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La Droite forte bat la Droite populaire

Envoyé par Utilisateur anonyme 
Utilisateur anonyme
21 novembre 2012, 09:41   La Droite forte bat la Droite populaire
Le triste spectacle de l'élection à l'UMP ne doit pas nous faire oublier que quelque chose s'est joué, se joue encore dans les couloirs de ce parti : droitisation ? Simple message adressé par les militants aux caciques du parti (et à la bien-pensance médiatico-politique) ?

Déjà certains quittent le navire, d'autres adjurent le nouveau président de faire un choix ; Copé semblant déjà oublier ses beaux discours en cherchant à tout prix l'unité.

Les électeurs de l'UMP, et les autres, à droite, seront-ils ENFIN compris ? Ces mouvements, ces courants, vont-ils servir à quelque chose ?


La Droite forte grande gagnante des motions de l'UMP

Le Monde.fr avec AFP

La Droite forte, mouvement lancé par plusieurs jeunes sarkozystes qui soutenaient Jean-François Copé pour la présidence de l'UMP, est arrivée largement en tête (28 %) du vote des adhérents du parti dimanche 18 novembre sur la reconnaissance inédite des courants. Il fait partie des six "mouvements" de l'UMP qui présentaient une motion aux suffrages des adhérents du parti.

Selon les chiffres officiels de la commission interne (Cocoe), qui a validé mardi soir le résultat de ce scrutin, la Droite forte devance la Droite sociale du filloniste Laurent Wauquiez (21,7 %), les Humanistes de Jean-Pierre Raffarin (18 %), et les Gaullistes (12,3 %), réunion des différentes chapelles gaullistes.

La Droite populaire (10,8 %), emmenée par l'ex-ministre Thierry Mariani et représentant l'aile droite du parti, a subi un revers, dû notamment à la concurrence de la Droite forte. Elle s'était fait connaître dans la seconde moitié du quinquennat Sarkozy en réclamant un "retour aux fondamentaux" de la droite et des prises de position musclées sur la sécurité et l'immigration.

Malgré des soutiens prestigieux (Alain Juppé, Edouard Balladur...), la Boîte à idées, motion "antidivisions", qui a vue le jour grâce à quatre trentenaires et qui avait fait campagne en se démarquant de la Droite forte, n'a réalisé que 9,2 % des voix, et n'est donc pas reconnue.

"UN SÉISME MILITANT"

"C'est un séisme militant et la preuve d'un attachement au sarkozysme", a déclaré Geoffroy Didier, l'un des trois chefs de file de la Droite forte avec Guillaume Peltier (passé un temps au FN) et Camille Bedin, eux aussi sarkozystes et pro-Copé. Ils ont viré en tête dans des départements aussi bien copéistes que fillonistes.

La Droite forte, clin d'œil à "La France forte", le slogan de Nicolas Sarkozy à la présidentielle, avait mené une campagne très active avec des propositions choc : interdiction du droit de grève pour les enseignants, faire du 1er mai "une grande fête de la droite" au Trocadéro, création d'une "Charte républicaine des musulmans de France"...

Parrainés par Brice Hortefeux et soutenus par Jean Sarkozy, le fils cadet de l'ex-président, ces trentenaires, "fiers d'être Français, fiers d'être de droite et fiers d'être sarkozystes", ont été accusés par leurs concurrents de vouloir capter l'héritage sarkozyste quand ils ont essayé, en vain, de s'adjoindre l'appellation "Génération Sarkozy" et de s'engager dans "une fuite en avant populiste".

La reconnaissance des "mouvements", autre grand enjeu de l'élection de dimanche, constitue une première à l'UMP, là où les courants existent depuis longtemps au PS. Les adhérents étaient en effet invités à concrétiser leur existence, une disposition inscrite dans les statuts fondateurs du parti, en 2002, mais jamais appliquée.

OBJECTIF 10 %

Pour l'UMP, il s'agit d'une nouveauté aux enjeux multiples : la motion (un courant proposant une idéologie qui lui est propre) qui est sortie en tête du scrutin devient la motion majoritaire, et ses signataires ont des chances d'être mieux valorisés dans la hiérarchie de l'UMP. Ils se verront ainsi proposer des postes au sein de l'exécutif.

Chaque motion était soutenue par au moins dix parlementaires, et chacune doit recevoir une dotation financière proportionnelle à son score. Pour ces six courants de pensée, tout l'enjeu du scrutin de dimanche était d'obtenir au minimum 10 % des voix afin d'obtenir des moyens financiers et peser dans les instances dirigeantes du parti.

