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Le droit d'être in-docile.

Envoyé par Utilisateur anonyme 
Je trouve que votre remarque touche juste, Boris ! Pour répondre là-dessus à Florentin, j'ajoute que l'on peut parfaitement se montrer clair, documenté, sensible et même sincère tout en ayant un bon gros tas d'arrière-pensées qui dorment à l'étage du dessus (ou à celui du dessous).
Cher Corto, Jankélévitch était terriblement séduisant je vous l'accorde, cependant j'éprouve quelques réticences à écouter son débit précipité, saccadé, haché, haut perché. Je me cantonne à sa lecture !
Utilisateur anonyme
30 août 2008, 23:22   Re : La voix de Jankélévitch
jankélévitch
Ah bon, cher Francmoineau ? Moi, j'aime bien son timbre de grand bourgeois parisien !
Citation
Je sais que Muray est un auteur que vous appréciez beaucoup et vous fûtes mon seul scrupule lorsque j'ai écrit ce qui vous fâche

J'avoue que je n'avais pas compris sur le coup votre position car Philippe Muray fut un des seuls intellectuels francais à prendre la défense de R. C. lors de l'affaire Renaud Camus.

Mais au bout de deux jours j'ai additionné deux + deux et j'ai enfin saisi, sans l'exprimer sur le forum, le motif de votre aversion.

Je vous rappelle que le maître lui-même a, lors d'une émission de Radio-Courtoise, exprimé sur Muray un hommage vibrant.

Si ca vous chante vous pouvez aller écouter l'émission [url=
] I C I [/url]
Merci cher Corto pour ce bel entretien qui est effectivement fort écoutable... Cela est peut-être dû au fait que la discussion se déroule tranquillement , comme au coin du feu. J'avais en tête, à vrai dire, quelques cours magistraux entendus à la radio çà et là, où V.J. se montrait beaucoup plus survolté et frénétique.
Note futile : j'aime beaucoup sa longue mèche roide impeccablement retenue par la pointe de son sourcil droit. Ce punctum m'empêcherait presque de suivre convenablement le fond du propos !
Utilisateur anonyme
31 août 2008, 18:36   Re : Nouvelle réponse à Rogémi.
Merci, cher Rogémi de ce lien bien intéressant. En réalité, mon mouvement d'humeur était lié à la découverte du message suivant de Bruno Chaouat :
Citation

Allez, je vais creuser ma tombe : je suis en train de lire "Désaccord parfait". Philippe Muray est tellement homophobe qu'il en a des hallucinations herméneutiques : pour lui, un bon romancier (c'est toujours Balzac, car le roman commence et s'arrête à Balzac, pour Muray), c'est un type qui est très sûr de la différence sexuelle. Pas d'ambiguité : un homme est un homme, une femme est une femme, point barre. Et Sarrazine ? Et les hommes-femmes de Proust ? Non, vraiment, je crois que Muray est surestimé. Il est amusant, mais comme Pierre Desproges ou Alphonse Allais. Pourquoi veut-on qu'il soit plus profond que ces humoristes ?

Mais, de sang-froid, je dois bien admettre, hormis quelques extraits, que je n'ai pas une connaissance sérieuse de l'oeuvre de Muray . Il est vrai que je n'ai pas non plus le désir de la connaître, car la vision du monde d'un homophobe ne m'intéresse tout simplement pas. Cela ne justifie naturellement pas que je blesse d'une quelconque manière les sentiments des admirateurs fervents de son oeuvre. C'est ce que j'ai tenté de vous dire, en guise d'excuse, dans mon précédent message.
Utilisateur anonyme
31 août 2008, 19:48   La vision du monde d'un homophobe
« car la vision du monde d'un homophobe ne m'intéresse tout simplement pas. Cela ne justifie naturellement pas que je blesse d'une quelconque manière les sentiments des admirateurs fervents de son oeuvre. »

