combattre de 1954 jusqu’à 1962.

Trente-deux mille d’entre eux furent tués, plus de dix mille blessés et amputés. Cinq cents perdirent la raison. Cent quatre-vingts se trouvent encore à l’hôpital d’Armentières. Des centaines furent prisonniers dans des conditions de barbarie extrême, des milliers ont disparu, laissant des familles endeuillées. Des mères de famille, ne revoyant jamais revenir leur fils, se sont suicidées par chagrin – sans que celles-ci n’aient obtenu, cinquante ans après la fin des combats, une explication rationnelle des circonstances de la disparition.

A cette comptabilité mortifère, il faut ajouter les cent cinquante mille harkis, que le pouvoir gaulliste renvoya en Algérie, leur refusant l’hospitalité qu’il offrait pourtant à d’autres Algériens. De l’autre côté de la Méditerranée, les tueurs, couteaux affûtés, les attendaient.

La repentance annoncée par le chef de l’Etat, François Hollande, n’étonnera personne. Ce sera la France munichoise qui se fera entendre une fois de plus.

Les crabes de Saint-Germain-des-Prés pourront mourir paisiblement tout en suçant leur victoire. Ils auront fini par gagner leur guerre. Celle du mensonge et de la désinformation.
Utilisateur anonyme
14 août 2012, 13:33   Re : Cette France qui se vomit
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Voilà un article qui gagnerait beaucoup à nommer les producteurs d’émissions de télé à la gloire des terroristes, les planqués sortis de leur longue hibernation à l’Education nationale pour encenser les assassins, et le reste de cette pittoresque bande.
Sans doute, mais tout de même : « Le mouvement de Messali Hadj, qui fut purement éradiqué, ainsi que son leader, par le F.L.N ». Il n'a pas été "éradiqué", il a échappé à l'attentat qui le visait et est mort dans son lit des années plus tard. D'autre part, s'il est vrai que la guerre d'Algérie fut aussi une guerre civile entre Algériens musulmans, les conditions qui régnaient là-bas en 1954 n'étaient peut-être pas aussi idylliques que l'article le suggère.
14 août 2012, 15:44   Re : Cette France qui se vomit
les conditions qui régnaient là-bas en 1954 n'étaient peut-être pas aussi idylliques que l'article le suggère. "

Certes, cher Marcel, elles étaient loin d'être parfaites, comme toute condition humaine dans ce bas monde, mais je maintiens que la France était allée en Algérie aussi loin que possible dans l'entente entre populations non musulmanes et musulmanes. Nulle part dans aucun pays, et pas davantage dans le nôtre aujourd'hui, on avait réussi cet exploit à mettre sur le compte du génie français. Et si la colonisation avait encore duré quelques années, les imperfections du sytème et ses injustices, bien plus rares qu'on ne le dit, eussent fini par être résolues et le résultat eût pu servir, en partie, de modèle et de recette, à ce fameux "vivrensemble" dont on nous rebat les oreilles et dont on n'a jamais été si éloigné depuis que, en effet, seuls les calomniateurs de la France ont le droit à la parole. Ils ont réussi, eux, le sinistre "exploit" inverse : dresser l'un contre l'autre, et peut-être à jamais, deux peuples qui ne demandaient qu'à s'entendre. Ils appartiennent, selon moi, à la pire espèce de criminels qui soit : ceux qui confortablement installés chez eux, loin de tout danger, font froidement, gratuitement, le malheur de millions de gens innocents.
Citation
Nulle part dans aucun pays, et pas davantage dans le nôtre aujourd'hui, on avait réussi cet exploit à mettre sur le compte du génie français.

Wahr !

On a même vu la naissance d'un nouveau type d'homme. Les européens vivants au contact de la population autochtone ont été souvent au fil des générations intérieurement transformés et constituaient une nouvelle "race".

J'en ai connu plusieurs dont la caractéristique principale était une patiente équanimité ou une douceur de caractère étonnante chez des peuples originaires du pourtour méditerranéen plutôt réputés pour leur tempérament bouillant.
Je ne sais pas. Il me semble que la question de l'égalité civile résume l'impasse dans laquelle on se trouvait : comment faire des musulmans d'Algérie des citoyens à part entière sans exiger d'eux l'abandon du droit musulman tout en évitant de renier notre propre droit ? Nous avons du reste le même problème, plus ou moins masqué par les accommodements, raisonnables ou pas, à Mayotte.
14 août 2012, 16:47   Re : Cette France qui se vomit
"Nous avons du reste le même problème, plus ou moins masqué par les accommodements, raisonnables ou pas, à Mayotte. "

