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Communiqué n° 1480 : Sur l'envoi de “La Liberté guidant le peuple” au Louvre-Lens

Communiqué n° 1480, samedi 24 novembre 2012
Sur l'envoi de “La Liberté guidant le peuple” au Louvre-Lens

Le parti de l'In-nocence est consterné par le décrochage du célèbre tableau de Delacroix, l'un des plus grands chefs-d'œuvre du romantisme français, qui sera, avec d'autres œuvres telles que le Portrait de Monsieur Bertin d'Ingres ou encore certains tissus coptes, mis en pension pour une année entière au Louvre-Lens où il aura pour mission de servir de “Joconde” (sic), c'est-à-dire d'attrape-touristes, de gros produit d'appel, de tête de gondole culturelle. Hormis le fait que l'on arrache arbitrairement l'un des tableaux qui font que le Louvre est le Louvre, privant ainsi les Parisiens comme les amateurs d'art de passage d'une œuvre d'ordinaire accrochée dans une salle prestigieuse aux côtés d'autres chefs-d'œuvre du romantisme — comme si cet accrochage-là n'avait jamais eu la moindre cohérence —, cette démarche illustre à merveille une certaine politique culturelle qui — le stupide qualificatif de “Joconde” appliqué au tableau de Delacroix le dit assez — n'a pas d'autre objectif que de montrer des œuvres d'art à des personnes qui n'auraient guère fait l'effort de s'y intéresser par elles-mêmes, soit parce qu'elles n'ont pas baigné dans un milieu où ces choses-là ont de l'importance, soit par inappétence, et cela sans le moindre souci de cohérence scientifique ou culturelle.

Le parti de l'In-nocence rappelle que la ville de Lens et ses environs sont loin d'être un “désert culturel”, et que les habitants de l'ancien bassin minier amateurs d'art ont tout le loisir, s'ils y tiennent, de se rendre facilement, de nos jours, aux riches musées de Lille, d'Arras, de Bruxelles, de Douai ou de Valenciennes, pour ne rien dire de ceux de Paris. Il voit dans cette opération de charité culturelle au profit des descendants des anciens mineurs une importante marque de mépris, partant du principe que cette population-là ne saurait s'intéresser d'elle-même à l'art, et se rendre dans un grand musée parisien encore moins. Le déplacement de “La Liberté guidant le peuple” vers une sous-préfecture du Pas-de-Calais rend, en revanche, et compte tenu de l'accessibilité de la ville de Lens, bien moindre évidemment que celle de Paris, la jouissance de cette œuvre emblématique entre toutes de la peinture française démesurément difficile d'accès pour quiconque vit à Marseille, Agen, Grenoble, Rennes ou Strasbourg, pour ne rien dire des risques liés à son déplacement, en l'occurrence tout à fait inutiles.

Le parti de l'In-nocence, par conséquent, ne saurait ne pas percevoir les motifs strictement politiques et surtout idéologiques qui sous-tendent une telle démarche. Comme toujours il ne s'agit — en temps de Grande Déculturation, à un moment où la connaissance des arts et de leur histoire est, après quelques décennies de diplômes pour tous et d'abandon de toute chronologie dans l'enseignement officiel, de moins en moins répandue dans la société française — que de faire accroire que cette connaissance ne s'est jamais si bien portée, que la population française n'a jamais été aussi cultivée ou en voie de l'être, grâce à une sympathique politique culturelle mettant l'art à la portée de tous, y compris et surtout de ceux qui ne s'y intéressent pas, ou pas encore.

Le parti de l'In-nocence rappelle qu'à ses yeux l'art n'a nullement pour objectif premier d’être mis à la portée de tous, et que si un tel objectif est éventuellement louable, il ne saurait pour autant rester que tout à fait secondaire, car en faire une priorité absolue, au détriment de tout le reste, n'est jamais qu'un idéal purement et dangereusement hyperdémocratique, à la faveur duquel la culture au sens ancien ne peut que sombrer dans le tourisme, le vague divertissement culturel, l'opération de communication comme c'est le cas en l'espèce, dont les résultats ne se mesurent jamais qu'en terme de fréquentation des lieux par les masses, de degré d'adéquation des projets avec la bien-pensance, sans aucune considération pour la qualité réelle de l'expérience esthétique, du propos scientifique, de l'ancrage dans la civilisation ; et que ce rapport-là à la culture cache, tout en le montrant aussi bien, un grand mépris tant pour l'art que pour ses éventuels amateurs.
Quand on ne nous dit pas qu'un truc revisite un machin, on nous dit qu'il le réinvente. Quel bel effort de langage !

Et quand le football s'en mêle, la perfection n'est plus très loin.

Le Figaro :

Le Louvre se réinvente à Lens sur un carreau de mine

Plus qu'une antenne du palais parisien, c'est un centre culturel d'envergure internationale que le président de la République inaugurera mardi. Soit une galerie de 205 chefs-d'œuvre, deux salles d'expositions temporaires, des réserves visitables et un auditorium. Ouverture au public le 12 décembre.