C'est curieux, voyez, Corto, mais pour moi, le plus grave est ce que vous écrivez dans la première phrase que je cite ; le reste, en comparaison, n'est vraiment pas grave.
Utilisateur anonyme
31 août 2008, 20:52   Re : La vision du monde d'un homophobe
C'est ma posture Jankélévitch, Boris.
Le Céline de Muray est très bon, je l'ai déjà dit; preuve qu'il ne s'arrête pas à Balzac. On a tous un point faible quelque part. Je n'aime pas les cons et je sais pertinemment que je peux avoir un procès d'une seconde à l'autre.
Utilisateur anonyme
31 août 2008, 23:07   Re : Le droit d'être in-docile.
Citation

Je n'aime pas les cons et je sais pertinemment que je peux avoir un procès d'une seconde à l'autre.
Allons donc, cher Florentin, personne ne se reconnaissant dans la vaste catégorie que vous nommez, pas un seule accusateur ne se lèvera. Dormez tranquille, bercé par ce délicieux chanteur de variétés qu'est Philippe Muray.
Utilisateur anonyme
31 août 2008, 23:08   Re : La voix de Jankélévitch
Vous êtes un esthète qui philosophe, cher Francmoineau.
01 septembre 2008, 09:44   Re : Le droit d'être in-docile.
Mais justement Corto, j'ai volontairement généralisé pour dire que rejeter un artiste pour ses opinions ne mène à rien. Proust passait pour obséquieux et la plupart de ses contemporains ne l'ont pas pris au sérieux. Pourtant quel merveilleux écrivain. Albert Cohen, à qui l'on demandait de citer les plus grands écrivains du siècle (le XXème) a répondu, Proust et Céline. (Emission Radioscopie)
Utilisateur anonyme
01 septembre 2008, 10:22   Re : Le droit d'être in-docile.
D'accord avec vous, cher Florentin, pour la plupart des opinions. Mais pas pour l'antisémitisme et l'homophobie que je considère comme des chancres de l'âme. Cela dit, c'est simplement mon sentiment et, naturellement, je ne demande à personne de le partager. Quant à Céline : j 'ai lu le Voyage au bout de la nuit qui m'a déprimé presque autant que le Salo de Pasolini. C'est ce que j'exprime par le terme de "glauque".
Utilisateur anonyme
01 septembre 2008, 10:31   Vulgaire et glauque, il va sans dire.
Ça doit être mon côté homophobe, sûrement, j'ai lu le Voyage au bout de la nuit et non seulement j'y ai vu un des plus grands livres que je connaisse, mais, encore plus grave, je me suis amusé du début jusqu'à la fin.
Utilisateur anonyme
01 septembre 2008, 10:42   Proust par Cohen
Proust c'est vraiment bien mais quel affreux snobinet ses flatteries hystériques à la Noailles et puis ravi et charmé par des prénoms aristos genre Oriane Basin Palamède respectueux de ces prénoms il les suce il les lèche
Utilisateur anonyme
01 septembre 2008, 11:18   Re : A mourir de rire !
Citation

....mais, encore plus grave, je me suis amusé du début jusqu'à la fin.
Que vous vous soyez amusé de l'agonie de Bébert, cher Boris, m'empêche de porter à votre appréciation sur ce livre la considération dont je fais habituellement preuve à vos propos.
Utilisateur anonyme
01 septembre 2008, 11:28   Re : A mourir de rire !
J'étais sûr que vous alliez réagir à ce verbe, Corto. "Amuser" était sans doute impropre, mais j'avais envie de faire court, et de vous provoquer un peu. C'est de jouissance, qu'il faudrait parler, et, plus exactement, de joie, oui, de joie, d'exultation. Ne faites pas la bête, Corto, vous savez bien qu'on peut trouver de la drôlerie dans le drame, et, je persiste et signe, le terme de joie me semble convenir à Céline. Vous l'avouerais-je ? Qu'importe Bébert, pourvu qu'on ait Céline ! Il y a dans tous les grands romans des personnages maltraités, savez-vous, dans Proust aussi, dans Balzac, de ceux dont le destin nous crève le cœur sur le moment, mais que nous oublions bien vite, parfois, pour ne nous souvenir que du plaisir donné par le livre et son auteur.

