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Chronique du jour présent

Envoyé par Louis Piron 
30 novembre 2012, 19:13   Chronique du jour présent
Yvelines : un policier municipal abattu (lefigaro.fr, 14h17)

« Le chef de la police municipale de Saint-Arnoult-en-Yvelines dans les Yvelines a été tué aujourd'hui entre 12h30 et 13h00 dans son bureau par un homme qui s'est ensuite rendu, indique la gendarmerie. [...]

Selon les premiers éléments et Le Parisien, l'homme aurait été égorgé. [...] »

[www.lefigaro.fr]

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Marseille: une avocate retrouvée la gorge tranchée (lefigaro.fr, 18h31)

« Une avocate a été retrouvée cet après-midi décédée, la gorge tranchée, à son cabinet, situé dans la principale artère commerçante de Marseille, a-t-on appris de source policière. [...] »

[www.lefigaro.fr]

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Un policier et une avocate égorgés à quelques heures d'intervalle : il y a eu, ce jour-ci, une triste & étrange coïncidence !
Pour le premier égorgement, on a une explication : l'égorgeur est l'ex-mari de la compagne du policier. Le service de communication indique que l'égorgement a pour origine "des motifs privés".
A propos d'égorgement, nous connaissons par l'oeuvre de Genet un égorgeur célèbre, Pilorge, qui égorgea Escudero, ce qui donne à l'égorgement une caution littéraire.
30 novembre 2012, 19:49   Re : Chronique du jour présent
« Pour le premier égorgement, on a une explication : l'égorgeur est l'ex-mari de la compagne du policier. Le service de communication indique que l'égorgement a pour origine "des motifs privés". » (Masnau)

Je n'avais pas d'interrogation sur les motivations mais sur la « coïncidence ».

D'autre part, avant que vous ne m'en parliez, je n'ai pas d'interrogation non-plus sur le fait que « Saint-Arnoult-en-Yvelines » se situe « dans les Yvelines », ni sur les révélations faites par « les premiers éléments », qui sont toujours locasses, comme chacun sait, ni même sur le fait que l' « avocate [ait] été retrouvée cet après-midi décédée, la gorge tranchée », puisque qu'il pourrait tout aussi bien s'agir d'un "simple" suicide, selon moi. (... ainsi que selon le procureur --- lire infra).

[dernière parenthèse ajoutée ultérieurement]
30 novembre 2012, 19:55   Re : Chronique du jour présent
« A propos d'égorgement, nous connaissons par l'œuvre de Genet un égorgeur célèbre, Pilorge, qui égorgea Escudero, ce qui donne à l'égorgement une caution littéraire. » (Masnau, sans relâche)

Je m'inscris en faux, à moins qu'il ne s'agisse d'une "éloge littéraire de l'attaque dans le dos" ?
Genet fait réellement l'éloge de Pilorge, en ce sens que l'assassinat de son amant Escudero lui apparait comme le point d'orgue d'une vie homosexuelle.

On retrouve le même thème, avec variantes, dans Querelle de Brest.

Pour les égorgeurs, vous noterez l'oeuvre de Foucault, consacrée à Pierre Rivière.

L'égorgeur inspire, voyez les affaires Vacher, Troppman (comment cela s'écrit-il ? enfin, l'égorgeur de Pantin) et la célébrissime affaire Fualdès, source d'une complainte qui ravit Davoudi.
Je me demande si vous ne seriez pas en train d'établir, cher Piron, un parallèle entre Millet et Genet... comment cela est-il possible ?
30 novembre 2012, 20:12   Re : Chronique du jour présent
Vous êtes impayable, votre parole est d'or.
Utilisateur anonyme
30 novembre 2012, 21:06   Re : Chronique du jour présent
Citation
Jean-Marc du Masnau
Je me demande si vous ne seriez pas en train d'établir, cher Piron, un parallèle entre Millet et Genet... comment cela est-il possible ?

Gesualdo, dont Millet a tiré un beau texte, n'a-t-il pas égorgé ?
Utilisateur anonyme
30 novembre 2012, 21:10   Re : Chronique du jour présent
Marseille n'est-elle pas la Sodome de notre temps ?. Ne devrait-on pas détruire cette ville par "le soufre et le feu" ?