Dès la descente du train, La Liberté guidant le peuple hisse les couleurs bleu-blanc-rouge en 4 × 3 mètres sur Lens. L'œuvre de Delacroix est visible un quart d'heure à pied plus loin mais, place de la gare, reproduite sur une bâche occultant des façades décrépites, elle sonne tout à la fois comme un cache-misère et un appel au sursaut national par un geste audacieux. Pour réussir la greffe du plus grand musée du monde dans le pays sinistré des corons et des terrils, La Liberté a également été affublée d'une accroche à résonance locale et footballistique: «Le Louvre en sang et or, quand l'art s'invite au stade.» De fait, le Louvre-Lens imaginé par l'agence japonaise Sanaa (New Museum of Contemporary Art de New York en 2007, pavillon d'été de la Serpentine Gallery de Hyde Park, Londres en 2009) étend ses galeries d'aluminium poli et d'alvéoles de verre à quelques encablures du stade Bollaert. Lui se trouve en attente de rénovation et espère participer à l'Euro 2016. Réponse le 24 janvier. Dans cette région du Nord-Pas-de-Calais, cette actualité-là fait au moins autant parler que la nouvelle infrastructure.

Les deux sites font parc commun depuis la transformation, par la paysagiste Catherine Mosbach, de la fosse 9-9 bis, un ancien carreau de mine. «La terre noire n'est pas polluée. Au contraire, très riche en carbone, elle permet à de nombreuses espèces de prospérer», explique à l'entrée Juliette Guépratte. Dans le vaste hall ponctué d'alvéoles vitrées (cafétéria, informations, espace pour les groupes), cette chef du service des publics accueille les premiers VIP en collants. Elle a laissé sur le seuil ses bottes crottées de la boue environnante. Car si les pelleteuses s'activent toujours dehors, l'intérieur est fin prêt pour l'inauguration présidentielle prévue mardi.

Rectiligne, de faible hauteur, presque discret, ce Louvre-Lens, long de 450 m, est plus qu'une antenne provinciale de la maison mère. Il bouscule les canons de la muséographie classique. «Nos collections sont ici présentées de façon transversale, réunissant ce qui, à Paris, est séparé en départements, en écoles, en techniques, explique Henri Loyrette, le patron du Louvre, qui, depuis quelques mois, avec son équipe, a pris table en face, au bistrot-frites Chez Cathy. Cela donne de nouvelles clefs de compréhension aux œuvres.»
Aussi riche que claire

Épine dorsale du lieu, baignant dans le gris bleuté du jour et des parois argentées, la Galerie du Temps rapproche en effet dans son vaste et unique espace statues, objets sacrés ou décoratifs, vestiges et tableaux. Passé une grande table didactique interactive, le voyage peut commencer. En s'aidant d'une chronologie gravée sur la paroi de droite et de quelques bornes numériques, on part de l'invention de l'écriture du côté de Babylone pour terminer au XIXe siècle. Non seulement avec Delacroix, Ingres ou Barye mais aussi avec un portrait qui est contemporain à ces artistes: celui de Fath Ali Shah, un souverain iranien présentant d'étranges ressemblances avec le célèbre Monsieur Bertin.

Entre-temps, bien d'autres rapprochements auront donné une autre image de l'Antiquité, du Moyen Âge, de la ­Renaissance, des temps classique et moderne. Esthètes et érudits apprécieront. Pour les simples curieux, ils trouveront matière à s'extasier devant plusieurs icônes. Pour la peinture sont représentés Botticelli, Pérugin, Raphaël, Rubens, Poussin, Rembrandt, La Tour, Claude Lorrain, le Greco ou encore Fragonard… En ce qui concerne la statuaire, comment ne pas s'arrêter devant cette idole cycladique qui ressemble à un Brancusi, cette élégante Aménophis III en bois, cet impérial Marc Aurèle ou ce monumental sacrifice de taureau lourd de 3,5 tonnes de marbre? Plus loin, le gothique voisine avec les arts de l'islam. Et l'Orient poursuit son dialogue avec l'Occident avec les céramiques d'Iznik ou d'Ispahan rapprochées de faïences d'Urbino, de terres cuites françaises et aussi d'un merveilleux vase ciselé dans le cristal de roche à Milan vers 1600. Ces trésors sont là pour un maximum de cinq ans, 20 % seront changés chaque année. Ainsi le lieu se trouvera renouvelé en permanence.