C'est vous qui êtes à mourir de rire, à vous apitoyer sur Bébert alors que vous passez tranquillement à côté de Céline, sans le voir.
Utilisateur anonyme
01 septembre 2008, 12:58   Re : A mourir de rire !
En matière de provocation, vous êtes un maître, mais votre réponse à propos de la drôlerie dans le drame est fondée. Quant à la joie, chez Céline, non : cette description des pauvres, de la médiocre petite bourgeoisie, de la fuite et de l'impossibilité de l'amour sauf dans la rupture, je ne parviens pas à la voir. Mais qu'importe finalement ? Disons que je suis aveugle et brisons-là !
Utilisateur anonyme
01 septembre 2008, 13:24   Re : A mourir de rire !
« Disons que je suis aveugle et brisons-là ! »

Mais non !

Ne devons-nous aimer que des auteurs qui vont dans le sens de nos morales, de nos choix existentiels, de nos goûts ? Ne pouvons-nous, un instant au moins, emprunter leurs goûts, leur morale, leurs yeux, leurs oreilles, Corto, enfin ?! Quel lecteur déprimant vous êtes ! C'est vous qui nous renvoyez sans cesse à "ce que nous sommes", Corto, pas moi. Je ne suis pas homo, mais j'aime Proust, Renaud Camus, Hervé Guibert, etc.
Utilisateur anonyme
01 septembre 2008, 13:59   Re : Suis-je le seul lecteur sur cette planète...
Citation

Ne devons-nous aimer que des auteurs qui vont dans le sens de nos morales, de nos choix existentiels, de nos goûts ? Ne pouvons-nous, un instant au moins, emprunter leurs goûts, leur morale, leurs yeux, leurs oreilles, Corto, enfin ?

Mais Boris, je suis évidemment d'accord avec vous et serai encore plus stupide que je ne le suis si je ne l'étais pas. Ne croyez donc pas que j'aie abordé l'oeuvre de Céline avec la moindre prévention. Bien au contraire, toute la critique laudative de son oeuvre m'incitait à la plus grande et bienveillante attention. Et bien, que voulez-vous, le "Voyage au bout de la nuit" ne s'est pas bien passé en ce qui me concerne. Suis-je le seul lecteur sur cette planète à ne pas aimer ce livre ?
01 septembre 2008, 14:09   Re : Le droit d'être in-docile.
Citation
Il est vrai que je n'ai pas non plus le désir de la connaître, car la vision du monde d'un homophobe ne m'intéresse tout simplement pas

Cher Corto,

Pour revenir sur Philippe Muray je récuse formellement le terme d'homophobe pour définir son attitude vis à vis des homosexuels. Jamais P. Muray n'a fait montre dans ses écrits du moindre sentiment d'aversion, de haine ou rejet.

Ce qu'il a critiqué c'est le communautarisme radical et la volonté de certaines ligues de vertus gay de transformer le droit et d'imposer contre vents et marées des législations anti-discriminatoires et tutti quanti.

Je trouve, en outre, inconvenant de condamner la totalité d'une oeuvre uniquement sur la base d'un simple soupcon.

Cela me rappelle les imbéciles qui refusent de toucher à l'oeuvre de Renaud Camus parce qu 'il serait antisémite et raciste ou pire et j'en connais de le lire parce qu'il est homosexuel.
01 septembre 2008, 14:16   Re : Le droit d'être in-docile.
Guignol's band est plus abouti, ça sonne, pétille, fulmine, embrase dans un renouvellement constant. Ne vous forcez pas, Corto, mais si vous l'avez à portée, un jour, jetez un oeil.
Utilisateur anonyme
01 septembre 2008, 19:24   Re : Troisième réponse à Rogémi et remerciements à Florentin
Cher Rogémi, si je comprends bien, j'ai eu tort de croire sur parole Bruno Chaouat quand il décrivait l'homophobie délirante de Philippe Muray et l'alternative qui m'est proposée est de demeurer l'imbécile que vous décrivez ou de me lancer, enfin, dans la lecture des oeuvres de l'un de vos auteurs préférés. L'alternative est cruelle, mais peut-être que Florentin me propose une porte de sortie plus supportable. Je vais donc lire (soupir) Guignol's band.

