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Le droit d'être in-docile.

Envoyé par Utilisateur anonyme 
Utilisateur anonyme
27 août 2008, 00:57   Le droit d'être in-docile.
Comme le prolongement du fil "Picasso (P.A)"...



Questionné par Catherine Francblin (sept 1996) sur sa position, son regard, face à l'art contemporain, Jean Baudrillard répond :

"Je joue délibérément le paysan du Danube : celui qui ne sait rien et qui flaire quelque chose. Je revendique le droit d'être in-docile. L'in-docile, au sens propre, c'est celui qui refuse d'être éduqué, instruit, c.a.d. pris au piège des signes. Je cherche à porter un diagnostic en regardant les choses comme un agnostique... J'aime bien me mettre dans une position de primitif..."
27 août 2008, 11:38   Re : Le droit d'être in-docile.
"Je joue délibérément le paysan du Danube : celui qui ne sait rien et qui flaire quelque chose. Je revendique le droit d'être in-docile. L'in-docile, au sens propre, c'est celui qui refuse d'être éduqué, instruit, c.a.d. pris au piège des signes. Je cherche à porter un diagnostic en regardant les choses comme un agnostique... J'aime bien me mettre dans une position de primitif..."

Çà c'est bien vrai! On croirait lire du Orsoni!
Utilisateur anonyme
27 août 2008, 18:20   Re : Le droit d'être in-docile.
Oui, Baudrillard et Orsoni sont navrants.
Ca chauffe, en ce moment !
Je pense que si les sensibilités sont tellement à vif en ce qui concerne l'art moderne, et contemporain, c'est qu'il y a eu la grande ligne de fracture nazie de l'art dégénéré. Depuis cet épisode traumatique, plus rien ne saurait être simple en matière d'art : Les Nazis ont déshonoré l'antimodernisme.
Utilisateur anonyme
27 août 2008, 19:34   Re : Le droit d'être in-docile.
Ce que je trouve navrant, Cher Corto, c'est de mettre ainsi dans le même bateau Baudrillard et Orsoni. Non, ma réponse est aussi navrante que votre apostrophe, mais je la laisse tout de même, pour vous punir…
C'est vrai, la crainte d'être étiqueté en fait réfléchir beaucoup. Ce qui m'inquiète le plus c'est le marketing: pouvoir vendre n'importe quoi à n'importe qui. L'efficacité du discours fait des ravages dans le marché de l'art; des ravages et des complices car, après s'être fait avoir, on soutient la cote toute honte bue.
» Baudrillard et Orsoni sont navrants.

Navré de lire ça ici !
N'est-ce pas dans les "Demoiselles" que Michel Piccoli faisait de l'art moderne en tirant au pistolet sur des ballons remplis de peinture placés au-dessus d'une toile ?
Utilisateur anonyme
28 août 2008, 09:04   Re : Le droit d'être in-docile.
"Oui, Baudrillard et Orsoni sont navrants."

Et ça n'est pas avec de telles âneries que l'on risque de transgresser les limites ordinaires de la pensée...
C'est donc Corto male thèse...
Je pense que faisant pendant à cette crainte de passer pour un indécrottable plouc ou, ainsi que le suggère ailleurs Florentin, pour un nostalgique du nazisme, en avouant son insensibilité à nombre d'oeuvres de l'art contemporain, il existe la crainte semblable, y compris chez les personnes cultivées au sens ancien du terme, d'avouer que l'on est insensible à certaines oeuvres de ce qu'il est convenu de nommer la grande culture ou disons pour faire simple, la culture classique. Or, il me semble que ce qui différencie l'art du produit industriel c'est que celui-ci est étudié, précisément, pour plaire à tout le monde ou du moins au plus grand nombre possible.
Utilisateur anonyme
28 août 2008, 10:34   Re : Le droit d'être in-docile.
Chère Cassandre merci, vous élevez enfin ce débat... et donc j'en profite pour introduire la notion d'avant-garde, avant-garde face à laquelle personne, bien entendu, ne doit jamais rester indifférent...

Pourtant, il faut bien distinguer entre 2 avant-gardes. Celle qui voulait poursuivre l'histoire de la peinture, avec Cézanne, dont Picasso disait que la plus grande leçon était le doute, sans oublier Matisse, et celle qui s'affirmait comme un radicalisme déclaré, ne comprenant plus que l'on continue de vouloir montrer de belles choses (Dada, par exemple, mouvement qui plus tard (comme tant d'autres) fut à son tour totalement esthétisé). La suite nous la connaissons tous : le Bourgeois a fini par tout récupérer, les avant-gardes comme plein d'autres choses...
Cassandre, il y a méprise. On se fait traiter de "fachiste", de raciste voire de nazi pour un oui pour un non, c'est ce que voulais concéder avant de proposer mon explication. Je crois qu'il y a à boire et à manger dans l'art de notre époque. Je rejette catégoriquement et sans complexe tout se qui se prétend oeuvre d'art et qui n'est qu'exercice plus ou moins honnête. Prenons Bilbao, par exemple, le monument est fabuleux mais ce qu'il y a dedans ne vaut pas un clou. Si vous n'aimez pas Dubuffet ou Soulages vous avez Balthus ou Truphémus (trop peu connu). Il y en a pour tous les goûts.
L'oeil, l'oreille se cultivent. J'ai bien connu Gérard Grisey quand il était encore dans la classe d'Olivier Messiaen. J'étais impressionné par la finesse de son oreille et ses travaux étaient comme l'exploration d'un univers sonore qui dépasse ce que le public de concert attend d'une oeuvre musicale.
Il faudrait prévenir le public un peu plus souvent par ces mots: musique expérimentale, peinture expérimentale, plaisir aléatoire.
Baudrillard précise que sa position de primitif n'est qu'une ... position, une attitude qui ne lui serait pas naturelle s'il ne décidait pas de l'adopter. De la même façon, il aime à cultiver le paradoxe en affirmant refuser d'être instruit, à savoir, selon lui, pris au piège des signes. Il ne viendrait même pas à l'idée d'un véritable paysan du Danube de dire cela. Ceci me remet en mémoire que la rupture entre l'artiste et son public remonte bien plus loin que l'époque nazie : c'est le romantisme qui pose l'artiste en incompris, et aussi en éducateur de son public, a priori ignorant de ce que l'artiste a vu avant lui et a le devoir de lui montrer. L'artiste comme prophète persécuté (Hugo en donne des formulations claires dans Les Rayons et les ombres) est aux antipodes de la conception classique, qui se résumerait bien par la première phrase des Caractères de La Bruyère: "Je rends au public ce qu'il m'a prêté..." (Molière recueillait avidement tous les traits et ridicules du monde où il vivait, et comptait beaucoup sur ses spectateurs pour l'en tenir informé.)