Exactement ! C'est ce que je me tue à dire à ceux qui font ce reproche à la France coloniale : nous avons le même problème , aujourd'hui, en France, avec les musulmans, preuve que cela n'avait rien à voir avec du colonialisme.
14 août 2012, 16:53   Re : Cette France qui se vomit
Je me souviens de l'étonnement des coopérants français ou étrangers débarquant en Algérie au lendemain de l'indépendance, devant la bonne entente , voire la complicité, des Algériens et des Pieds- noirs encore assez nombreux à Blida. Ces coopérants, majoritairement de gauche et farouchement anticolonialistes, se sentaient très mal à l'aise avec les Algériens. Ils avaient -- déjà -- le sentiment de n'en faire jamais assez avec eux et en voulaient aux Pieds- noirs de leurs rapports amicaux, naturels, décomplexés, avec les "indigènes" qui les leur rendaient bien, mais ils en voulaient encore plus à ces derniers de ne pas assez haïr la France et les Français d'Algérie. J'en connais qui ont abrégé leur coopération dans le pays pour cette raison !
Citation
Je ne sais pas. Il me semble que la question de l'égalité civile résume l'impasse dans laquelle on se trouvait

C'est aux fruits que l'on juge l'arbre.

Le fait que les supplétifs musulmans servants dans l'armée francaise étaient très nombreux bien plus nombreux que ceux qui combattaient dans les bandes du FLN est la preuve que la France ou l'armée francaise avait su gagner les coeurs.

Il ne faut pas oublier que sur le terrain la guerre avait été gagnée.
Marcel soulève une question importante.

Bien des Kabyles souhaitaient abandonner le statut personnel pour obtenir le statut de droit commun, ils eurent affaire à une très forte opposition. Pourquoi ? parce que, citoyens de droit commun, ils auraient eu la majorité au collège électoral.

Cet article est intéressant, mais il laisse à penser que l'Algérie au 31 octobre 1954 était une contrée où coulaient le lait et le miel, que lapaient de concert l'agneau et le léopard. C'est faux, tout simplement. La France avait fait une grande oeuvre, l'Algérie avait beaucoup progressé, mais beaucoup de misère subsistait, et le phénomène "petit blanc" empêchait des réformes sérieuses.

Il est toujours dangereux de ne voir qu'un côté des choses. La vision de Camus, de "Misère de la Kabylie" à son fameux texte sur la torture montre très justement la complexité de ce drame et le fait qu'il n'y avait pas une vérité.

Les pieds-noirs, c'est la famille Hernandez et des gens sympathiques, ce sont aussi les électeurs de Drumont et de Morinaud.
Citation
Les pieds-noirs, c'est la famille Hernandez et des gens sympathiques, ce sont aussi les électeurs de Drumont et de Morinaud.

Jean-Marc, vous racontez des insanités. De quel droit vous permettez-vous de juger les français d'Algérie ?

Croyez-vous que les musulmans ou les francais de métropole étaient meilleurs.ou plus sympathiques ? Vous devriez avoir honte d'écrire de telles inepties.

L'Algérie a été perdue parce que l'URSS, les USA et le monde arabe voulaient absolument que les puissances européennes renoncent à leur empire..

Ce fut un raz-de-marée diplomatique où une coalition quasi mondiale s'acharna à détruire les empires coloniaux. Gagner la guerre en Algérie ne servait à rien puisque le monde entier était contre nous.

De Gaulle l'avait parfaitement compris mais il n'eut pas la patience de procéder à une retraite ordonnée et il n'hésita pas à sacrifier les français d'Algérie et tous les musulmans qui eurent la naïveté de croire dans l'Algérie française.
Marcel, pour répondre directement et clairement à votre question, le Gouvernement fit plusieurs tentatives, avant le début de la guerre d'Algérie, car il avait remarqué que les conditions qui régnaient là-bas ... n'étaient peut-être pas aussi idylliques que l'article le suggère.

Tout d'abord, en 1936, le projet Blum-Viollette tomba aux oubliettes à la suite du congrès des maires d'Algérie.

Le statut de l'Algérie, promulgué en 1947, allait dans le bon sens. Messali Hadj gagna très largement les élections municipales l'octobre.

Vint alors le temps des élections à l'Assemblée algérienne de 1948. Messali Hadj présente 59 candidats dans 60 circonscriptions. Avant l'élection, 36 d'entre eux sont arrêtés. Le Gouverneur était le socialiste Naegelen, réputé honnête. Cependant, devant l'étrangeté du résultat du premier tour, la SFIO envoya une commission d'enquête sur place. Elle était présidée par Guy Mollet.

Juste avant le second tour, Guy Mollet fit son rapport, en ces termes :

« Les élections dans le deuxième collège n’ont aucun rapport avec la liberté de vote et la démocratie. Je ne veux pas critiquer l’Administration, mais si les élections avaient été libérées de la tutelle administrative, on peut compter que Messali aurait recueilli 80 pour cent des suffrages [...]. On doit pas se méprendre sur les résultats électoraux du deuxième collège ».

Au second tour, les fraudeurs perdirent toute mesure, tant et si bien qu'Alduy et Lussy protestèrent officiellement auprès du Comité directeur de la SFIO. René Mayer leur fit cette réponse extraordinaire :« On a peut-être eu tort de donner la liberté de vote, prématurément, aux Algériens inéduqués du point de vue civique, et le fait de demander leur assimilation aux électeurs de la métropole s’est retourné contre la population algérienne elle-même ».