Sauf qu'aujourd'hui, ce ne sont pas les étrangers qui y sont maltraités, mais ce sont eux qui maltraitent.

Avocate égorgée, buraliste assassiné, des meurtres perpétrés en plein jour...Cette ville s'enfonce encore et encore. Jusqu'où ? Jusqu'à quand ?
30 novembre 2012, 21:40   Re : Chronique du jour présent
Entre la page des faits divers, qui est d'ailleurs plutôt celle des faits de société, et les "visions poétiques" d'un écrivain, il n'y a, bien sûr, aucun degré, aucune différence.

On égorge en France le même jour un policier et un avocat ? Cette coïncidence pourrait donner lieu à une réflexion sur la société ou la civilisation ? Non pas. Il y a toujours eu des égorgements. D'ailleurs Genet, d'ailleurs Foucault, d'ailleurs n'importe qui ou n'importe quoi, fin de la discussion.
30 novembre 2012, 22:04   Re : Chronique du jour présent
Notons que le Genet fasciné par l'OLP présente des caractéristiques intéressantes, qui ont donné lieu à l'ouvrage "Genet démasqué" :

"Dans des pages subtiles, Ivan Jablonka apporte un nouvel éclairage sur le rôle de la sexualité refoulée dans la fièvre pronazie. Mais son livre, qui appartient à un genre - l'histoire littéraire - trop peu pratiqué en France, néglige un mystère qui nous intéresse autant: comment un écrivain d'extrême droite fascisante guidé par sa quête homosexuelle a-t-il pu servir de symbole du prolétariat et de la subversion à une partie de la gauche intellectuelle? Car, comme le remarque Ivan Jablonka, celle-ci ne semble toujours pas délivrée de cette «théorie de la répression universelle, qui trouve du fascisme dans les Lumières et voit des opprimés partout»."

Les Vérités inavouables de Jean Genet, par Ivan Jablonka. Seuil, 438 p.

[archives-lepost.huffingtonpost.fr]
30 novembre 2012, 22:11   Re : Chronique du jour présent
J'ai pigé ! il s'agit tout bonnement de la propension des "locaux" à l'exercice de toutes les formes de barbaries, voilà tout !


(photo en avant-première de "l'égorgeur de Marseille", tout s'explique...)


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On est laid à Saint-Arnoult,
C'est la faute à Foucault,
Et bête à la Belle de Mai,
C'est la faute à Genet.


[...]

30 novembre 2012, 22:48   Re : Chronique du jour présent
La phrase du jour : "il s'agit soit d'un suicide, soit d'un homicide", a souligné le procureur M. Dallest à propos de l'avocate égorgée, avant de reconnaître dans la soirée qu' "il [s'agissait] manifestement d'un acte criminel (...), d'un acte homicide".

Reste à savoir si une ou des tierces personnes sont impliquées, ce que l'on ne saurait dire présentement avec assurance (porte fermée à clef, absence d'arme sur les lieux). (j'ai bon, là ? parce qu'il ne faudrait pas conclure trop vite au meurtre).

[dernière parenthèse alongée ultérieurement]
01 décembre 2012, 03:43   C'est beau comme si j'étais mort
» source d'une complainte qui ravit Davoudi

Tiens, je viens de revoir ce film, avec plaisir... oh, je sais bien que Tavernier n'est pas très en faveur ici, mais c'est tout de même un sacré bon cinéaste...


01 décembre 2012, 09:10   Re : Chronique du jour présent
Superbe !
01 décembre 2012, 09:58   Re : Chronique du jour présent
J'aime bien celle-ci aussi, toujours


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Cher Piron, qu'allez-vous chercher ?