Cette question est d'ailleurs moins importante qu'on ne le croit, car elle ne concerne que les représentations que l'artiste se fait de lui-même, représentations qui jouent un rôle réel, mais limité, dans les oeuvres elles-mêmes. C'est une dispute d'amateurs d'art, qui touche à l'effet social que chacun veut produire sur son prochain, comme Cassandre le souligne bien. Il est moins question de l'art lui-même que de la "sensibilité esthétique" de ses Verdurin consommateurs que nous sommes. Aussi Aline et Baudrillard ne parlent-ils pas de la même chose, le second s'exprimant comme non artiste, la première de l'intérieur de l'univers de la création.

Voici une stance de Hugo que j'ai retrouvée:

" Il voit, quand les peuples végètent! (il = le poète)
Ses rêves, toujours pleins d'amour,
Sont faits des ombres que lui jettent
Les choses qui seront un jour.
On le raille. Qu'importe! il pense.
Plus d'une âme inscrit en silence
Ce que la foule n'entend pas.
Il plaint ses contempteurs frivoles;
Et maint faux sage à ses paroles
Rit tout haut et songe tout bas! "

Voir aussi le Moïse de Vigny, qui est quand même meilleur, et un livre de Bénichou qui fit date en son temps, sur la fonction prophétique de l'artiste romantique (est-ce Le temps des prophètes, ou quelque chose d'approchant?)

Je critiquerais enfin l'abus qui est fait du mot droit dans le titre, bien qu'il ait au moins l'avantage d'être clair, et de signaler que l'indifférence à l'art contemporain est l'objet d'une revendication adressée à certains qui abusent de leur position pour interdire toute critique. Cela fait penser à la réception du livre de Benoît Duteurtre sur la musique contemporaine, Requiem pour une avant-garde: quand il parut en 1995, Le Monde, Boulez et autres manieurs d'armes absolues de langage ne trouvèrent pas mieux que de le traiter de lepéniste. A cause de ces gens-là et de leurs menées, l'ignorance peut être légitimement présentée comme la marque de la liberté d'esprit et comme un droit humain. C'est un abus.
Ah cher Corto vous êtes vraiment à fleur de peau.

Mais revenons un peu à l'art moderne et lisons ce qu'en dit un fin connaisseur. Et contrairement aux apparences le texte n'est pas hors-sujet.

Jean Clair, Le surréalisme et la démoralisation de l'Occident
Le Monde, 21/11/2001

En ces temps où de grandes expositions, à Londres et bientôt à Paris, célèbrent le surréalisme, il vaut la peine de s'attarder sur le curieux atlas du monde qu'en 1929 les disciples de Breton avaient publié dans la revue Variétés. La méthode de projection utilisée n'obéissait pas à des paramètres géographiques : chaque pays s'y voyait représenté en fonction de l'importance que le surréalisme lui accordait dans la genèse de ses idées. Deux "corrections" sont frappantes : les Etats-Unis ont disparu, engloutis sous une frontière qui coud directement le Mexique au Canada. Et un petit pays y couvre un espace démesuré : l'Afghanistan...

Coïncidence ? Non. L'idéologie surréaliste n'avait cessé de souhaiter la mort d'une Amérique à ses yeux matérialiste et stérile et le triomphe d'un Orient dépositaire des valeurs de l'esprit.

Extra-lucide comme elle se plaisait à croire qu'elle l'était, l'intelligentsia française est ainsi allée très tôt et très loin dans la préfiguration de ce qui s'est passé le 11 septembre. Les textes sont là pour souligner, entre 1924 et 1930, cette imagination destructrice. Aragon en 1925 : "Nous ruinerons cette civilisation qui vous est chère... Monde occidental tu es condamné à mort. Nous sommes les défaitistes de l'Europe... Voyez comme cette terre est sèche et bonne pour tous les incendies." Ne manque pas même à la péroraison sa dimension oraculaire, ou plutôt "pythique" comme aurait dit Breton, si féru d'occultisme : "Que les trafiquants de drogue se jettent sur nos pays terrifiés. Que l'Amérique au loin croule de ses buildings blancs..." (La Révolution surréaliste, n° 4, 1925).

Le rêve d'Aragon s'est réalisé. Nous y sommes. L'outrance n'était pas seulement verbale. Si l'acte surréaliste le plus simple, comme on sait, c'était descendre dans la rue et tirer sur le premier venu, cette folie meurtrière n'aurait pas dédaigné, si les appuis politiques lui avaient été fournis, de s'en prendre à un Occident tout entier voué à l'exécration. Le gentil Robert Desnos lui-même voyait dans l'Asie "la citadelle de tous les espoirs", appelait de ses vœux les barbares capables seuls de marcher sur les traces des "archanges d'Attila".

La lutte se terminera par la victoire d'un Orient en qui les surréalistes voient "le grand réservoir des forces sauvages", la patrie éternelle des grands destructeurs, des ennemis éternels de l'art, de la culture, ces petites manifestations ridicules des Occidentaux.

Au nom d'un "mysticisme" confus et d'une "fureur" sans frein - pour reprendre les termes qui reviennent dans leurs écrits - c'est bien à une attaque en règle contre la logique, contre la raison, contre les Lumières que se livrent, au milieu des années 1920, derniers héritiers du romantisme noir, les jeunes surréalistes. Ce qu'ils veulent, c'est la destruction radicale de tout ce qui a donné à l'Occident sa suprématie.

Bien sûr, pareils appels au meurtre furent des lieux communs de toutes les avant-gardes.

Marinetti a servi de modèle rhétorique à Mussolini, et le futurisme, en manipulant avec brio les instruments de la propagande de masse, cinéma, mises en scène, décorum, manifestations de rue, devait fournir les clés d'une esthétisation de la politique qui aurait sur la foule une fascination dont le nazisme saurait tirer parti. Trotski, fin connaisseur, dans Littérature et Révolution, fut le premier à reconnaître en 1924 que, populaire auprès des masses italiennes, le futurisme avait ouvert la voie du fascisme.

A l'autre bord, on commence de reconnaître, serait-ce à regret, que, disciples de Marinetti, les représentants de l'avant-garde soviétique, comme Ossip Brik et les "Kom-Fut" (futuristes-communistes), dans leurs appels à l'élimination des bourgeois, des vieux ("dont les crânes feront des cendriers"), des faibles, ou encore, comme Maïakovski dans son poème 150 000 000, par l'éloge de "la baïonnette -du- browning et -de- la bombe" avaient eux aussi préparé les esprits à accepter les massacres de masse commis par la Tchéka et par le Guépéou.

Les mots sont responsables : il leur est répondu. Les paroles de haine des avant-gardes ont préparé la mort des individus. Feuilletons les écrits surréalistes : le ton ordurier, et les injures - "goujat", "cuistre", "canaille", "vieille pourriture", "étron intellectuel", "couenne faisandée" - adressées aux ennemis, aux écrivains bourgeois, aux traîtres, aux renégats, tels qu'on les trouve dans le Traité du style ou dans les lettres ouvertes, ne sont pas différents de ceux qu'on trouvait dans les brûlots des ligues fascistes et qu'on trouvera bientôt adressés aux "chiens enragés" dans les procès de Moscou. Ils signent une époque.

