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Violences scolaires en Asie

Envoyé par Jean-Marc du Masnau 
15 septembre 2012, 14:55   Violences scolaires en Asie
Il est intéressant de voir que la violence des jeunes Thaïs s'exerce entre eux, et non contre l'institution, qui est au contraire valorisée.

[www.lepetitjournal.com]
15 septembre 2012, 21:38   Re : Violences scolaires en Asie
Je me souviens d'avoir lu quelque part que les Grecs, peut-être étaient-ce surtout les Athéniens, réservaient certains de leurs "jeunes" aux équipées particulièrement sauvages, nécessitant dans l'exécution une cruauté et une absence de scrupules à quoi les hoplites-citoyens policés redoutaient d'être confrontés, alors que les adolescents — d'aspect "gorgonéen", disait le texte — étaient encore moralement informes.
Utile canalisation de la violence, légitime jouissance de la fraîcheur du corps des éromènes, strict maintien dans le cadre d'une discipline sévère, vu d'ici, quels sages principes !...
C'était à Sparte.
Utilisateur anonyme
16 septembre 2012, 09:56   Re : Violences scolaires en Asie
(Message supprimé à la demande de son auteur)
16 septembre 2012, 20:09   Re : Violences scolaires en Asie
Je ne suis pas sûr que ce fût à Sparte : la mention des commandos spéciaux d'adolescents figure dans un chapitre consacré à la face de Gorgô, et l'auteur s'attarde longuement sur la description des "effets de chevelure" associés à la rage furieuse du guerrier pendant le combat, devant glacer d’effroi l'ennemi, d'où l'aspect "gorgonéen" évoqué ; or, corrigez-moi si je me trompe, pendant l'agôgè les jeunes Spartiates avaient le crâne rasé...

Au reste, il demeure peu probable que les combattants spartiates eussent pu être effrayés ou rébutés par quoi que ce soit, en vérité, dans l'usage de la force... Je pencherais plutôt pour une cité aux mœurs plus civilisées et raffinées, justement, où l'horreur de certaines actions pouvait poser quelques problèmes à d'éventuelles belles âmes (je plaisante), d'où le recours à de jeunes sauvages.
17 septembre 2012, 01:58   Re : Violences scolaires en Asie
« Chaque année, lors de la cryptie, les éphèbes doivent tuer des hilotes. ils ne les mettent pas à mort en les affrontant en combat régulier. Dispersés et dissimulés pendant le jour, avec pour seule arme un poignard, ils les égorgent en attaquant de nuit, par traîtrise, ceux qu'ils ne pouvaient surprendre à l'improviste sur les chemins ou en exterminant, dans les champs, les plus forts et les meilleurs d’entre eux. Se couvrir les mains du sang des hilotes, non à la loyale, comme il conviendrait à un adulte, à un citoyen, à un hoplite, mais à la façon d'un hors-la-loi ou d'une bête sauvage, c'est bien entendu démontrer que les hilotes sont réellement des inférieurs, qu'on l'emporte sur l'élite d'entre eux jusque dans leur domaine, en employant leurs armes et leurs méthodes mais c'est aussi, c'est surtout tracer entre eux et soi une frontière désormais infranchissable, rompre avec toutes les connivences qui unissaient encore votre statut au leur, sauter le pas, basculer de l'autre côté. »
L'individu, La mort, L'amour ; Soi-même et l’autre en Grèce ancienne, L'identité du jeune Spartiate
Jean-Pierre Vernant

Mais ce n'est pas ce à quoi je faisais allusion...
17 septembre 2012, 10:10   Re : Violences scolaires en Asie
"Se couvrir les mains du sang des hilotes, non à la loyale, comme il conviendrait à un adulte, à un citoyen, à un hoplite, mais à la façon d'un hors-la-loi ou d'une bête sauvage, c'est bien entendu démontrer que les hilotes sont réellement des inférieurs"

Etrange ! C'est exactement ce que j'ai toujours pensé au sujet des musulmans. On peut s'étonner que des hommes qui mettent tellement en avant la virilité, puissent faire preuve couramment de tant de lâcheté ordinaire et décomplexée à l'encontre des autres : femmes et non musulmans. C'est que combattre un être jugé inférieur à la loyale signifierait qu'on le considère comme son égal. Combat-on un animal nuisible à la loyale ? Non, on le tue, précisément, comme un chien et ce n'est d'ailleurs pas un hasard si "chien" est l'injure traditionnelle des musulmans -- qui haïssent cet animal -- à l'encontre des non musulmans.
17 septembre 2012, 10:58   Re : Violences scolaires en Asie
On a vu ça récemment avec les enfants-soldats en Afrique.

