Voilà un sujet difficile. Les chrétiens malaisiens se recrutent dans deux groupes majeurs: les Chinois de la diaspora, dont 80% sont chrétiens (protestants et catholiques) et les Bidayus, qui sont les autochtones de la Fédération, notamment au Sarawak (Malaisie orientale). La situation est la suivante: les bibles ne sont diffusées en bahasa malay (le "malaisien") qu'à l'intention des seconds qui peuvent encore faire l'enjeu d'une évangélisation sachant que les Malay (majoritaires et qui ne sont ni Chinois ni Bidayus) eux-mêmes sont acquis à l'Islam (religion officielle du pays, ce qui n'est pas le cas en Indonésie, officiellement encore "laïque") à 99% sinon plus.
Le dilemme est donc de savoir dans quelle langue évangéliser les Bidayus (autrement dit les Dayaks et les Ibans) sachant que leurs langues sont trop diverses et insuffisamment lues et écrites pour servir à la diffusion de la Bible. Les Chinois ont le chinois et l'anglais pour dire "shan di" ou "god", mais les Bidayus ? Et bien, tous parlent au moins le bahasa malay, donc le lisent (c'est une langue quasi phonétique), il devient donc logique de leur diffuser la parole chrétienne en malay. Seulement voilà, en malay, il n'est qu'un seul mot pour dire "Dieu", et c'est
Allah. Ah là là! Et pas question d'user d'un mot Iban ou Dayak (les deux troncs linguistiques majeurs des Bidayus) sachant que ces populations sont traditionnellement animistes et n'offrent dans leurs langues aucun terme qui véhiculerait le concept d'un dieu unique biblique. D'où la prédation gouvernementale malaisienne qui tranche le noeud gordien et tente ainsi, non sans finesse, d'exclure l'évangélisation des Bidayus en interdisant l'emploi de
Allah.
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