Mon Dieu, en qui je ne crois guère, faites que ce ne soit pas une litanie d'imprécations et que je ne fasse pas, consécutivement, une crise de psoriasis !
Utilisateur anonyme
01 septembre 2008, 19:28   Re : Le droit d'être in-docile.
« je récuse formellement le terme d'homophobe »

Mais, Cher Roland, pourquoi vous défendre, pourquoi défendre Philippe Muray ? La catégorisation d'homophobie n'est qu'une coquille vide, elle peut accueillir n'importe quoi, selon le bon (ou mauvais) vouloir de celui qui l'emploie. Entrer dans ce jeu-là, dire "Non ! je ne suis pas homophobe", est en train de nous rendre fous.

Non, je ne suis pas homophobe, non, je ne suis pas raciste, non, je ne suis pas islamophobe, non, je ne suis pas xénophobe, non, je ne suis pas antisémite, non, je ne suis pas antidémocrate, non, je ne suis pas élitaire, non, je ne suis pas méprisant avec les musiques nouvelles, non, je ne suis pas réactionnaire, non, je ne suis pas anti-moderne, non, je ne suis pas un crypto-fasciste, non, je ne suis pas ceci, non, je ne suis pas cela… Cela n'aura pas de fin !


« j'ai eu tort de croire sur parole Bruno Chaouat quand il décrivait l'homophobie délirante de Philippe Muray »

Oui.
01 septembre 2008, 20:06   Re : Le droit d'être in-docile.
Voilà un intéressant débat, cher Corto, que je lis à mon retour. Je ne crois pas que les opinions d'un écrivain aillent aussi profond que son âme, puisque vous parlez de chancres de l'âme. Elles sont peut-être, dans l'esprit d'un homme, ce qu'il y a de moins assuré, de plus variable, de plus sujet à des renversements ou à des abandons. C'est Renaud Camus qui comparait, je crois, les opinions à des autobus, et les Révérendes Mères du Bene Gesserit (j'ai un faible pour Dune) donnaient de la croyance la définition suivante: "chose passagère". Dans le cas d'un écrivain, ses opinions comptent encore moins que pour les autres, si l'on en croit la théorie de la création que Proust formula dans son Contre Sainte-Beuve. Pour lui, les croyances d'un écrivain, au même titre que ses moeurs, habitudes et autres, relèvent de la partie inessentielle de l'être, tandis que le véritable artiste puise aux sources de son moi profond, où les opinions n'ont aucune place. Voyez d'ailleurs le rôle qu'elles jouent dans sa représentation de l'Affaire Dreyfus et le peu de place qu'elles ont dans le portrait des véritables artistes du roman. De même, Muray analyse l'antisémitisme célinien en termes esthétiques, comme une régression de l'artiste unique, du romancier révolutionnaire, à la chaude conformité du troupeau. Et génialement, Muray associe l'antisémitisme des années 30, l'esprit grégaire, et l'idéologie des avant-gardes politico-littéraires de ces années-là, où un Céline n'aurait eu que faire en tant qu'artiste. On risque de se tromper en jugeant les gens sur leur mine comme sur leurs opinions.
Utilisateur anonyme
01 septembre 2008, 20:22   Re : Le mal absolu
Si l'antisémitisme, si l'homophobie, cher Henri Bès, ne sont que des opinions, alors vous avez raison. Mais, pour ma part, je crois qu'il s'agit de bien autre chose et c'est pourquoi j'ai parlé de chancre à l'âme. Non pas, comme le dit votre très belle citation des Révérendes Mères "une chose passagère", mais une forme de haine maladive dont on ne guérit jamais et qui pourrit l'esprit. Une forme de mal absolu. Voilà ce que je pense vraiment à ce sujet.
Utilisateur anonyme
01 septembre 2008, 20:28   Re : Le mal absolu, rien que ça
Pardon de m'immiscer brièvement dans l'intéressant débat que voilà, Cher Corto, mais cette haine dont vous parlez, et qui vous paraît si profondément inscrite dans l'âme de quelques uns, est-ce que par hasard elle ne se trouverait pas en priorité dans celle de ceux qui la voient partout ?
01 septembre 2008, 21:55   Re : Le droit d'être in-docile.
J'apprécie l'opportune allusion au Contre Sainte Beuve par Henri Bès; elle étoffe ce débat d'un précieux outil critique.
Utilisateur anonyme
01 septembre 2008, 23:08   Re : La différence
Il y a une grande différence, cher Boris, entre celui qui hait l'autre parce qu'il ne supporte pas que ce dernier soit différent et celui qui condamne cette haine. La différence qu'il y a entre faire le mal et lutter contre le mal ou, si vous voulez, entre le nocent et l'in-nocent
02 septembre 2008, 00:18   Re : Le droit d'être in-docile.
Citation
Non, je ne suis pas homophobe, non, je ne suis pas raciste, non, je ne suis pas islamophobe, non, je ne suis pas xénophobe, non, je ne suis pas antisémite, non, je ne suis pas antidémocrate, non, je ne suis pas élitaire, non, je ne suis pas méprisant avec les musiques nouvelles, non, je ne suis pas réactionnaire, non, je ne suis pas anti-moderne, non, je ne suis pas un crypto-fasciste, non, je ne suis pas ceci, non, je ne suis pas cela… Cela n'aura pas de fin !