Appel au meurtre, à la destruction, exaltation de la déraison et du romantisme noir, fascination des pulsions primitives des races demeurées pures du côté de l'Orient, antisémitisme : les manifestes surréalistes diffèrent peu, si l'on prend la peine de les lire froidement, des propos extrémistes tenus par les pousse-au-crime du temps, de gauche et de droite.

Paroles en l'air, dira-t-on, dans lesquelles il faut faire la part de la provocation dadaïste. Je ne crois pas. C'est oublier que la compromission des surréalistes avec le communisme sera plus durable que celle des intellectuels de droite avec le fascisme. Dès 1933, Stefan George et Heidegger tournent le dos au national- socialisme, Jünger et Gottfried Benn s'enfoncent dans l'émigration intérieure. Il faudra attendre fin 1935 pour voir Breton rompre avec le stalinisme. Et que dire alors d'Eluard et d'Aragon ?

On ne peut s'empêcher de penser que, contrairement aux autres avant-gardes, les surréalistes continuent de jouir d'une étrange indulgence. Aujourd'hui encore, ils passent pour les parangons d'un idéal libertaire qui, pêle-mêle, aurait conduit la jeunesse à la libération sexuelle, au merveilleux de la création automatique et spontanée - l'art fait pour tous et par tous -, à la réconciliation du rêve et de l'action, et autres fredons de la pensée unique.

Il y a une autre raison à cette impunité. Le surréalisme se distingue radicalement des autres avant-gardes en cela que, n'ayant pas cru au paradigme du progrès, il est devenu furieusement "tendance". Le monde moderne n'est pas son fait. La machine, la vitesse, l'énergie - tout ce qui fascine les futuristes, les constructivistes, les puristes et tous les autres "istes" -,les surréalistes y sont indifférents. Leur domaine, c'est la nature, la folie, la nuit, l'inconscient, le primitif, l'originaire. C'est la volute modern style, non l'orthogonalité de Mondrian ou de Rodtchenko. C'est un mouvement en fait de régression et d'archaïsme. La ville, oui, à condition qu'elle s'ensauvage, le nouveau, oui, à condition qu'il soit cherché à l'intérieur de soi et non dans l'extérieur de la maîtrise du monde. Etc.

Deux motifs, à cet égard, hantent l'imagerie futuriste. L'un est le gratte-ciel et l'autre l'avion. Ils sont présents chez Fillia et Prampolini comme chez Lissitzky et Malevitch, côte à côte, emblèmes simultanés de la gloire du monde technique. Les surréalistes sont les premiers à les imaginer l'un contre l'autre, préfigurant ce que les terroristes accompliront.

En fait, les surréalistes, eussent-ils été plus cultivés, n'auraient pas mis Freud en exergue, qui les méprisait en retour, ne voyant en eux que de dangereux exaltés, mais Heidegger, le penseur critique de la technique et le maître du recours aux forêts. C'est de ce côté-là, du côté encore une fois du romantisme que se trouvent les sources du "merveilleux" surréaliste et de sa fascination pour l'Orient et ses mille et une nuits.

Il en résulte que la fascination des surréalistes ne s'est jamais éteinte dans le petit milieu de l'intelligentsia parisienne de mai 1968 au maoïsme des années 1970. De l'admiration de Michel Foucault pour "l'ermite de Neauphle-le-Château" et pour la "révolution" iranienne à... Jean Baudrillard et à son trouble devant les talibans, trois générations d'intellectuels ont été élevées au lait surréaliste. De là notre silence et notre embarras.

Nous avons tous appris à lire chez Eluard et chez Aragon. Comment tuer nos pères ? Héritiers du surréalisme, comment le condamner ? Nous restons donc sans voix quand nous voyons prendre corps sous nos yeux - et de quelle horrible façon ! - les textes que nous avons vénérés dans notre adolescence.

Ce texte a été trouvé
I C I
28 août 2008, 12:26   Re : Le droit d'être in-docile.
Merci Henri de votre beau texte . La "pose" de Baudrillard est évidente et c'est ce qui a déclenché mon ironie à l'égard de Pascal Orsini mais vos propos mesurés ont le don de me ramener à moins d'impulsivité...
28 août 2008, 12:32   Re : Le droit d'être in-docile.
Cher Corto,
Je choisis de répondre ici à l’aimable message que vous m’avez adressé sur l’autre fil de discussion.
En remerciement donc et cela pourrait sembler n’avoir aucun rapport avec le sujet (et sans doute, cela n’en a-t-il pas ), je voudrais vous faire partager un cadeau, tout petit en apparence mais en fait une belle leçon de vie et de sérénité que j’ai reçue (et pardon si j’ai l’air de découvrir la lune !). Voici ce que je veux vous dire et je sais que vous me comprendrez. Il y a peu de temps, au cours d’un dîner chez un ami très cher, celui-ci a quelque peu ébahi la compagnie en répondant à un convive (au cours d’une conversation qu’il est inutile d’évoquer ici) : « Je ne suis jamais déçu ». Précisant : « Je ne suis jamais déçu par les autres». Dans le silence rêveur qui suivit, il ajouta : « Quand quelqu’un me dit « untel m’a déçu », je me dis : mais quel imbécile ! ».
Utilisateur anonyme
28 août 2008, 15:05   Re : Le droit d'être in-docile.
Vous pensez tellement grand, tellement haut, cher Henri, et avec une telle mesure...
Utilisateur anonyme
28 août 2008, 15:49   Question.
"Ceci me remet en mémoire que la rupture entre l'artiste et son public remonte bien plus loin que l'époque nazie : c'est le romantisme qui pose l'artiste en incompris, et aussi en éducateur de son public, a priori ignorant de ce que l'artiste a vu avant lui et a le devoir de lui montrer"

Doit-on considérer que le concept d'"avant-garde" consacre définitivement la rupture entre l'artiste et son public ?, entre l'artiste d'"avant-garde" et l'artiste tout court ? entre un public réceptif à l'"avant-garde" et l'autre pas... ?
Utilisateur anonyme
28 août 2008, 16:11   Re : Question.
Au risque de me répéter (à cause des fils jumeaux) : constater une rupture entre l'artiste et son public (à partir du XIXème siècle, en effet) contient une indéniable vérité mais aussi, je crois, une conséquence paradoxale. Pardonnez-moi si je manque de clarté, j'ai du mal à m'expliquer. Il me semble que "le romantisme qui pose l'artiste en incompris", installe surtout l'idée que l'art est ou n'est pas "compris" par le public, autrement dit, accorde une place démesurée à ce même public, place qui contredit les effets qu'on aurait pu attendre de la fameuse "rupture".

