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La diversité (encore) positivée

Envoyé par Pierre Jean Comolli 
Tenez-vous bien, il s'agit cette fois de la diversité des orthographes. D'après Le Monde (édition du samedi 25 août, voir ci-dessous), cette dernière finira bien par l'emporter au détriment de l'orthographe. Oui, celle-là même à laquelle vous pensez, l'orthographe française, quoi, avec ses règles et ses normes, ses exceptions et ses accents, son évolution historique, sa complexité et ses méthodes d'apprentissage. A l'instar de la culture qu'elle exprime, cette vieille chaussette ne vaut plus rien, elle devra vite être remplacée par ses diverses déclinaisons.

La diversité ethnique est une catastrophe, on nous martèle que c'est une chance, la bouée de sauvetage de l'Occident. La prolifération de parlers barbares a mis à bas l'orthographe, on nous conseille de la laisser crever et d'embrasser à sa place... "la diversité des orthographes".

Les racines de notre intolérance aux fautes de français

Un ministre qui ne sait pas résoudre une règle de trois, ça s'est déjà vu et ça prête à sourire. Mais passe encore. S'il avait fait une faute d'orthographe en revanche, on aurait crié au cancre... La France est ultrasensible aux fautes d'orthographe. C'est culturel, c'est dans son ADN. Dans les cours d'école, les élèves se vantent volontiers d'être "nuls en maths", mais ne font guère les fiers devant leurs lacunes en orthographe. Et d'ailleurs, pourquoi parle-t-on de "fautes" d'orthographe comme si celles-ci relevaient du péché originel ? Ne dit-on pas "erreurs" de calcul ?
Notre attachement à la "perfection orthographique" remonte à la seconde moitié du XIXe siècle. Il ne vient pas des élites, mais de l'école primaire supérieure, qui formait les enfants du peuple. "Le fait de bien savoir écrire était important pour assurer la promotion de ces enfants, pour en faire des petits cadres. C'était l'identité du primaire supérieur, son excellence", explique Claude Lelièvre, historien de l'éducation.
A l'époque, poursuit l'historien, "le ministre de l'instruction publique, Jules Ferry, s'insurgeait de l'importance de l'orthographe à l'école, en particulier au brevet, où les candidats étaient éliminés dès trois fautes". Aujourd'hui encore, ne pas savoir bien écrire - alors même que notre orthographe est réputée l'une des plus difficiles au monde - est considéré comme intolérable.

Depuis le XIXe siècle, les méthodes d'apprentissage de l'écrit ont peu changé. On apprend par coeur les règles et leurs exceptions, on les applique par des exercices et des dictées, et les bons vieux Bled et Bescherelle sont toujours des succès de librairie. En revanche, l'école s'est mise à enseigner autre chose que le "lire-écrire-compter". "Les enfants de l'école élémentaire aujourd'hui ont moitié moins d'heures de français qu'il y a un siècle", précise Claude Lelièvre. A la place, ils étudient l'histoire et la géographie, les sciences, l'instruction civique, l'informatique, l'anglais...
PLUSIEURS MANIÈRES D'ÉCRIRE
L'heure des choix serait-elle venue ? Car l'école ne peut satisfaire toutes les exigences : assurer, en un temps restreint, un même niveau d'orthographe aux citoyens de demain, tout en répondant à de nouvelles missions.
A cette équation, les solutions proposées divergent. Certains prônent le grand bond en arrière, et souhaiteraient que l'école se cantonne à un enseignement traditionnel. D'autres militent pour une grande simplification de l'orthographe, qui substituerait aux "x" des "s", supprimerait les doubles consonnes inutiles et les accents circonflexes.
Restent les partisans de la "tolérance" à l'égard des fautes d'orthographe. C'est le cas du linguiste Jean-Pierre Jaffré, pour qui "l'informatique, Internet ont révolutionné la pratique de l'écrit. Il y a désormais plusieurs manières d'écrire ". Celle des courriels, des textos, des réseaux sociaux... "La société, et aussi les enseignants, selon lui, devraient être moins rigides, moins convaincus d'une norme orthographique unique." On peut en effet aisément imaginer qu'il sera de plus en plus difficile, pour les enseignants, d'être convaincants auprès d'élèves qui ont sous leurs yeux, chaque jour, le spectacle de la diversité des orthographes...
Aurélie Collas
Utilisateur anonyme
25 août 2012, 17:49   Re : La diversité (encore) positivée
Attention, Herr von Francmoineau, la bédé est mal vue à l'entour...
Utilisateur anonyme
25 août 2012, 18:33   Re : La diversité (encore) positivée
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Attention, Herr von Francmoineau, la bédé est mal vue à l'entour...

Pas celles d’Edgar P. Jacobs, par exemple, grand anticipateur belge, pas moins belge et pas moins anticipateur que son aîné J. H. Rosny Aîné, mais qui choisit, à l’instar de Töpffer (le Töpffer de Monsieur Cryptogame, évidemment, pas celui des Nouvelles genevoises) et de Christophe, de raconter ses histoires en petits dessins. À l’In-nocence nous ne sommes pas de complets abrutis, et ce n’est pas parce que les rayons spécialisés des libraires débordent de feuilletons imbéciles dans des albums à couverture lavable que nous renions les maîtres.
Merci de l'amical avertissement, cher Leroy. Cependant, si je puis me permettre :

[www.in-nocence.org]
Utilisateur anonyme
27 août 2012, 11:37   Re : La diversité (encore) positivée
I know, I know... (Ceci dit, j'aime beaucoup la bédé personnellement...)
Utilisateur anonyme
27 août 2012, 11:40   Re : La diversité (encore) positivée
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
27 août 2012, 11:43   Re : La diversité (encore) positivée
Et on trouve une citation (ou une mention) de Tintin dans chacun des volumes du Journal du Maître...
Oh oui ! Et puis, le Maître dort aussi, dès qu'il le peut, dans la chambre des Beatles...
Un linguiste qui propose de changer les normes ne parle pas en linguiste, mais en militant. C'est comme si un chimiste décidait de changer la composition des molécules (par exemple de l'eau) pour des raisons idéologiques.
C'est une influence néfaste d'une certaine sociologie (marxiste-bourdivine) sur la société : une sociologie à prétention scientifique doit décrire et, si possible, expliquer (en soulignant le caractère partiel de toute explication) ; le linguiste à prétention scientifique a vocation à décrire les faits linguistiques, à les relier, à les expliquer (notamment historiquement), pas à dire ce qu'il faudrait faire ou ne pas faire.
Les journalistes sont coupables de donner la parole à des gens qui utilisent leurs titres universitaires pour utiliser leur autorité à militer, quelle que soit l'objet de la militance.
Un principe scientifique fondamental est l'extériorité maximale (parfois elle n'est qu'incomplète) du chercheur par rapport à l'objet de sa recherche : sinon, il sait moins l'objet que l'objet déformé par ses propres manipulations. Nous n'avons pas grande curiosité pour ses manipulations et leurs motivations. Nous souhaitons connaître l'objet tel qu'en lui-même (l'éternité le change) !
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