En mars 1949, rebelote. On vote pour les cantonales. Rapport au Comité directeur de la SFIO :

« Nous avons, nous socialistes, nos responsabilités dans cette affaire. Naegelen nous a dit qu’il avait le mandat de casser les reins au PPA, et personne parmi les parlementaires ne l’a mis en garde. Les administrateurs ont appliqué les instructions avec un zèle exorbitant, mais nous pensions qu’après l’écrasement du PPA ou en resterait là. Or, à l’occasion des élections cantonales, la même procédure s’est répétée. II en résulte un écœurement général. La masse musulmane nous considère comme des imposteurs. Nous avons alerté Naegelen, qui est d’accord avec nous. Malheureusement, ses instructions ne sont pas exécutées ».

Convoqué à Paris, Naegelen expliqua, devant une commission non publique de l'Assemblée, sa politique en ces termes :

"(J'ai) donné des instructions pour que les élections à l’Assemblée algérienne n’amènent pas une majorité messaliste au deuxième collège... Il est possible que les instructions que j’avais données aient été appliquées avec plus ou moins d’intelligence et de doigté par certains administrateurs. II ne faut pas oublier que l’Algérie a été une colonie et qu’il y a régné pendant un siècle des habitudes que je n’ai pas la prétention d’avoir supprimées en cinq semaines ni même en quinze mois. Il nous faudra sans doute un certain nombre d’années pour arriver à corriger des mœurs qui datent d’un siècle... Nous avons quelquefois fait voter parce que nous ne voulions pas que d’autres fassent voter en sens contraire."
Excusez moi Jean-Marc mais toutes ces citations ne font pas avancer le schmilblic

Ce n'est nullement le statut de la population indigéne qui entraina cette guerre mais le contexte géopolitique et l'esprit de l'époque et surtout je le répéte la volonté rabique des USA et de l'Union soviétique alliée des pays arabes de mettre fin une fois pour toutes aux empires coloniaux ou assimilés.
Continuons, donc.

En 1954, débute cette guerre. En 1955, elle se prolonge. Le 2 janvier 1956, les Français votent pour le Front républicain, qui prône une solution négociée en Algérie. Le thème est au coeur de la campagne. Ce mouvement est conduit par des personnes honorables, Chaban-Delmas, Mendès-France et Guy Mollet. Les communistes n'y appartiennent pas.

Le Front républicain prend la décision de rappeler M. Soustelle, jugé beaucoup trop proche des intérêts pieds-noirs et de nommer le général Catroux, ancien des guerres coloniales, ami du père de Foucauld et de Lyautey, seul "cinq étoiles" à avoir rallié la France Libre. Une foule de pieds-noirs (et non d'agents de Moscou), 100 000 personnes dit-on, défile alors aux cris fort in-nocents de «Soustelle avec nous, Catroux à la mer».

Guy Mollet commet à ce moment l'erreur de se rendre à Alger le 6 février 1956. Il y est fort mal accueilli et, comme on sait, bombardé de tomates. Il commettra alors la sottise de ne pas, rentré en France, faire casser les reins aux séditieux mais de s'engager dans une guerre à outrance et à rappeler, en avril, les classes 51 à 54. En deux mots, il fait l'inverse de la politique pour laquelle il a été élu. Mais là, en avril 56, ce ne sont pas des arabes qu'il prend pour des imbéciles, comme Naegelen l'avait fait en 1948, ce sont les électeurs de la métropole. Les rapports des renseignements généraux montrent très clairement que, dès ce moment-là, les Français basculent de la position "il faut une paix négociée" à la position "larguons ces arabes et larguons ces braillards de pieds-noirs". Pourquoi ? parce que ne voulant rien céder les pieds-noirs ont soutenu leurs extrémistes, et les Français de métropole ne veulent pas que ce soient M. Ortiz et plus généralement ses amis qui définissent la politique de la France.

La CIA et le KGB n'y sont pour rien, Rogemi, pour rien.

Dernier mot sur ces tristes évènements de 1956. Ils sont d'un homme de droite, fort estimable.

Les voici :

«M. Guy Mollet n'a pas pris la foudre. Il a pris des tomates pourries, mais sur le nez. Et si ce n'était que sur le sien, nous nous serions fait une raison. Mais c'est l'État qui a reçu cet outrage».

C'est de Mauriac, et c'est dans l'Express.
Il n'empêche, cher Jean-Marc que le FLN avait voulu et activement oeuvré, à une internationalisation du conflit (par l'ONU entre autres) souhaitant provoquer l'URSS à une réaction comparable à celle qui avait été la sienne lors de l'affaire de Suez en 1956, notamment en tentant de faire jouer la solidarité pan-arabe avec l'Egypte. L'échiquier de la guerre froide était mondial et cependant que l'URSS soutenait le FLN, les Etats-Unis se gardèrent bien de soutenir Paris.