Cher Boris,
Vous avez bien sûr raison mille fois raison: "cela n'aura pas de fin.!"

Cependant vous aurez remarqué que je n'ai pas succombé à la tentation de citer des extraits de l'oeuvre de Muray pour démontrer de manière éclatante à notre contradicteur l'envergure de son égarement.

Participer à un forum sans réagir à certaines énormités est un exercice difficile.

Mais bon... j'ai été apostrophé par l'entêtement enfantin[1] de notre ami Corto à vouloir combattre le mal là où il n'est pas!

[1] Vous avez vú qu'il persiste et signe ...
02 septembre 2008, 09:19   Dites que l'on s'amuse
Merci, cher Florentin, Contre Sainte-Beuve paraît utilisable dans le débat. Corto, votre observation sur le mal absolu me fait penser aux "Pièces rebutées" de l'édition 2000 des quelques mois de crise, dans le Journal de Renaud Camus intitulé Corbeaux ; l'antisémitisme, dans un texte de Jean-Paul Marcheschi, est analysé comme un symptôme (voyez p. 279, Nouvelles Impressions) et comme une méthode (ou son absence) : émotivité, absence de réflexion, abandon à la pulsion grégaire, goût du procès et de la cabale, à-peu-près intellectuel... Ceci vaudrait aussi bien pour toutes les autres -phobies dont il a été question. Personne n'est à l'abri de ce genre de chute, parce que l'excellence éthique ne se trouve pas souvent réunie dans la même personne, avec le génie créateur et les autres vertus. Wagner comme Céline ont eu ces faiblesses, Muray aussi, et les autres, et vous, et moi, en illustre compagnie de pécheurs.

Dans un tout autre univers mental, les rabbins qui reçoivent une personne désireuse de se convertir au judaïsme la préviennent, comme le Talmud le requiert, qu'elle va s'exposer à la haine inexpiable et indéracinable des nations. Ils disent même que si la Tora fut donnée au mont Sinaï, c'est que ce nom, Sinaï, dérive du mot hébreu sina, la haine. Cela dit, je ne suis pas sûr qu'il soit bien utile et fructueux de lutter contre ce genre de haine. Toujours dans Corbeaux, on dit que la meilleure parade à tout cela, c'est d'être heureux. Quelqu'un suggère de répondre: "Dites que l'on s'amuse."
Utilisateur anonyme
02 septembre 2008, 09:40   Démonstration
« tentation de citer des extraits de l'oeuvre de Muray pour démontrer de manière éclatante à notre contradicteur l'envergure de son égarement »

Cher Roland, je crois qu'il n'y a précisément RIEN à démontrer. On veut que Muray soit homophobe ? Eh bien, Mon Dieu, qu'il le soit donc (pour ceux qui l'en accusent). Ce sont des procès en sorcellerie auxquels on nous convie, et si l'on entre, si peu que ce soit, dans ce processus, on est fichu, car tout le monde et n'importe qui, un jour ou l'autre, en une part de ses dits ou écrits, sera susceptible d'être coupable d'une —phobie quelconque. La seule chose qui m'étonne est que ce genre de pratiques puissent avoir cours ici.