Encore autrement dit (je tourne autour du pot), la rupture entre l'artiste et son public me semble avoir eu pour conséquence paradoxale la grande dépendance des artistes à l'égard du public, beaucoup plus grande, je crois, qu'en n'importe quelle autre époque. C'est le public et lui seul qui authentifie la "pose de l'artiste en incompris". Puis, le public et lui seul qui garantira "la pose de l'artiste en provocateur". Le public et lui seul que les artistes finiront par solliciter outrageusement, de plus en plus pesamment à force de second degré, de clins d'œil, de "perches participatives" tendues.
Cette "efficacité du discours" est hélas celle du "tout-discours" comme substitut de l'art. Même chose en musique où la mesure de la qualité musicale se prend en très inverse proportion du volume de "discours", auto-glose et autres "explications" auxquels s'obligent (comme si on leur demandait quelque chose!) nos "créateurs" musiqueux. Plus le musicien est provincial, fraîchement promu, tout neuf arrivé dans les studios, plus il a de choses à vous dire sur son art.

Art et promo de l'art ne font plus qu'un. Au vrai, c'est bien légitime: la promo est en soi un art, dispendieux en efforts, coûteux en parole, en argent, en attention au marché.

Toute cette attention que ce pauvre art moderne voue au marché est telle que son premier geste, son premier trait de pinceau ou de génie est déjà tout publicitaire tout voué à l'explication et à l'auto-glose empressée, obséquieuse, pédago.
Pour abonder dans le sens de l'analyse, assez juste, de Jean Clair, je rappellerai que le mot "avant-garde" est un terme militaire (il désigne les troupes aguerries, bien entrainées, souvent d'élite, qui ouvrent la route à une armée en marche) et que, dans les guerres de jadis, l'avant-garde avait pour mission d'observer, puis d'affaiblir et de détruire, par des actions de commando, les défenses de l'ennemi. Que ce terme ait été extrait de l'armée ou de la guerre pour désigner des réalités de la vie de l'esprit (univers des idées, de la culture, de l'art, etc.) en dit long sur ce qu'est devenue la "vie intellectuelle" ou "culturelle" de la France depuis un siècle et demi environ : une foire d'empoigne et un vaste champ de bataille, où fait rage la guerre idéologique, qui, à la différence des guerres "normales", ne connait jamais ni trêve, ni fin.
28 août 2008, 16:59   Art et promotion
Ouaip... C'est Cézanne, je crois, qui disait qu'il y avait le savoir-faire, mais aussi le faire-savoir. Pas tombé dans l'oreille de sourds!
28 août 2008, 17:32   Re : Art et promotion
Orimont je suis tout-à-fait d'accord avec vous : il y a, me semble-t-il, chez nombre d'artistes contemporains, nées avec le XIXème siècle , comme une injonction à être compris du grand public mis en demeure de les apprécier sous peine de paraitre vieux-jeu, réac, antimoderne, voire nazi, en même temps qu'une pose à ne pas l'être, compris, qui me paraissent absentes chez les artistes des époques antérieures. Culpabilisait-on les amoureux du Greco s'ils n'aimaient Goya ? les souçonnait-on des pires turpitudes ?
Cette injonction à aimer ceci ou cela, l'art contemporain, les immigrés, le ramadan, l'étron philosophal, comme une sorte de test de fréquentabilité , de mise à l'épreuve permanente, me paraît caractéristique de l'ère du soupçon que nous vivons. Le porno remplit aussi cet office et bientôt, pourquoi pas, l'inceste.
28 août 2008, 17:52   Re : Art et promotion
" Toute cette attention que ce pauvre art moderne voue au marché est telle que son premier geste, son premier trait de pinceau ou de génie est déjà tout publicitaire tout voué à l'explication et à l'auto-glose empressée, obséquieuse, pédago. "
On ne saurait, cher Francis, mieux dire.
28 août 2008, 19:15   Re : Art et promotion
"Plus incertain se fait [le] statut [de l'oeuvre moderne], plus incertaines se font ses frontières, plus incertains ses moyens et sa fin, en revanche plus imposantes et impérieuses les procédures qui la recueillent, la conservent l'exposent et l'expliquent. Tout une science muséographique se met en branle pour cerner un objet qui s'amenuise à mesure. Entre l'oeil de l'observateur et lui, s'interpose un appareillage d'autant plus lourd et impératif que se fait plus douteuse sa nature. Des édifices de béton, d'acier et de verre, dotés de machineries ingénieuses, mais aussi des monuments de papier -écrits théoriques, manifestes, analyses en tout genre- se consacrent à la gnoséologie d'un objet qui, sinon de plus en plus rare, se fait de plus en plus évasif. Comme en physique fondamentale, on construit des machines de plus en plus grandes pour observer des phénomènes de plus en plus minuscules.
Nous serions là face à un phénomène de crise de la pensée esthétique qui ressemble fort en effet à la crise de la pensée scientifique inaugurée par l'énonciation des relations d'incertitude. Peut-on observer un fait dit "artistique" en dehors des conditions d'observation qui, a priori, nous le font apparaître comme tel ?"

(Jean Clair, Considérations sur l'état des beaux-arts)
28 août 2008, 20:50   Re : tout compte fait!
Tout compte fait ! Y a pas de raison que l’art contemporain assume à lui tout seul le désastre éthique et esthétique du XXe siècle ! Envoyons tout ça aux encombrants ! Du balai tout ce brol ! Ajoutons-y toute la littérature contemporaine. Hop là ! Et toute la musique contemporaine. Youppîîîe ! La philosophie contemporaine. Salut ! L’architecture contemporaine, y a pas de raison. Hardi petit ! La danse contemporaine. Bon débarras ! Le cinéma contemporain. Ouste! Et les « sciences humaines » contemporaines et tout ce qui s’y apparente contemporainement (je crains d’oublier des choses zimportantes). Yebaaah !
Ouf ! On se sent mieux quand on a fait le ménage.
Utilisateur anonyme
28 août 2008, 22:24   Re : Demoiselles de Rochefort
Non, ce n'était pas Michel Piccoli, cher jmarc, qui était Monsieur Dame, marchand de musique, mais le petit ami de Catherine Deneuve .qui était un peintre peu sympathique ( j'ai oublié son nom).
Utilisateur anonyme
28 août 2008, 22:37   Re : Faire le ménage et Saleté de démocratie.
Citation

Ouf ! On se sent mieux quand on a fait le ménage.
Oui, on respire !

Citation

Encore autrement dit (je tourne autour du pot), la rupture entre l'artiste et son public me semble avoir eu pour conséquence paradoxale la grande dépendance des artistes à l'égard du public, beaucoup plus grande, je crois, qu'en n'importe quelle autre époque.