Et puis l'Indépendance des colonies étaient dans les cartons de De Gaulle depuis Brazzaville en 1944, indéniablement. Tout le reste, les agitations locales des pieds-noirs, les bourdes de Paris et ses tergiversations et divisions restent à envisager à l'ombre du Grand jeu international, et mondial, au pied duquel se jouait le drame algérien. L'Algérie française n'avait aucune chance: la pression internationale, surplombant en permanence les événements sur le théâtre algérien, était trop forte et trop biaisée dans le sens de l'Indépendance.
Citation
L'Algérie française n'avait aucune chance: la pression internationale, surplombant en permanence les événements sur le théâtre algérien, était trop forte et trop biaisée dans le sens de l'Indépendance.

Hélas.

Il suffit de lire les livres d'Argoud, de Jean Brune et de bien d'autres pour constater la quasi unanimité de traitement des membres de l'OAS en cavale. Ils n'étaient en sécurité nulle part et la collaboration de toutes les polices européennes avec la France gaullienne transformait leur vie en enfer.

A l'inverse la bienveillance de tous les Etats européens vis à vis des terroristes du FLN fut entre 1954 et 1962 un fait patent.

Il est évident que dans les pays arabes et ceux du pacte de Varsovie les membres du FLN étaient des héros et bénéficiaient d'un traitement de faveur.
Citation
Rogemi
A l'inverse la bienveillance de tous les Etats européens vis à vis des terroristes du FLN fut entre 1954 et 1962 un fait patent.

Il faut dire que la jalousie des « Etats européens » quant à cette possession française est simple à saisir : l'Algérie, une armée d'un million d'hommes et des sols riches en énergie, était un atout majeur en cas de nouveau conflit continental.
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À noter que cette « guerre de faible intensité » (comme on dit maintenant) contre les intérêts français, orchestrée pour les deux blocs (Francis Marche l'explique brillament), avait débuté par un acte de guerre inouï : la "bataille" de Mers el-Kébir.
Utilisateur anonyme
17 août 2012, 06:08   Re : Cette France qui se vomit
Cher Rogemi,

Je viens de déterminer le petit "Pamphlet contre les catholiques de France" écrit en 1924 par Julien Green ainsi que les trois textes qui le suivent dans un vieil exemplaire de la collection 10/18. Connaissiez-vous ces textes prémonitoires? Je découvre pour ma part un auteur que je vais explorer comme on découvre une forêt vierge.

J'ai assisté cette semaine à une messe conciliaire dans une très belle église catholique d'un petit village du Massachussetts. Le prètre d'origine indienne a basé son sermont, prononcé avec un très fort accent, sur une anecdote de la vie de Maximilian Kolbe. Il est venu fort courtoisement nous saluer à la fin de l'office. Le public était âgé. La messe s'est achvée par un "Happy birthday".

Les fidèles étaient tous gens charmants et même attendrissants mais j'ai eu le pénible sentiment d'assister à une réunion certes chaleureuse et sympathique mais humaine trop humaine. Cette messe ne m'a pas choqué mais elle m'a rendu profondément triste : tous ces braves catholiques et ce brave prêtre me semblaient mériter bien mieux que cet office quasi protestant.
Citation
Cette messe ne m'a pas choqué mais elle m'a rendu profondément triste : tous ces braves catholiques et ce brave prêtre me semblaient mériter bien mieux que cet office quasi protestant.

C'est dur d'aller dans une messe "conciliaire" car la bonne volonté, la tolérance, l'attention à l'autre - cad un concentré de bien-pensance - provoque un malaise qui se transforme vite en écoeurement.

Non cher Brunetto je n'ai pas lu le livre de Julien Green dont vous me parlez mais au fil de mes lectures d'autres auteurs en ont évoqué le contenu prophétique. L'oeuvre de Julien Green est un immense continent à défricher.

A propos d'oeuvres prémonitoires la lecture de celles écrites par Hilaire Belloc dans les années vingt et trente vous laisse pantois.
Cela n'était pas forcément écrit, Francis. Les Vieilles Colonies sont restées françaises, Mayotte aussi...

Je suis persuadé qu'un statut d'autonomie était possible et aurait été profitable à tous.
Citation
Je suis persuadé qu'un statut d'autonomie était possible et aurait été profitable à tous.

Sic ?
Un peu de littérature d'avenir :
video: [www.youtube.com]
Il suffit de lire les livres d'Argoud, de Jean Brune et de bien d'autres pour constater la quasi unanimité de traitement des membres de l'OAS en cavale. Ils n'étaient en sécurité nulle part et la collaboration de toutes les polices européennes avec la France gaullienne transformait leur vie en enfer.

Ne dites pas "La France gaullienne", dites "La France".

Pensez-vous que les gens qui rendirent aveugle la petite Delphine Renard ne méritaient pas d'être pourchassés ?

