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Picasso II (à Cassandre)

Envoyé par Francis Marche 
30 août 2008, 12:59   Picasso II (à Cassandre)
Cassandre, vous dont je goûte et admire tant les interventions ici, permettez-moi de vous dire, en suite au fil que vous avez ici ouvert ou nourri de vos appréciations, que Picasso était le Goya, le Vélasquez, le Rembrandt de la peinture. Il existe sur lui un film de Henri Clouzot, intitulé « Le Mystère Picasso » qui le montre recomposant, décomposant, détruisant, repensant la Baignade au Phare de la Garoupe. Picasso composait, détruisait, repensait, mentalisait, abstraitisait, vingt, quarante, cinquante palimpsestes avant de nous livrer le résultat de cette destruction-reconstitution défait, navré, essentiel, représentant la baignade à la Garoupe.

Je ne comprends pas que l’on puisse ne pas comprendre ce brave boulot génial, boulot de damné, recommencé, nié, piétiné, surexigeant, sur-sublimé, tout nu, que fut à cette époque (les années 1954-1964) la production du bonhomme sur la Côte d’Azur. Il y a une poésie très particulière à ces lieux à laquelle seuls de très rares artistes conscients, consciencieux, osèrent se mesurer, s’affronter, dans l’ombre rare des quelques maîtres des lieux, au premier rang desquels Derain, Cézanne, Matisse, Cocteau, et la vieille figure de Vincent, surdéfaite, en allée chercher le calme et la mort dans les brumes froides et grasses d’Auvers-sur-Oise.
Utilisateur anonyme
30 août 2008, 13:39   Re : Picasso II (à  Cassandre)
Cela va être très dangereux. c'est cela que je recherche....




Le mystère Picasso (extrait)
Utilisateur anonyme
30 août 2008, 14:18   Le business de Picasso.
"Je ne comprends pas que l’on puisse ne pas comprendre ce brave boulot génial, boulot de damné, recommencé, nié, piétiné, surexigeant, sur-sublimé, tout nu,"


Oui bien sûr... Quant à moi je ne comprends pas que l'on puisse oublier aussi facilement qu'il fut également, et peut-être avant tout, un businessman, un "monnayeur de la peinture"...
Picasso a formulé un axiome qui paraît trivial au premier abord, mais qui contient peut-être l'essentiel de l'économie politique de la peinture moderne : "Pour que des tableaux se vendent cher, il faut qu'il aient été vendus très bon marché au début*".


*D.H. Kahnweiler, "Mes galeries et mes peintures", entretien avec F. Crémieux, Gallimard, coll. Idées, 1982, p. 57.
Utilisateur anonyme
30 août 2008, 15:05   Re : Triviales histoires de cassettes
Voltaire aussi était un fin commerçant. Et alors ?
L'admirable texte de Francis méritait mieux que ce genre de réflexion de comptoir.
Utilisateur anonyme
30 août 2008, 15:17   Re : Triviales histoires de cassettes
Décidément pas d'accord avec vous, Corto. Ce ne sont pas des détails insignifiants, les artistes eux-mêmes, au XXe siècle, ont pris en compte (sic) cette dimension de l'art d'une manière qui n'autorise pas à traiter cela par le mépris. La question de la valeur est une question qui est devenue centrale, qu'on le veuille ou non, et cela me semble assez normal dans un siècle qui a vu naître la psychanalyse.
Utilisateur anonyme
30 août 2008, 15:28   Re : Triviales histoires de cassettes
Mais, quel lien voyez-vous, cher Boris, entre le texte admirable de Francis et l'intervention orsonienne ? Nous ne sommes pas au même niveau ! Je n'ai rien dit d'autre et je ne traite pas par le mépris la question de la valeur.
30 août 2008, 16:05   Re : Picasso II (à Cassandre)
Cher Francis, vous allez trouver que je vous fait une réponse de Normand pour me défiler mais c'est exactement ce que je pense et que, me semble-t-il, j'ai voulu dire sans doute mal : Picasso était génial ( je trouve Guernica un sommet de l'art ) génial même quand il s'amusait aux dépens( au sens propre du terme ) des gogos ; oui, génial, même dans ses canulars, malgré lui en quelque sorte.
Utilisateur anonyme
30 août 2008, 16:07   Re : Picasso II (à Cassandre)
Bien. Une fois que nous avons tous admis que Picasso était génial… qu'a-t-on dit ?
30 août 2008, 16:12   Re : Picasso II (à Cassandre)
" Bien. Une fois que nous avons tous admis que Picasso était génial… qu'a-t-on dit ? "
Rien, c'est vrai.
( Pour un mort je vous trouve bien réactif ! )
Utilisateur anonyme
30 août 2008, 16:35   La question de la valeur.
"Ce ne sont pas des détails insignifiants, les artistes eux-mêmes, au XXe siècle, ont pris en compte (sic) cette dimension de l'art d'une manière qui n'autorise pas à traiter cela par le mépris. La question de la valeur est une question qui est devenue centrale"

Cher Boris c'est en effet une question devenue centrale. Aussi l'association esthético-financière Picasso-Kahnweiler fut-elle de la plus haute importance.


"Pour que des tableaux se vendent cher, il faut qu'il aient été vendus très bon marché au début".

Pourquoi ce principe ? Que révèle-t-il sur l'originalité de la peinture à partir d'un certain moment historique datable, et davantage encore sur la peinture elle-même, dans sa production comme dans sa lecture ? En un mot quelles sont les implications à la fois financières, esthétiques, psychologiques ?

Donc, et pour le dire vite, "seul un tableau qui ne se vend pas" devient un objet idéal de spéculation.
Utilisateur anonyme
30 août 2008, 17:03   Le mort vous parle
Ah non, ah non, ah non ! Chère Cassandre, je vous en conjure, vous n'allez pas vous mettre vous aussi à cet adjectif-là : "réactif" ! Par pitié, pas vous !

Vous ne saviez pas que j'avais ressuscité ?
30 août 2008, 18:48   Re : Le mort vous parle
Enfer et damnation ! qu'est-ce qu'il m'a pris, en effet ?
Que voulez-vous, je baisse, je le sens, je baisse : mes anticorps se raréfient.
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