Oui, la fantastique liberté de Molière et des artistes de l'époque bénie de la monarchie fait rêver. Et l'indépendance de Mozart, libre de se faire botter le cul par un valet de son mécène ? Saleté de démocratie qui a tout foutu en l'air.
Utilisateur anonyme
28 août 2008, 22:42   Re : Le droit d'être in-docile.
Aline, chère Aline, je vais méditer votre message avant de vous répondre, car je crains qu'il ne me laisse que l'alternative d'être un imbécile ou de ne jamais placer un quelconque espoir en quelqu'un, de manière à n'être jamais déçu.
Utilisateur anonyme
28 août 2008, 22:45   Re : Le droit d'être in-docile.
Citation

....les limites ordinaires de la pensée...

Oui, la pensée de Baudrillard est ordinaire.
"Less is more", "L'ornement est un crime", "la machine à habiter", etc. - Oui, on pourrait peut-être envisager de donner un petit coup de balai du côté de l'architecture, aussi...
Utilisateur anonyme
28 août 2008, 22:55   Re : Le droit d'être in-docile.
C'est un beau texte de Jean Clair que vous citez, cher Rogémi. Mais tout de même, écrire :
Citation

Au nom d'un "mysticisme" confus et d'une "fureur" sans frein - pour reprendre les termes qui reviennent dans leurs écrits - c'est bien à une attaque en règle contre la logique, contre la raison, contre les Lumières que se livrent, au milieu des années 1920, derniers héritiers du romantisme noir, les jeunes surréalistes. Ce qu'ils veulent, c'est la destruction radicale de tout ce qui a donné à l'Occident sa suprématie.

En 1920, la suprématie de l'Occident est morte dans les tranchées de la première guerre mondiale. Les surréalistes n'y sont pour rien. Ils ne font qu'un constat de décès et en cela ils sont visionnaires.
Dada a précédé les surréalistes en ce constat, cher Corto. Par ailleurs, c'est peut-être bien Dada qui, ayant intronisé la possibilité de faire art de la destruction de l'art, est à la source même de nos tourments actuels, et du joyeux raffut qui règne en ce moment même sur le site de L'In-nocence.
Utilisateur anonyme
29 août 2008, 10:27   Re : Le droit d'être in-docile.
« Oui, la pensée de Baudrillard est ordinaire. »

Allons allons, Cher Corto, vous n'allez pas vous aussi rejoindre la cohorte des pénibles qui refusent en bloc la modernité !? Vous voulez donc lui aussi le jeter aux orties ?
Citation
En 1920, la suprématie de l'Occident est morte dans les tranchées de la première guerre mondiale.

Vous voulez dire la suprématie de l'Europe, cher Corto, car l'occident a continué à dominer le monde par l'intermédiaire des USA.

Sans oublier que la civilisation occidentale s'est répandue de maniére irrésistible dans le monde entier et que même la plus petite ile de l'Océanie ou le village le plus reculé dans les montagne du Pakistan ont été touchés par la marche triomphante de la technique et du mode de vie européens.

Quant au marxisme qui lui a également assez bien réussi et qui est loin d'être mort vous savez aussi bien que moi d'où il provient.
» que la civilisation occidentale s'est répandue

Certains, avec une vue encore plus haute, parleront des indo-européens...
» la pensée de Baudrillard est ordinaire

C'est un peu ce que disaient certains, ici, de Philippe Muray, avant de l'avoir lu...
Utilisateur anonyme
29 août 2008, 11:16   Muray, Baudrillard, Clair, les mauvais modernes
Bernard… et si c'étaient les mêmes ?
Utilisateur anonyme
29 août 2008, 12:21   KILITOU.
D'autres encore disaient, sans l'avoir jamais lu, que Céline, "c'est glauque"...

L'ignorance la plus absolue ne se traduit donc pas nécessairement par le silence.
Utilisateur anonyme
29 août 2008, 13:01   Re : Le droit d'être in-docile.
Vous avez raison, cher Rogémi. Et il est vrai également que le surréalisme est un mouvement européen, dont la première mouture fut le dadaïsme, né à Zurich (j'abrège...).
Utilisateur anonyme
29 août 2008, 13:02   Re : KILITOU.
Le mépris est un plaisir aristocratique, Orsoni. Il ne vous sied pas.
Utilisateur anonyme
29 août 2008, 13:04   Re : Le droit d'être in-docile.
Si j'étais un paysan du Danube, cher Boris, je ferais un procès à ce Baudrillard pour atteinte à l'honneur.
Utilisateur anonyme
29 août 2008, 13:09   Atteinte
À l'honneur de quoi, de quoi, Corto ?

Mais vous allez avoir un peu de mal à l'attaquer, je le crains…
Justement, par son art Céline est un aristocrate.
» Bernard… et si c'étaient les mêmes ?

Je le sais, cher Boris, mais vous connaissez mon usage un peu pervers de la logique (qui peut aussi servir à la feinte)...
Utilisateur anonyme
29 août 2008, 13:27   Re : Atteinte
Ah oui, c'est vrai, il a cessé de nuire, ce vieil homophobe. Comme Muray, d'ailleurs. Quel soulagement !
Utilisateur anonyme
29 août 2008, 13:30   Re : Le droit d'être in-docile.
Ah bon ? Son mépris des juifs était donc un plaisir aristocratique ? Au bout de la nuit, le trou est sans fond.
29 août 2008, 13:36   Re : Atteinte
Allons, allons, cher Corto...
Un homme qui a dit des intellectuels européens : "ils se réfèrent à Nietzsche, Bataille, Sade ou Artaud, tout en adhérant à une morale démocratique qui contredit absolument la radicalité de leurs analyses. Aucun de ces grands immoralistes n'aurait signé la moindre des pétitions qui circulent de nos jours", un tel homme ne peut pas être complètement mauvais...
Utilisateur anonyme
29 août 2008, 13:39   Re : Muray, Baudrillard, Clair, les mauvais modernes
Boris, Clair n'est pas un mauvais moderne. Je suis un lecteur attentif. Sur le conseil d'Aline d'ailleurs.
Utilisateur anonyme
29 août 2008, 13:40   Re : Muray, Baudrillard, Clair, les mauvais modernes
Ah, vous n'avez pas dû tout lire, alors…

(Mais si c'est Aline qui le dit, alors on se tait.)
29 août 2008, 13:53   Re :
Message retiré.
(Par moi-même, hein !— J'avais commencé par remplacer deux lettres du titre par deux points...)
Utilisateur anonyme
29 août 2008, 14:19   Interruptus
Vous faites du teasing, maintenant, Bernard ?
Certes non, mais je n'en pense pas moins...
Utilisateur anonyme
29 août 2008, 15:12   Indochine
Quel titre, Bernard ? dites en plus, vous nous torturez…

(Ah oui, d'accord, le titre, c'était indocile ?)
(Mais si c'est Aline qui le dit, alors on se tait.)