Par ailleurs, êtes-vous bien certain que la police espagnole a traqué les factieux ?
Citation
Pensez-vous que les gens qui rendirent aveugle la petite Delphine Renard ne méritaient pas d'être pourchassés ?

Vous êtes un sacré tartufe et en plus vous faites dans l'agit-prop crypto-communiste.

La pauvre Delphine Renard a été victime d'un dommage collatéral alors que Zohra Drif posait des bombes pour tuer des enfants. Jamais l'OAS n'a voulu blesser cet enfant.

Incroyable mais quand ce sont les combattants du FLN qui posent sciemment des bombes pour déchiqueter les corps de petites filles tout va pour le mieux puisqu'ils le font pour retrouver la liberté, se débarrasser du joug colonial et exercer leur droit légitime à l'auto-détermination mais quand les activistes de l'OAS blessent sans le vouloir une petite fille pour défendre leur droit de vivre sur la terre qui les a vu naitre alors on dépasse les bornes de l'infamie.

Cela ne vous gêne pas de voir une terroriste dont les mains sont couvertes de sang être invitée à la tv et se payer notre tête.

Imaginons - pour rire jaune - la situation inverse. Un ex-combattant de l'OAS est invité et est recu en grandes pompes dans un talk-show pour expliquer qu'il ne regrette rien et que si c'était à refaire ...
Citation
Jean-Marc
Le Front républicain prend la décision de rappeler M. Soustelle, jugé beaucoup trop proche des intérêts pieds-noirs et de nommer le général Catroux, ancien des guerres coloniales, ami du père de Foucauld et de Lyautey, seul "cinq étoiles" à avoir rallié la France Libre. Une foule de pieds-noirs (et non d'agents de Moscou), 100 000 personnes dit-on, défile alors aux cris fort in-nocents de « Soustelle avec nous, Catroux à la mer ». [...]

Il est vrai que ces messieurs les crieurs in-nocents ne pouvaient connaître, puisque postérieure aux événements, la doctrine de feu Jacques Soustelle, que l'on peut résumer en un mot, « intégration » : « L'assimilation visait l'individu, l'intégration intéresse la province. Il faut renoncer à l'illusion de faire de chaque musulman un Français de France. »
Les bornes de l'infamie, c'est vous qui les dépassez, Monsieur. Modérez vos propos.

Le FLN était largement formé d'assassins et de terroristes.

L'OAS était largement formée d'assassins et de terroristes.

Je condamne les uns et je condamne les autres, faites de même.
Citation
Les bornes de l'infamie

Il ne s'agissait nullement de vous. Relisez-moi attentivement.
18 août 2012, 16:10   L'homme déchiré
Quelques rappels historiques et utiles (au débat sur le FLN et l'OAS) :

-- le FLN est créé en novembre 1954 : le recensement des militants de l'Organisation civile du FLN et des combattants de l'ALN, effectué en 1974 par le ministre algérien des Anciens Moudjahidine, a compté parmi eux 152 863 morts durant la guerre de libération (1956-62). Sur la même période, il y eu 24 à 25 000 militaires français morts et disparus, dont 15 009 morts au combat. Le général Faivre évoqua le changement « dans la stratégie générale du FLN, qui, après avoir perdu les batailles d'Alger et des frontières, et se sentant humilié par les fraternisations de mai 1958, a décidé le 28 août 1958 de transporter la guerre en territoire français, et ordonné à ses commandos de combattre l'ennemi avec violence. Cette décision faisait suite à la volonté, proclamée dès 1955, d'éliminer les messalistes en Algérie et en métropole ». 10 223 attentats furent commis en France, tuant 6 000 Algériens et en blessant 9 000 autres. Au total, selon Louis Joxe, les attentats du FLN ont causé dans la population civile 19 166 tués (dont 2 788 Européens et 16 378 musulmans) et 21 151 blessés (dont 7 541 Européens et 13 610 musulmans). 60 à 80 000 harkis moururent après le cessez-le-feu (1962-63) ;

-- l'OAS est créée le 11 février 1961 : il s'agit d'un mouvement insurrectionnel qui naquit faute de perspective politique pour certains défenseurs de l'Algérie française, et qui fut, de ce fait, purement réactif, sans unité et sans véritable stratégie. On estime qu'elle a compté environ 1 000 à 1 500 membres actifs, dont les civils représentaient environ les deux tiers des effectifs. L'historien français Rémi Kauffer estime que l'OAS a assassiné entre 1 700 et 2 000 personnes.


Je vous laisse le soin des comparaisons (chronologiques, du nombre de victimes, des forces). Quelle conclusion en tirer ?