À son extrémité s'ouvre une rotonde de verre qui propose une exposition sur le temps et les manières de le concevoir dans différentes sociétés. Lorsqu'on revient dans le hall central, l'accès au théâtre de 288 places assises est aisé. On peut aussi visiter l'autre exposition temporaire inaugurale. Aussi riche que claire, elle est consacrée aux Renaissances italienne et nordique. La Sainte Anne de Léonard de Vinci y est accrochée en point d'orgue. Une rétrospective Rubens suivra en juin, puis on évoquera le monde étrusque. Dernier motif de surprise: en sous-sol, les réserves sont accessibles par groupes, sur rendez-vous. De la manutention à la restauration, on y est même invité à découvrir les métiers de ceux qui œuvrent en coulisses. Chose impossible au Louvre-Paris.
"Que l’on soit pour ou contre le principe du Louvre-Lens, il y a un point qui devrait tout de même faire consensus : l’invraisemblable pauvreté intellectuelle de ce projet. Les œuvres qui seront exposées dans la « Galerie du Temps » (rien que ce nom marque l’indigence du concept) n’ont aucun lien entre elles si ce n’est d’être pour la plupart des chefs-d’œuvre et pour plusieurs d’entre elles des objets emblématiques du Louvre, parmi ceux qui ne devraient jamais en sortir."

La suite ici : L'incroyable indigence intellectuelle du Louvre-Lens

Et cet article plus récent du même site : Le Louvre invente le musée-gruyère
Au journal télévisé de France II, ce soir, un reportage sur le “Louvre-Lens”. On interroge deux prolos qui, ravis, déclarent qu’ils vont enfin pouvoir se cultiver « gentiment » et à côté de chez eux...
Le journal de vingt heures était homogène dans l'infâme, ce soir.

Toute la bassesse de Cécile Duflot quémandant des bâtiments vides à l'Église.

Florange, l'automobile française, les taxis londoniens, une entreprise de tablettes qui vend peu avec peu de personnel, l'effondrement continue,

Il y a eu ce sujet sur les SMS, où par deux fois, on a bien insisté sur le fait qu'ils permettaient, quel progrès, de faire passer par écrit ce qu'on n'oserait dire en face (par timidité): larguer une fille, envoyer des insultes.

Les gens qui vivent seuls sont de plus en plus nombreux, cela deviendrait même une mode, le couple n'a plus la cote voyez-vous, une dame glisse tout de même au détour d'une phrase qu'elle regrette d'imposer cela à ses enfants.

Puis, les fameuses incivilités et les moyens originaux d'y remédier: patrouilles de médiateurs uniquement armés de leur parole, et détectives privés embauchés par les mairies pour calmer les rodéos, Sherlock Holmes de l'evidence, enfin je veux dire de l'évidence, c'était consternant.
Un article où l'on nous annonce, une fois encore, un Louvre réinventé mais surtout une si belle photo.

[www.lemoniteur.fr]
Depuis ce matin, déferlante de propos relativisant ce mini attentat: on a parlé sur BFM de "grosse bêtise", on nous assure en boucle que le dommage sera facilement réparé, etc. Je suis sidéré d'apprendre que l'auteur (une femme) de cet acte de vandalisme a 28 ans. Je voyais plutôt un morveux décervelé prénommé Teddy commettre un tel geste. Pour pimenter peut-être sa sortie scolaire dans un lieu "trop chiant" ou encore attirer l'attention de Brenda, le "canon du bahut, qu'elle est trop bonne"...
J’apprends à l’instant que s’est déroulé cet événement hallucinant et, surtout, je prends connaissance du communiqué publié par la direction du “Louvre-Lens”, et plus particulièrement de sa dernière phrase : « Ce triste événement ne remet pas en cause la volonté de faire partager à tous les chefs d’œuvre du Louvre à Lens, qui a déjà accueilli 205 000 visiteurs depuis son ouverture. » Non, non, surtout ne remettons pas en cause cette terrible volonté, et continuons bien sagement de « faire partager à tous », À TOUS, vous entendez, bande de salopards réactionnaires, À TOUS, À TOUS, À TOUS !!!
Je voyais plutôt un morveux décervelé prénommé Teddy commettre un tel geste...

Nommé Teddy, vraiment ?
Tous, y compris des conspirationnistes dotés d'une cervelle de moineau:

[tempsreel.nouvelobs.com]

Selon une source proche de l'enquête, la jeune femme a dit aux enquêteurs qu'elle soutenait l'association "Architects and Engineers for 9/11 Truth". Elle explique que les tours jumelles ont été détruites par des explosifs lors d'une démolition programmée.
Citation
Thierry Noroit
Je voyais plutôt un morveux décervelé prénommé Teddy commettre un tel geste...

Nommé Teddy, vraiment ?

Ou Mohamed, l'autre prénom star dans ces cités que l'on veut attirer dans les succursales des plus grands musées ou dans des logements sociaux construits en plein quartiers bourgeois, à Paris, Bordeaux ou ailleurs. Au nom de la fameuse mixité sociale.
Citation
Pierre Jean Comolli
Tous, y compris des conspirationnistes dotés d'une cervelle de moineau:

[tempsreel.nouvelobs.com]

Selon une source proche de l'enquête, la jeune femme a dit aux enquêteurs qu'elle soutenait l'association "Architects and Engineers for 9/11 Truth". Elle explique que les tours jumelles ont été détruites par des explosifs lors d'une démolition programmée.

Ah quand même... Elle m'a l'air gratiné cette jeune femme.
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