Il me semblait que vous étiez intéressé uniquement par les égorgements et non par l'origine de ceux qui les commettent, je me bornais à rappeler nos brillantes traditions en la matière, et le lustre littéraire et cinématographie qui leur est rattaché. J'ai le même genre d'article en magasin pour bon nombre de crimes et délits, si vous voulez.
Utilisateur anonyme
01 décembre 2012, 13:53   Re : Chronique du jour présent
« la célébrissime affaire Fualdès, source d'une complainte qui ravit Davoudi. »

Cet emploi de l'indicatif est d'une prétention inouïe.
01 décembre 2012, 14:18   Re : Chronique du jour présent
« Cher Piron, qu'allez-vous chercher ?

Il me semblait que vous étiez intéressé uniquement par les égorgements et non par l'origine de ceux qui les commettent, je me bornais à rappeler nos brillantes traditions en la matière, et le lustre littéraire et cinématographie qui leur est rattaché. J'ai le même genre d'article en magasin pour bon nombre de crimes et délits, si vous voulez. » (Masnau)

Au contraire, vous devriez être ravi, j'abonde dans votre sens. De plus, j'ajouterais qu'il n'y a pas une seule tradition moins brutale que la nôtre, c'est prouvé historiquement (peut-être les Russes, et encore). D'ailleurs il y a une vingtaine d'années, quand les égorgements se sont multipliés dans la vielle ville de Toulon, et que les défunts commerçants étaient un à un remplacés par les nouveaux venus, une majorité de Toulonais y virent un modus operandi exotique. Hélas, je n'avais pas réussi alors à la convaincre que cette pratique était typiquement courante dans notre histoire. Avec vos arguments, nul doute que j'arriverai cette fois-ci à persuader les gens qu'ils se trompent. J'anticipe même : si demain il y avait plusieurs dizaines d'égorgements le même jour, je crierais « à bas la France » et regretterais amèrement le retour de nos grandes traditions locales. Non, la seule chose qui puisse mettre un frein à mon enthousiasme, ce sont les lacérations faites avec un cutter à l'avocate. Auriez-vous, de grâce, quelques références littéraires à m'indiquer sur cette vielle coutume locale ?
01 décembre 2012, 14:29   Re : Chronique du jour présent
Les coupe-jarrets ? Mais ils ne sévissaient pas à Toulon particulièrement.
Les Grandes compagnies ?
Les Apaches ? Mais ils se cantonnaient à Ménilmontant.
Le cutter, Toulon et l'avocate au sol me font penser à une évolution de Pépé-le-Moko (donc le natif de Toulon, en argot ancien) à mémé-la-moquette.

Plus sérieusement, le cutter est un ustensile nouveau. Pierre Rivière lacéra sa famille égorgée avec une serpe, plus rustique. Pilorge usa d'un coupe-chou, mais ne lacéra point.

On sait par ailleurs que Buffet dut s'y reprendre à plusieurs fois pour égorger l'infirmière Nicole Comte ainsi que le gardien Girardot. Ces lacérations multiples ne semblent pas le fait de la méchanceté, mais plutôt de la maladresse. Le 28 novembre 1972, Obrecht mit exactement sept minutes entre l'instant où il coucha Bontemps sur la bascule et celui où la tête de Buffet roula dans la sciure.
Ceci dit, attendez-vous à trouver parfois des armes troublantes.

Le 16 décembre 1939, on découvrit le corps de Marcelle Ebra née Damas dans un pitoyable état, perforé d'un nombre incroyable de coups de poinçon, ustensile que son mari, cordonnier, utilisait fréquemment. Il apparut durant l'enquête que l'arme du crime était... un seau hygiénique avec lequel Maurice Ebra avait défoncé le crâne de sa femme.

Le président Lebrun le grâcia, tout comme il gracia la veuve Hennon, meurtrière dudit Hennon avec l'aide de son complice, Louis... Cocu.
01 décembre 2012, 14:58   Re : Chronique du jour présent
Je savais : quoi qu'il advienne, y'a toujours une explication endogène. Avec vous, plus la peine d'écouter France Culture.
Ceci dit, le crime endogène, comme vous dites, est un crime où on ne laisse rien perdre, suivant en cela nos traditions paysannes. Ce n'est pas un crime futile.