J’espère bien ! D’ailleurs je suis son confesseur et je lui disais encore, ce matin même :

Gardez-vous mon fils des dangers, a sagitta volante in die, a negotio perambulante in tenebris, ab incursu et daemonio meridiano
Utilisateur anonyme
29 août 2008, 15:24   Re : Le droit d'être in-docile.
Je trouve fâcheux, choquant, insolent même (et d'une insolence sans panache), que les "jugements littéraires" continûment distillés par M. Corto puissent ainsi encombrer ce forum...
Citation
Ah oui, c'est vrai, il a cessé de nuire, ce vieil homophobe. Comme Muray, d'ailleurs. Quel soulagement !

Toujours à fleur de peau.

Autrement-dit, cher Corto, les auteurs, les gens que vous considérez comme "homophobes" méritent en quelque sorte la mort...

Pourquoi prenez-vous le risque par de telles allégations de dilapider le crédit et la sympathie que vous avez sur ce forum ?.
Utilisateur anonyme
29 août 2008, 15:47   Le droit (la possibilité) d'être homophobe (selon Corto)
Cher Corto, savez-vous que si j'en juge par ce que vous écrivez fréquemment ici, je dois être classé moi aussi comme "un (vieil) homophobe" ?
Utilisateur anonyme
29 août 2008, 15:50   Re : Le droit d'être in-docile.
Cher Rogemi je crains malheureusement qu'il ne sache plus trop comment s'y prendre pour se rendre "intéressant"...
Pourquoi quand on brocarde l'antiracisme bien-pensant, faut-il qu'il y ait toujours quelqu'un pour insinuer que c'est quand même bien mieux que le nazisme , comme si c'était tout l'un ou tout l'autre ? Cela me fait penser aux personnes qui pour remonter le moral de quelqu'un accablé de soucis, lui disent que c'est, de toutes façons, bien mieux que d'avoir le cancer ; ou quand elles disent à un professeur se plaignant de la difficulté de son métier que c'est bien mieux que d'être caissière à monoprix ou balayeur. Comme si les soucis protégeaient du cancer ! Les uns n'empêchent pas l'autre et l'antiracisme bien-pensant qui, seul, est brocardé sur ce forum, n'empêche pas la " bête immonde ". Il en prépare, au contraire, le retour. Comment ne pas voir qu'un reich planétaire anti-blanc européen s'installe avec la caution de cet antiracisme-là et la complicité des " élites " euopéennes elles-mêmes. A preuve, à l'encontre du " de souche ", déjà : formidable propagande de dévalorisation sytématique, discrimination négative, justice et traitement médiatique partiaux, interdiction de parole, pogroms quasi tolérés, etc. sans compter les livres et les films " cultes " : " la France raciste ", l'idéologie française ", " le Coran ", " Dupont-la-joie ", et ces appels au meurtres répercutés par tous les moyens modernes de communication que sont les textes du rap. Croyez-vous que les mêmes causes n'engendreront pas les mêmes effets qu'en Allemagne, au Rwanda ou ailleurs, sauf que les victimes, cette fois, ce seront nous ou nos enfants ?
Utilisateur anonyme
29 août 2008, 16:45   Re : Le droit d'être in-docile.
Merci, Chère Cassandre, d'avoir su dire clairement ce que je ne faisais que ressentir confusément.
Utilisateur anonyme
29 août 2008, 16:54   Re : tout compte fait !
La nostalgie est une chose mais il y a pire : c'est quand l'inventaire de ce qu'on ne regretterait pas (si ça venait à disparaître) l'emporte sur ce qu'on regretterait. Cruel et peu enviable examen.

D'ores-et-déjà, pour ma part, j'avoue (sans joie particulière) que la disparition des livres de "sciences sociales" et apparentées ne créerait guère de trous dans les rayons de ma bibliothèque.
Utilisateur anonyme
29 août 2008, 17:51   Re : tout compte fait !
Bolacre, vous êtes un obscurantiste.
"La nostalgie est une chose mais il y a pire : c'est quand l'inventaire de ce qu'on ne regretterait pas (si ça venait à diparaître) l'emporte sur ce qu'on regretterait. Cruel et peu enviable examen."

Votre belle phrase, je la fais mienne, cher Orimont.
Utilisateur anonyme
30 août 2008, 01:12   Re Réponse à Rogémi.
Voyez-vous, cher Rogémi, je ne dois d'avoir survécu aux années soixante que d'avoir su distinguer mes ennemis. Or mes ennemis sont les homophobes qui voulaient (veulent ?), sinon ma mort, du moins me condamner à  l'inexistence sociale, voire au suicide. Si je ne peux les anéantir comme il conviendrait, je me dois de les combattre autant que possible.

Je sais que Muray est un auteur que vous appréciez beaucoup et vous fûtes mon seul scrupule lorsque j'ai écrit ce qui vous fâche. Mais, un peu comme Jankélévitch qui refusait de retourner en Allemagne, sans doute de manière irrationnelle, je ne saurais renoncer à  cette lutte, sans doute puérile, mais qui est mienne.
Utilisateur anonyme
30 août 2008, 01:17   Re : Atteinte
Je voudrais vous donner raison, cher Francmoineau.
Utilisateur anonyme
30 août 2008, 01:27   Re : Le droit d'être in-docile.
Certes, chère Cassandre, mais quand on brocarde l'anti-racisme bien-pensant de cette manière :
Citation

mélanger les parcours de vie, les différences et les contrastes mélanger les parcours de vie, les différences et les contrastes mélanger les parcours de vie, les différences et les contrastes mélanger les parcours de vie, les différences et les contrastes mélanger les parcours de vie, les différences et les contrastes mélanger les parcours de vie, les différences et les contrastes mélanger les parcours de vie, les différences et les contrastesmélanger les parcours de vie, les différences et les contrastes mélanger les parcours de vie, les différences et les contrastes mélanger les parcours de vie, les différences et les contrastes mélanger les parcours de vie, les différences et les contrastes mélanger les parcours de vie, les différences et les contrastes mélanger les parcours de vie, les différences et les contrastesmélanger les parcours de vie, les différences et les contrastes mélanger les parcours de vie, les différences et les contrastes mélanger les parcours de vie, les différences et les contrastes mélanger les parcours de vie, les différences et les contrastes mélanger les parcours de vie, les différences et les contrastes mélanger les parcours de vie, les différences et les contrastes mélanger les parcours de vie, les différences et les contrastes mélanger les parcours de vie, les différences et les contrastes mélanger les parcours de vie, les différences et les contrastes mélanger les parcours de vie, les différences et les contrastes mélanger les parcours de vie, les différences et les contrastesmélanger les parcours de vie, les différences et les contrastes mélanger les parcours de vie, les différences et les contrastes mélanger les parcours de vie, les différences et les contrastes mélanger les parcours de vie, les différences et les contrastes mélanger les parcours de vie, les différences et les contrastes mélanger les parcours de vie, les différences et mélanger les parcours de vie, les différences et les contrastes les contrastesmélanger les parcours de vie, les différences et les contrastes mélanger les parcours de vie, les différences et les contrastes mélanger les parcours de vie, les différences et les contrastes mélanger les parcours de vie, les différences et les contrastes mélanger les parcours de vie, les différences et les contrastes
il ne me semble pas illégitime de brocarder à mon tour, au raz du même caniveau.
Utilisateur anonyme
30 août 2008, 08:54   Re : Le droit d'être in-docile.
"mes ennemis. Or mes ennemis sont les homophobes qui voulaient (veulent ?), sinon ma mort, du moins me condamner à l'inexistence sociale, voire au suicide. "