« C'est un vieux colon. À l'antique. Ceux qu'on insulte à Paris, vous savez. [...] Le genre patriarche, vous voyez. Il en faisait baver à ses ouvriers arabes, et puis en toute justice, à ses fils aussi. Aussi l'an passé, quand il a fallu évacuer, ça a été une corrida. La région était devenue invivable. Il fallait dormir avec le fusil [...]. Le préfet avait eu le malheur de dire aux agriculteurs assemblés qu'il fallait reconsidérer les questions coloniales, la manière de traité les Arabes et qu'une page avait était tournée maintenant. Il s'est entendu dire par le vieux que personne au monde ne ferait la loi chez lui. [...]
Quand l'ordre d'évacuation est arrivé, il n'a rien dit. Ses vendanges étaient terminées, et le vin en cuve. Il a ouvert les cuves, puis il est allé vers une source d'eau saumâtre qu'il avait lui-même détournée dans le temps et l'a remise dans le droit chemin sur ses terres, et il a équipé un tracteur en défonceuse. Pendant trois jours, au volant, tête nue, sans rien dire, il a arraché les vignes sur toute l'étendue de la propriété [...], sans un regard pour les montagnes à l'horizon, ni pour les Arabes vite prévenus et qui se tenaient à distance le regardant faire, sans rien dire eux non plus.
Et quand un jeune capitaine, prévenu par on ne sait qui, est arrivé et a demandé des explications, l'autre lui a dit : "Jeune homme, puisque ce que nous avons fait ici est un crime, il faut l'effacer". » (Albert Camus, Le Premier Homme)


Voyez qu'il y a des personnes qui réagirent (à un sentiment d'injustice, dans un climat de violence et en l'absence de vraie réponse politique) plus violemment que vous et moi ne l'aurions fait à leurs places. Pourquoi tout le monde ne se laisse-t-il pas faire gentillement et volontairement par le cours merveilleux et plein de promesses de l'histoire ? --- C'est un mystère !
Ses vendanges étaient terminées, et le vin en cuve. Il a ouvert les cuves, puis il est allé vers une source d'eau saumâtre qu'il avait lui-même détournée dans le temps et l'a remise dans le droit chemin sur ses terres, et il a équipé un tracteur en défonceuse. Pendant trois jours, au volant, tête nue, sans rien dire, il a arraché les vignes sur toute l'étendue de la propriété [...], sans un regard pour les montagnes à l'horizon, ni pour les Arabes vite prévenus et qui se tenaient à distance le regardant faire, sans rien dire eux non plus.
Et quand un jeune capitaine, prévenu par on ne sait qui, est arrivé et a demandé des explications, l'autre lui a dit : "Jeune homme, puisque ce que nous avons fait ici est un crime, il faut l'effacer ».


C’est beau comme l’antique.
Je vois que le FLN a fait à peu près 100 000 morts, dont en fait 20 000 européens, et qu'on a envoyé 158 000 de ses membres au tapis, ce dont je me réjouis.

Les gens du FLN et les gens de l'OAS étaient tous des ennemis de l'Etat. Je n'aime pas qu'on glorifie les uns, je n'aime pas qu'on glorifie les autres, voici la conclusion que j'en tire.

Un mot, tout de même : le FLN avait une logique qu'on peut comprendre, nous foutre dehors, et on comprend d'autant mieux qu'ils ont réussi. L'OAS avait un but totalement incompréhensible : garder une Algérie française contre l'avis des Français.

Je vais être plus clair. Je pense que les porteurs de valises ou les Boudarel auraient dû être fusillés. Je pense que les gens de l'OAS auraient dû l'être aussi. Des traîtres à la Nation, dans les deux cas.
18 août 2012, 21:29   Re : L'homme déchiré
Mais reconnaissez qu'on en fait beaucoup avec cette OAS, alors que son rôle fût bref, tardif et mineur dans cette guerre. Il ne s'agissait que d'un épiphénomène, quand tout était joué, qui ne faisait que traduire une forme d'exaspération, certes la plus violente et en cela la plus condamnable, d'un tout petit nombre (moins de deux pour mille des Pieds-Noirs d'Algérie).
Citation
Je vais être plus clair. Je pense que les porteurs de valises ou les Boudarel auraient dû être fusillés. Je pense que les gens de l'OAS auraient dû l'être aussi. Des traîtres à la Nation, dans les deux cas

Comment osez-vous mettre sur le même plan les patriotes de l'OAS qui défendaient leur terre natale et des gens qui ont collaboré en toute connaissance de cause avec les ennemis de leur pays et qui comme Boudarel ont aidé à torturer et à tuer des francais ?