En réalité, dans le cas de Muray, il me semble que l'accusation d'homophobie signifie qu'il n'est pas assez homophile, c'est tout. La —philie doit être active, voyante, démonstrative, et surtout au goût du jour. Elle doit être une "pride".
02 septembre 2008, 10:46   Re : Démonstration
"Personne n'est à l'abri de ce genre de chute, parce que l'excellence éthique ne se trouve pas souvent réunie dans la même personne, avec le génie créateur et les autres vertus."

En effet, bien cher Henri. On peut aussi renverser l'ordre de la proposition : il peut se trouver une étincelle divine, une grâce, une perfection, un don magnifique dans le plus infâme des pourceaux, le plus ignoble des salauds.
Utilisateur anonyme
02 septembre 2008, 11:06   Re Dites que l'on s'amuse
Merci, cher Henri Bès, de ce beau message que je vais méditer et que je considère comme une excellente conclusion à ce débat, honnête, érudite et mesurée.

Je n'en dirais pas autant des interventions de Rogémi et de Boris qui caricaturent sans vergogne mes propos. Mais, comme je l'ai dit ailleurs, je suis un peu fatigué de ces vaines querelles qui finiraient par porter ombrage à mon état de bonheur et de sérénité.
Utilisateur anonyme
02 septembre 2008, 11:47   La Sérénité de Corto
« Je n'en dirais pas autant des interventions de Rogémi et de Boris qui caricaturent sans vergogne mes propos. »

Mais bien sûr, Corto, vous parlez du Mal absolu, et c'est nous qui caricaturons vos propos… Désolé de vous avoir "fatigué" à ce point, en essayant seulement de défendre un peu l'honneur d'un écrivain que vous attaquez sans cesse sans l'avoir lu.
02 septembre 2008, 11:54   Re : Le droit d'être in-docile.
"Mais, comme je l'ai dit ailleurs, je suis un peu fatigué de ces vaines querelles qui finiraient par porter ombrage à mon état de bonheur et de sérénité."


Cher Corto,

C’était un peu, en quelque sorte ce que je tentais de vous dire l’autre jour en vous rapportant la réflexion de cet ami (grand lecteur de Renaud Camus !) et c’est ce que tente de vous dire, je pense, Henri. La connaissance et surtout l’acceptation de la nature humaine dans tout ce qu’elle a d’admirable et de malveillant devrait nous amener à ne jamais être déçu. C’est la leçon que j’ai tirée, sans pouvoir encore la mettre en pratique, de ce qui n’était même pas une conversation. Je peux vous affirmer, en tous cas, que cet ami est un homme – oserait-on dire « heureux » sans se faire une fois de plus éreinter ? – aimant la vie.
02 septembre 2008, 12:59   Re : Démonstration
C'est sans doute regrettable, mais je crois que Boris a pleinement raison, notamment quand il met en évidence avec brio que le "phobe" n'est qu'un "phile" insuffisamment assertatif ou dont la grégarité positive est jugée par les phiphileplus point suffisamment déclarée, incomplètement pure. Cela est d'autant plus regrettable qu'il a raison contre Corto, lequel, à force d'avoir tort, conquiert ma franche sympathie.

A Aline: au diable les "gens heureux", les gens heureux n'ont aucunement à se mêler des choses graves. Nous n'avons que faire d'eux. Qu'ils continuent de laisser le malheur du monde se démêler sans eux, ainsi ils y sont parvenus en accédant au bonheur; que les parvenus du bonheur nous laissent entre nous. Le bonheur, comme l'amour, ne se partage pas. Qu'ils sachent, ces faux sages, ces bébés de la sagesse, qu'à vouloir le partager, on le dissipe, que sa seule évocation entraîne sa dissipation.
Utilisateur anonyme
02 septembre 2008, 13:03   Re : Le droit d'être in-docile.
Aline, chère Aline, vous êtes mon guide et mon confesseur et je comprends maintenant le sens de l'affirmation de votre ami.
Je n'aurai garde d'oublier non plus votre conseil, lorsque les professeurs de malheur grattent le prurit de leur amertume :