Moui... l'inexitence sociale ? Peut-être... Le suicide ? Non, et rassurez-vous, pour ça vous n'avez pas la fibre assez aristocratique. Et puis, Corto, ce qui vous sauvera toujours, c'est votre tendance dominante à croire, spontanément et fermement, que le monde n'existe d'aucune manière hors de vous et de votre "communauté", objectivement.
Utilisateur anonyme
30 août 2008, 09:20   Re : Le droit d'être in-docile.
Oh, Orsoni, il existe de grandes et nobles traditions philosophiques qui considèrent que le monde n'existe pas au delà de soi. Tenez, dans la vision unitaire du Shivaïsme cachemirien :
Citation

Celui dont le coeur se refuse à scruter le Soi qui est par nature la Réalité, cet homme, comme sous la poussée venimeuse du doute, est égaré par la peur des renaissances.
Citation

Seule la lumière du Coeur existe vraiment; dans l'activité créatrice elle est l'agent. Cette activité reposant en elle-même est prise de conscience de soi et, s'ébranlant, elle déploie l'univers.
MAHARTHAMANJARI DE MAHESVARANANDA (12ème siècle) traduction de Lilian Silburn, Collège de France, Paris 1995.
30 août 2008, 09:47   Coeur à corps
Il y a pire que les homophobes comme ennemis vôtres, cher Corto: il y a les cortophobes, dont vous multipliez le nombre à chacune de vos embardées. Vous avez atteint le point regrettable où ils pourraient faire alliance contre vous. Le délire de persécution et l'emportement sans retour de la raison ne seraient plus alors qu'à un battement de coeur, comme je crois qu'on dit, et vous n'auriez survécu aux années 60 et à mille autres périls rencontrés depuis que pour vous dissoudre ainsi dans la plus noire des folies. Songez-y: la folie est pire que la mort; elle est une damnation sans fin dont vous n'aurez pas conscience; elle vous privera même du soulagement du suicide.
30 août 2008, 10:35   Reich planétaire anti-blanc
Chère Cassandre, je vous félicite de votre tirade et je ferai encore mentir votre pseudonyme en vous disant qu'il y a quelque apparence que cette prophétie soit vraie, au moins en intentions et en projet. Comme j'ai passé un certain temps avec mon "contact" afro-centriste et anti-raciste, j'ai pu relever un certain nombre de perles, remarques et observations qui sont l'écho inversé des vôtres. Ainsi, le "métissage" (sic) de la France et son entrée forcée dans le nouvel ordre mondial multi-racial (en fait, mono-racial) étaient-ils présentés comme un juste retour des choses, la race blanche ayant toujours été minoritaire sur la planète parmi les autres races (définies comme non-blanches, je suppose, mais ce n'est pas moi qui ai hasardé ce qualificatif, c'eût été imprudent). Il allait donc de soi que le caractère européen de la France et aussi de la Belgique (mon ami ayant remarqué le fort penchant que j'ai pour le Stoemp, Léon Spilliaert, la bière et Philippe Herreweghe, toutes choses et personnes étrangères au métissage et responsables des génocides du Congo et du Rwanda), bref il fallait que ce caractère européen (à savoir, essentiellement raciste et ethnocentrique, vices qui épargnent les autres races de par leur bon naturel ) se dilue dans le melting-pot désiré. Philippe Muray souligne souvent que l'avenir nous est présenté comme inéluctable, mais aussi que nous sommes fermement priés de l'accueillir avec enthousiasme ("nous allons vous faire aimer l'an 2000"). Jamais je n'ai autant éprouvé la justesse de ses observations que pendant ces heures de conversation, ou plutôt de monologue subi, avec cet intéressant personnage dont j'étais devenu, en quelque sorte, le nègre familier...

Sans aller jusqu'au Shivaïsme cachemirien, mon cher Corto, je me demande si vous ne faites pas beaucoup d'honneur aux "homophobes" en les érigeant en catégorie à part, un peu comme mon ami afrocentriste fait des racistes ou des Blancs. Je me suis laissé dire que les pires sentines de l'homophobie étaient les bars et boîtes homos. Dans les années 70, on disait que cette minorité persécutée intériorisait le mépris où la majorité la tenait, et qu'une révolution culturelle homosexuelle était à venir. Que même, la lutte homosexuelle était un aspect de la lutte des classes ou des peuples pour l'émancipation de tous les opprimés. Les homos français étaient un peu les Palestiniens du Marais (encore à fonder, j'imagine). Il fallait donc que leurs théoriciens gauchistes inventent un ennemi de classe, l'hétéro-flic, dans la plus pure tradition léniniste et terroriste, mais sans les conséquences concrètes, heureusement, à savoir les massacres de masse réels. En somme, tous ces discours plaquaient les "structures fondamentales du mythe révolutionnaire" sur des situations réelles moins tranchées, et sur des gens qui n'en demandaient pas tant. Il est toujours fructueux et amusant de fouiller dans les bacs des librairies militantes parisiennes, on y trouve d'ahurissants documents. A propos, avez-vous remarqué que la librairie hébraïque la mieux fournie de Paris se trouve à deux pas du bar Le Central ?

Je suis loin de vous reprocher vos vues, cher Corto, car je crois qu'une personnalité humaine ne se construit qu'au moyen de structures mythiques, dont c'est précisément la fonction. Si donc je vous faisais reproche d'avoir besoin d'ennemis, il faudrait que je retourne le reproche contre moi-même aussi bien. Cependant, deux textes ont éveillé ma curiosité sur la fonction de l'ennemi dans le sentiment d'identité : un de Nietzsche, que j'ai copié ici une fois, où il explique les raisons de son exil à Turin. S'il était resté en Allemagne, écrit-il, il aurait été contraint de lutter tous les jours contre la sous-culture allemande, et pour lui, la vie de l'esprit ne se résume pas à des réactions à des stimuli. L'autre texte est une lettre que le regretté Rabbi de Loubavitch écrivit à Elie Wiesel, où il lui suggérait de lutter moins contre ses ennemis, et de s'occuper de manière un peu plus constructive de son propre destin d'homme juif. Il lui rappelait qu'être juif ne se résumait pas à être une victime des nazis. Parallèlement, il me semble qu'être homosexuel n'est pas seulement un état de victime des homophobes, et si ma mémoire est bonne, l'oeuvre de Renaud Camus commençait par là : Tricks fut écrit comme si la chose allait de soi, sans discussion. Le Rabbi de Loubavitch, esprit universel, n'avait peut-être pas lu Tricks, mais il proposait une affirmation de la vie, un dépassement du stade du lion dans Zarathoustra, celui qui vit de réactions, le rebelle, vers le stade de l'enfant qui affirme ses propres valeurs.
» que le monde n'existe pas au delà de soi

Mais c'est parce que dans ce Soi-là, le monde y est déjà...
Impertinent !