Les porteurs de valises et les Boudarel ont non seulement pas été fusillés mais ils sont morts dans leurs lits ou jouissent encore de la reconnaissance des médias et de l'affection des membres de leur camp. Les gens de l'OAS ont été pourchassés, emprisonnés ou fusillés et suscitent une aversion quasi universelle.
L'OAS flanqua une peur bleue au régime gaulliste d'alors, non parce qu'elle était si puissante ou si menaçante que ça, mais pour sa charge symbolique: pour la première fois depuis "les heures les plus sombres", le risque bien réel, de voir se renouveler une scission dans l'armée français, le risque donc, de voir des Français en armes combattre d'autres Français en armes, surgissait. La hantise du général De Gaulle, c'était cela: l'armée française à nouveau désunie, le pays à nouveau dressé contre lui-même. La tentative des généraux d'Alger en avril 1961 était dirigée, pensée, inspirée par un général d'une envergure militaire et intellectuelle très considérable -- le général Salan. Salan, il est bon de rappeler aux jeunes générations, fut un combattant de la Libération, un chef de guerre qui débarqua sur les côtes varoises avec son détachement en août 44 les armes à la main, ce que n'avait point fait De Gaulle en Normandie deux mois plus tôt. De Gaulle vit dans l'OAS de Salan l'émergence d'un rival possible, celle d'un guerrier largement aussi méritant que lui. La menace de l'OAS lui était donc une affaire pour ainsi dire personnelle. La guerre contre l'OAS fut donc une guerre à mort aussi en raison de cette rivalité mimétique. Heureusement pour De Gaulle, Salan, en dépit de ses éminentes qualités, ne se montra pas si bon tacticien que ça et l'affaire finit un eau de boudin.

Au-delà des "rivalités personnelles" De Gaulle-Salan, l'OAS, mimétiquement, se revendiquait d'une "Résistance nouvelle", susceptible, en cas de réussite, de voler l'histoire, de la détourner à son compte et de réduire, d'éclipser la Résistance de 40-45 en réduisant à néant du même coup tous les mythes fondateurs du gaullisme. Il fallait donc, coûte que coûte, empêcher à l'OAS de ravir cette flamme, vitale pour l'histoire à écrire. Rappelons aussi que l'écriture/réécriture de l'histoire récente fut une préoccupation constante du général De Gaulle qui voulait UN héros entouré de SES hommes (Leclerc, etc.), et UNE épopée, la leur, et sans l'ombre d'une séquelle ou d'un bis repetita ultérieur susceptible de faire paraître celle-là comme un balbutiement.
Je n'aime pas le titre de ce fil.
Utilisateur anonyme
19 août 2012, 05:16   Re : Cette France qui se vomit
La France qui fait sous elle?
Citation
Je vous laisse le soin des comparaisons (chronologiques, du nombre de victimes, des forces). Quelle conclusion en tirer ?

Que depuis 1962 l'OAS est pour toutes les forces progressistes le pretexte rêvé pour relativiser ou même nier les monstruosités commises par le FLN et ses affidés.

Et ca marche ...
"10 223 attentats furent commis en France, tuant 6 000 Algériens et en blessant 9 000 autres."

Pour pouvoir perpétrer un nombre aussi considérable d'attentats sur le territoire francais le FLN a bénéficié du soutien et de la complicité non seulement des porteurs de valise inféodés à Moscou mais aussi des polices des pays environnants dans lesquels les terroristes se réfugiaient après avoir commis leurs crimes.
Francis met le doigt sur le point essentiel :


le risque bien réel, de voir se renouveler une scission dans l'armée français, le risque donc, de voir des Français en armes combattre d'autres Français en armes, surgissait.


Les putschistes d'Alger étaient des gens honorables, nul ne le discute, je pense (cela n'empêche pas qu'un ennemi de la Nation même honorable doit être fusillé). D'ailleurs, dans leurs conditions de détention, ils ne furent pas traités comme des "droits communs".

Les ouvrages sur le putsch omettent toujours cet aspect "guerre au sein de l'armée". On oppose toujours l'image des martiaux légionnaires et parachutistes aux hordes mal rasées et débraillées des troufions beuglant "vive la quille" lors du discours de de Gaulle. Cette image est vraie, certes.

Il y en a une autre. C'est celle de nombreux officiers qui ne veulent pas entendre parler de cette aventure.
Les plus connus sont Brothier, une figure de la Légion, et Vanbremeersch, qui est le type même du "chasseur" et qui assura dès le jour du putsch que la plus grande unité composée d'appelés, unité combattante au palmarès impeccable, la DIA, s'opposerait aux factieux. Les paras tirant sur les alpins, c'est cela qu'aurait été la réussite du putsch et la réussite de l'OAS.

En fait, l'OAS ne doit pas uniquement être condamnée pour ce qu'elle a fait (et qui fut du grand guignol tragique), mais pour le risque qu'elle avait fait peser.
Le grand danger de l'OAS, sa nature d'épouvantail (encore tout jeune enfant, je me souviens que l'on ne pouvait déjà que chuchoter le nom de Salan, qui était un nom imprononçable, pire que celui d'Hitler ou de Pétain), tenait au fait que son aventure, son entreprise déclarée, était de faire s'affronter des héros français contre d'autres héros français, cela, la France ne le pouvait pas; elle eut la sagesse ne de pas le vouloir.