Jean-François Copé s'est déclaré favorable à cette multiplication des tendances qui, selon lui, font "vivre le débat". Pour le nouveau patron de l'UMP, laisser coexister différents courants de pensée au sein du parti est aussi une manière de limiter les départs de militants pour d'autres formations politiques, notamment l'UDI de Jean-Louis Borloo et le Front national de Marine Le Pen. De son côté, François Fillon s'était montré très réservé, redoutant une "balkanisation" du parti, avec "sept ou huit chefs de courant qui seraient des petits chefs de parti".

SUR LES PLATES-BANDES DE LA DROITE POPULAIRE

La Droite forte crée la surprise en s'imposant en tête de ce scrutin. Née au lendemain de l'élection présidentielle, cette formation est venue marcher sur les plates-bandes de la Droite populaire, emmenée par l'ancien ministre Thierry Mariani, et qui, depuis deux ans, exerçait un certain monopole sur la frange la plus radicale du parti.

Reprenant les thèmes de la "droite décomplexée" prônée par Jean-François Copé, la Droite forte s'est petit à petit imposée dans le cœur des militants en tenant des positions inhabituelles, parfois raillées par ses concurrents, comme la proposition d'imposer dans les médias un quota de journalistes de droite. Dès la fin de septembre, un sondage Atlantico-Opinion Way auprès des militants la donnait déjà première, avec 42 % des intentions de vote. D'après les résultats partiels de l'élection, la Droite populaire arrive en dernière place, avec seulement 10 % des voix.

La Droite forte doit probablement une bonne part de son succès à son effort à se poser en premier défenseur du sarkozysme, un héritage très cher aux militants. Cette communication appliquée a été crédibilisée par le parrainage de proches de Nicolas Sarkozy, comme Brice Hortefeux, dont Geoffroy Didier a été le collaborateur. Le président déchu a également reçu à déjeuner les deux jeunes animateurs de la motion.

Les fondateurs de la Droite forte, eux-mêmes, sont deux secrétaires nationaux du parti ayant participé à la campagne de Nicolas Sarkozy pour la présidentielle de 2012. Guillaume Peltier était le porte-parole adjoint de sa campagne, Geoffroy Didier, le coordinateur de sa cellule Riposte.

Au moment de la création de leur motion, ils ambitionnaient tous deux de la nommer "Génération Sarkozy", un hommage que l'ancien président de la République a préféré décliner.

La ressemblance s'arrête là. Si Geoffroy Didier se définissait en 2006 comme un "sarkozyste de gauche", Guillaume Peltier est, quant à lui, passé par différentes couleurs politiques, d'abord dans les rangs des jeunesses frontistes, puis au MNR de Bruno Mégret et au côté de son "mentor", Philippe de Villiers, avant de se couvrir du bleu sarkozyste.

DE VILLIÉRISTE CONVAINCU À UN "BÉBÉ SARKO"

Avant de rejoindre l'UMP, il y a un peu plus de trois ans, Guillaume Peltier était un villiériste convaincu, qui savait prendre ses détracteurs à contre-pied, comme il l'a montré lors de son passage dans l'émission On a tout essayé, le 27 février 2006, où il déclarait : "Enfant de la République, je suis contre toutes les formes de communautarisme. En ce sens, je me sens plus proche des déclarations d'un Manuel Valls que des projets d'un Nicolas Sarkozy en la matière."

Dès son adhésion à l'UMP, il parvient à se rendre utile. C'est lui qui souffle à Jean-François Copé les formules d'"hyper-Parlement" et de "Ve République bis". En trois ans, cet ancien professeur d'histoire de 36 ans est devenu un "bébé Sarko" (comme l'écrivait un journaliste de Valeurs actuelles le 24 mai 2012) spécialisé dans les études d'opinion et les sondages, comme son autre mentor, Patrick Buisson.

Ainsi que l'écrivait Le Monde, il y a un an : "L'ascension de Guillaume Peltier ne plaît pas à tout le monde au sein d'un parti majoritaire où l'émergence de nouvelles têtes est surveillée de près." A l'époque, un cadre de l'UMP notait : "Il a du talent, mais, à force d'être partout, il risque d'être soumis à un grand écart."
Oui, enfin n'oublions pas que l'UMP est, dans la pratique, un parti social-démocrate, légèrement libéral et pro-immigrationniste, c'est-à-dire, presque exactement la même chose que le parti socialiste, disons à 99%. La fameuse "droite forte" n'est que la continuation de la stratégie sarkozienne : discours réac-friendly, pratique centriste. Mettez Peltier au pouvoir, je prends les paris, ils maintiendra l'immigration au niveau qui a été maintenu par le PS et l'UMP depuis plusieurs décennies. Je suis toujours très amusé par ces militants de droite qui pleurent de joie en écoutant Sarkozy ou Copé, s'imaginant que pour le coup, "le changement c'est maintenant", et qui se ruent en chantant vers vers de nouvelles déceptions.
Utilisateur anonyme
21 novembre 2012, 15:03   Re : La Droite forte bat la Droite populaire
Le parti, oui, cher monsieur, mais je vous parle, moi, des militants, ceux qui ont accepté de faire des dizaines de minutes de queue pour participer à cette élection-piège à c...