Voyez par exemple la future veuve Martin et son amant Antoine Martin qui égorgèrent au rasoir leur mari et frère (drôle de construction), en faisant cela au-dessus d'un seau de crainte que les draps du lit ne fussent perdus. Cela fut jugé par les assises de la Loire siégeant à Montbrison, en 1932.
Notez aussi que l'assassin du terroir sait faire preuve de constance dans l'effort.

Prenons votre département et un personnage fameux, Millet.

Le 3 avril 1954, il assassine Mme Maggiorana, à Hyères.
Liberé en juillet 1973, il tue sa femme Fernande Valentin, toujours à Hyères .
Libéré en décembre 2001, il tente d'égorger sa maîtresse Gisèle le 17 février 2002, à Nice (le lieu ne lui porte pas bonheur, il la rate).
Libéré en août 2007, il a le tort de retourner à Hyères, ville maudite, où il tue le compagnon de sa maîtresse du moment, puis se suicide, sans doute lassé.

On ne parlera jamais assez des hyérois lassés, ni de Millet d'ailleurs.
Utilisateur anonyme
01 décembre 2012, 16:52   Re : Chronique du jour présent
Mais vous avez tous les volumes de l'almanach de Pierre Bellemare...
Oui, je suis en cela très français. Les Français ont toujours préfèré l'almanach Vermot à Mallarmé et France Dimanche ( je salue au passage les rédacteurs des hebdomadaires dont les lecteurs sont le vrai peuple, in-pollué par l'intellectualisme à la noix) aux nouvelles littéraires.
Par ailleurs, ne vous étonnez pas si on vous parle de faits divers quand vous avez lancé le sujet.
Utilisateur anonyme
01 décembre 2012, 17:44   Re : Chronique du jour présent
En l'occurence, je n'ai pas lancé ce fil et je n'y ai pas contribué. Mais traiter de l'égorgement en faisant l'impasse sur sa déclinaison islamique, c'est un peu comme se spécialiser dans les concertos de piano pour la main gauche.
Vous savez, les musulmans ne sont pas coupables de tout.
01 décembre 2012, 17:52   Re : Chronique du jour présent
Non c'est vrai, notamment pas des concertos pour la main gauche.
Ha, le piano pour la main gauche... vous souvenez-vous du fameux épisode de MASH à ce propos ?
01 décembre 2012, 19:44   Re : Chronique du jour présent
Ma foi non.
Hé bien, dans cette série "populaire" on explique à un blessé du bras que ce que Wittgenstein a fait, il faut le faire.
01 décembre 2012, 21:24   Re : Chronique du jour présent
Clermont : violente agression (lefigaro.fr, le lendemain, à propos d'un fait de la veille, encore !)

« Une femme âgée d'une trentaine d'années a été très grièvement blessée par des coups de couteau ou de cutter hier en début d'après-midi dans une résidence étudiante à Clermont-Ferrand. Deux hommes se trouvaient en garde à vue aujourd'hui, selon des premiers éléments, les circonstances de l'agression n'étant pas encore connues ni dévoilées.

La jeune femme, dont le pronostic vital était engagée hier, se trouvait toujours aujourd'hui dans un état très grave, mais stationnaire. Elle souffre de blessures au cou et à l’œil. »

[www.lefigaro.fr]

* * *

Loi des séries ? --- Non, là il ne s'agit pas vraiment d'un égorgement, faut pas tout confondre ! D'une tentative à la rigueur.
Tiens, les égorgeurs présumés de l'avocate marseillaise (une femme, seule, âgée, c'est toujours plus facile), tous membres d'une même famille (!), se prénomment Aziz, Hadou et Samir... Mmmm, à vérifier quand même.
Utilisateur anonyme
13 décembre 2012, 13:33   Re : Chronique du jour présent
Citation
Pierre Jean Comolli
Tiens, les égorgeurs présumés de l'avocate marseillaise (une femme, seule, âgée, c'est toujours plus facile), tous membres d'une même famille (!), se prénomment Aziz, Hadou et Samir... Mmmm, à vérifier quand même.

Êtes-vous sûr que les prénoms n'ont pas été modifiés ?
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