Le riksmaal s'appelle plus souvent le "nynorsk" (néo-norvégien) qui est une création à partir des différents dialectes norvégiens, dont certains subsistent encore. Certains sont même très vivants, à proportion de leur éloignement de la capitale. La situation linguistique de ce pays est étonnante : un député peut prendre la parole au parlement dans la variété de norvégien qu'il désire : bokmaal, nynorsk ou n'importe quel dialecte.
Ce que l'immigration menace notamment, c'est cette diversité linguistique indigène. En effet, ce qui risque d'arriver, c'est que soit donné comme aussi légitime et légal tout parler allogène, puisque chacun est en droit de parler sa langue - règle qui date d'un temps où toutes ces langues étaient du norvégien.
Nous faisons face à quelque chose d'équivalent quand sont mis sur le même plan de légitimité les parlers bretons, le basque, les variétés d'occitan, le gascon, les dialectes d'oïl, l'alsascien et le mosellan, le flamand, le corse, etc. et des langues comme l'arabe dialectal, le berbère, etc. On oublie l'enracinement de certaines langues dans des territoires où les populations, sans se déplacer, sont passées au français, tandis que d'autres y sont passés à la suite d'un changement de territoire.
Comme toujours, l'affaire est née d'une volonté narcissique des classes dirigeantes de paraître généreuses et accueillantes, sans se soucier des conséquences pratiques pour les populations qui auraient à vivre les situations inédites produites par l'immigration massive.
Lévi-Strauss ne disait pas autre chose que M. Lem à la fin de sa vie. La diversité des cultures, soit, mais dans le monde, pas sur un seul territoire !