Les militants que vous pourriez qualifier de "social-démocrate, légèrement libéral et pro-immigrationniste", que représentent-ils aujourd'hui à 'UMP ? 20%, 25% ?

Combien de temps ce parti et ses dirigeants pourront tenir, pourront colmater la fracture invoquée Fillon ? Vous pensez réellement que Bachelot, Kosciusko-Morizet et consorts, qui répondent à votre définition, représentent quelque chose de réel, de palpable à l'UMP ?

Je crois que le débat va se jouer sur la fracture "morale" invoquée par Fillon. Oseront-ils aller jusqu'au bout ?

D'ailleurs, après la Droite forte et la Droite populaire, laissez-moi vous présenter la Droite identitaire :


La droite identitaire à la barre
LE MONDE | 21.11.2012

Il y a crise, disait en substance l'intellectuel communiste italien Antonio Gramsci (1891-1937), quand le vieux ne parvient pas à mourir et que le neuf ne parvient pas à naître. Les quarante-huit heures nécessaires à la désignation du président de l'UMP n'ont pas ébranlé l'Occident, mais, plus sûrement, signifié d'une manière limpide la mutation de la droite française.

Quelques jours avant l'élection de Jean-François Copé, Patrick Buisson révoquait une nouvelle fois le terme de "droitisation". Instrumentalisant études et concepts sociologiques, il proclamait l'entrée des partis dans l'ère de "l'attractivité" électorale davantage que des accords d'appareils.

"LES PANIQUES MORALES"

Patrick Buisson vise, comme Jean-François Copé, à constituer un bloc sociologique électoral ancré dans la France périphérique, la France périurbaine et les zones rurales, celle de l'Est industriel et des villes moyennes. Il ajoute, avec un flair inquiétant, des départements "acquis" à la gauche, en particulier dans le Sud-Ouest...

Cette lecture de la sociologie française lui sert à canaliser et à orienter vers une traduction électorale droitière et une vision idéologique occidentaliste les "paniques morales" d'une partie de cette France périphérique.

Loin d'être un conglomérat de "petits Blancs", cette France-là cherche des protections. Buisson, en bon camelot et en fin stratège, lui offre des protections identitaires... La droite cherche ainsi à préempter le peuple.

L'UMP de 2012 n'est cependant pas "l'intellectuel collectif" qui définit une idéologie ou façonne un "bloc historique", au sens gramscien. C'est une caisse enregistreuse des "paniques morales" du pays : par rapport au déclassement individuel ou collectif, par rapport à l'idée que se fait notre pays de son propre destin et que l'Occident, en général, se fait de son relatif déclin. Ces "paniques morales" se focalisent, notamment, sur l'islam.

"PAIN AU CHOCOLAT"

L'affaire du "pain au chocolat" est, de ce point de vue, moins un dérapage qu'un signal très clair de la part de M. Copé : les frontières identitaires, c'est maintenant !

Car, sans être un idéologue, Jean-François Copé est le porte-étendard d'une droite qui pratique une lecture méticuleuse de la géographie sociale et électorale du pays... Débarrassé de la question des accords d'appareils par le simple fait que la présidentielle est devenue l'élection directrice de notre vie politique, il ne reste à M. Copé qu'à modeler et canaliser le fond culturel commun aux électorats UMP et Front national.

MAELSTRÖM DROITIER

Sans doute M. Fillon répondait-il, quant à lui, davantage aux préoccupations de la "droite d'avant", héritière sociologique de l'UDF, que de la "droite de la crise", décomplexée et obsédée par une "guerre culturelle" que la gauche se refuse encore à lui mener. Autre fait nouveau à droite : revendiquer la "droite" est un facteur de légitimation.

Cela n'était pas le cas au RPR, au sein duquel la légitimité se jouait sur la revendication de l'héritage gaulliste. Rappelons aussi que, dans les années 1970, copiant l'exemple italien du MSI, le FN était le seul parti à se réclamer de la "droite nationale". Comme le temps passe...

Le processus de droitisation n'est pas un jeu à somme nulle. La question de l'hégémonie culturelle, résumée à gauche à la seule litanie des réformes sociétales qui, aussi nécessaires soient-elles, ne peuvent répondre à elles seules au maelström droitier qui commence, mérite d'être (enfin !) posée.

Il n'est, de ce point de vue, pas certain que l'UMP nouvelle née de la crise de ces derniers jours soit plus faible qu'auparavant.

Gaël Brustier, politologue, coauteur de "Voyage au bout de la droite", (Ed. Mille et une nuits, 2011)
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