D'aucuns prétendent que la civilisation c'est la jugulation ou la maîtrise de la violence adolescente. D'où les rites de passage obligatoires de l'adolescence à l'âge adulte dans presque toutes les contrées, excepté en occident.
Vernant appelle notre attention sur les conditions de la cryptie en ces termes :

"Se couvrir les mains du sang des hilotes, non à la loyale, comme il conviendrait à un adulte, à un citoyen, à un hoplite, mais à la façon d'un hors-la-loi ou d'une bête sauvage, c'est bien entendu démontrer que les hilotes sont réellement des inférieurs"

Les faits sont établis, mais les conclusions qu'en tirent les historiens sont différentes.

La notion de "loyauté" n'a rien à voir là dedans. Au contraire, la tâche confiée au jeune spartiate était très difficile : il était seul, alors que les hoplites allaient en groupe, et très faiblement armé. Pris, il pouvait être tué. Il tuait seul un hilote seul. Cette mise à mort n'était en rien obligatoire, d'ailleurs, j'y reviendrai. Le jeune homme qui échouait ou n'était pas jugé digne tombait dans une catégorie intermédiaire.

En fait, prouvant qu'il pouvait tuer en dehors du contexte de la guerre, le jeune spartiate démontrait sa loyauté à l'Etat et à ses ordres, qui étaient au-dessus de tout.

On suppose ensuite que ces jeunes gens constituaient une sorte de police secrète, à même de surveiller les hilotes et de prévenir la sédition. Un jeune spartiate "bon policier", c'est à dire qui avait bien surveillé, était honoré sans avoir eu à tuer.

Pour en revenir à la notion spartiate de loyauté, celle au profit de l'Etat permet la déloyauté aux dépends des autres. Thucydide nous explique comment deux mille hilotes qui avaient loyalement servi Sparte lors d'une guerre où on leur avait promis la liberté furent ensuite attirés dans un piège puis massacrés quand ils se rassemblèrent.

A Leuctres, Epaminondas régla son compte à ce système délirant, envoyant directement à la barque à Charon à peu près la moitié du "Corps civique de Sparte".

Les spartiates tentèrent alors de davantage s'appuyer sur les hilotes mais ceux-ci, qui n'avaient pas oublié les bienfaits, réagirent fort mollement et Sparte passa de la puissance au déclin puis du déclin au néant.
17 septembre 2012, 11:41   Re : Violences scolaires en Asie
« D'aucuns prétendent que la civilisation c'est la jugulation ou la maitrise de la violence adolescente. D'où les rites de passage obligatoires de l'adolescence à l'âge adulte dans presque toutes les contrées, excepté en occident. »

Cher Rogemi, vous pointez du doigt un problème qui,en tant que professeur, m'est apparu depuis longtemps. Presque toutes les civilisations prévoyaient principalement pour les garçons, un passage initiatique de l'enfance-adolescence vers l'âge adulte. Ce passage, ardemment souhaité, se faisait par une série d'épreuves difficiles , voire douloureuses, sous la direction d'un maître particulièrement respecté et qui, s'agissant de garçons, ne pouvait être qu'un homme. Aujourd'hui, ce côté initiatique a totalement disparu de l'éducation dans les sociétés occidentales, remplacé par son contraire : le grand-maternage qui loin de préparer le passage en question maintient la jeunesse dans un état infantile. Mais je pense que dans l'inconscient des garçons, surtout issus de l'immigration arabo-musulmane mais pas seulement, persiste ce schéma de passage initiatique "viril", passage qui ne peut être pris au sérieux que s'il est confié à des hommes respectables et surtout pas, évidemment, à des femmes, catégorie méprisée par les populations africaines, en particulier musulmanes. Or la mixité de l'école, le fait qu'elle soit confiée majoritairement à des femmes, si "viriles" puissent être certaines, est un frein psychologique à l'acquisition de l'éducation et du savoir qu'elles dispensent. Pour se conformer à une éducation il faut pouvoir s'identifier un minimum à celui qui la dispense. Or,il est difficile voire impossible à de jeunes arabo-musulmans mais pas seulement à eux, de s’identifier en pleine crise de l'adolescence, à des femmes. Ceci pourrait expliquer,en partie, selon moi, l'échec de l'école et la moindre réussite des garçons par rapport aux filles.
Cassandre,

Vous avez parfaitement raison.
Utilisateur anonyme
17 septembre 2012, 11:45   Re : Violences scolaires en Asie
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
17 septembre 2012, 13:15   Re : Violences scolaires en Asie
Le drame de l'Education, c'est en effet sa féminisation, qui n'est qu'une variante de sa prolétarisation.
Entre les mamans souvent grossières, qui ne parlent que de recettes de tartes et tueraient tout le monde pour avoir leur mercredi (« tu comprends, moi, en tant qu'maman...»), et les vieilles filles / saintes femmes qui lisent des brochures de l'IUFM sur les dernières "bonnes pratiques pédagogiques" et ne jurent que par le « dialogue pour régler les conflits, plutôt qu'être dans la sanction », on a très précisément l'impression de vivre dans une dystopie.
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