« Alexandre Soljenitsyne », Daniel J. Mahoney,
Ed. Fayard, Collection Commentaire, août 2008, 340 pages, 20 euros.
D-J. Mahoney, Américain, professeur de philosophie politique à Boston, a écrit ici un essai original et chaleureux pour rendre justice à la réflexion politique de Soljenitsyne. Il fallait faire ce travail
car, après l’admiration et le respect suscités par « L’Archipel du goulag » et « La roue rouge », tout un courant d’intellectuels autoproclamés progressistes avaient critiqué ce formidable écrivain parce qu’il refusait d’adhérer sans nuance à une civilisation du progrès technologique et marchand.
La rupture s’était faite progressivement après le discours d’Harvard, le discours du Lichtenstein, le discours de Saint-Gilles-Croix-de-Vie prononcé en mémoire de Marina Tsetaeva, poétesse, suicidée dans les geôles soviétiques, qui avait quelque temps trouvé refuge en Vendée. C’est qu’en effet, Soljenitsyne, dès son arrivée aux Etats-Unis, n’a abandonné aucune des exigences morales qui l’ont fait se dresser contre le communisme de 1962, date de la publication d’une journée d’Ivan Denissovitch, à 1974, date de son expulsion d’URSS. Son exigence intellectuelle et morale est proche de celle d’un Péguy ou d’un Bernanos. Ce peintre des petites gens a dans tous ses ouvrages honoré la mémoire de l’homme du peuple, de l’ouvrier, du paysan broyés par la machine bureaucratique communiste. Mais il a su parfaitement montrer que
ce n’était pas le « bazar commercial » du monde occidental, l’absence d’idéal, de vision d’avenir et d’héroïsme, l’abandon de tout idéal de justice et de charité qui pourraient assurer le vrai bonheur humain. Soljenitsyne s’est totalement refusé à assimiler progrès moral et développement technologique.
Il ne croit pas que le « doux commerce » et la société marchande soient la solution à tous nos problèmes.Un livre à méditer par les libéraux.
«
Qu’est-ce que l’homme, cours familier d’anthropologie », Chantal Delsol,
Ed. du Cerf, septembre 2008,195 pages, 23 euros.
Auteur déjà d’une quinzaine d’ouvrages, essais mais aussi romans, nous avions beaucoup aimé « L’éloge de la singularité » paru aux Ed. de la Table Ronde en 2000. Le cours d’anthropologie qu’elle publie aujourd’hui est d’une grande richesse et aborde tous les problèmes de l’être humain : la mort, les tics, la liberté, l’enracinement, la transmission, l’émancipation. Impossible de rendre compte d’un cours complet d’anthropologie, il faut le lire en sachant que Chantal Delsol a une grande capacité pédagogique et, qu’à la lire, tout paraît simple.