À propos, je lisais récemment cette phrase, dont je ne donnerai pas l'auteur pour l'instant, pour le plaisir de la devinette :

« Et, si j'avais été femme, je l'aurais aimé, malgré son âge, car sa voix allait au cœur. » (Vers 1850.)

Ce qui me fit penser que tout de même, à notre époque, l'on aurait plus à se dissimuler derrière un conditionnel.
Utilisateur anonyme
30 août 2008, 10:45   Re : Le droit d'être in-docile.
« Ce qui me fit penser que tout de même, à notre époque, l'on aurait plus à se dissimuler derrière un conditionnel. »

Et voilà et voilà (comment on entre dans l'ère du soupçon…) !
Utilisateur anonyme
30 août 2008, 11:07   Re : Le droit d'être in-opaque
Votre phrase me laisse entendre, également :

« Ce qui me fit penser que tout de même, à notre époque, l'on aurait plus à se dissimuler derrière un confessionnel. »
Oui, je comprends, et en ce sens, c'était assez maladroit. Disons que le propos était ad hominem. De toute manière, la phrase de l'auteur cité peut laisser rêveur...
Utilisateur anonyme
30 août 2008, 13:58   Re : Le droit (la possibilité) d'être homophobe (selon Corto)
Oh...... Boris.......... (soupir),......... pourquoi es-tu Boris....... (soupir) ?
Utilisateur anonyme
30 août 2008, 14:01   Re : Coeur à corps
Vous plaisantez Francis, un quarteron de professeurs en retraite ne me fait pas peur !
Citation
Mais, un peu comme Jankélévitch qui refusait de retourner en Allemagne, sans doute de manière irrationnelle, je ne saurais renoncer à cette lutte, sans doute puérile, mais qui est mienne.

Parce que vous aimez Jankélévitch, cher Corto, je vous pardonne vos outrances !
Utilisateur anonyme
30 août 2008, 14:23   Pourquoi…
Ah, l'insoluble question…
Très beau texte, cher Henri Bès.
Utilisateur anonyme
30 août 2008, 14:53   Re : Chance
Mes saillies provocatrices, cher Henri Bès, ne sont donc pas vaines, puisque elles sont à l'origine du privilège que vous me donnez de lire votre magnifique intervention.
S'agissant de la révolution culturelle homosexuelle espérée dans les années 70, ce nouveau modèle de relations humaines que nous allions engendrer. Oui, je l'avoue, dans ma folle jeunesse, j'y ai cru. Mais sans la vision gauchiste (lutte des classes et tout le bataclan) de certains, car dès l'adolescence, j'ai eu une sainte horreur des délires marxistes et de l'avenir radieux dont on nous menaçait et dont on affirmait doctement l'inéluctabilité scientifique. Non, ma vision était plutôt éthique. Et voyez-vous, j'ai alors découvert l'oeuvre de Renaud Camus et j'y ai trouvé une Weltanschauung que j'ai faite mienne et que j'ai peu ou prou conservée alors que le Maître est peut-être allé scruter d'autres horizons...

C'est pourquoi, quand, sur ce site précisément, l'on encense des auteurs homophobes, je réagis sans doute de manière excessive, car j'ai toujours le sang vif. Mais, il est vrai qu'à tête reposée, je ne prétendrais certes pas que les homophobes forment une "catégorie à part", la maladie de l'âme dont ils souffrent ne justifiant pas cet "honneur".

Cela étant, quand l'orsonien de service prétend me renvoyer à ma "communauté" et attribuer à celle-ci des caractéristiques spécifiques, cela ne vous rappelle-t-il pas de mauvais souvenirs ?

D'autre part, bien entendu "être homosexuel n'est pas seulement être victime des homophobes" Je vous dirais même, bien au contraire, pour reprendre une des "Notes achriennes du Maître, parues en 1982 :

Citation

Chance
L'homosexualité a été la grande chance morale de ma vie.
Bourgeois français, catholique d'origine, banalement constitué, jamais je n'aurai su, sans elle, ce que c'est que d'appartenir à une minorité frappée d'injustice, de faire l'objet d'un racisme, de courir en permanence le risque d'essuyer de n'importe qui le mépris, l'hostilité, la violence souvent.
Quant au parti que j'ai su tirer de cette chance-là, c'est évidemment une autre histoire.
Utilisateur anonyme
30 août 2008, 14:59   Re : Le droit d'être in-docile.
Flaubert ?
« – Que l'homosexualité a été la grande chance morale de ma vie (quant au parti que j'ai tiré de cette chance, c'est hélas une autre histoire) : bourgeois français de famille catholique, banalement constitué, je n'aurais eu aucune occasion, sans elle, d'éprouver de l'intérieur l'incompréhensible animosité, la ségrégation, la violence, l'humiliation qui sont le racisme. »
Source : ici.

Voyez-vous, Corto, l'auteur de ces lignes apprécie énormément Philippe Muray, et a été l'un des premiers à réagir le jour de sa mort...
Jankélévitch ne refusait pas seulement de se rendre en Allemagne, il avait aussi mis la culture allemande et ses oeuvres sous le boisseau : littérature, musique, philosophie, tout cela il l'a effacé de sa mémoire.
Utilisateur anonyme
30 août 2008, 16:01   Re : Naufrage de la vieillesse
Ah Bernard Lombart, la Revue Masques dont j'ai toute la collection dans ma bibliothèque, que de souvenirs !
Et le jeune Camus, si beau, si rigoureux, si intransigeant.
Mais, dites-moi, quel âge avait le Maître quand Muray est mort ?
Utilisateur anonyme
30 août 2008, 16:04   Re : Le droit d'être in-docile.
Oui, cher Francmoineau : Jankélévitch était séduisant au physique comme au moral. Son exemple n'est-il pas inspirant ?
Soit dit en passant, le meilleur livre sur Maurice Ravel, à mon avis, est celui de Jankelévitch.
Utilisateur anonyme
30 août 2008, 17:34   Re : Le droit d'être in-docile.
Jankélévitch est évidemment passionnant à propos de Ravel et de la musique française en général, mais ne vous arrive-t-il jamais de vous demander s'il n'aime pas autant Ravel pour ne pas avoir à aimer un compositeur allemand ?
Non Boris, je n'irai pas jusque là. Son analyse est tellement claire, documentée, sensible que je la crois sincère et sans arrière pensée.
Ravel est un compositeur merveilleux, un orchestrateur si subtil et dont l'humour est si rare qu'on peut difficilement l'"instrumentaliser", si j'ose dire. Et puis la comparaison est sans appel, à mon avis, car j'ai lu la plupart des livres écrits en français.
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