Trois faits que j'ai pu observer récemment sur mon lieu de travail (une bibliothèque universitaire parisienne) :
1) Un homme de type maghrébin se présente à l'accueil pour inscrire sa femme. Une collègue, étonnée, lui fait remarquer qu'elle doit être présente pour s'inscrire. L'homme répond que sa femme ne peut sortir sans lui, et qu'il ne peut pas l'accompagner actuellement à cause de ses horaires ; il trouverait donc parfaitement normal que nous procédions à son inscription en son absence.
2) Dans une salle de travail en groupes réservée aux étudiants, on découvre un homme en djellaba qui transmet sa connaissance du Coran à quatre jeunes filles voilées. On les invite à quitter les lieux discrètement.
3) Au beau milieu de la salle de lecture où j'officie, un jeune musulman (probablement converti) se met à prier. Je passe à son niveau, l’interpelle : "Monsieur, savez-vous que les prières sont interdites dans les lieux publics ?" Il ne me répond pas. J'insiste en haussant le ton ; il ne s'interrompt pas, et me fait un geste paisible de la main, les yeux fermés. Je lui dis que la prochaine fois, je le ferai sortir de la bibliothèque, puis retourne à mon bureau. Quelques minutes plus tard, il vient me voir et me dit qu'il ignorait cette interdiction. Calmement, il discute avec moi, me demande s'il n'y a pas un endroit, quelque part dans l'établissement, pour la prière. "Et vous, que faites-vous quand vous voulez prier ? Vous êtes peut-être chrétien ? Je ne dérange personne, je ne distribue pas de tracts. Nous sommes dans un lieu de savoir, après tout..." -- "Bien sûr, mais pas un lieu de culte, monsieur." etc. Il semble raisonnable, mais déjà bien éloigné de nos principes, dont il ne reconnaît pas le bien-fondé.