Gardez-vous mon fils des dangers, a sagitta volante in die, a negotio perambulante in tenebris, ab incursu et daemonio meridiano
Utilisateur anonyme
02 septembre 2008, 13:29   Re : Corto content !
Citation

Cela est d'autant plus regrettable qu'il a raison contre Corto, lequel, à force d'avoir tort, conquiert ma franche sympathie.
Corto content !
Utilisateur anonyme
02 septembre 2008, 13:51   Re : A une sérénité crispée
Non, Boris, ce n'est pas exact et j'attends que vous me citiez ces attaques prétendument incessantes contre un écrivain que je n'ai pas lu.
Je me suis contenté d'écrire, dans un mouvement d'humeur , qu'un bon homophobe était un homophobe mort, mais il s'agissait d'une boutade dont je me suis excusé auprès de Rogémi .
J'ai indiqué ensuite que la vision du monde d'un homophobe ne m'intéressait pas. Et alors ? Ce d'autant que, puisque vous affirmez que Philippe Muray ne saurait être qualifié d'homophobe, je vois de moins en moins où est le problème.
Quant au mal absolu, il est évident qu'il existe chaque fois que l'humanité d'un être est niée à cause de sa différence : les indiens dont la peau servait à tendre les lampes des conquérants espagnols, les juifs immolés par les nazis, les homosexuels utilisées comme des animaux de laboratoire, les tziganes tués parce que tziganes, sont mes frères et mes soeurs. Le raciste, l'antisémite, l'homophobe m'en font souvenir avec douleur et avec colère.
Utilisateur anonyme
02 septembre 2008, 14:33   Re : A une sérénité crispée
« Non, Boris, ce n'est pas exact et j'attends que vous me citiez ces attaques prétendument incessantes contre un écrivain que je n'ai pas lu. »

Je ne vais entrer dans ce jeu-là, Cher Corto. Je n'ai pas inventé le fait, je n'ai pas rêvé, puisque d'autres lecteurs ici présents l'ont constaté également, que vous aviez à maintes reprises attaqués Philippe Muray (ce qui est votre droit), pour finalement reconnaître que la seule cause sérieuse de ces attaques était son "homophobie délirante". C'est vous-même, hier encore, je crois, qui avez reconnu ne pas le connaître. Mais vous avez raison, ce n'est pas si important, pourvu qu'on ait le sentiment d'être — sereinement — dans le camp du bien, et d'y être en bonne compagnie.

On (et vous avec, si j'ai bien compris) finit par dire que Philippe Muray n'est pas si "homophobiquement délirant", mais ce serait ensuite à moi de me justifier ? C'est vous qui parlez du Mal absolu, pour désigner un mal réel mais très peu absolu, et c'est moi qui devrais apporter de preuves de ma bonne foi et de ma prudence ?

C'est vous qui me commencez un peu à me fatiguer.
02 septembre 2008, 14:55   Re : Le droit d'être in-docile.
Citation
En réalité, dans le cas de Muray, il me semble que l'accusation d'homophobie signifie qu'il n'est pas assez homophile, c'est tout. La —philie doit être active, voyante, démonstrative, et surtout au goût du jour. Elle doit être une "pride".
Jawohl!



Cher Corto,
La boutade a été pardonnée et votre attitude de taureau voyant rouge à chaque fois que vous rencontrez ce que vous considerez comme le "mal absolu" m'a toujours été sympathique même si souvent vous vous fourvoyez...

Cependant il ne faut pas oublier qu'une expression comme "homophobe ou raciste" est une étiquette que l'on colle à l'adversaire pour le calomnier, le détruire, l'anéantir.

L'essentiel est d'utiliser un seul mot qui condense en lui toute la haine. Les médias modernes avec leur monstreux moyens de diffusion s'emparent du terme, non pas parce qu'il leur semble juste, mais parce qu'il tient le moins de place possible dans les titres. Et voilà les foules nourries chaque jour de cette schématisation haineuse mais pratique, à la fois crime contre l'humanisme et contre l'intelligence, qui finissent par l'avaliser. Elle leur sert désormais de vérité et partant de cette vérité voilà qui se mettent à hair à leur tour. Les foules deviennent un justicier dressé face à des criminels.

