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Communiqué n° 1462 : Sur le procès de Fazil Say

Communiqué n° 1462, vendredi 19 octobre 2012
Sur le procès de Fazil Say

Le parti de l'In-nocence loue l'indépendance d'esprit du pianiste turc Fazil Say, inquiété par la justice de son pays pour des propos fustigeant les islamistes. Ces poursuites sont une nouvelle preuve de l'écart civilisationnel qui sépare l'Europe d'un voisin turc dont la masse et une partie des institutions obéissent à des valeurs profondément opposées à celles de l'Occident, se complaisent dans la sempiternelle posture du croyant outragé et persécutent l'élite artistique et cosmopolite.

Le parti de l'In-nocence est atterré de reconnaître, dans ce triptyque devenu familier : sanction du blasphème, prohibition de l'alcool, généralisation du voile islamique, les sinistres stations qui participent du crépuscule de la Turquie laïque.
Une Turquie, ne l'oublions pas, négationniste jusque dans ses cercles intellectuels.
On pourra remarquer que la propagande intensive des médias pour l'adhésion de la Turquie à l'Europe a été mise en veilleuse depuis trois ans, et je me demande pourquoi ?
Une Turquie, ne l’oublions pas, christianicide. Meurtre en juin 2010 du président de la conférence épiscopale turque, Mgr Padovese. Tout ce qu’on sait, c’est que la « thèse officielle » (l’acte d’un déséquilibré, le chauffeur de l’évêque, pris de folie) ne tient pas ! Mais le meurtre d’un évêque catholique n’intéresse pas nos médias.
Citation
Henri Chatterton
Une Turquie, ne l’oublions pas, christianicide. Meurtre en juin 2010 du président de la conférence épiscopale turque, Mgr Padovese. Tout ce qu’on sait, c’est que la « thèse officielle » (l’acte d’un déséquilibré, le chauffeur de l’évêque, pris de folie) ne tient pas ! Mais le meurtre d’un évêque catholique n’intéresse pas nos médias.

Merci de rappeler ce fait. A l'époque de ce drame, mon épouse, qui est copte, m'avait fait remarquer que les Turcs utilisaient de plus en plus souvent et sans vergogne la méthode de la "thèse officielle" dont vous parlez, une spécialité des régimes égyptiens successifs pour expliquer les meurtres et les enlèvements de chrétiens et de jeunes chrétiennes.
J'ajouterai que c'est un merveilleux pianiste que j'avais découvert une nuit dans une émission de France 3 en 1996. Son visage s'illumine lorsqu'il joue et il a une grande virtuosité, en plus d'une approche très personnelle de la musique. Sa manière de jouer et d'expliquer "la marche turque" de Mozart, morceau massacré par des générations d'apprentis pianistes est très originale : il rappelle que Mozart, ayant grandi en partie à Vienne, dut entendre de sa grand-mère le récit du siège de Vienne par les Turcs et souligne que la main gauche rejoue le tambour qui jouait toutes les nuits devant les murs de la capitale autrichienne (avant le sauvetage de Jean III Sobieski).
Cela commence à 6.38 :



Fazil Say à propos de Bach et Mozart

Cette analyse montre sa capacité à adopter le point-de-vue de l'adversaire historique. Il est turc et rappelle que pour les Autrichiens comme Mozart, les Turcs étaient les ennemis. C'est cette capacité au décentrement et à se mettre à la place de l'autre qui fait défaut à tant de musulmans et à tous les pays islamiques. Je pense qu'au-delà de ses twitts, son ouverture, sa curiosité le rendaient suspect sinon coupable.
Virgil,


Cette histoire de grand'mère m'étonne un peu.

Eva Rosina Pertl est née en 1688, soit après le siège de Vienne.

Quant à Leopold Mozart, il est originaire d'Augsbourg...


Auriez-vous des précisions ?
C'est vrai, c'était pourtant très beau...


Méfions-nous du travers moderne du "détail qui fait vrai".
Dans la mesure où Mustapha Kemal n'a fait qu'étatiser l'islam, qu'il détestait, pour mieux le contrôler, il ne me semble pas que ce soit du pinaillage de dire que l'évocation d'une Turquie laïque dans le communiqué me semble abusif. En revanche, si l'In-nocence entend par Turquie laïque l'ensemble de la population turque, la Turquie blanche, hostile aux néo-Ottomans de l'AKP, je m'incline.
L'histoire avait traumatisé l'Autriche entière, même l'Europe entière. On la raconta partout, et elle se racontait sans doute encore deux ou trois générations après. Comme le bruit de bottes de l'armée allemande en 1940... Mozart a donc dû en entendre le récit, même à Augsburg. De plus, il vécut à Vienne.
Il reste que deux choses m'intéressent dans cette analyse : d'abord qu'on rappelle qu'il s'agit d'une marche, d'une marche militaire dont le rythme est bien particulier, ce qu'on oublie toujours. Ensuite et surtout, que la marche était celle des ennemis turcs des aïeux de Mozart et que ce soit un Turc qui nous le rappelle. Cet homme est un excellent musicien, un très bon improvisateur, un très bon compositeur, un virtuose et un esprit libre. Nos grands musiciens - pire encore, nos "artistes' (chanteurs de variété) - sont bien souvent très prudents, ils protègent leur carrière... Say vit en Turquie, aime la Turquie. Ses déclarations le mettent vraiment en danger dans un contexte de radicalisation de la société turque.
Virgil,


C'est le cas-type du "fact-checking".

Ce que vous décrivez dans le second message est très réaliste, très raisonnable. C'est sans doute comme cela que ça c'est passé.

Un de nos problèmes est que le "story telling" actuel ajoute systématiquement le "détail qui fait vrai", ici la grand'mère, et le fait qu'elle avait vécu à Vienne, etc...
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