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Communiqué n° 1456 : Sur l'hostilité des communes à la charte du parc de la Vanoise

Communiqué n° 1456, samedi 13 octobre 2012
Sur l'hostilité des communes à la charte du parc de la Vanoise

Le parti de l’In-nocence juge hautement significatif et en l’occurrence affligeant le conflit qui oppose actuellement l’État et les écologistes, d'un côté, les communes concernées et la sinistrement nommée “industrie du ski” de l’autre, à propos de l’adoption, ou non, de la charte du parc national de la Vanoise. Les communes et leur “industrie” ne veulent pas de cette charte qu’elles jugent trop contraignante et dont elles estiment qu’elle va les gêner dans leur développement et dans la poursuite de l’exploitation de l’“or blanc”, c’est-à-dire de la neige, du ski et de toutes les activités parallèles.

Le parti de l’In-nocence estime évidemment que pareilles contraintes et pareille gêne sont hautement souhaitables au regard de l’effroyable désastre que l’“industrie du ski” et ses déplorables “retombées” ont déjà fait subir à la région, à la beauté de ses paysages, à la richesse de sa faune et de sa flore, à la dignité de ses habitants. Il juge qu’un exemple aussi éclatant des ravages commis ou prémédités au nom du “développement” et de la “croissance” est de ceux qui amènent à s’interroger d’urgence sur la pertinence actuelle, maintenue, indéfinie, voire éternelle, de pareils concepts. Plutôt que de croissance et de développement, n’est-ce pas de conservation, de soin et d’in-nocence qu’ont besoin, en l'état dans lequel on les voit, le territoire et ses habitants, la nature et la société ?
"Plutôt que de croissance et de développement, n’est-ce pas de conservation, de soin et d’in-nocence qu’ont besoin, en l'état dans lequel on les voit, le territoire et ses habitants, la nature et la société ?"


Ce communiqué très beau révèle la racine commune à l'économie et à l'écologie. L'écologie politique qui s'est fourvoyée dans le parti du progrès, de la croissance, et qui pour racheter son conservatisme « écologique » surenchérit, par ailleurs, dans le bougisme, en est bien incapable. En effet, le parti écologique est pris dans le paradoxe de la gauche qu'éclaira l'avant dernière émission Réplique.

Marcel Gauchet observe que, pour la première fois, le changement n'est plus issu de la gauche mais s'impose à elle de l'extérieur, en provenance du Tiers-Monde. Devant cette situation nouvelle, paradoxale pour le parti du Progrès habitué à ruer contre l'inertie, la gauche reste tétanisée : ou bien, au nom du changisme, elle applaudit, sans distinction, à tout ce qui accompagne la libre circulation des hommes et des biens (la « deuxième gauche » que le main stream n'effraie pas), ou bien, par nostalgie, elle oppose un refus aveugle au marché libre (la gauche mélenchiste que le spectre de Staline n'effraie pas).

La gauche demeurant le moteur de l'Histoire, se poser en réactionnaire (devenir le Parti réactionnaire français) revient à se condamner aux oubliettes de l'Histoire. Il faut trouver plutôt les moyens de libérer la gauche de ses démons et de sauver l'écologie de la gauche.
Personnellement je serais très favorable à un rapprochement avec les thèses décroissantistes.
Citation
Renaud Camus
Personnellement je serais très favorable à un rapprochement avec les thèses décroissantistes.

Maître, l'épithète "heideggeriennes" plutôt que "décroissantistes" me semblerait ici appropriée: Trakl mieux que les dreadlocks...
Au contraire, chère Rebecca Irru, je crois qu'il est bon de ne pas laisser le monopole de l'hypothèse décroissantiste aux seuls dreadlocks.
Citation
Pierre-Marie Dangle
Au contraire, chère Rebecca Irru, je crois qu'il est bon de ne pas laisser le monopole de l'hypothèse décroissantiste aux seuls dreadlocks.

Vous avez, cher Pierre-Marie Dangle, tout à fait raison si l'on considère que ladite hypothèse est similaire à la réflexion heideggerienne sur une nature arraisonnée par la technique et réduite par elle à un "fond", stock toujours immédiatement mobilisable, ce qu'illustre éloquemment l'industrie du ski fustigée dans le communiqué qui ouvre ce fil.

Mais, précisément, ne pourrait-on alors se contenter de la référence à Heidegger plutôt qu'à la décroissance, sauf à vouloir fuir un certain pédantisme?

Je crains que l'hypothèse décroissantiste n'aille plus loin que la méditation heideggerienne et qu'elle ne lui ajoute l'abolition des frontières ou je ne sais quelle faribole. Sans doute, devrais-je distinguer entre la décroissance comme théorie économique stricto sensu et la décroissance comme phénomène politique, avatar paradoxal du mondialisme (ou de l'internationalisme), mais, du fait même de cette ambiguïté, la référence à la décroissance est susceptible d'estomper les contours de l'in-nocence, idée dont les implications écologiques sont pourtant limpides pour avoir besoin d'appeler la décroissance à la rescousse.
“...la référence à la décroissance est susceptible d'estomper les contours de l'in-nocence...” Rebecca Irru

Il n'est pas à craindre que la parole dissidente se dilue dans le magma médiatique. Rejetée comme une scorie, elle a tout à gagner à emprunter au vocabulaire à la mode pour se mêler et rendre une syntaxe au brouhaha qui demande plus de tout et moins de pollutions, l'homme hors sol et le respect des sols, l'artificialisation de la nature pour la sauver des hommes...
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