La fille du général Salan, qui vit toujours, me semble-t-il, se souvient que son père, qui était lui-même, miroir de De Gaulle, un grand mémorialiste de son époque (il existe un journal de Salan en six volumes, par exemple, où l'on découvre que ce soudard était un autre "militaire à plume"), était un homme déchiré par l'OAS, qui souffrait pis que les affres du débarquement de Provence toutes les fois qu'il apprenait que "ses hommes" avaient déchiqueté, par des bombes, de pauvres civils, des enfants. Le drame interne de l'OAS reste à écrire, avec sympathie. Certains de ces hommes, chassés partout comme des bêtes fauves, étaient des tendres, des égarés, prêts plus qu'aucun à donner leur vie pour la France et pour tous ses idéaux. Je peux en témoigner.
19 août 2012, 19:11   Re : Cette France qui se vomit
Pétain avait été un grand soldat avant de trahir la France, le couteau de l'occupant allemand sous la gorge. Son prestige de vainquer de Verdun sombrera dans l'oubli et ne restera de lui que l'image infamante du collaborateur. De Gaulle avait été un grand soldat et un grand homme avant de trahir les Pieds- Noirs et les Algériens qui avaient fait confiance à la France. Pourtant il ne passera pas pour cettre sorte de Pétain de l'Algérie française qu'il a été d'une certaine façon. Seule restera de lui l'image du chef admirable de la France libre. Comme tous les vaincus de l' histoire, les Pieds- noirs n'ont pas eu leur mot à dire dans le roman anti national qui a commencé à s'écrire après eux en guise d'histoire officielle.
Certains de ces hommes, chassés partout comme des bêtes fauves, étaient des tendres, des égarés, prêts plus qu'aucun à donner leur vie pour la France et pour tous ses idéaux.

C'est sans doute vrai de certains. Ceci dit, il y avait aussi de vrais voyous, le nom de Maïone-Libaude me vient à l'esprit, sans doute pour avoir écrit ici sur Pierre Goldman.

J'ai l'impression que l'OAS fit bien plus peur aux Français que le FLN, peut-être aussi parce cela rappelait le temps de la guerre mondiale et parce que ses attentats étaient très spectaculaires et visaient très haut.

Francis, vous êtes méridional et, je pense, d'une famille conservatrice.

Quelle était, dans le Gard et dans le Var, l'opinion de la population conservatrice (je ne parle pas des communistes) à l'égard des pieds-noirs et de l'OAS, à l'été 62 ?

Même question à Marc, pour la région de Toulouse.
Pour Toulouse, assez hostile mais cette attitude n'a pas duré.
Difficile de vous répondre Jean-Marc, mon opinion ou mon témoignage n'est pas neutre. L'écho que rencontraient les hauts faits de l'OAS dans la ville de garnison où se trouvait ma famille (Nîmes) elle même très attachée à la chose militaire et à l'armée-famille, ne peut être transmis objectivement. Il me semble que les pieds-noirs étaient accueillis avec des "sentiments mitigés", avant de recueillir la sympathie, à cause de l'humilité de ces familles (les enfants étaient polis, studieux, etc.). Je me souviens quand même que l'OAS inspirait, comment dire, "une horreur sacrée" quand elle signait ses actions sur les murs. Cette organisation osait l'impossible, et l'on savait qu'elle était animée par des hommes qui méprisaient la mort et qui aimaient la France.

Dans le Var: le Toulonnais est très OAS, si je puis dire, encore aujourd'hui. On se rend sur la plage du Mourillon en pélerinage tous les ans pour l'anniversaire du départ de la première des flottes françaises pour la conquête de l'Algérois, sous Charles X...

Dans ce terroir, le nom de Salan est encore présent sur certaines plaques de nom de rue, c'est vous dire...
Pétain avait été un grand soldat avant de trahir la France, le couteau de l'occupant allemand sous la gorge.

Voyez, Churchill avait d’abord été l’incompétent pathologique de la bataille des Dardanelles (Gallipoli pour les Anglois), avant de devenir le héros que nous savons, tout le monde ayant à l'esprit le discours du 13 mai 1940 (« Je n'ai rien d'autre à offrir que du sang, du labeur, des larmes et de la sueur »).

C’est une extraordinaire leçon. Ce que vous faites n’a aucune importance. C’est l’ordre dans lequel vous le faites qui compte.
Francis, il semble que la même chose se soit passée si je considère mes "deux départements d'origine" : assez bon accueil des pieds-noirs dans les Pyrénées-Orientales, fort sentimentalisme pro-OAS ; en revanche, anti-piénoirisme primaire dans le Tarn, et démonisation de Salan (qui était Tarnais). Castres, ville militaire et fortement gaulliste, jugeait insupportable que des militaires pussent mettre en péril l'unité de l'armée.
Tiens en parlant d'OAS je propose le téléchargement i c i de la Radioscopie d'Antoine Argoud.
Pour en remettre une couche je vous propose une émission de Radio-Courtoisie dirigée par Jean Sevillia qui recevait en 2007 Nicole Guiraud. Pour télécharger le fichier audio cliquez i c i

Nicole Guiraud avait 10 ans lors de l'attentat du Milk-Bar à Alger et est une des victimes de la bombe. Elle y a perdu un bras.

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