Ces dernières 20 années on a vu la machinerie médiatique simplificatrice à l'oeuvre par exemple avec le mot "pédophilie" dans l'affaire Marc Dutroux qui entraina des manifestations monstres on ne sait pas bien contre qui ainsi que les l'affaires d'Outreau resp. P. Alégre mettant en cause Dominique Baudis ou le mot nettoyage ethnique justifiant le bombardement "humanitaire" de la Serbie.
Utilisateur anonyme
02 septembre 2008, 15:04   Re : A une sérénité crispée
J'arrête. Reposez-vous, Boris.
Je suis d'accord avec vous, Cher Rogémi, à propos de la machinerie médiatique simplificatrice.
02 septembre 2008, 15:16   Re : CQFD
Non mon ami n’est pas heureux, non je ne suis pas heureuse, non il n’aime pas la vie, non je n’aime pas la vie et non il n’est pas ceci et non je n’aime pas cela…
D’ailleurs, à quoi bon aimer la vie, à quoi bon aimer d'être vivant…on en meurt n’est-ce pas ?
02 septembre 2008, 17:13   Re : CQFD
Comment peut-on, Aline, comment pourrait-on, aimer la vie et être heureux ?!

Si vous aimez la vie, vous souffrez pour elle, non ? Quelle sorte d'hypocrisie, ou bien qu'elle sorte de "bonheur" pratiquez-vous donc (quelles techniques ? quelles drogues ?) pour échapper à l'amour-souffrance de la vie ?
02 septembre 2008, 19:10   Re : le secret
Une drogue létale, voyons ! La vie est une maladie mortelle sexuellement transmissible.
Utilisateur anonyme
02 septembre 2008, 22:17   Re : Pour Aline
A lire Francis, on se sent un peu confus d'être heureux de vivre. Mais cela passe très vite. Comme la montagne était belle aujourd'hui. Valère Novarina est venu visiter une ferme derrière chez nous; il envisage de l'acheter. Mon amour d'apiculteur vient de rentrer un miel doré qui m'enflammera tous les matins d'hiver. Déjà les feuilles roussissent et le lac est bleu azur. La nuit sera belle. Nous observons les étoiles, allongés sur le sol. C'est l'époque des Perséides tardives. Vite un voeu !
02 septembre 2008, 22:32   Re : Le droit d'être in-docile.
Valère Novarina a exposé à la galerie d'Huysser au Grand Sablon à Bruxelles (aussi appelée "la place du chocolat": tous les grands chocolatiers y sont représentés..et ils y suffisent à peine!).
Faites un voeu pour moi aussi, il faisait un peu venteux aujourd'hui et seul mon chat vocalisateur est allé regarder les étoiles au fond du jardin.
Utilisateur anonyme
02 septembre 2008, 22:56   Re : Le droit d'être in-docile.
Je n'ai jamais vu ses peintures, chère Aline, qu'en pensez-vous?

(PS. Mon voeu est que vous puissiez venir contempler le ciel sur nos terres, votre appartement dans la ferme est presque achevé)
02 septembre 2008, 23:02   Re : Le droit d'être in-docile.
Je vous remercie, cher Corto. Je laisserai même Sa Majesté Fourrée chanteur d'opéra à Bruxelles afin de garantir la douceur du temps sur les admirables paysages que vous nous décrivez.
Utilisateur anonyme
02 septembre 2008, 23:05   Re : Le droit d'être in-docile.
Mais sa Majesté serait la bienvenue, si elle ne craint pas le contact avec quelque matou de province, fort roturier ma foi, mais si fort aimé pourtant.
02 septembre 2008, 23:18   Re : Le droit d'être in-docile.
Ce que j'en pense? J'aurais bien du mal à vous répondre, cher Corto, il y a tant d'années il me semble mais on n'oublie pas ce nom. Dès que je passe par là, je me renseigne, il doit bien y avoir encore un catalogue ou l'autre.
Utilisateur anonyme
02 septembre 2008, 23:29   Re : Valère Novarina
Ne vous donnez pas cette peine, chère Aline, j'ai trouvé ceci exposé à  Bruxelles en 1991
Valère Novarina
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